Grâce aux connaissances acquises, les participants ont désormais de quoi dire le droit sur « cette barbarie humaine et sans visage qu’est le terrorisme », commente le journal à capitaux publics, Cameroon Tribune. « Désormais, nous allons combattre dans le respect des droits de l’Homme », rassure Eva Oyono, chef d’escadron, récipiendaire.
Au cours de la cérémonie de clôture présidée par Fonkwe Joseph Fongang, secrétaire général, représentant du ministre d’Etat, ministre de la Justice, garde des Sceaux, le directeur général de l’Enam, Bertrand Pierre Soumbou Angoula, a indiqué que l’institution qu’il dirige est résolument engagée à moderniser l’appareil judiciaire camerounais. Des participants, il attend l’élimination des discriminations pour la promotion des droits de tous, l’émergence des bonnes pratiques et la mise à profit des compétences développées et acquises au cours de cette phase de perfectionnement.
Pour le Sg du Minjustice, la réussite de cet apprentissage, fruit de l’excellente coopération entre l’Enam et le Global Center On Cooperative Security va permettre de contribuer à la lutte contre les agissements nihilistes des groupes terroristes. Fonkwe Joseph Fongang a rappelé le choix du gouvernement dans l’investissement des hommes comme matières premières.
Le Cameroun s’est doté en 2014 d’une loi portant répression des actes de terrorisme. Les infractions prévues par la présente loi relèvent de la compétence exclusive des juridictions militaires. En son article 2, cette loi stipule :
Est puni de la peine de mort, celui qui, à titre personnel, en complicité ou en coaction, comment tout acte ou menace susceptible de causer la mort, de mettre en danger l'intégrité physique, d'occasionner des dommages corporels ou matériels, des dommages de ressources naturelles, à l'environnement ou au patrimoine culturel dans l'intention :
d'intimider la population, de provoquer une situation de terreur ou de contraindre la victime, le gouvernement et/ou une organisation nationale ou internationale, à accomplir ou à s'abstenir d'accomplir un acte quelconque, à adopter ou à renoncer à une position particulière ou à agir selon certains principes ; de perturber le fonctionnement normal des services publics, la prestation de services essentiels aux populations ou de créer une situation de crise au sein des populations; de créer une insurrection générale dans le pays.
La loi n° 2014/028 du 23 décembre 2014 sur la suppression des actes de terrorisme au Cameroun a été une initiative bienvenue dans la lutte contre Boko Haram dans les régions du nord du pays. Cependant, sa violation potentielle d’importants droits et libertés de l’homme protégés par la Constitution camerounaise et le droit international des droits de l’homme a été immédiatement mise en relief par le flot de critiques qui ont suivi sa promulgation. De nombreux commentateurs ont fait écho du fait que la définition vague du terrorisme dans la loi pourrait menacer la liberté d’expression, la liberté d’opinion et d’association et la liberté de participer à des manifestations publiques.
Otric N.
Les Nations unies ont appelé jeudi le gouvernement nigérian a apporté une aide urgente à 10.000 personnes évacuées par l'armée, en amont d'une offensive contre les terroristes de Boko Haram dans le nord-est du Nigeria.
"Le coordinateur des Nations unies pour les questions humanitaires, Edward Kallon, appelle le gouvernement du Nigeria à apporter une assistance humanitaire et à protéger près de 10.000 femmes, hommes et enfants qui ont été relogés de force à Maiduguri", la capitale de l'Etat du Borno, peut-on lire dans un communiqué.
Ces déplacés qui, selon les témoins contactés par l'AFP, ont été forcés mardi par les soldats de monter dans des camions sans aucun avertissement préalable, arrivent de la ville de Jakana, à 40 kilomètres de Maiduguri.
La capitale de l'Etat du Borno abrite déjà près d'un million de déplacés dans des conditions sanitaires désastreuses.
"Selon l'armée, les civils ont été relogés - dans le camp de déplacés de Bakassi - pour des raisons de sécurité, en amont d'une opération militaire dans la zone", souligne le communiqué de l'ONU.
