La Suisse reste disposée à accompagner le Cameroun, dans la résolution de la crise socio-politique présente dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. S.E Pietro Lazzeri l’Ambassadeur de Suisse au Cameroun l’a réitéré hier, alors qu’il était reçu au Palais de l’Unité par le Président de la République. Le Diplomate a indiqué que l’aide que la Suisse offre au Cameroun se fait avec «détermination et modestie». Il a toutefois précisé que l’approche de son pays est telle que «aux problèmes camerounais, des solutions camerounaises».
Il convient de rappeler que le 4 avril dernier, S.E Pietro Lazzeri avait été reçu par le Président de la République au Palais. Au terme de cette première audience, le Diplomate face à la presse avait déclaré que son pays, au vu de sa réputation en matière de diversité linguistique et culturelle et de sa neutralité au plan international, est disposé à mettre son expérience au service du Cameroun. S.E Pietro Lazzeri avait indiqué que les contacts entamés entre les autorités helvétiques et les responsables de la Commission nationale pour la promotion du Bilinguisme et du Multiculturalisme vont être renforcés.
Pour revenir à l’audience d’hier, Paul Biya en recevant S.E Pietro Lazzeri, a aussi échangé avec Antoine de Saint-Afrique le Président Directeur général (Pdg) du groupe Barry Callebaut. Ce groupe est le leader mondial dans la transformation du cacao. Sur ce point, le Diplomate suisse face à la presse a rappelé que le groupe Barry Callebaut est présent au Cameroun depuis de bonnes décennies. Et à l’heure actuelle, son souhait est d’investir dans la formation socioprofessionnelle des jeunes de notre pays.
Il faut savoir que la firme multinationale est visible au Cameroun à travers sa filiale la Société industrielle camerounaise des cacaos (Sic Cacaos). C’est le principal transformateur de cacao dans notre pays. Dans son édition du 23 mai 2019, le quotidien gouvernemental Cameroon tribune rapporte que Sic Cacaos «a acquis en mai 2015 pour le compte de ses usines de Douala des équipements de broyage de fèves, d’une valeur de près de 5 milliards de Fcfa. Ces nouvelles acquisitions permettront de porter à court terme, l’ambition du Cameroun de transformer localement environ 70 000 tonnes de cacao chaque année (30% de la production)».
Liliane N.
La Direction générale de la Cameroon development corporation (Cdc) continue de tirer la sonnette d’alarme. Si rien n’est fait, l’entreprise située dans la région du Sud-Ouest finira par mettre la clé sous le paillasson. A l’heure actuelle, la Cameroon radio and television (Crtv) rapporte que 20 000 travailleurs des plantations de cette entreprise courent le risque de perdre leur emploi. Ces derniers ont abandonné leur plantation.
En parlant de la situation financière qui prévaut au sein de ladite entreprise, Frankline Ngoni Ikome Njie le Dg explique que seulement 40% des employés de la société étaient des ouvriers et le personnel est sans salaire depuis près de onze mois. Toutefois il convient de souligner que d’après notre confrère de la Crtv, le gouvernement a commencé à payer les arriérés de salaire. D’après la Direction générale, la masse salariale à la Cdc s'élevait à 2,2 milliards de francs CFA. Et le chiffre d'affaires annuel avoisinait 60 milliards de francs CFA. Avec la crise socio politique qui paralyse les deux régions anglophones depuis trois années déjà, on se retrouve à environ 22 milliards de Fcfa.
Revenant sur ces travailleurs qui ont abandonné leurs plantations, Frankline Ngoni Ikome Njie indique qu’aucun d’eux «n'a été licencié». Pour le Dg de la Cdc, la paix doit revenir au plus vite dans les régions anglophones. Pour que de milliers de travailleurs qui sont aujourd’hui au chômage retrouvent leurs emplois et que l’économie de la région du Sud-Ouest se relance.
A titre de rappel, il convient de rappeler que la Cdc a été retirée de la liste des exportateurs de banane du Cameroun. Le deuxième employeur après l’Etat, n’avait pas fait d’exportation durant les mois de septembre et octobre 2018. Dans sa parution n°0205, notre confrère Eco matin avait indiqué que «de manière générale, la crise anglophone fait chuter les exportations de bananes de 13 394 tonnes, en septembre et octobre 2018.
