Le premier vice-président du Mouvement pour la renaissance du Cameroun dans une interview accordée à notre confrère Jeune Afrique réaffirme son engagement à soutenir son parti politique, dans ses revendications post-électorales de la Présidentielle de 2018.
En dépit du fait qu’il est incarcéré à la prison de Kondengui pour les marches de résistance organisées par son parti politique, Mamadou Mota reste attaché aux revendications du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (Mrc). Au cours de l’interview accordée à Jeune Afrique, il a abordé la question de l’abandon ou pas du hold-up électoral.
Il faut rappeler que cette question est à la base d’une certaine divergence au sein du parti de Maurice Kamto. Des cadres du parti comme Me Michèle Ndocki pensent qu’il est temps de tourner la page. D’autres comme Me Roland Dieuwou estime que dans la posture de républicain, le non au hold-up électoral est un impératif permanent. Mamadou Mota épouse lui aussi cette position.
“Ma position est sans équivoque, je soutiens sans réserve le "non au hold-up électoral". D’ailleurs je ne pense pas qu'il y ait débat. Une de nos amies politiques, pour qui j’ai beaucoup de considération, a donné son point de vue (Michelle Ndoki, qui a plaidé récemment pour que cette stratégie soit “remplacée par ce qui peut servir à rendre l’alternance démocratique effective. Un seul mot : rassembler », NDLR). Nous sommes en démocratie. Ceux qui veulent voir le MRC éclater sur la base de divergences d'idées se trompent gravement sur la maturité de ce mouvement populaire. Le directoire du MRC est, avec l'assemblée générale, la seule instance à pouvoir mettre un terme à ce pilier du mouvement de résistance. Nous en sommes à la troisième phase, et notre porte étendard est le Pr Maurice Kamto. Si des gens veulent faire des propositions, le parti dispose de mécanismes et de canaux qui permettent aux membres d'exprimer leurs désaccords. Les opinions que les uns et les autres expriment relèvent de ce que l’on pourrait qualifier de brainstorming, qui débouchera, ou pas, sur un débat sur la pertinence de maintenir la stratégie actuelle”, a déclaré Mamadou Mota.
Hors du Mrc, des voix se sont élevées également pour demander au parti de Maurice Kamto de laisser derrière lui, le slogan du hold-up électoral. On se souvient qu’Edith Kah Walla la présidente du Cameroon people’s party a fait cette demande, en indiquant que la maintenir, empêche les forces vives du pays de se rallier au Mrc.
A ce point de vue d’Edith Kah Walla, Mamadou Mota oppose l’argumentaire suivant : “Quand on est sérieux, une divergence de vue sur un point ne peut pas empêcher une union sacrée autour d'un combat qui libérera le peuple camerounais. Certains acteurs politiques s'accrochent malheureusement à des détails pour justifier leur défection, alors que l’essentiel est ailleurs. Ce sont ces mêmes acteurs qui n’ont pas été en mesure de donner une consigne de vote en notre faveur, alors que leurs formations politiques ne prenaient pas part à la présidentielle“, a-t-il déclaré.
Manifestations devant le domicile de Maurice KAMTO : Pourquoi ces menaces de mort ?
Liliane N.
Sept mois après l'arrestation de Maurice Kamto, quelques membres de son directoire et ses alliés politiques, j'ai eu, cet après-midi (dimanche, 1er septembre 2019), le plaisir et le loisir de rendre visite à ces résistants politiques, qui ont, contre vents et marées, décidé de mener les marches nationales à la résistance au hold-up éléctoral entamées et réprimées le 26 janvier 2019 dans des villes camerounaises. Au moment où je me suis décidé, à la fin de l'émission "Zappresse", à aller passer une visite éphémère à la prison principale de Yaoundé, lieu de détention de ces Hommes politiques, j'avais, honnêtement, des a priori, des stéréotypes, des affects et, a fortiori, des représentations individuelles sur leurs conditions de détention et sur leur vécu quotidien depuis l'entame de leur parcours de combattant à Douala, baptisée ville frondeuse. Grande a été ma surprise de constater, fort au contraire, d'autres réalités patentes. En effet, initialement, je pensais trouver, au premier abord, des prisonniers affaiblis, amaigris, amoindris et assaillis de découragement, de démoralisation prêts à succomber au fatalisme. Que nenni! J'ai, plutôt, vu des détenus politiques, tous, sereins, affables, joviaux, et, par corollaire, déterminés à se défendre, valablement, à la barre devant le Tribunal militaire de Yaoundé le 6 septembre 2019.
