« Qu'on le veuille ou pas, qu'on l'aime ou pas, Maurice Kamto a démontré hier qu'il a la stature d'un homme d'Etat non seulement par ce charisme qu'il dégage, mais aussi par son discours rassembleur, sans projections de rancœurs ou de rancunes contre ses adversaires politiques, son bilinguisme et la bonne maîtrise des questions tant politiques, institutionnelles qu' économiques de l'heure.
1- Sur son charisme. On a vu un homme qui parlait avec assurance et conviction. Bref il imposait du respect.
2- Sur son discours rassembleur.
Son parfait bilinguisme, sa maîtrise des zones reculées du Cameroun du nord au Sud, de l'est à l'ouest. Par exemple quand il a dit qu'il s'est rendu à Oveng, ce petit arrondissement oublié du Dja et Lobo, à la frontière avec la République gabonaise, dont peu de camerounais connaissent l'existence, y compris de nombreux djalobiens. Ou encore quand il a dit qu'il a été plus de 03 fois à Yokadouma à l'est du Cameroun (Il faut y aller pour savoir de quoi il parle), dans des petites bourgades de l'extrême-nord et de l'Adamaoua.
Il a aussi martelé sur son refus de vengeance.
Enfin, jamais on aura assisté à une telle mobilisation médiatique du peuple camerounais pour suivre un événement politique. Même la diffusion des audiences au conseil constitutionnel lors de l'élection présidentielle du 07 octobre 2018 n'avait atteint des pics d'environ 26.000 vues sur facebook et plus de 15.000 vues sur you tube, comme observée hier nuit. Certains vidéos publiées sur des réseaux montrent des camerounais dans les bars en train de suivre cet entretien. Le Cameroun s'est un peu arrêté hier pour le suivre. C'est vraiment l'homme qui fait actuellement la météo politique au Cameroun.
3- Il serait sur abondant, voire redondant de faire mention de sa pertinence lorsqu'il aborde le fonctionnement des institutions. Il a démontré hier nuit qu'il avait une parfaite maîtrise des questions économiques et monétaires.
Ses analyses sur les données et économiques et monétaires notamment du CFA ont été remarquables. Il ne s'est pas arrêté à faire des diagnostics, mais a fait beaucoup de prospective.
4- Sur la question anglophone.
Son plan de sortie de crise était très cohérent. Il en a détaillé les voies et moyens notamment un fédéralisme à plusieurs États et le rejet catégorique du sécessionnisme alors qu'on lui a souvent prêté de faire le jeu des sécessionnistes.
Pour tout dire, il a beaucoup rassuré, même dans la fermeté de ses positions et postures sur les enjeux politiques tels que la nécessité d'adoption d'un code électoral et le règlement de la crise anglophone, avant toute élection.
On a vu finalement un homme apaisé, loin de clichés de va t-en- guerre qu'on lui a toujours prêtés à dessein. Même son chargé de mission Jean De Dieu Momo a reconnu qu'il s'est fait passer en quelque sorte pour un saint.
Je dis Bravo à ce leader politique pour cette belle prestation qui a effectivement apaisé et rassuré les Camerounais… ».
N.R.M
L’acteur de la Société Civile dans une tribune, revient sur ce qui est selon lui à l’origine de cette guerre dans laquelle le Cameroun fait face depuis un peu plus de trois ans
« Les secessionnistes : Des réfugiés nigérians devenus envahisseurs qui réclament désormais l’indépendance sur le sol Camerounais ; il faut les liquider sans état d’âme »
Notre voisinage avec le Nigeria, ne cessera pas de sitôt de constituer pour nous, Camerounais, une grande source d’ennuis. Ceux-ci, dès le référendum de 1961, ont vu le jour, et nous en avons encore pour longtemps.
Le plébiscite de 1961 et l’interférence nigériane
Premièrement, Lagos (et Londres également) a systématiquement financé les Camerounais favorables à l’intégration au Nigeria. Il était opposé à la reconstitution de notre pays divisé le mercredi 04 mars 1916 en deux zones d’occupation impérialiste, la « zone anglaise », à l’ouest, et la « zone française » à l’est, matérialisés par une ligne de démarcation et dont les deux postes frontières étaient situés, pour le Cameroun méridional, l’un à Loum, l’autre à Santa.