Au cours de cette période, les producteurs de bananes en activité sur le territoire camerounais ont exporté 29 747 tonnes de produits, selon les statistiques de l’Assobacam. Cette cargaison était en baisse de 13 394 tonnes, en comparaison avec les 43 141 tonnes exportées sur la même période en 2017. La proportion de cette baisse était pratiquement équivalente aux quantités exportées au cours de la même période en 2017 par la CDC (14 442 tonnes)».
Liliane N.
Une tête humaine a été découverte dans l'après-midi ce mardi dans la ville de Bamenda, au lieu-dit Mobile Nkwen. Quelques heures plus tard, des images indiquant l'identité de la victime, sont publiées sur les réseaux sociaux. Il s'agirait d'un enseignant. Dans une vidéo où la seule personne qui se voit est la présumée victime avant sa mort, l'on entend clairement une voix annoncer ce forfait.
S'adressant au "gouvernement par intérim", il déclare : "Nous allons déposer sa tête à Nkwen. Il a tué beaucoup de nos frères [ambazoniens, ndlr]. C'est un Nordiste." Toutefois, l'heure et le lieu à laquelle les images ont été enregistrées ne sont pas connues. Les accusations portés contre la victime portent à croire qu'il aurait commis un crime. Que non !
Son seul crime, si c'en était un, c'est d'avoir transmis le savoir à la jeune génération, contre les ordres de ce "gouvernement par intérim" dont les seuls intérêts se limitent à leur égo. L'avenir ici représenté par la jeunesse, est retourne à de vielles civilisations ; des époques marquées par l'absence d'éducation et la barbarie totale des enfants qui passaient le plus clair de leur temps dans les champs et les brousses.
La cruauté avérée et la barbarie croissante des sécessionnistes a plongé les régions concernées et voisines dans la terreur. Les populations qui y vivent se sont exposées à toutes sortes de violences, sans qu'une raison soit nécessaire.
Une tête humaine vient d’être découverte ce 21 mai 2019, devant la station Mobile dans la localité de Nkwen à Bamenda. Les criminels, qui se déplaçaient à moto, auraient déposé sa tête devant la station-service (Oilibya). Sur les réseaux sociaux, cet acte est attribué aux combattants séparatistes.
Cette nouvelle tombe quelques heures après celle de l'assassinat d'un bébé de 04 mois. Nouvelle qui a créé l'émoi depuis la soirée d'hier. Des événements qui surviennent alors que le Premier ministre vient d'achever un visite de travail dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest avec pour principal objectif d'appeler ces combattants à déposer les armes. La question d'un "débat inclusif" est d'ailleurs remontée dans les débats au cours de cette visite.
Des informations prises auprès de quelques confrères, il ressort que la scène se déroule dans la région du Nord-Ouest. Et, il faut s’armer de beaucoup de courage pour regarder jusqu’au bout, la vidéo qui a envahi les réseaux sociaux alors que le Cameroun commémorait la 47ème édition de la fête de l’Unité Nationale.
Un meurtre qui intervient au lendemain de la descente sur le terrain du premier ministre, chef du gouvernement, dans les régions du Nord et du Sud-Ouest. Il est allé auprès de ses frères, ses parents pour les supplier de déposer les armes, parce que le sang a trop coulé.
Malheureusement, le cri de cœur de celui qui s’adressait aux populations, au nom du Chef de l’Etat n’a pas été entendu par ceux qui semblent plus que jamais résolu à faire raisonner le bruit des armes.
La mort de ce bébé est un acte d’une barbarie insoutenable, qui a réveillé la colère de tous. Maître Akere Muna, ancien bâtonnier a réagi à travers un tweet : « Tirer sur un bébé de quatre mois a-t-il un sens ? Il y’a quelques heures aujourd’hui, le 20 mai, Muyuka a vécu ça. Voilà qui nous sommes. Un pays où certaines vies n’ont pas d’importance. Un bébé est condamné à la peine capitale pour une vie non encore vécue. Tout simplement Barbare… ».
La balle qui a tué le bébé provient de quelle arme ?