Sans scrupule, sans fards et sans vergogne, tous ou presque attendent, sereinement, ce que d'aucuns nomment, d'ores et déjà, le "procès de l'année 2019" et s'apprêtent, en accord parfait avec leur conseil, à porter, devant le Tribunal militaire, tous les arguments de droit pour démontrer leur innocence. Je pensais, par la suite, avoir affaire, ce jour du seigneur, à des individus n'ayant plus la même fougue, la même verve et la même impétuosité d'antan puisqu'ayant subi des formes de torture psychologique et physique durant cette trajectoire marquée du sceau de l'enfer en milieu carcéral. Que nenni! J'ai vu, a contrario, Alain Fogue, le Trésorier national du Mrc, très décontracté, fort enthousiaste et enclin à relater, in extenso, les mécanismes de manipulation honteuse du Droit dans un système structuré autour de la dictature et de la répression. Le Géostratège, par ailleurs membre fondateur du Mrc, soutient que le combat politique que les résistants ont engagé n'est qu'à ses débuts. C'est pourquoi, à cette phase de latence de la résistance, le leader national, ses congénères et lui ne sont pas prêts à lâcher du lest, à lâcher prise et à déposer les armes dans ce champ de bataille symbolique. C'est un homme de conviction que j'ai rencontré il y a peu et qui reste et demeure décisif dans son intentionnalité et dans son discours. Fogue, au sortir de cette visite de courtoisie, n'a pas hésité, in extremis, pour détendre l'atmosphère, à me lancer une boutade, en me faisant savoir que je ne dois pas être ébahi si un de ces quatre matins je suis interpellé par la Gestapo, au regard du fait que des interviews que j'ai réalisées avec plusieurs membres du directoire et alliés ont été co-menées avec Paul Chouta, le web journaliste, arrêté le 27 mai 2019, et qui les a rejoint le 30 juillet 2019 à la prison principale de Yaoundé. C'était alors plus d'une semaine après la survenue de la mutinerie à la prison centrale de Yaoundé. Mutinerie causée par des leaders anglophones revendiquant leur mise en liberté après deux ans d'incarcération sans suite favorable. Et votre humble serviteur de rire aux éclats et de lui faire savoir qu'avec ce régime décadent, il faut s'attendre à tout à tout moment bon gré mal gré.
Je pensais, dans le même sillage, voir Valsero essoufflé et érodé par les sept mois de détention dans le principal pénitencier du Cameroun. Mais en vain! J'ai vu Valsero, qui reste et demeure taquin, intriguant, amusant, incisif et iconoclaste dans ses envolées verbales à l'égard de l'ordre dominant qui les embrigade depuis le 28 janvier 2019. Le rappeur engagé a, en l'occurrence, la dent dure contre des communicants du parti au pouvoir, qui se plaisent et se complaisent, explique-t-il, à défendre l'indéfendable, à soutenir l'insoutenable lors des débats politiques sur des chaînes de télévisions locales. Débats audiovisuels qu'ils regardent tous sans discontinuer les week-ends. L'artiste, qui n'a, jamais, sa langue dans sa poche, estime, sans coup férir, que des mass médias au Cameroun sont des caisses de résonance et des instruments au service de la conservation et de la pérennisation du pouvoir de Yaoundé. Raison pour laquelle qui lève sa tête pour battre, en permanence, en brèche l'ordre établi et ultra dominant devient un homme épinglé, persécuté, importuné et dissuadé par tous les moyens par des agents des appareils répressifs de l'Etat. Valsero, la main posée sur le cœur, demande aux acteurs de la société civile de muer leurs organisations en lobbies forts, efficaces et efficients susceptibles d'impacter sur le cours de la vie sociopolitique.
