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Me Emmanuel Simh : « Le juge sait que ce qu’il fait est illégal »

vendredi, 05 avril 2019 09:41 Félix Swaboka

Avocat au barreau du Cameroun, membre du collectif des avocats de Maurice Kamto et Cie et troisième vice-président du MRC, Me Emmanuel Simh fustige la procédure adoptée pour les audiences des leaderes du parti.

 

"Pourquoi des audiences à huis clos ? Seul le juge peut répondre à cette question. Ce que je peux dire c’est que ces juges sont aux ordres. Ils n’ont aucun esprit d’indépendance. Ils dépendent des ordres qui leur sont donnés par l’exécutif. Et, dans cette affaire Kamto et Cie, ils ont peur du procès public parce que la gravité des faits qui se sont déroulés à Douala est telle qu’ils ne voudraient pas que vous les journalistes, témoins de l’histoire, puissiez entendre ces atrocités, ces traitements inhumains et dégradants qui ont été imposés à Kamto et à ses codétenus. Ils ne veulent pas entendre les témoignages de nos camarades qui venaient de l’Ouest Cameroun qui racontent les conditions de transfert entre Bafoussam et Yaoundé.

 

Ils ont été transférés comme des bestiaux dans des camions militaires où des femmes ont fait leurs besoins sur elles-mêmes, menottées comme des Boko Haram. Il y a là des témoignages tellement poignants que, les ayant vu dans les dépositions, ils n’aimeraient pas que le peuple entende ce qui s’est passé. Des gens ont été gardés pendant plusieurs jours au secret. Pour ces personnes qui font référence à l’habeas corpus, nous étions déterminés à ce qu’ils racontent leurs souffrances devant le public. Ces gens ont peur d’être victimes de leurs propres turpitudes ; de faire face aux atrocités dont ils ont été les auteurs. La justice sait seule pourquoi aujourd'hui, elle sépare Kamto des autres. En réalité, la dernière fois, le président Kamto avait été amené à la cour d’appel seul.

 

Et, les six autres sont venus plus tard. Avant-hier (le 02 avril ndlr), on les amenait un à un. Pour moi, ce fait n’est pas important. Les coaccusés sont dans la même prison, ils se voient tous les jours. Ils ont entièrement confiance les uns aux autres. C’est une vraie union sacrée. Le fait qu’on ait mis ces gens en prison, les rend plus forts. Ils sont sereins et déterminés. Ils disent n’avoir commis aucun crime, se considèrent comme des otages de M. Biya et de son régime et, dans ces conditions, ils n’ont rien à craindre. Nous avons la ferme conviction que nous sommes du bon côté de l’histoire.

 

Le président de la cour d’appel a dit que le 09 avril prochain, il lira la décision publiquement. Pourquoi tenir une audience à huis-clos pour rendre une décision publique ? C’est paradoxal. L’affaire est en délibéré. On attend la décision qui sera rendue. Il n’y a d’ailleurs pas de surprise à attendre. La décision de rejet de libération immédiate sera confirmée. Le juge n’a pas d’autre choix que de faire cela, même s’il sait que ce qu’il fait est illégal. Mais dans un système où le président nomme les magistrats, assure leur promotion, c’est lui leur patron."

 

Propos transcrits par Félix Swaboka

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