Une centaine de militants du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (Mrc) attend d’être jugée pour avoir participé à une marche organisée en contestation de la victoire du président Paul Biya au scrutin du 7 octobre dernier et la capacité de son régime résoudre la crise anglophone.
Ils ont été arrêtés entre le 24 et le 26 janvier dans la métropole économique, Douala, mais aussi à Bafoussam, Mbouda (Ouest) et à Yaoundé, alors qu’ils protestaient contre le « hold-up » de l’élection présidentielle du 7 octobre 2018 par le régime Biya, un scrutin au terme duquel Maurice Kamto est officiellement arrivé en 2ème position avec 14,23% de suffrages valablement exprimés, derrière le chef de l’État sortant Paul Biya (71,28%).
Après plus de deux semaines de garde à vue cet homme politique, ainsi qu’une bonne partie de ses proches collaborateurs, alliés et sympathisants, ont été mis sous mandat de détention provisoire au cœur de la nuit à la prison principale de Yaoundé, pendant que le reste attendait encore son inculpation formelle par le tribunal militaire. Une situation qui « préoccupe » la France.
« Nous sommes préoccupés par ce développement judiciaire et restons attentifs à la situation de Maurice Kamto et à celle d’environ 200 de ses partisans qui sont détenus », a affirmé le ministre français des affaires étrangères mercredi lors d’une conférence de presse. « L’opposition camerounaise, dont il est l’une des figures, doit pouvoir s’exprimer librement, dans le respect de la loi », a-t-il ajouté.
Rappelons que les manifestations de rue organisées par le MRC, baptisées « marches blanches », avaient préalablement été interdites par les autorités préfectorales pour « menaces de troubles à l’ordre public ». Maurice Kamto et une centaine d’autres militants de son parti sont poursuivis pour « hostilité contre la patrie », « rébellion de groupe », « insurrection », « incitation à la révolte », « perturbation de la circulation des personnes et des biens ». Ils seront jugés par le tribunal militaire et risquent la peine de mort.
Selon Me Emmanuel Simh, avocat du MRC, « c’est un recul pour notre pays. Nous rentrons dans la zone de dictature très forte où le système de M. Biya veut imposer absolument le silence de cimetière, où M. Biya a décidé de mettre en prison, de mettre à l’écart, son principal opposant. Je pense que nous sommes le seul pays au monde où on met son adversaire politique en prison et qu’on essaye de décapiter son parti politique ».
« Nous estimons que ce n’est pas la justice. Nos magistrats militaires sont simplement au service du pouvoir de Yaoundé; ils appliquent simplement les décisions prises à la Présidence du Cameroun ; ils n’ont aucune liberté d’action, aucune liberté de jugement…M. Biya a montré son vrai visage au monde aujourd’hui, il ne veut pas qu’il y ait une opposition. Il parle d’opposition et de démocratie, mais en réalité, c’est l’un des dictateurs les plus farouches que le monde puisse avoir aujourd’hui », conclut le vice-président du MRC.
Otric N.
Invité le 24 octobre 2018 sur le plateau télévisé du programme Debreaf de Canal 2 international, le Ministre de la Communication Issa Tchiroma Bakary, a trouvé que Maurice Kamto agissait comme un illuminé.
Pour Issa Tchiroma Bakary président national du Front pour le salut national du Cameroun (FSNC), les déclarations de Maurice Kamto arrivé deuxième à l’élection présidentielle 2018 démontrent à suffisance qu’il est friand du pouvoir. Le FSNC fait partie des partis politiques qui se sont alliés au Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC) lors de cette Présidentielle. Hier invité donc sur le plateau de Canal international, Issa Tchiroma a donné son point de vue sur l’attitude de Maurice Kamto. «Vous savez quand vous avez affaire à des illuminés, quand vous avez affaire à des gens muent par la boulimique du pouvoir. Parce que vous savez lorsque le pouvoir fascine, il se met au travers du génie et de l’intelligence, ce qui fait que c’est l’émotion et la passion qui agissent. Je voudrais vous dire une chose. Ça ne devait pas vous surprendre vous journalistes. Trois jours avant le déroulement de l’élection, le Ministre Kamto a annoncé sa victoire. Je dis bien trois jours avant l’organisation des élections», a-t-il déclaré.
Poursuivant sur l’analyse qu’il fait des déclarations du président national du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC), le Ministre de la Communication (MINCOM) précise que c’est par le canal de son Directeur de campagne, Paul Eric Kingue, que Maurice Kamto a annoncé sa victoire. Cela a été fait bien avant la tenue du scrutin du 7 octobre 2018. «Et il a dit qu’ils sont prêts à défendre jusqu’au prix de leur sang, leur victoire. L’élection n’a pas eu lieu. Il faut avoir un don divin pour savoir ce que demain et après-demain renferment», a ajouté Issa Tchiroma.
Pourtant fait remarquer le MINCOM, il était lui aussi convaincu de la victoire du candidat du RDPC, mais il ne l’a pas crié sur les toits. «Je réclame être l’un des plus vieux vétérans de la chose politique…Peut-être que l’Eternel, je ne sais pas moi qu’est-ce qui lui a fait cette révélation. Trois jours avant il dit. Ensuite le lendemain de l’élection, alors qu’on n’a pas reçu même la commission départementale de recensement de votes n’a pas fini de collecter il se proclame auto élu et il demande au Président Biya de se préparer à la transition. Et que il rassure ce dernier que, il n’y aura pas chasse aux sorcières. Comment qualifiez-vous un tel Monsieur ? J’ai beaucoup de respect de considération pour lui. Donc ce qui se fait ce n’est ni plus ni moins que ces choses-là», a-t-il déclaré.
A la question de savoir si l’élection présidentielle a été transparente, le MINCOM prend comme preuve la retransmission en mondovision des audiences relatives au contentieux post-électoral. Un fait inédit qui vaut au Cameroun les félicitations qu’il reçoit et qui fusent de part et d’autre du monde. «Le gouvernement a fait quelque chose de prodigieux qui lui vaut aujourd’hui le respect et la considération du monde entier en général, en particulier de ceux qui gouvernent l’humanité c’est-à-dire les pays occidentaux de manière générale. Les occidentaux voulaient qu’on organise et d’ailleurs c’est la volonté du peuple camerounais qu’on organise les élections libres, équitables et transparentes. Incontestablement ça été le cas. Les occidentaux voulaient qu’on évite l’effusion de sang. Il n’y a même pas eu la moindre bavure. Le Chef de l’Etat a donné en prime à ces occidentaux, internet, ils pensaient qu’on allait interrompre zèro. Et nous avons fait quelque chose d’extraordinaire qui n’a jamais été, probablement c’est la première en Afrique. En direct en mondovision l’examen du contentieux électoral», a déclaré Issa Tchiroma, seul invité du programme Debreaf édition du 23 octobre 2018, présentée par les journalistes Rodrigue Tongue et Carole Yemelong.
A titre de rappel et pour mieux comprendre les déclarations sus rapportées du Ministre de la Communication, il faut noter que dans une récente vidéo, Maurice Kamto a pour une énième fois, indiqué qu’il rejette les résultats de la Présidentielle proclamés le 22 octobre dernier par le Conseil constitutionnel. Le candidat du MRC qui a fini à la deuxième place des irrégularités qui auraient entaché leur processus électoral. Pour n’avoir pas été pris en considération par le Conseil constitutionnel, il entend saisir d’autres juridictions. «Nous utiliserons tous les moyens de droit pour faire rétablir la vérité des urnes», a-t-il déclaré au cours d’une interview accordée à notre confrère France 24.
Liliane N.