Je pensais voir aussi Paul Eric Kingue fort diminué et découragé vu des accusations portées contre lui relativement à l'affaire du saccage des ambassades, thème que nous avions abordé lors de l'entretien qu'il nous avait accordé, il y a sept mois, Paul Chouta et votre humble serviteur dans ses services professionnels privés à Yaoundé. C'était quelques semaines avant son arrestation! Le président national du Mouvement patriotique pour un Cameroun nouveau (Mpcn) reste et demeure un homme convaincu de n'avoir guère éreinté l'Etat camerounais. L'ancien maire de Njombe Penja, qui avait déjà passé huit ans dans un pénitencier, constate que voici la neuvième année qu'il est en train d'achever étant écroué à Kondengui. Tous ses regards sont, désormais, tournés vers le procès du 6 septembre 2019 au Tribunal militaire de Yaoundé. Toute chose qui l'incline, de même que ces résistants politiques, à formuler une correspondance à faire parvenir aux autorités de la république, dont l'enjeu est d'exiger la tenue d'un procès juste, transparent et équitable conformément aux règles juridiques internes. Kingue et ses amis politiques demandent, par la même occasion, à l'Etat de permettre la présence des journalistes, qui doivent couvrir ce procès sans être expulsés ou, du moins, perturbés, tout autant qu'ils ne veulent pas que des Hommes de médias soient substitués à des militaires en civil en salle d'audience, dont le rôle consistera à théâtraliser la posture d'agents de renseignements lors des différentes audiences.
Que dire de Maurice Kamto, qui n'a eu, comme à l'accoutumée, de cesse de recevoir les visites de plus d'un durant les quatre heures passées à la prison principale de Yaoundé. Le président national du Mrc, dans une tenue traditionnelle d'apparat de couleur marron, toujours souriant et convivial, a accordé des entretiens à bien de ses collègues universitaires et à des militants du parti venus le rencontrer et échanger avec lui sur des sujets divers, dont le dévoilement ne mérite pas d'être fait tant il s'est agi, a posteriori, des échanges privés. Ce qui est privé ne devrait pas être publicisé ou tout simplement médiatisé bien qu'ayant la parfaite maîtrise de quelques sujets en débat lors des joutes. Rien ne sera donc guère relayé! Somme toute, l'on se rend compte que l'homme politique reste déterminé à se défendre comme ses membres du directoire et alliés, à l'instar de Albert Dzongang, Célestin Djamen, Michèle Ndoki et Christian Penda Ekoka que nous avons, dans la même veine, rencontrés et avec qui nous avons échangé à bâtons rompus. N'eût été la courte durée de cette visite dominicale, nous serions encore dans ce milieu carcéral en ce moment. Mais en vain! C'était, en fin de compte, une belle randonnée avec les prisonniers politiques du Mrc et alliés, qui restent maximalistes dans la voie étrennée depuis le lancement de la 2ème phase des marches nationales à la résistance au hold-up électoral. Tout passe et le combat continue, c'est leur leitmotiv dévoilé in fine! "Celui qui gagnera sera le vainqueur de cette résistance", pour reprendre Alain Fogue Tedom, qui ne démord pas en dépit de sept mois d'incarcération. Qui va alors vaincre cette résistance politique, encore à l'état embryonnaire à l'heure actuelle ? Question à 1 franc symbolique.