Pour l’instant, c’est le flou total. Il n’est pas encore possible de dire avec certitude, ce qui s’est passé. S’agit–il d’une balle perdue alors que les forces de sécurité étaient aux prises avec les terroristes, Est-ce que ce sont ces derniers qui ont voulu faire passer leur message de haine, de division, d’acharnement contre les populations sans défense et, s’en sont pris à ce bébé dont l’existence était à peine entamée ?
Des confrères que nous avons sollicités n’ont pu nous dire grand-chose. Quelques uns ont néanmoins affirmé qu’on ne serait pas surpris que les enquêtes conduisent vers cette piste, ce d’autant plus qu’on a vu de quoi ils sont capables.
Dans cette guerre qu’ils mènent contre l’Etat du Cameroun, ils n’ont pas hésité à démembrer leurs victimes. Dès lors, la vie d’un bébé est peu de chose pour ces êtres assoiffés de sang.
Vivement que les enquêtes conduisent vers les coupables et qu’un châtiment sévère soit appliqué et que l’âme de ce bébé repose en paix.
Nicole Ricci Minyem
Le politologue affirme que les américains sont mêmes de connivence avec le courant radical.
Dans une interview accordée au journal Mutations, le Pr Mathias Eric Owona Nguini s’exprime sur l’ingérence étrangère et la crise socio-politique qui sévit dans les régions anglophones depuis trois années. Le politologue dans cette interview publiée dans le numéro 4857 de notre confrère pointe du doigt les Etats-Unis.
A la question de savoir comment comprendre le jeu des puissances en cours au cours au Cameroun à la lumière de la réunion informelle organisée le 13 mai 2019 au Conseil de sécurité, le Pr Mathias Eric Owona Nguini répond que «ce sont de jeux tout à fait prévisibles. Pour les Etats-unis c’est une manœuvre pour internationaliser la question et pousser la résolution dans le sens qu’ils souhaitent. Il est évident qu’ils sont de connivence avec les deux courants de l'autonomisme anglophone et même le courant le plus radical.
Parce que on ne peut pas comprendre qu’un certain nombre de défenseurs et partisans de ce courant circulent librement aux Etats-Unis alors qu’en même temps, ils alimentent une crise très violente au Cameroun. Maintenant la position de la France et de la Grande Bretagne tient aussi à ce que ces pays ressentent comme étant leur responsabilité en raison de leur statut de puissances ayant géré le mandat de tutelle sur les deux Cameroun, aussi bien le Cameroun francophone que le Cameroun anglophone ».
Poursuivant dans la même lancée, le politologue ajoute «ils parlent aussi en tenant compte de l’histoire politique du Cameroun et la manière dont cette histoire se répercute aujourd’hui. Le troisième camp est lui aussi structuré de manière naturelle. Il est orienté vers la défense de la souveraineté, parce qu’il apparaît que dans les manœuvres qui sont faites, il y a une logique qui se présente comme une logique universelle, mais qui traduit surtout les intérêts de certaines puissances occidentales pour s’inviter dans la gestion des crises africaines qui sont liées à des luttes de souveraineté».
Liliane N.
Alors qu’il répondait à une question posée par notre confrère, le tout nouveau président du Parti Camerounais pour la Réconciliation Nationale a fait part de sa disponibilité, à accompagner le processus pour un retour au calme, à côté du leader du Social Démocratic Front, Ni John Fru Ndi
Dans le même ordre d’idées, celui qui est resté le Coordonnateur National du Mouvement Onze Millions de Citoyens affirme que : « Tant que la crise anglophone ne fédère pas la communauté nationale, on arrivera difficilement à une solution. C’est pour cela qu’il faut un dialogue, ouvert, au cours duquel les questions sont posées sur la table, la question du fédéralisme, du sécessionnisme et, la question du régionalisme… ».
Il a salué la présence du premier ministre, chef du gouvernement qui a entamé depuis de nombreux jours, une tournée au Nord et au Sud Ouest, afin de transmettre un message de paix, de réconciliation, de cohésion nationale. Cabral Libii a loué le grand élan, la forte mobilisation des populations, cette chaleur, l’euphorie de ces concitoyens qui sont massivement sortis dans la rue, pour saluer l’arrivée de l’un des proches collaborateurs de Président de la République.