"Ils n'ont pas eu le temps de ramasser leurs affaires", a déclaré M. Kallon. "Certains n'avaient même pas de chaussures aux pieds", regrette-t-il, rappelant aux autorités nigérianes qu'elles sont soumises aux lois internationales de protection des civils.
La branche de Boko Haram affiliée au groupe de l'Etat islamiste en Afrique de l'ouest, ISWAP, a attaqué Jakana a de nombreuses reprises.
La ville se situe sur l'axe entre la forêt de Beni Sheikh et leur campement de Buni Yadi, dans l'Etat voisin de Yobe.
La semaine dernière, les terroristes ont affirmé avoir mené une attaque sur la base militaire de Jakana, infligeant de lourdes pertes parmi les soldats, des informations démenties par des sources sécuritaires et locales contactées par l'AFP.
L'ISWAP est sous la pression d'opérations de l'armée nigériane et de ses soutiens militaires du Tchad et du Cameroun, déployés en masse dans la région du lac Tchad depuis les dernières élections de février.
Le conflit lancé par Boko Haram en 2009 a fait plus de 27.000 morts et 1,8 de personnes sont toujours déplacées dans le nord-est, où sévit une grave crise humanitaire.
Source : Slate Afrique.
La région de l’Extrême-Nord du Cameroun, partie intégrante de celle sous régionale du Lac-Tchad ploie depuis de nombreuses années sous le joug de conflits de toutes sortes. A elle seule, de source officielle, elle concentre environ 40% des besoins humanitaires du pays. Avec la guerre contre Boko Haram qui l’a lourdement affectée, elle a connu et continue de connaitre de nombreux et massifs déplacements de populations.
C’est afin de permettre aux populations de cette zone de résister aux chocs provoqués par ces déplacements forcés et les conséquences qui vont avec que le Conseil Norvégien pour les réfugiés (NRC) a développé en partenariat avec l’Agence Française de développement (AFD) le projet IsolT. Ledit projet se fera sur quatre grands axes qui sont : le renforcement de l’accès à l’identité civile, le renforcement de la cohésion sociale et de l’accès aux droits fonciers, le soutien au redressement économique des ménages et enfin, l’amélioration de l’accès à une éducation de qualité pour les enfants et en particulier les filles. Prévu pour une durée de trois ans, les ressources allouées à ce projet s’élèvent à 7 000 000 d’euros soit un peu plus de 4 milliards de francs CFA.
Présidée par le Gouverneur de la région de l’Extrême-nord, Midjiyawa Bakari, la cérémonie de lancement de ce projet s’est déroulée le jeudi 03 avril dernier au complexe WoÏla à Maroua en présence d’un parterre important de personnalités dont Judith Tchafack Sonné, chef des programmes du Conseil Norvégien pour les réfugiés qui à cette occasion a déclaré : « au-delà des actions d’urgence habituelles de l’acteur humanitaire qu’est le NRC, pour proposer des solutions durables aux populations affectées par la crise à travers l’amélioration de la gouvernance au sein des territoires dans lesquelles elles résident pour un meilleur accès aux services éducatifs et aux opportunités économiques ».
Et de poursuivre, « le projet IsolT qui sera mis en œuvre par le NRC au Cameroun et au Nigéria vise de manière spécifique, à renforcer les mécanismes de gouvernance des institutions locales afin d’améliorer la résilience des populations les plus vulnérables parmi les populations hôtes, les déplacées, les retournées et les réfugiés dans les Etats du Borno et de l’Adamawa au Nigéria et les départements du Mayo-Sava, Mayo-Tsanaga et le Logone et Chari au Cameroun ».
Pour sa part, le représentant de l’Agence Française de développement (AFD) indique que cette initiative intervient en complément des autres interventions de l’AFD en faveur des régions du Septentrion notamment la région de l’Extrême-Nord.
