Dans une tribune consacrée au chapitre de la violence au Cameroun, Franck Essi le Secrétaire général du Cameroon people’s party appelle à la mobilisation de tous. Il plaide pour l’action des gens de bien. C’est ce qui de son point de vue empêchera le mal de triompher.
La vidéo présentant l’assassinat d’une jeune femme dans la ville de Muyuka a suscité une vague d’indignation pareille à ce qu’on avait vu pour la gardienne de prison Florence Ayafor décapitée à Bamenda par les Amba boys. Les nouvelles de meurtre, d’agression dont on note une recrudescence ces derniers temps ne laissent personne indifférent. Chacun y va de ses moyens et de sa sensibilité pour dénoncer ce qui se passe. Pour Franck Essi le Secrétaire général (Sg) du Cameroon people’s party, l’heure est à l’action. Il y a un besoin d’agir. Et ceux qui doivent passer à l’action ce sont ceux qui se considèrent comme des gens de bien. Car, ne pas le faire, c’est devenir complice de la violence qui tire des larmes de nos yeux. Le Sg du parti politique d’Edith Kah Walla précise que ne pas agir c’est rendre indécent aux yeux des victimes, leurs protestations et condamnations.
Retrouvez ci-dessous la publication intégrale de Franck Essi
Ces dernières semaines, une fois de plus et une fois de trop, des images insoutenables nous sont parvenues de nos régions en crise. Des images de mort et de destruction. Des images qui ne sont pas nouvelles. Des images qui nous donnent un aperçu de l’horreur de la guerre et des abysses dans lesquelles des êtres humains peuvent tomber.
Que ce soit dans la lutte contre Boko Haram ou dans le conflit dans les régions du Nord – Ouest et du Sud – Ouest, l’accentuation du chaos, le basculement dans la folie et l’ensauvagement des esprits sont des tendances désormais dominantes. Des tendances qui s’installent et s’enracinent un peu plus tous les jours.
Ces dérives, ces violences, ces morts sont atroces. De tels actes sont évidemment à condamner. De tels actes sont évidemment inacceptables ! De tels actes n’honorent personne et ne sont pas en accord avec les valeurs traditionnelles, culturelles ou spirituelles de nos communautés.
Ces violences sont les indicateurs d’un profond et grave effondrement de nos sociétés. Un effondrement qui n’est certes pas inédit dans l’histoire humaine mais qui ne devrait pas nous laisser indifférents lorsqu’il survient dans notre société. Surtout qu’avec les être humains que nous sommes, la barre du pire ne semble jamais atteinte.
A ce stade des conflits dans notre pays, devant la récurrence des actes de violence, les dangers les plus grands qui nous guettent sont l’aveuglement volontaire, l’accoutumance à l’horreur et l’indifférence au malheur d’autrui.
L’aveuglement volontaire est cette attitude qui consiste à ne voir qu’une partie de la réalité, celle qui nous arrange, celle qui s’accommode à nos intérêts et celle qui ne bouscule aucune de nos certitudes.
L’accoutumance à l’horreur est cette attitude de relativisation et de banalisation des actes de violence sous le prétexte qu’ils se produisent régulièrement et depuis assez longtemps. L’indifférence au malheur d’autrui est cette posture qui nous amène, de manière illusoire, à croire que tant que ça ne concerne que les autres, ça ne nous concerne pas. Attitude d’autant plus justifiée que nous ne sommes pas directement frappés par ces tragédies.
Nous ne devons donc pas céder aux démons de l’aveuglement volontaire, de l’accoutumance à l’horreur et de l’indifférence au malheur d’autrui.
Face à la récurrence des cas de violence et d’inhumanité, au – delà de l’indignation et de la condamnation qui sont des premiers pas nécessaires, il s’impose à nous l’urgente nécessité d’essayer de faire face.
Pour faire face, nous devons nous certaines questions :
▶️ Notre attitude actuelle est – elle suffisante ? Est – elle à la hauteur des enjeux ?
▶️ Si nous étions les personnes directement concernées par ces violences, qu’est – ce que nous aurions aimé que les autres fassent ?
▶️ Que pouvons – nous faire pour contribuer à stopper cette violence ?
▶️ Avec qui d’autres pouvons – nous joindre nos forces pour peser positivement sur la situation ?
▶️ Quels actes devons – nous et allons – nous poser ?
Nous ne pouvons affirmer faire société, être « uns et indivisibles » si, en période de péril grave comme c’est le cas actuellement, nous ne nous levons pas pour éteindre l’incendie qui consume notre pays. Ne l’oublions pas, tel un incendie et tel un cancer, cette situation empoisonne l’ensemble de la communauté nationale.
