Hier jeudi 16 mai, le sous-secrétaire d'État américain aux Affaires africaines était devant le parlement américain. S'adressant aux membres de la commission des affaires étrangères du Congrès américain, Tibor Nagy, qui a récemment rencontré le président de la République du Cameroun, a critiqué la gestion de la crise dans les régions du Nord-ouest et du Sud-ouest.
« Le Cameroun n'a rien fait pour résoudre le conflit. Je me suis assis avec le président Biya il y a quelques mois et il m'a dit: vous savez que le dialogue nous intéresse, mais le gouvernement n'a rien fait qui soit à montrer. Ils ont mis en place des institutions qui n'ont rien fait. Les militaires continuent à incendier des villages et des villes, tandis que des civils sans bras sont obligés de fuir dans les buissons. » A déclaré le diplomate américain.
L'homme d’État américain qui avait marqué l'actualité camerounaise en mars dernier, a confirmé la position de son pays qui, ne serait pas contre une intervention de la communauté internationale pour mettre un terme à la crise qui secoue les régions anglophone du Cameroun depuis octobre 2016. « Les États-Unis doivent redoubler leurs efforts et engagements pour la fin de ce conflit », a martelé Tibor Nagy.
Dans le même esprit, « Monsieur Afrique » du président Donald Trump s'est dit satisfait de la réunion Aria Formula sur le Cameroun qui, tenue lundi au Conseil de sécurité des Nations Unies, a enjoint aux responsables camerounais de privilégier le dialogue élargie afin d'éviter le désordre.
Nagy n'a pas exclu la possibilité de sanctions si le gouvernement n'effectuait pas une procédure accélérée sans conditions préalables. « Le mieux que nous puissions faire en ce moment, est de faire en sorte que le gouvernement camerounais comprenne la nécessité d'un véritable dialogue…. Mais si cela ne se produit pas, nous avons d'autres outils. La possibilité de sanctions est toujours présente. » A-t-il révélé.
Il a par ailleurs recommandé au régime de ne pas poursuivre la solution militaire, faisant craindre une radicalisation accrue et l'exportation des hostilités dans la zone française. « Le gouvernement camerounais pense qu’il va résoudre ce problème militairement. Il n’y a aucun moyen pour eux de gagner militairement, car la loi œil pour œil rendra les choses difficiles. La violence peut même se propager à l’Ouest, au Littoral. En effet, le gouvernement camerounais risque de transformer cela en un autre type de Boko Haram.» A-t-il indiqué.
Notons que, selon le récent rapport de l’ONG International Crisis Group, la crise anglophone a déjà fait au moins 1850 morts et plus de 530 000 déplacés internes, sans compter les milliers de déplacés externes. Cette crise qui s’est muée en conflit armé entre les milices séparatistes et les forces gouvernementales depuis près de 20 mois, a aggravé les besoins humanitaires qui touchent désormais 8 régions sur 10 du pays selon les Nations Unies.
Danielle Ngono Efondo