Cette 47e édition de la fête nationale de l’unité se déroule dans un contexte de deuil national. Dans le Nord Ouest, le Sud Ouest, à Maroua dans l’Extrême Nord du pays, c’est la consternation. De nombreuses familles sont dans les larmes.
Plutôt qu’une fête, on devrait certainement être dans une journée de deuil national. Tellement les morts sont nombreux. Selon International Crisis Group, on est à près de 2000 morts dans le seul cadre de la crise anglophone, après 20 mois de crises seulement. Dans d’autres démocraties, il n’en faut pas autant pour que la nation toute entière soit éprise de compassion, que le Chef de l’Etat en personne descende au chevet des familles des civils et des militaires tombés durant le conflit. Mais au Cameroun, le Président de la République reste « ZEN » malgré à l’acuité de la crise.
Ils sont plus de 350 000 camerounais qui n’ont plus de toit où dormir, qui sont pour certains réfugiés dans des forêts hostiles livrés à la merci de la nature, et ramené à la nécessité de vivre de la chasse et de la cueillette pour survivre. Aucun camp de refuge en interne pour accueillir les déplacés de guerre. Des camerounais abandonnés à eux-mêmes par les dirigeants de l’Etat central. Des dirigeants qui tiennent des discours de réconciliation en demandant aux populations de déposer des armes, or à côté, rien n’est fait pour encadrer ceux qui ont fui les conflits et sont en villégiatures dans leur propre pays.
Comme si cela ne suffisait pas, une autres série de tensions est venu davantage assombrir le tableau de l’unité nationale. Notamment, les affrontements d’Obala qui ont mis aux prises il y a quelques semaines les communautés autochtones de la ville et les membres de la communauté Haoussa vivant dans la contrée. C’est avec machettes et poignards que des camerounais se sont fait face en l’espace de 48 heures. Des morts et des blessés graves sur le carreau.
Après Obala, c’est la ville d’Okola qui la veille du 20 Mai a vu ses habitants se mettre en colère contre les autorités de la ville. Résultat des courses de nombreux bâtiments administratifs incendiés ainsi que la tribune qui devait servir pour la fête de ce jour. Conséquence, il n’y aura pas fête à Okola ce 20 Mai 2019. Toujours sur ce tableau noir de l’unité nationale, alors que les pontes du régime et ceux qui en tirent un quelconque bénéfice s’apprêtent à célébrer et à sabler du champagne dans un contexte aussi funeste, une grenade vient arracher la vie de plusieurs camerounais au lieu dit pont Vert à Maroua. Encore des familles endeuillées.
Décidément cette fête de l’unité nationale a un goût amer. De quoi dire comme quelques uns … « Bon deuil de l’Unité nationale ».
Stéphane Nzesseu