Le Don King
Serges Aimé BIKOÏ
La situation politique dans notre pays est délicate et ça devrait préoccuper chaque camerounais. L'affaire KAMTO n'est pas une grande priorité du moment où l'on est habitué aux scénarios d'arrestations à l'orage politique dans notre pays. Mais cette séquence KAMTO pose tout de même plusieurs questions: Quel est véritablement la plus-value de nos politiques depuis le retour du multipartisme dans notre pays? Qu'ils soient de l'opposition ou du pouvoir, quel a été leur apport dans la construction de ce pays, qui malheureusement va à reculons au lieu d'avancer ? Maurice KAMTO connaît le droit, bref la loi camerounaise. L’option de l'Etat de tenir les audiences à huis clos rentre dans la procédure normale.
Même si le mis en cause est lui aussi à mesure d'évoquer les questions de libertés individuelles, l'Etat tout puissant peut évoquer des raisons de sûreté nationale et interdire un procès public. Il est clair que si jamais on autorisait les audiences publiques dans l'affaire KAMTO et Cie, bien que l’affaire en elle même ait une connotation politique, cela participerait à susciter des distractions et des scènes de scission sociale dont le pays n'a pas besoin, en ce moment où tout est au rouge... Le président du Mrc a été arrêté pour avoir enfreint les règles de droit dont il avait connaissance en tant que citoyen dans un premier temps et surtout juriste et co-auteur de ladite loi pénale. Lorsqu'il exige d'être jugé devant le peuple, ça explique sa volonté de politiser davantage l'affaire comme cela est le cas depuis le début. Il est important de rappeler que le statut de leader politique n'exempte nullement pas la responsabilité juridique de chaque citoyen face à ses manquements vis-à-vis de la loi de la république. KAMTO se trouve dans une posture de conquérant du pouvoir et il se saisira de chaque occasion pour s'affirmer politiquement.
Cette stratégie ne sera pas porteuse du moment où il est consigné contre son gré et à cause de la loi entre les mains des pouvoirs publics, il lui sera donc difficile de mettre en place, une défense proportionnelle à la peine de prison qu'il encourt, selon les dispositions pénales. Ceci étant, on ne peut pas dire que l'Etat a peur du moment où les pouvoirs publics sont capables au regard du fonctionnement malsain de notre pays, de produire des preuves qui l'accableront. Toujours est-il que la manipulation est le propre de ce système et l'embuscade son mode de fonctionnement pour tacler ses adversaires et le prof KAMTO qui a servi fidèlement ce régime le sait mieux que quiconque.
Et aussi, l’on ne peut pas mettre les coaccusés du président du Mrc sur un même pied d'égalité. Si l'on part simplement du fait que le but de la manifestation non autorisée était de dire non au "hold-up électoral" qu'aurait subi le sieur KAMTO selon ses compagnons de cellules. Etant donné que l'officiant principal a été aussi arrêté au même moment que ses partisans, on ne saurait mettre tout le monde sur le même piédestal. À la question de savoir pourquoi on amène KAMTO seul devant le juge,il faut savoir que le président du Mrc a souhaité rencontrer le chef de l'Etat et dans la formulation de sa demande, il n’a pas précisé qu'il serait accompagné de son clergé de fidèles.
Peut-être l'occasion lui est donc offerte de préciser l'objet de sa demande d’audience en tant qu'accusé devant le juge sachant que le président est par ailleurs patron du conseil de la magistrature. De son côté, il ne souhaite pas perdre la face en se pliant face à la loi et au pouvoir discrétionnaire du chef de l'Etat qui pourrait le gracier. Sa demande d'audience relève donc d'une stratégie de se présenter à la fois comme l'homme qui met les intérêts du peuple avant et veut discuter malgré l'injustice, et pourtant du côté du pouvoir, cette demande est perçue comme un aveu de faiblesse que le prof veut savamment masquer pour ne pas perdre la confiance de ses fidèles et sympathisants politiques aux yeux de qui il reste le héros des temps modernes.