Deuxièmement, de très nombreux Nigérians ont été déplacés, par l’administration britannique, au Cameroun Septentrional, pour fausser les résultats du plébiscite, afin d’empêcher la réunification. Ceci, tout le monde le sait.
Troisièmement, ce que l’on sait moins, ou dont on parle peu, en tout cas que taisent opportunément les sécessionnistes, et leurs défenseurs, est la présence de très nombreux Nigérians dans les villes de l’actuelle région du Sud-ouest, tout comme les villages, avant le referendum de 1961 et qui ont, au même titre qu’au Cameroun Septentrional, voté à celui-ci. Les résultats du plébiscite dans cette région, ont ainsi été très largement influencés par ces non-Camerounais, au point où le vote pour l’intégration au Nigeria y a été majoritaire, à la différence de l’actuelle Nord-ouest, où résidait une colonie nigériane de moindre importance.
La guerre du Biafra et des pertes pour notre armée
Six années après le plébiscite de 1961, à savoir à partir de 1967, le Nigéria nous a de nouveau causé d’énormes problèmes, avec sa guerre de sécession.
Premièrement, les Biafrais ont continuellement cherché, pendant toute la durée celle-ci, à faire de l’actuelle région du Sud-ouest, leur base arrière. Le Président Ahidjo s’y est totalement opposé, et l’armée camerounaise a subi de très lourdes pertes en vies humaines dans ce refus, les sécessionniste biafrais étant équipés entre autre par la France, pendant que notre armée ne disposait encore que de vieilles pétoires issues des stocks français de la deuxième guerre mondiale. Paris soutenant la sécession biafraise, en même temps dominant le Cameroun, et Ahidjo étant son obligé, il ne nous était guère possible de nous équiper ni en France, ni ailleurs.
Nous étions condamnés à nous débrouiller avec ce que nous avions. Nous nous sommes retrouvés en grandes difficultés, en termes d’armements, face aux sécessionnistes biafrais. Aussi, c’est par camions entiers que les corps déchiquetés de nos soldats revenaient régulièrement du front. Personnellement, j’ai perdu au début du mois de février 1968, un très proche parent dans cette guerre, un grand cousin à moi. Il était «quartier-maître » ― un grade de la marine ― dans ce qui tenait lieu à l’époque de « Marine camerounaise ».
L’embarcation dans laquelle il se trouvait avait été atteinte par un tir de canon des biafrais et avait coulé. Tous ses occupants sont morts noyés.
Les centaines de milliers de refugiés de la guerre du Biafra
Mais, la guerre du Biafra n’a pas fait que nous causer des pertes humaines. Elle a, en plus, entraîné un grand exode de populations dans notre pays. Des centaines de milliers de Biafrais et Nigérians d’une manière générale, se sont réfugiés au Cameroun, et ne sont plus jamais retournés dans leur pays d’origine jusqu’à ce jour. Ils sont finalement devenus Camerounais. Ils ont tout naturellement inondé ce qui était à l’époque le Cameroun Occidental, au point de devenir même majoritaires dans un grand nombre de villes. Les campagnes n’ont pas été épargnées par leur venue massive. Ils ont créé des villages entiers, ou sont devenus des ouvriers agricoles dans des plantations. A Douala, ils ont pratiquement submergé le fameux « quartier yabassi », où ils se trouvent en grand nombre jusqu’à ce jour, sans oublier qu’ils ont conquis en grande partie New-Bell.
A Yaoundé, ils sont arrivés moins nombreux, à cause de la barrière de la langue, car le pidgin, à la différence de la ville de Douala, n’y a pas véritablement prospéré.