« Les actions de l’AFD se matérialisent par le financement de nombreux programmes. Au total, ce sont près de 60 milliards de Fcfa qui ont directement été engagés par l’AFD en faveur de l’Extrême-Nord, depuis 08 ans. Le projet IsolT porté par NRC représente une intervention à la fois originale et essentielle, tant par les thématiques qu’elle couvre, que par les approches qu’elle promeut et les zones d’intervention qu’elle vise. Il vise à donner aux réfugiés, déplacés et populations hôtes, les ressources matérielles et légales pour surmonter sur la durée les situations de précarité dans lesquelles elles se trouvent, à leur offrir des perspectives et à renforcer le respect de leurs droits fondamentaux », explique Perrot Minnot Jean Benoît, responsable de l’AFD.
Le projet s’engage concrètement à favoriser d’une part, le retour volontaire des déplacées en assurant un accompagnement de ces derniers d’un pays à l’autre, et d’autre part, à les encadrer jusqu'à ce que soient pleinement réunies, les conditions de leur réinsertion.
« Les insurgés sont arrivés en grand nombre dans des véhicules et transportaient des armes lourdes », a expliqué un officier de la Force Mixte Multinationale (FMM). « Ils ont engagé des soldats dans une bataille qui a duré plus d’une heure. Leur force de frappe a été si puissante que nous avons perdu trois militaires », a-t-il ajouté.
Selon plusieurs médias nationaux, quatre autres militaires ont été blessé et l’une des victimes est portée disparue : « un véhicule des forces de défense et une arme lourde ont été emporté par les terroristes qui se sont repliés au Nigéria ». Les assaillants étaient équipés de « matériel militaire », sans doute dérobé au cours de précédentes attaques de bases des forces de la coalition, selon une autre source militaire contactée, qui donne un bilan similaire de victimes.
La région de l’Extrême-Nord est régulièrement la cible des combattants de Boko Haram depuis 2013, bien que les attaques aient connu leur pic entre 2014 et 2015. Dans un rapport publié en août 2018, l’Organisation Non-gouvernementale (ONG) International Crisis Group indiquait que le groupe terroriste Boko Haram était « affaibli » - certains hauts gradés de l’armée camerounaise envisageant même la fin du conflit en 2020 - mais qu’il constituait « toujours une menace » dans la région de l’Extrême-Nord.
Pour construire une paix durable, préconise l’ONG, le gouvernement camerounais doit se saisir de deux enjeux sécuritaires majeurs : le devenir des anciens membres, y compris combattants, du mouvement jihadiste, et celui des comités de vigilance. Pour les anciens membres de Boko Haram, le gouvernement devrait distinguer les militants dangereux, pour lesquels une procédure judiciaire formelle et probablement une incarcération s’imposent, d’autres individus pour lesquels des travaux communautaires et des confessions publiques semblent plus appropriés, et soutenir les communautés prêtes à réintégrer ces derniers.
Concernant les comités de vigilance, il devrait mieux assister ceux qui sont encore nécessaires pour lutter contre Boko Haram, intégrer certains au sein de la police municipale et démobiliser les autres. Les membres des comités accusés d’abus devront faire l’objet d’enquêtes et les décisions de justice devront être rendues publiques.
Des milliers de Camerounais ont rejoint Boko Haram entre 2012 et 2016, parfois par conviction idéologique, souvent par opportunisme ou sous la contrainte. Certains ont été tués dans des combats, d’autres arrêtés par les forces de sécurité et un nombre inconnu, sans doute des centaines ou un millier, font encore partie du mouvement jihadiste, fait savoir International Crisis Group.
L’insurrection de Boko Haram et sa répression par l’armée ont fait plus de 20 000 morts et quelque 2,6 millions de déplacés depuis 2009 dans la zone du Lac Tchad selon les Nations Unies.
Otric N.
Avocat au barreau du Cameroun, membre du collectif des avocats de Maurice Kamto et Cie et troisième vice-président du MRC, Me Emmanuel Simh fustige la procédure adoptée pour les audiences des leaderes du parti.
"Pourquoi des audiences à huis clos ? Seul le juge peut répondre à cette question. Ce que je peux dire c’est que ces juges sont aux ordres. Ils n’ont aucun esprit d’indépendance. Ils dépendent des ordres qui leur sont donnés par l’exécutif. Et, dans cette affaire Kamto et Cie, ils ont peur du procès public parce que la gravité des faits qui se sont déroulés à Douala est telle qu’ils ne voudraient pas que vous les journalistes, témoins de l’histoire, puissiez entendre ces atrocités, ces traitements inhumains et dégradants qui ont été imposés à Kamto et à ses codétenus. Ils ne veulent pas entendre les témoignages de nos camarades qui venaient de l’Ouest Cameroun qui racontent les conditions de transfert entre Bafoussam et Yaoundé.