D'autre part, son refus de se faire juger à huis-clos relève toujours de sa volonté de politiser son arrestation jusqu'au bout pour essayer au maximum de ne pas écoper d'une sanction lourde selon le code de procédure pénale qu’il a lui-même rédigé aux frais du contribuable camerounais. Au regard de tout ceci, tout porte à croire que notre pays n'est pas sorti de l'auberge, avec ces vieux politiques aux gosiers pleins de rancunes qui veulent profiter de leur retraite en rentrant en politique pour se tailler encore des trésors de guerre pour maintenir leurs hégémonie, et les barons du système qui estiment que seule la mort pourrait les enlever des trônes qu'ils occupent depuis.
Retranscription par Félix Swaboka
« Des choix ont été fait, le président Paul Biya a gagné. Maintenant il faut se préparer pour un bel avenir politique. »
« Je déplore l’arrestation des hommes politiques et je souhaite vivement qu’ils soient libérés. On ne saurait occulter le fait que nous sommes allés à l’élection présidentielle sans organisations techniques et financière. J’étais président de la plateforme, à 48h des élections, j’ai tiré la sonnette d’alarme. Que nous n’ayons pas d’observateurs, ni de scrutateurs et ça risque d’être un préjudice face à un pouvoir qui a un appareil électoral très subtil. Il est important, si on veut aller aux contentieux, d’avoir tous nos procès-verbaux. Mais je pense que ça pas été la priorité de mes collaborateurs à cette époque. Je connais comment ça se passe et quand j’ai vu les signaux, j’ai dit que nous étions au rouge. Dans plusieurs bureaux de votes, nous n’avons pas pu produire les procès-verbaux. Ceci dit qu’on a perdu les élections parce qu’on n’a pas mis l’homme qui fallait là où il fallait etc. Sur des bases purement subjectives, jusqu'aujourd’hui même le Pr Kamto, qui dit avoir gagné, nous on n’a jamais vu les statistiques de sa victoire. Mais il se trouve lors de la crise électorale, il n’avait que 5000/25.000 procès-verbaux et je me demande s’il faille arrêter la vie d’une Nation juste parce qu’on veut faire entendre sa voix.
En tant que maire qui connait les problèmes de ma ville, maître d’ouvrage qui connait ce qu’il y a comme urgence. 07 années de perdu peuvent être suicidaire. Je me suis dit que les hommes et les femmes qui gagnent leur vie au jour le jour, qui nourrissent leur famille demain avec ce qu’ils ont gagné à la veille. Imaginons que suite à ces appels, la marche, le hold-up, subitement la Nation se trouve bloquée à cause des villes mortes et tous ces activités de revendications. Que deviennent toutes ces familles ? A quel coût ? Combien de temps ces marches vont durer ? J’ai trouvé que c’est une obsession de gloire et je crois que la politique ne s’arrête pas avec une élection.
On doit tirer les leçons d’une élection pour préparer les prochaines. Sans toutefois paralyser l’Etat et la Nation. Offrir de l’eau, construire des routes et écoles à un village sont des bonnes choses. Mais empêcher qu’on continue de construire parce qu’on est à la fin d’une élection, c’est de l’obsession de gloire. Je pense qu’il y a eu apprentissage de la part du MRC, ils ont démontré qu’ils n’avaient pas d’expérience politique et la politique c’est une école. Face à un régime aussi puissant que rude qu’est le RDPC, on ne viole pas impunément la loi. Moi-même j’ai été́ empêché́ de tenir des réunions ici. Je savais que si je tenais tète, j’étais en train d’enfreindre la loi. Et Dieu seul sait la récupération qui va être faite. Je crois que Kamto a été́ mal conseillé, en tant que juriste, il n’aurait pas dû défier l’autorité de l’Etat. Surtout dans un contexte où il y a déjà des crises anglophones et autres, où l’Etat est déjà à genou. Lui-même il a prêté le flanc à ceux qui aujourd’hui se réjouissent du fait qu’il n’ait pas respecté la loi. Je pense que l’opposition a foiré, en ne s’organisant pas financièrement, techniquement et opérationnellement. Une élection présidentielle c’est du costaud et du sérieux, ce n’est pas de la rigolade. Rien avoir avec une élection locale. Quand-t-on se lève un matin pour dire qu’on est candidat à l’élection présidentielle, on doit jauger la profondeur de ses racines. Ce n’est pas une affaire émotionnelle. Aujourd’hui vous remarquez parce qu’on en fait une affaire émotionnelle, ça prend des dérives de clans et de tributs, alors que ce n’est pas ça qu’il s’agit. Il s’agit des Hommes qui ont décidé de devenir président, c’est aussi du leadership. Imaginez qu’à la suite de la crise anglophone, la marche blanche ait conduit à des dérives où on constate des casses, viols...