Camerounais de papiers mais nigérians d’origine et cœur : L’écrasante majorité des sécessionnistes
Ces Nigérians ayant fui leur pays pendant la guerre de sécession et que nous avons amicalement accueillis dans le nôtre, en sont actuellement à leur troisième génération d’hommes sur le sol camerounais. Mais dans le même temps, cependant, ils demeurent mentalement irrémédiablement attachés au Nigéria, exactement comme les enfants des immigrés africains en Europe demeurent attachés à l’Afrique malgré leur citoyenneté française, Belge, anglaise, allemande, suisse, etc., ou comme les enfants des Turcs en Allemagne demeurent irréductiblement attachés à la Turquie, obéissent à Ankara plutôt qu’à Berlin, bien qu’ils soient nés en Allemagne et parlent allemand mieux que le Turc.
Ces « Nigérians-Camerounais », il va sans dire, depuis leurs parents immigrés à partir de 1967, n’éprouvent aucune sympathie pour le pouvoir de Yaoundé, ni pour les autorités camerounaises. Ils n’en ressentent que de la répulsion. En conséquence, faute de ne pouvoir ouvertement se définir « Nigérians », parce que dans ce cas il leur serait exigé des autorisations de séjour, ils se définissent par défaut et en même temps par opportunisme, « Anglophones », et y tiennent comme à la prunelle de leurs yeux. Ils ne se sentent en rien Camerounais.
Ils sont « Anglophones ». Point ! Telle est l’identité dont ils se réclament et la nouvelle citoyenneté qu’ils ont créée. De ce fait, ils poursuivent leurs études universitaires au Nigéria, leur pays d’origine, y font tous leurs achats, y suivent les modes vestimentaires, la musique et les films, regardent à peine la CRTV et les autres chaînes de télévision camerounaises, pour tout dire, ne vivent qu’à l’heure de Lagos.
Dans le même temps, à l’inverse, les « Anglophones » de souche, à savoir ceux qui ne sont pas descendants des réfugiés nigérians de la guerre du Biafra, eux, ont un comportement à l’opposé de celui-ci. Ils se sentent avant tout Camerounais. En conséquence, ils poursuivent quant à eux leurs études universitaires, non pas à Lagos, Ibadan ou Port-Harcourt, mais à Buea, à Douala, à Dschang ou à Yaoundé.
Nous avons ainsi affaire à deux types « d’Anglophones » : d’une part des Camerounais, d’autre part des Nigérians possédant des cartes d’identités camerounaises, bénéficiant de la citoyenneté camerounaise, mais détestant et méprisant profondément le Cameroun, au point où ils n’hésitent guère un seul instant à en brûler le drapeau, celui-ci ne revêtant aucune signification pour eux.
Ces derniers, naturellement, sont les grands vecteurs du sécessionnisme. Ils n’ont rien à voir avec les histoires de réunification, ni d’Etat unitaire. Cela ne les concerne nullement. Ça ne fait pas partie de leur histoire. Aussi, à défaut de retourner vivre au Nigéria, leur « motherland », ils ont décidé de créer un Etat indépendant, à eux seuls, en amputant le territoire camerounais, mais pro-Nigéria. C’est ce à quoi ils s’attellent en ce moment par la voie armée.
Le déclenchement du conflit armé et enfin la clarification salutaire
Cependant, par bonheur, la guerre déclenchée par ces « Anglophones Nigérians», est venue merveilleusement clarifier les choses. On constate en effet que, pendant que ceux-ci se réfugient, tout naturellement, dans leur pays d’origine qu’ils n’ont du reste jamais mentalement quitté, voire même physiquement puisqu’ils ont gardé de solides attaches avec leurs villages d’origines là-bas, les « Anglophones Camerounais », quant à eux, se réfugient tout naturellement dans les autres régions du Cameroun. C’est le phénomène bien connu d’une femme quittant son mariage, elle retourne dans sa famille. Ici, les deux types d’« Anglophones » retournent chacun dans sa famille, les uns dans d’autres régions du pays, les autres au Nigéria. Chacun chez soi, selon ses origines.
Bien plus grave, les « Anglophones nigérians », accueillis amicalement jadis en réfugiés de guerre dans notre pays, ont fini par dominer économiquement ceux qu’ils ont trouvé sur place, à savoir les « Anglophones Camerounais ». Ils contrôlent actuellement, pratiquement la totalité du commerce dans la région du Sud-ouest, et ne sont non plus en reste dans celle du Nord-ouest.