Ils ont été transférés comme des bestiaux dans des camions militaires où des femmes ont fait leurs besoins sur elles-mêmes, menottées comme des Boko Haram. Il y a là des témoignages tellement poignants que, les ayant vu dans les dépositions, ils n’aimeraient pas que le peuple entende ce qui s’est passé. Des gens ont été gardés pendant plusieurs jours au secret. Pour ces personnes qui font référence à l’habeas corpus, nous étions déterminés à ce qu’ils racontent leurs souffrances devant le public. Ces gens ont peur d’être victimes de leurs propres turpitudes ; de faire face aux atrocités dont ils ont été les auteurs. La justice sait seule pourquoi aujourd'hui, elle sépare Kamto des autres. En réalité, la dernière fois, le président Kamto avait été amené à la cour d’appel seul.
Et, les six autres sont venus plus tard. Avant-hier (le 02 avril ndlr), on les amenait un à un. Pour moi, ce fait n’est pas important. Les coaccusés sont dans la même prison, ils se voient tous les jours. Ils ont entièrement confiance les uns aux autres. C’est une vraie union sacrée. Le fait qu’on ait mis ces gens en prison, les rend plus forts. Ils sont sereins et déterminés. Ils disent n’avoir commis aucun crime, se considèrent comme des otages de M. Biya et de son régime et, dans ces conditions, ils n’ont rien à craindre. Nous avons la ferme conviction que nous sommes du bon côté de l’histoire.
Le président de la cour d’appel a dit que le 09 avril prochain, il lira la décision publiquement. Pourquoi tenir une audience à huis-clos pour rendre une décision publique ? C’est paradoxal. L’affaire est en délibéré. On attend la décision qui sera rendue. Il n’y a d’ailleurs pas de surprise à attendre. La décision de rejet de libération immédiate sera confirmée. Le juge n’a pas d’autre choix que de faire cela, même s’il sait que ce qu’il fait est illégal. Mais dans un système où le président nomme les magistrats, assure leur promotion, c’est lui leur patron."
Propos transcrits par Félix Swaboka
Depuis quelques années, le Cameroun fait face aux assauts du terrorisme à travers la secte Boko Haram dans la partie septentrionale et des bandes armées sécessionnistes dans les régions du Sud-Ouest et le Nord-Ouest. Sans oublier les menaces sécuritaires venant d’un pays voisin à l’Est.
Plusieurs fois, le pays a été interpellé par les organisation étrangères sur le comportement des militaires aux fronts. Face à cette situation qui remet en cause l’exercice des droits de l’Homme et des libertés publiques, les magistrats civils et militaires prennent part à un atelier de formation sur le thème: « L’accès à la justice et la lutte contre le terrorisme » depuis lundi à Yaoundé. Et c’est la salle des Actes de l’Ecole nationale d’administration et de magistrature (Enam) qui sert de cadre à cet événement, rapporte Cameroon Tribune.
« La justice est un maillon essentiel dans la lutte contre le terrorisme. A côté de l’aspect sécuritaire, il a été reproché aux pays qui font face à la menace terroriste de souvent privilégier la réponse sécuritaire au détriment de l’aspect des droits de l’Homme », a expliqué Philippe Nsoa, chef de la section judiciaire à la division de la magistrature et des greffes de l’Enam.
D'où l’idée de renforcer les capacités de tous les acteurs de la chaîne de justice pénale en matière de respect de droits humains. Il s’agit de rappeler le cadre juridique auquel le Cameroun a souscrit et qu’il faut rendre concrètement opérationnel sur le terrain.