Comment faire pour réparer tout ça ? A mon sens, c’est une erreur tactique et stratégique pour le MRC. On les souhaite de sortir de prison, de cicatriser les blessures et d’envisager la politique dans l’apaisement et dans la réconciliation. »
Une centaine de militants du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (Mrc) attend d’être jugée pour avoir participé à une marche organisée en contestation de la victoire du président Paul Biya au scrutin du 7 octobre dernier et la capacité de son régime résoudre la crise anglophone.
Ils ont été arrêtés entre le 24 et le 26 janvier dans la métropole économique, Douala, mais aussi à Bafoussam, Mbouda (Ouest) et à Yaoundé, alors qu’ils protestaient contre le « hold-up » de l’élection présidentielle du 7 octobre 2018 par le régime Biya, un scrutin au terme duquel Maurice Kamto est officiellement arrivé en 2ème position avec 14,23% de suffrages valablement exprimés, derrière le chef de l’État sortant Paul Biya (71,28%).
Après plus de deux semaines de garde à vue cet homme politique, ainsi qu’une bonne partie de ses proches collaborateurs, alliés et sympathisants, ont été mis sous mandat de détention provisoire au cœur de la nuit à la prison principale de Yaoundé, pendant que le reste attendait encore son inculpation formelle par le tribunal militaire. Une situation qui « préoccupe » la France.
« Nous sommes préoccupés par ce développement judiciaire et restons attentifs à la situation de Maurice Kamto et à celle d’environ 200 de ses partisans qui sont détenus », a affirmé le ministre français des affaires étrangères mercredi lors d’une conférence de presse. « L’opposition camerounaise, dont il est l’une des figures, doit pouvoir s’exprimer librement, dans le respect de la loi », a-t-il ajouté.
Rappelons que les manifestations de rue organisées par le MRC, baptisées « marches blanches », avaient préalablement été interdites par les autorités préfectorales pour « menaces de troubles à l’ordre public ». Maurice Kamto et une centaine d’autres militants de son parti sont poursuivis pour « hostilité contre la patrie », « rébellion de groupe », « insurrection », « incitation à la révolte », « perturbation de la circulation des personnes et des biens ». Ils seront jugés par le tribunal militaire et risquent la peine de mort.
Selon Me Emmanuel Simh, avocat du MRC, « c’est un recul pour notre pays. Nous rentrons dans la zone de dictature très forte où le système de M. Biya veut imposer absolument le silence de cimetière, où M. Biya a décidé de mettre en prison, de mettre à l’écart, son principal opposant. Je pense que nous sommes le seul pays au monde où on met son adversaire politique en prison et qu’on essaye de décapiter son parti politique ».
« Nous estimons que ce n’est pas la justice. Nos magistrats militaires sont simplement au service du pouvoir de Yaoundé; ils appliquent simplement les décisions prises à la Présidence du Cameroun ; ils n’ont aucune liberté d’action, aucune liberté de jugement…M. Biya a montré son vrai visage au monde aujourd’hui, il ne veut pas qu’il y ait une opposition. Il parle d’opposition et de démocratie, mais en réalité, c’est l’un des dictateurs les plus farouches que le monde puisse avoir aujourd’hui », conclut le vice-président du MRC.
Otric N.