Des refugiés envahisseurs qui réclament désormais l’indépendance
Nous nous retrouvons ainsi face à une situation classique qui s’est répétée tout au long de l’histoire de L’humanité, d’une population qui vient envahir une autre, se met à la dominer, l’anéantit, puis finalement se met à réclamer en ses lieu et place, l’indépendance sur son sol. C’est ce que les Boers ont fait en Afrique du Sud.
C’est ce que les Espagnols ont fait dans toute l’Amérique Latine, excepté le Brésil où ce sont les Portugaisp plutôt qui ont anéanti les peuples qu’ils ont trouvés. C’est ce qu’ont fait des Européens, d’une manière générale, en Amérique du Nord. Ils ont envahi le territoire des Indiens, les ont exterminés sans pitié, ont déclenché une guerre d’indépendance en leur lieu et place contre l’Angleterre, et s’en sont séparés en créant un Etat nouveau et à eux seuls.
Actuellement, les Indiens, désormais qualifiés dédaigneusement « d’indigènes», sont parqués dans des réserves, tout comme les Sud-Africains noirs étaient discriminés par les lois de l’Apartheid. En clair, l’esprit sécessionniste de ces Biafrais au Nigéria, ils l’ont importé dans leur pays de refuge, le Cameroun. Qu’est-ce, dans ce contexte, qu’incendier une école construite par le pouvoir de Yaoundé, ou égorger un soldat envoyé par celui-ci ? Rien du tout. Ce sont pour eux des actes normaux dirigés contre des étrangers, des gêneurs, des personnes avec qui ils estiment n’avoir rien en commun, et qui contrecarrent tout simplement leurs projets.
Il faut les liquider sans état d’âme… ».
N.R.M
Alors qu’il répondait à une question posée par notre confrère, le tout nouveau président du Parti Camerounais pour la Réconciliation Nationale a fait part de sa disponibilité, à accompagner le processus pour un retour au calme, à côté du leader du Social Démocratic Front, Ni John Fru Ndi
Dans le même ordre d’idées, celui qui est resté le Coordonnateur National du Mouvement Onze Millions de Citoyens affirme que : « Tant que la crise anglophone ne fédère pas la communauté nationale, on arrivera difficilement à une solution. C’est pour cela qu’il faut un dialogue, ouvert, au cours duquel les questions sont posées sur la table, la question du fédéralisme, du sécessionnisme et, la question du régionalisme… ».
Il a salué la présence du premier ministre, chef du gouvernement qui a entamé depuis de nombreux jours, une tournée au Nord et au Sud Ouest, afin de transmettre un message de paix, de réconciliation, de cohésion nationale. Cabral Libii a loué le grand élan, la forte mobilisation des populations, cette chaleur, l’euphorie de ces concitoyens qui sont massivement sortis dans la rue, pour saluer l’arrivée de l’un des proches collaborateurs de Président de la République.
Toutefois, il est resté inquiet face à la démarche gouvernementale. Il se pose la question de savoir si Joseph Dion Ngute a apporté dans ses valises, un contenu différent de celui de ses prédécesseurs. C’est la raison pour laquelle il estime que pour que les armes se taisent, pour que les camerounais veuillent célébrer en toute quiétude la fête de l’Unité nationale, il faut trois choses fondamentales en plus du repentir des sécessionnistes et, le retour des forces de défenses et de sécurité dans les casernes : La valorisation des langues nationales à travers l’éducation – l’extermination du tribalisme rampant – la mise en place d’un levier disciplinaire et répressif…
Des propositions qui raisonnent fortement, alors que le Cameroun se prépare à commémorer la 47ème édition de la fête de l’Unité Nationale que certains trouvent chimérique. Le président du Parti Camerounais pour la Réconciliation National estime pour sa part que : « Lorsque le pays est attaqué et que le peuple souffre, il est important de faire taire les différences, afin de sauver ce qui est important : le Cameroun. Quitte à reprendre ensuite, les combats politiques qui ne se font pas avec les armes mais plutôt avec les idées ».
Nicole Ricci Minyem