Au cours de la cérémonie d’ouverture présidée par Fonkwe Joseph Fongang, secrétaire général, représentant du ministre d’Etat, ministre de la Justice, garde des Sceaux, Melissa Lefas, directrice de la justice pénale et de l’Etat de droit du Global Center On Cooperative Security a rappelé que cette formation a pour objectif de doter les magistrats des compétences et de la compréhension du profil du terrorisme au Cameroun, des cadres juridiques applicables et des considérations de procédure régulière qui découlent des enquêtes et jugements dans les affaires de terrorisme dans la région de l’Extrême-Nord, fondés sur le respect des droits de l’Homme et l’état de droit.
Pour Brian Morgan, conseiller juridique à l’ambassade des Etats-Unis au Cameroun, l’action militaire doit collaborer avec la justice de façon que les poursuites engagées soient basées sur les preuves.
Otric N.
Conduit par le gouvernement en collaboration avec les Nations unies et les partenaires au développement, le programme permettra notamment de créer des emplois.
Avec le retour de l’accalmie dans la région de l’Extrême-Nord, déplacés, réfugiés et populations hôtes sont appelés à vivre ensemble. Pour renforcer la cohésion entre ces populations, rapporte Cameroon Tribune, le gouvernement camerounais, en partenariat avec les Nations unies, le gouvernement japonais, la Fondation Cœur d’Afrique de l’ambassadeur Roger Milla, et le Comité national olympique et sportif du Cameroun s’investi pour améliorer leurs conditions de vie.
Vendredi 15 mars dernier, par des activités sportives et culturelles organisées au stade municipal Yaya Dairou de Maroua, ces partenaires ont organisé la cérémonie de lancement du «projet d’assistance aux personnes déplacées internes, aux réfugiés et communautés».
Présidée par le gouverneur de la région de l’Extrême-Nord, Midjiyawa Bakari, en présence de l’ambassadeur du Japon, Tsutomu Osawa, la cérémonie a connu une forte participation des déplacés internes et de réfugiés nigérians venus de Minawao.
Ce projet dont l’objectif principal est d’améliorer les conditions de vie des populations vise, non seulement à permettre aux victimes de Boko Haram de trouver de nouvelles opportunités de relèvement, mais aussi, à long terme, de prévenir les actions de l’extrémisme violent.
D’après l’ambassadeur du Japon, le bailleur de fonds, ce projet est composé de quatre grandes activités : la création d’emploi, le soutien aux activités génératrices de revenus, la prévention des conflits et le renforcement des capacités des autorités locales.
Dans la planification des activités, concernées sont Zamay, Moskota, Limani, Fotokol, Makary et Zimado, toutes des localités frontalières et touchées par les exactions de Boko Haram.
Pour Fenella Frost, représentante du Pnud, les défis de la population nécessitent des actions à long terme. C’est la raison pour laquelle les Nations unies sont fières d’accompagner le gouvernement camerounais dans l’élaboration du plan de relèvement et de consolidation de la paix dans les régions septentrionales.
Rappelons que depuis janvier 2019, par vagues successives, 35 000 réfugiés nigérians ont pris leurs quartiers dans la localité de Goura, située dans l’arrondissement de Makary, dans la région de l’Extrême-Nord du Cameroun. Ce nouveau contingent de réfugiés, constitué à plus de 80% de femmes et d’enfants, apprend-on, a dû fuir la localité de Rann, village nigérian tombé ces dernières semaines entre les mains des membres de la secte islamiste Boko Haram.
Pour la prise en charge de ces nouveaux réfugiés, apprend-on, la coordinatrice du système des Nations Unies au Cameroun, Allegra Baiocchi, a lancé un appel de fonds d’un montant total de 10 millions de dollars, soit plus de 5 milliards de FCFA.
Otric N.
Reconnu d’être un travailleur acharné, la visite, au départ de courtoisie s’est muée par la force des choses, en celle de travail. Freinant son allure, Manaouda Malachie a, dans chaque formation sanitaire dans laquelle il s’est arrêté, pris le temps de faire un diagnostic du fonctionnement de cette dernière. Ainsi ont été passés au scanner, L’accueil, le circuit du malade, sa prise en charge, la salubrité des lieux et les conditions de travail du personnel. L’occasion faisant le larron, il a enregistré de nombreuses doléances.