Toutefois, il est resté inquiet face à la démarche gouvernementale. Il se pose la question de savoir si Joseph Dion Ngute a apporté dans ses valises, un contenu différent de celui de ses prédécesseurs. C’est la raison pour laquelle il estime que pour que les armes se taisent, pour que les camerounais veuillent célébrer en toute quiétude la fête de l’Unité nationale, il faut trois choses fondamentales en plus du repentir des sécessionnistes et, le retour des forces de défenses et de sécurité dans les casernes : La valorisation des langues nationales à travers l’éducation – l’extermination du tribalisme rampant – la mise en place d’un levier disciplinaire et répressif…
Des propositions qui raisonnent fortement, alors que le Cameroun se prépare à commémorer la 47ème édition de la fête de l’Unité Nationale que certains trouvent chimérique. Le président du Parti Camerounais pour la Réconciliation National estime pour sa part que : « Lorsque le pays est attaqué et que le peuple souffre, il est important de faire taire les différences, afin de sauver ce qui est important : le Cameroun. Quitte à reprendre ensuite, les combats politiques qui ne se font pas avec les armes mais plutôt avec les idées ».
Nicole Ricci Minyem
Hier jeudi 16 mai, le sous-secrétaire d'État américain aux Affaires africaines était devant le parlement américain. S'adressant aux membres de la commission des affaires étrangères du Congrès américain, Tibor Nagy, qui a récemment rencontré le président de la République du Cameroun, a critiqué la gestion de la crise dans les régions du Nord-ouest et du Sud-ouest.
« Le Cameroun n'a rien fait pour résoudre le conflit. Je me suis assis avec le président Biya il y a quelques mois et il m'a dit: vous savez que le dialogue nous intéresse, mais le gouvernement n'a rien fait qui soit à montrer. Ils ont mis en place des institutions qui n'ont rien fait. Les militaires continuent à incendier des villages et des villes, tandis que des civils sans bras sont obligés de fuir dans les buissons. » A déclaré le diplomate américain.
L'homme d’État américain qui avait marqué l'actualité camerounaise en mars dernier, a confirmé la position de son pays qui, ne serait pas contre une intervention de la communauté internationale pour mettre un terme à la crise qui secoue les régions anglophone du Cameroun depuis octobre 2016. « Les États-Unis doivent redoubler leurs efforts et engagements pour la fin de ce conflit », a martelé Tibor Nagy.
Dans le même esprit, « Monsieur Afrique » du président Donald Trump s'est dit satisfait de la réunion Aria Formula sur le Cameroun qui, tenue lundi au Conseil de sécurité des Nations Unies, a enjoint aux responsables camerounais de privilégier le dialogue élargie afin d'éviter le désordre.
Nagy n'a pas exclu la possibilité de sanctions si le gouvernement n'effectuait pas une procédure accélérée sans conditions préalables. « Le mieux que nous puissions faire en ce moment, est de faire en sorte que le gouvernement camerounais comprenne la nécessité d'un véritable dialogue…. Mais si cela ne se produit pas, nous avons d'autres outils. La possibilité de sanctions est toujours présente. » A-t-il révélé.
Il a par ailleurs recommandé au régime de ne pas poursuivre la solution militaire, faisant craindre une radicalisation accrue et l'exportation des hostilités dans la zone française. « Le gouvernement camerounais pense qu’il va résoudre ce problème militairement. Il n’y a aucun moyen pour eux de gagner militairement, car la loi œil pour œil rendra les choses difficiles. La violence peut même se propager à l’Ouest, au Littoral. En effet, le gouvernement camerounais risque de transformer cela en un autre type de Boko Haram.» A-t-il indiqué.
Notons que, selon le récent rapport de l’ONG International Crisis Group, la crise anglophone a déjà fait au moins 1850 morts et plus de 530 000 déplacés internes, sans compter les milliers de déplacés externes. Cette crise qui s’est muée en conflit armé entre les milices séparatistes et les forces gouvernementales depuis près de 20 mois, a aggravé les besoins humanitaires qui touchent désormais 8 régions sur 10 du pays selon les Nations Unies.
Danielle Ngono Efondo