« Les insurgés sont arrivés en grand nombre dans des véhicules et transportaient des armes lourdes », a expliqué un officier de la Force Mixte Multinationale (FMM). « Ils ont engagé des soldats dans une bataille qui a duré plus d’une heure. Leur force de frappe a été si puissante que nous avons perdu trois militaires », a-t-il ajouté.
Selon plusieurs médias nationaux, quatre autres militaires ont été blessé et l’une des victimes est portée disparue : « un véhicule des forces de défense et une arme lourde ont été emporté par les terroristes qui se sont repliés au Nigéria ». Les assaillants étaient équipés de « matériel militaire », sans doute dérobé au cours de précédentes attaques de bases des forces de la coalition, selon une autre source militaire contactée, qui donne un bilan similaire de victimes.
La région de l’Extrême-Nord est régulièrement la cible des combattants de Boko Haram depuis 2013, bien que les attaques aient connu leur pic entre 2014 et 2015. Dans un rapport publié en août 2018, l’Organisation Non-gouvernementale (ONG) International Crisis Group indiquait que le groupe terroriste Boko Haram était « affaibli » - certains hauts gradés de l’armée camerounaise envisageant même la fin du conflit en 2020 - mais qu’il constituait « toujours une menace » dans la région de l’Extrême-Nord.
Pour construire une paix durable, préconise l’ONG, le gouvernement camerounais doit se saisir de deux enjeux sécuritaires majeurs : le devenir des anciens membres, y compris combattants, du mouvement jihadiste, et celui des comités de vigilance. Pour les anciens membres de Boko Haram, le gouvernement devrait distinguer les militants dangereux, pour lesquels une procédure judiciaire formelle et probablement une incarcération s’imposent, d’autres individus pour lesquels des travaux communautaires et des confessions publiques semblent plus appropriés, et soutenir les communautés prêtes à réintégrer ces derniers.
Concernant les comités de vigilance, il devrait mieux assister ceux qui sont encore nécessaires pour lutter contre Boko Haram, intégrer certains au sein de la police municipale et démobiliser les autres. Les membres des comités accusés d’abus devront faire l’objet d’enquêtes et les décisions de justice devront être rendues publiques.
Des milliers de Camerounais ont rejoint Boko Haram entre 2012 et 2016, parfois par conviction idéologique, souvent par opportunisme ou sous la contrainte. Certains ont été tués dans des combats, d’autres arrêtés par les forces de sécurité et un nombre inconnu, sans doute des centaines ou un millier, font encore partie du mouvement jihadiste, fait savoir International Crisis Group.
L’insurrection de Boko Haram et sa répression par l’armée ont fait plus de 20 000 morts et quelque 2,6 millions de déplacés depuis 2009 dans la zone du Lac Tchad selon les Nations Unies.
Otric N.
Ce sont les membres des forces de sécurité du Burkina qui ont été tués entre samedi et dimanche à Kompienga, dans l'est du pays, dans l'explosion d'engins artisanaux au passage de leurs véhicules, a-t-on appris de sources sécuritaires.
Un véhicule militaire du Groupement central des armées, a sauté dimanche soir dans la zone de Kompienga, tuant trois soldats, a déclaré une source sécuritaire. Un autre occupant du véhicule, blessé a été évacué vers un centre médical, a ajouté cette source.
Une autre source sécuritaire, jointe à Ouagadougou, a confirmé cette attaque, précisant que samedi, un autre véhicule avait aussi sauté sur un engin explosif improvisé lors d'un ratissage : « Un gendarme et un militaire ont perdu la vie, lors de cette attaque », a indiqué cet officier, rappelant que depuis début mars, l'armée mène une opération de sécurisation dans les régions de l'est et du centre.
« Baptisée Otapuanu (coup de foudre, en langue gulmacéma, parlée dans la région de l'Est), cette opération toujours en cours a conduit à des neutralisations de terroristes et à la destruction de cachettes, dans les forêts de la région », a indiqué la même source.
Le Burkina Faso est confronté depuis quatre ans à des attaques de plus en plus fréquentes et meurtrières, attribuées à des groupes jihadistes, dont Ansarul Islam, le Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans (GSIM) et l'Etat islamique au grand Sahara (EIGS). D’abord concentrées dans le nord du pays, qui ont ensuite visé la capitale et d’autres régions, notamment l’Est, ces attaques ont fait depuis 2015 plus de 300 morts.
Les forces de l’ordre burkinabè ont le plus grand mal à enrayer la spirale des violences, bien qu’elles assurent régulièrement procéder à des opérations contre les groupes jihadistes. Les attaques avec des engins improvisés (IED) ont débuté en août 2018 et se sont multipliées depuis, coûtant la vie à plus une soixantaine de personnes.
Depuis le 1er janvier, l'état d'urgence a été décrété dans 14 provinces sur 45, accordant des pouvoirs supplémentaires aux forces de sécurité, dont celui de procéder à des perquisitions à domicile, de jour et de nuit.
Le 24 février, l’armée burkinabè a assuré avoir tué une trentaine de terroristes, lors d’une opération terrestre et aérienne contre des groupes jihadistes dans la région de l’est du pays. Début février, en riposte à une attaque qui avait tué 14 civils dans le nord, l’armée avait mené des raids terrestres et aériens dans trois provinces du nord, au cours desquels elle a affirmé avoir tué 146 jihadistes.
Nicole Ricci Minyem