S’expliquant sur sa motivation, le Minsanté a déclaré : « Mon souci au bout du compte s’inscrit dans une démarche pour un service de qualité. Il faut se le dire, on peut ne pas avoir des infrastructures de pointe, mais on devrait avoir la volonté de bien servir et c’est à ça que je vais m’atteler. »
Joignant la parole à l’acte, le Dr Manaouda Malachie, dans son souci déclaré de préserver l’intégrité du malade et d’assurer la qualité de sa prise en charge, a pris des mesures à l’encontre des centres de santé clandestins auxquels il a été demandé l’arrêt immédiat des activités. Des cas qui feront école si l’on s’en tient aux propos du Ministre qui affirme vouloir assainir le secteur de la santé et ce, même dans les zones les plus difficiles à l’instar de celle en conflit dans laquelle il se trouvait.
Cette visite surprise n’est pas la première effectuée par le Minsanté dans cette région dont il est originaire. Au mois de février déjà, il visitait l’hôpital régional de Maroua.
Pour cette autre effectuée dans le département du Mayo-Tsanaga, son département d’origine également, département meurtri par les attaques de Boko Haram et dont les formations sanitaires accueillent de nombreuses victimes des exactions perpétrées par les terroristes sans forcément avoir les équipements et/ou le personnel adéquats, il s’est précisément arrêté à l’Hôpital de district de Mokolo, au Centre de formation podo-orthopedique de oura-Tada, au Centre de santé intégré privé catholique de la même localité.
A ces formations sanitaires et d’autres, il a remis d’importants dons. L’hôpital de district de Mokolo a bénéficié d’un véhicule 4x4, tandis que l’œuvre médicale UEEC de Tourou et le centre de santé protestant de Toufou, tous deux victimes des exactions des combattants de Boko Haram au mois de février, ont bénéficié pour leurs parts d’importants stocks de matériels de santé.
Les Américains mettent en avant l’idée d’un dialogue inclusif et l’organisation d’un forum international pour résoudre la crise anglophone. Après la rencontre entre Tibor et Paul Biya, peut-on penser que le président camerounais va infléchir sa position sur cette question ?
Nous ne sommes pas des magiciens qui lisent dans les boules de cristal. Seuls les actes politiques qui seront posés dans les jours et mois à venir permettront de savoir si Paul Biya aura infléchi ou pas à position.
Depuis bientôt trois ans, en chœur, des acteurs nationaux et internationaux appellent à un dialogue inclusif sans succès. Paul Biya a réaffirmé à plusieurs reprises sa volonté de ne pas dévier de son agenda. Il a créé des structures telles que la Commission Nationale pour la Promotion du Bilinguisme et du Multiculturalisme et le Comité National de Désarmement, de Démobilisation et de Réintégration pour résoudre cette crise. Aucune de ces institutions décriées n’a eu un impact positif et significatif sur la crise en cours.
Au contraire, parce que ce sont de fausses solutions à des vrais problèmes, la situation empire sur le terrain. Nous sommes en situation de guerre dans le Nord – Ouest et le Sud – Ouest. Chaque jour, cette guerre fait des victimes civiles et militaires, de nombreux dégâts sociaux et économiques ainsi que d’importants contingents réfugiés et de déplacés internes.
Face à cette situation, les Camerounais qui aspirent à la paix doivent définitivement comprendre que le salut ne viendra pas de l’étranger. Il viendra de leurs efforts et de leur capacité à se mobiliser pour mettre la pression sur le régime de Yaoundé.
La communauté nationale peut mettre de la pression mais elle ne peut et ne saurait se substituer à la mobilisation des Camerounais. Il faut certes se réjouir de toutes les voix qui, dans la communauté internationale, dénoncent les violences et les violations des droits de l’homme tout en appelant à un dialogue national inclusif. Ces voix vont dans le sens des forces vives camerounaises qui doivent, aujourd'hui, face à l’autisme et l’aveuglement du Gouvernement, au – delà des déclarations, mener des actions fortes pour imposer au Gouvernement de monsieur Biya un changement de cap.