Ceux et celles qui estiment qu’il y a un problème profond d’injustice, de mal gouvernance et de contentieux historique non évacué dans ce pays ; ceux et celles qui croient que ce problème peut se résoudre par des voies non – violentes de pression et d’action ; ceux et celles qui estiment qu’en conservant l’unité et l’intégrité de notre pays, nous pouvons y apporter des solutions doivent pouvoir se parler, s’accorder, agir et peser sur le cours des choses.
Ne pas le faire, c’est à la longue, devenir des complices de ce démantèlement de notre société.
Ne pas le faire rend nos protestations et nos condamnations indécentes aux yeux des victimes. Ne pas le faire, c’est nous exposer à subir, un jour ou l’autre, les drames et les malheurs que vivent les autres. Le mal doit son triomphe à l’inaction des gens de bien.
Liliane N.
Les Américains mettent en avant l’idée d’un dialogue inclusif et l’organisation d’un forum international pour résoudre la crise anglophone. Après la rencontre entre Tibor et Paul Biya, peut-on penser que le président camerounais va infléchir sa position sur cette question ?
Nous ne sommes pas des magiciens qui lisent dans les boules de cristal. Seuls les actes politiques qui seront posés dans les jours et mois à venir permettront de savoir si Paul Biya aura infléchi ou pas à position.
Depuis bientôt trois ans, en chœur, des acteurs nationaux et internationaux appellent à un dialogue inclusif sans succès. Paul Biya a réaffirmé à plusieurs reprises sa volonté de ne pas dévier de son agenda. Il a créé des structures telles que la Commission Nationale pour la Promotion du Bilinguisme et du Multiculturalisme et le Comité National de Désarmement, de Démobilisation et de Réintégration pour résoudre cette crise. Aucune de ces institutions décriées n’a eu un impact positif et significatif sur la crise en cours.
Au contraire, parce que ce sont de fausses solutions à des vrais problèmes, la situation empire sur le terrain. Nous sommes en situation de guerre dans le Nord – Ouest et le Sud – Ouest. Chaque jour, cette guerre fait des victimes civiles et militaires, de nombreux dégâts sociaux et économiques ainsi que d’importants contingents réfugiés et de déplacés internes.
Face à cette situation, les Camerounais qui aspirent à la paix doivent définitivement comprendre que le salut ne viendra pas de l’étranger. Il viendra de leurs efforts et de leur capacité à se mobiliser pour mettre la pression sur le régime de Yaoundé.
La communauté nationale peut mettre de la pression mais elle ne peut et ne saurait se substituer à la mobilisation des Camerounais. Il faut certes se réjouir de toutes les voix qui, dans la communauté internationale, dénoncent les violences et les violations des droits de l’homme tout en appelant à un dialogue national inclusif. Ces voix vont dans le sens des forces vives camerounaises qui doivent, aujourd'hui, face à l’autisme et l’aveuglement du Gouvernement, au – delà des déclarations, mener des actions fortes pour imposer au Gouvernement de monsieur Biya un changement de cap.
Tibor Nagy confirme avoir échangé de l’affaire Kamto avec les officiels camerounais. Peut-on alors penser que le côté camerounais pourrait trouver une pirouette judiciaire pour élargir Kamto ?
En ce qui concerne la situation de monsieur Kamto et de ses camarades, nous pensons que c’est une bonne chose que des voix comme celle de Tibor Nagy puissent se faire entendre. C’est effectivement une affaire hautement politique. Elle est une illustration supplémentaire de la crise politique dans laquelle le Cameroun s’enfonce.
Cette situation démontre une fois de plus que nous ne sommes pas en démocratie. Ici également, cet appel à la libération de Maurice Kamto n’est pas isolé. Il est partagé aussi bien par d’autres organisations internationales que par une bonne partie de la classe politique et de la société civile camerounaise. Cet un appel que nous partageons puisqu'au – delà de monsieur Kamto et de ses militants, nous avons également appelé avant, à la libération des leaders et activistes anglophones.
Nous avons de graves problèmes politiques à régler. C’est une grave et profonde erreur de penser que la situation sera résolue autrement que par des discussions politiques devant aboutir à un nouveau consensus national et une refondation institutionnelle de notre pays.
Tibor a aussi dit que les jeunes camerounais ont besoin d’emploi et que les investisseurs américains frappent à la porte du Cameroun. Sauf qu’ils ont besoin d’un pays stable. Ce qui n’est pas le cas actuellement. Quel message veut-il ainsi passer au régime de Yaoundé ?