Tibor Nagy confirme avoir échangé de l’affaire Kamto avec les officiels camerounais. Peut-on alors penser que le côté camerounais pourrait trouver une pirouette judiciaire pour élargir Kamto ?
En ce qui concerne la situation de monsieur Kamto et de ses camarades, nous pensons que c’est une bonne chose que des voix comme celle de Tibor Nagy puissent se faire entendre. C’est effectivement une affaire hautement politique. Elle est une illustration supplémentaire de la crise politique dans laquelle le Cameroun s’enfonce.
Cette situation démontre une fois de plus que nous ne sommes pas en démocratie. Ici également, cet appel à la libération de Maurice Kamto n’est pas isolé. Il est partagé aussi bien par d’autres organisations internationales que par une bonne partie de la classe politique et de la société civile camerounaise. Cet un appel que nous partageons puisqu'au – delà de monsieur Kamto et de ses militants, nous avons également appelé avant, à la libération des leaders et activistes anglophones.
Nous avons de graves problèmes politiques à régler. C’est une grave et profonde erreur de penser que la situation sera résolue autrement que par des discussions politiques devant aboutir à un nouveau consensus national et une refondation institutionnelle de notre pays.
Tibor a aussi dit que les jeunes camerounais ont besoin d’emploi et que les investisseurs américains frappent à la porte du Cameroun. Sauf qu’ils ont besoin d’un pays stable. Ce qui n’est pas le cas actuellement. Quel message veut-il ainsi passer au régime de Yaoundé ?
Ce propos de Tibor Nagy sur le besoin de stabilité pour faire des affaires gagnant – gagnant pouvant bénéficier en termes d’emploi à la jeunesse camerounaise n’est pas en soi original. Nous croyons que presque tous les Etats « partenaires » du Cameroun pourraient dire la même chose.
Dans le cas des Etats – Unis de Donald Trump, cette phrase rappelle deux des trois piliers de la doctrine de politique étrangère africaine exposée le 13 Décembre 2018 par John Bolton, conseiller à la sécurité nationale. Ces deux piliers étant le développement des liens économiques pour rendre l’Afrique et les Etats – Unis plus prospères, l’appui à la stabilité des pays à travers un mécanisme d’aide plus efficient et efficace, qui fait progresser la paix, la stabilité, l’indépendance et la prospérité de la région. Le troisième pilier étant la lutte contre les grands périls au nombre desquels les groupes armés terroristes tels que Boko Haram.
A la lumière de rappel, on voit que ce discours est aligné sur une vision stratégique qui vise à positionner les Etats – Unis comme un partenaire véritable du Cameroun et soucieux de ses intérêts. Ce positionnement est d’autant plus urgent que le Cameroun comme d’autres pays africains connait une offensive de charme d’autres puissances au nombre desquelles on peut citer la Russie et la Chine. Ce propos doit être compris comme une invitation du Gouvernement à Camerounais à créer au plus vite les conditions idoines pour faire les affaires et augmenter la prospérité des deux Etats. C’est un propos qui s’inscrit dans un registre plutôt classique au regard des enjeux et des intérêts des deux Etats.
Quelle est la symbolique de la photo remise par Tibor Nagy à Paul Biya, une photo datant de 1991 et où le président camerounais est en compagnie de Georges Bush père et sachant qu'avant cette date, Paul Biya avait déjà été reçu en 1984 par Ronald Reagan ?
En ce qui concerne la photo remise par Tibor Nagy à Paul Biya, elle peut avoir plusieurs significations. Ces significations dépendent de celui qui observe et de ce qu’il veut bien voir.
Pour ceux qui soutiennent Paul Biya, ils y verront le rappel de la longue et fructueuse amitié entre ce dernier et tous les présidents des Etats – Unis des années 80 à nos jours. Cette photo serait le symbole et le rappel que les deux Etats ont su garder, malgré les multiples bouleversements survenus sur la scène mondialeces quarante dernières années (Chute du mur de Berlin, accélération du processus de mondialisation, crises financières, irruption des puissances émergentes, montée du péril terroriste, etc), les Etats – Unis et le Cameroun ont su renouveler, renforcer et adapter leurs relations.
Pour ceux qui ne soutiennent pas Paul Biya et son régime, ils y verront le prolongement de la crispation entre les Etats – Unis et le Cameroun observable depuis 2011 et remise à jour en 2018 avec les propos de l’ambassadeur Peter Henri Barlerin appelant Paul Biya à penser à son héritage. A titre de rappel, en 2011, à l’occasion de l’élection présidentielle, les Etats – Unis ont critiqué le processus électoral. Leur ambassadeur de l’époque, Robert P. Jackson avait même commis dans la presse une tribune en 14 points sur la nécessaire reforme du système électoral camerounais. Hillary Clinton, secrétaire d’Etat de l’époque, s’était à plusieurs reprises adressée directement au Peuple camerounais en prenant ses distances vis – à – vis du régime de Yaoundé dont la longévité et les pratiques pseudos démocratiques étaient critiquées. Plus récemment, le rapport du département d’Etat américain sur les droits de l’homme indique que le Cameroun est responsable de nombreuses violations des droits de l’homme d’une part, que l’élection présidentielle de 2018 fut entachée de nombreuses irrégularités d’autre part.
En bref, cette photo pourrait être perçue comme le rappel à Paul Biya qu’il est là depuis longtemps, qu’il devrait penser à son héritage et que, à l’image des Etats – Unis, le Cameroun doit pouvoir continuer sa marche vers le progrès sans lui. Au lieu d’une photo avec le Président Obama ou le Président Trump, Tibor Nagy a tenu à lui dire plus ou moins clairement qu’il appartient à une autre époque. Le temps serait venu de préparer la suite.
Propos recueillis Par Félix Swaboka
« Ils ont attaqué un bus traversant la ville et tué trois personnes à l'intérieur. Ils ont maîtrisé quelques soldats et dévalisé une banque avant de l'incendier », selon le témoignage de Saleh Abbare, un habitant de Michika. Il a ajouté que « La banque avait déjà été attaquée par Boko Haram et avait été récemment rénovée ».
Selon un autre résident, Daniel Bature, les jihadistes ont été chassés par l'arrivée de renforts de troupes depuis Gulak, le quartier général du district voisin : « Les terroristes ont été chassés et se sont dirigés vers Lassa et la forêt de Sambisa », dans l'Etat de Borno.
Cette action des adeptes du Boko Haram qui s’attaquent aussi bien aux populations civiles qu’aux forces de l’ordre déployées sur le front de la guerre qu’ils ont instauré dans les pays de la sous région, n’est pas nouvelle. A leur actif, la destruction de plusieurs villages, ainsi que des maisons et autres édifices, le vol des cheptels de bœufs, le kidnapping et la demande de rançon…Les victimes se recrutent dans de nombreux pays, parmi lesquels, le Cameroun.
Le conflit initié par Boko Haram en 2009 dans le nord-est du Nigeria a fait plus de 27.000 morts et 1,8 millions de déplacés. Au Cameroun, les djihadistes seraient entrés depuis la ville nigériane de Gamboru, même s’ils ont été chassés par une offensive aérienne et terrestre lancée par le Nigeria et le Tchad au cours des derniers jours.
Les actes de la secte terroriste, se sont pratiquement fait ressentir dans la partie septentrionale du pays, et, ils sont des centaines, qui ont concentré leurs crimes, dans la ville de Fotokol, où ils ont incendié des églises et des mosquées en plus d’abattre les jeunes qui refusaient de joindre leurs rangs pour combattre les forces camerounaises.
Les victimes qui continuent de faire couler des larmes amères à cause des pertes subies, n’ont pas oublié, comme l’atteste Myriam, commerçante à Fotokol : « Que ce soit ici à l’extrême nord du pays, aux confins du Tchad et du Nigeria voisins, n’a rien changé à notre train-train quotidien, même si paradoxalement, les images de tous les crimes commis par ces terroristes restent omniprésents dans nos esprits. Certains ont certes déposé les armes, après l’appel du Président de lq République, nous essayons juste de leur faire confiance, mais c’est très dur pour nous qui avons perdu des êtres chers… ».
Nicole Ricci Minyem