Ce propos de Tibor Nagy sur le besoin de stabilité pour faire des affaires gagnant – gagnant pouvant bénéficier en termes d’emploi à la jeunesse camerounaise n’est pas en soi original. Nous croyons que presque tous les Etats « partenaires » du Cameroun pourraient dire la même chose.
Dans le cas des Etats – Unis de Donald Trump, cette phrase rappelle deux des trois piliers de la doctrine de politique étrangère africaine exposée le 13 Décembre 2018 par John Bolton, conseiller à la sécurité nationale. Ces deux piliers étant le développement des liens économiques pour rendre l’Afrique et les Etats – Unis plus prospères, l’appui à la stabilité des pays à travers un mécanisme d’aide plus efficient et efficace, qui fait progresser la paix, la stabilité, l’indépendance et la prospérité de la région. Le troisième pilier étant la lutte contre les grands périls au nombre desquels les groupes armés terroristes tels que Boko Haram.
A la lumière de rappel, on voit que ce discours est aligné sur une vision stratégique qui vise à positionner les Etats – Unis comme un partenaire véritable du Cameroun et soucieux de ses intérêts. Ce positionnement est d’autant plus urgent que le Cameroun comme d’autres pays africains connait une offensive de charme d’autres puissances au nombre desquelles on peut citer la Russie et la Chine. Ce propos doit être compris comme une invitation du Gouvernement à Camerounais à créer au plus vite les conditions idoines pour faire les affaires et augmenter la prospérité des deux Etats. C’est un propos qui s’inscrit dans un registre plutôt classique au regard des enjeux et des intérêts des deux Etats.
Quelle est la symbolique de la photo remise par Tibor Nagy à Paul Biya, une photo datant de 1991 et où le président camerounais est en compagnie de Georges Bush père et sachant qu'avant cette date, Paul Biya avait déjà été reçu en 1984 par Ronald Reagan ?
En ce qui concerne la photo remise par Tibor Nagy à Paul Biya, elle peut avoir plusieurs significations. Ces significations dépendent de celui qui observe et de ce qu’il veut bien voir.
Pour ceux qui soutiennent Paul Biya, ils y verront le rappel de la longue et fructueuse amitié entre ce dernier et tous les présidents des Etats – Unis des années 80 à nos jours. Cette photo serait le symbole et le rappel que les deux Etats ont su garder, malgré les multiples bouleversements survenus sur la scène mondialeces quarante dernières années (Chute du mur de Berlin, accélération du processus de mondialisation, crises financières, irruption des puissances émergentes, montée du péril terroriste, etc), les Etats – Unis et le Cameroun ont su renouveler, renforcer et adapter leurs relations.
Pour ceux qui ne soutiennent pas Paul Biya et son régime, ils y verront le prolongement de la crispation entre les Etats – Unis et le Cameroun observable depuis 2011 et remise à jour en 2018 avec les propos de l’ambassadeur Peter Henri Barlerin appelant Paul Biya à penser à son héritage. A titre de rappel, en 2011, à l’occasion de l’élection présidentielle, les Etats – Unis ont critiqué le processus électoral. Leur ambassadeur de l’époque, Robert P. Jackson avait même commis dans la presse une tribune en 14 points sur la nécessaire reforme du système électoral camerounais. Hillary Clinton, secrétaire d’Etat de l’époque, s’était à plusieurs reprises adressée directement au Peuple camerounais en prenant ses distances vis – à – vis du régime de Yaoundé dont la longévité et les pratiques pseudos démocratiques étaient critiquées. Plus récemment, le rapport du département d’Etat américain sur les droits de l’homme indique que le Cameroun est responsable de nombreuses violations des droits de l’homme d’une part, que l’élection présidentielle de 2018 fut entachée de nombreuses irrégularités d’autre part.
En bref, cette photo pourrait être perçue comme le rappel à Paul Biya qu’il est là depuis longtemps, qu’il devrait penser à son héritage et que, à l’image des Etats – Unis, le Cameroun doit pouvoir continuer sa marche vers le progrès sans lui. Au lieu d’une photo avec le Président Obama ou le Président Trump, Tibor Nagy a tenu à lui dire plus ou moins clairement qu’il appartient à une autre époque. Le temps serait venu de préparer la suite.
Propos recueillis Par Félix Swaboka
Quand on ne veut pas que des puissances étrangères se mêlent de nos affaires internes, on fait tout pour résoudre les problèmes entre Camerounais/es.
On ne néglige aucune piste et on prend au sérieux tout ce qui permet de recoller les morceaux. On dialogue et on fait baisser la tension.
Ce n’est pas en criant à l’ingérence que l’on résout les crises auxquelles nous sommes confrontés.
Ça ne marche pas. Ça n'a jamais marché. Ça ne marchera jamais.
Cette ficelle est grosse et ancienne. On l'a connait. Elle consiste pour un régime aux abois, fragilisé et contesté de l'intérieur, à créer un ennemi extérieur pour essayer de créer, de manière artificielle, un semblant d'unité et de consensus national.
Détrompez-vous ! Nous ne sommes pas dupes !
Nous voulons des solutions réelles à ces problèmes graves et inédits qui nous affectent tous en causant des morts et des blessés au quotidien.
Les meilleures armes contre l’ingérence des puissances étrangères demeurent l’anticipation et la résolution à temps des crises.
Les meilleures défenses contre l'ingérence étrangère, c'est de renforcer l'unité et le consensus national.
La meilleure garantie contre l'ingérence étrangère, c'est de trouver des solutions consensuelles et durables, qui traitent les problèmes de manière profonde et instaurent un climat de fraternité.
La répression, l'intimidation, l'emprisonnement et le refus du dialogue, véritables catalyseurs des crises, est la meilleure façon d'inviter les puissances étrangères dans nos affaires internes.
Les jérémiades ne changent rien à l’agenda de ces puissances.
Une fois pour toutes, comprenons-le : le Cameroun se fera avec la prise en compte de tous ou ne se fera pas !
Je ne sais pas si on peut être plus clair.
Le débat périphérique est celui sur l’ingérence. Le débat essentiel est celui sur la résolution des crises socio – politiques et sécuritaires.
Cessons les débats périphériques et allons a l’essentiel : la refondation de notre pays !
Propos transcris par Félix Swaboka
Stupéfaite par la situation sociopolitique actuelle du Cameroun, la présidente du Cameroon people’s party (CPP) demande aux femmes de boycotter la journée du 8 mars.
A l’occasion de la Journée Internationale de la femme qui va se célébrer le 08 mars 2019, la femme politique et activiste, Edith Kah Walla, demande aux femmes de ne pas prendre part aux festivités, en solidarité aux victimes du Nord-Ouest, Sud-ouest, mais surtout pour s’indigner de l’exécution des femmes et leurs enfants dans la région de l’Extrême Nord.
Pour la présidente du Cameroon People’s Party, il faut boycotter toutes les activités liées à cet événement, organisé par le gouvernement en marche de cette célébration. « Nous avons des femmes qui faisaient partie de la coalition du mouvement pour la renaissance du Cameroun qui sont en prison… pour nous, aller boire, mettre le pagne et faire la fête ce jour là, c’est ignorer ces victimes », a déclaré Kah Walla.
« Il faut boycotter les événements du gouvernement car il doit comprendre qu’ils sont responsable de ma sécurité et de la sécurité de toutes ces femmes dont on parle. Montrons au gouvernement que nous pouvons nous plaindre, organisons nos propres événements ou nous pouvons nous parler et disons au gouvernement que notre situation en tant que femme est inacceptable. » A-t-elle conclut.
Dans la même optique, Les femmes des régions du Nord-Ouest et du Sud-ouest du Cameroun, Au cours d’un forum organisé le 5 mars 2019 à Buea, ont déclaré que la crise anglophone a été déclenchée par des hommes et ceux-ci ont refusé d'écouter la voix des femmes. De ce fait, elles ne participeront pas aux activités liées à la célébration de la Journée internationale de la femme prévue pour le 8 mars prochain.
Une idée pas du tout partagée par toutes les femmes. Ainsi, Chantal Kambiwa, la coordonatrice des femmes de la première formation politique d’opposition indique que c’est bien beau de prôner le boycott du pagne et du défilé. Mais est-ce que ce boycott va ramener les femmes incarcérées chez elles, est-ce la solution pour un environnement serein? S’interroge t-elle.
Partageant le même avis que Chantal Kambiwa, le député du Rassemblement Démocratique du Front camerounais du Wouri, Marlyse Douala Bell affirme que « c’est une manœuvre purement politicienne, le boycott n’apporte rien, on ne battit pas un pays en boycottant ». Et d’expliquer ; « c’est vrai que nos sœurs sont en grande difficulté dans les régions du Nord-ouest et du Sud-ouest, c’est vrai que ce sont des régions en guerre, mais cela n’arrête pas l’évolution ou la marche du pays. Cette journée est aussi une journée de combat. Ce combat est important il faut continuer à le mener. »
Précisons que l’appel au boycott de Kah Walla vise également à dénoncer toutes les dépenses liées à cette célébration qui ne rentrent pas dans le cadre d’une lutte des droits des femmes. Selon cette dernière. Par ailleurs, elle invite les femmes à se venir en noir le 08 mars.