La seule image que la presse a de cette jeune camerounaise est celle la présentant les deux bras levés, jubilant la victoire de son élection à la 2e Vice – Présidence du parti au cours de la convention nationale du MRC tenue en Avril 2018 au palais des congrès de Yaoundé. Depuis lors, c’est bouche cousue. Aucune trace visible, aucune action prépondérante de la jeune fille de la Mefou et Akono au cours des joutes électorales d’octobre 2018. Sera–t–elle à la hauteur des défis qui l’attendent ?
Tiriane Noah arrive au devant de la scène politique dans un contexte tout à fait particulier et très tendu. Elle prend la tête du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun au cœur d’une crise post – électorale dont son prédécesseur vient de raviver les braises. Malgré ces dernières arrestations, le parti doit tenir sa promesse de poursuivre sa campagne de contestation, avec une deuxième marche blanche prévue le 08 juin 2019. Sera–t–elle capable de mobiliser les troupes pour envahir les rues des principales villes du Cameroun samedi prochain ?
Même si on ne l’a pas souvent vu prendre part aux différentes marches organisées par le parti depuis Janvier 2019, Tiriane Noah devra désormais sortir de son terrier pour mener la lutte engagée par Maurice Kamto et les autres caciques du MRC. Son principal fait d’armes politique reste jusqu’ici une plainte déposée par elle auprès des tribunaux contre le ministre Gaston Eloundou Essomba (ministre de l’Eau et de l’Energie) quelques temps après son élection comme 2e Vice – Présidente du MRC. Elle se plaignait de ce que le ministre, membre influent du RDPC dans la Mefou et Akono, proférait des menaces sur sa personne.
Rappelons tout de même que c’est dans les mêmes conditions qu’en son temps, Mamadou Mota avait pris la direction du parti. A son époque, il avait décidé d’annuler les marches annoncées pour avoir une meilleure visibilité des opérations à mener. Il a su garder le cap jusqu’à son arrestation ce samedi matin à Yaoundé. Tiriane Noah est – elle prête à faire la prison elle aussi ?
Seule la suite nous le dira.
Stéphane NZESSEU
Ancienne étudiante de l’université de Yaoundé II Soa, Tiriane Noah est une fervente militante du MRC. Jeune (la quarantaine), intelligente, éloquente, très posée, elle a des qualités de leaders qui l’ont permis d’être hissé au rang de 2e Vice – Présidente du parti. Si les militants de ce parti ne la connaissent pas autant que Me Michelle Ndocki, il faut reconnaître que son engagement et sa détermination à voir un Cameroun nouveau est au même niveau que les figures connues telles Valsero, Pal Eric Kingue et Maurice Kamto.
Lors de sa première prise de parole officielle, quelques minutes après son élection comme 3e personnalité du MRC, elle avait marqué les esprits par ses paroles aux allures prophétiques à l’endroit du parti. « il y a un temps pour toute chose et en cette année 2018, c’est le temps du MRC.
Tiriane Nadège Noah Biloa est un trait d’union entre les deux principaux univers politiques qui ont été fortement tribalisés au cours de ces derniers mois. Des univers pernicieux et qui s’opposent violemment et dont les bases les plus violents se trouvent à l’étranger. Notamment, les « sardinards » et les « tontinards ». des clivages politiques qui touchent depuis peu aux identités ethniques.
La nouvelle patronne du MRC (par intérim), est par son appartenance ethnique, une digne fille de ces zones du Cameroun dont sont issus plusieurs dirigeants du régime actuel. Et pourtant, elle a choisi de militer pour le camp d’en face. Un véritable pied de nez aux analystes politiques qui accusent à grand renfort d’arguments le MRC d’être un parti « Bamiléké ». Une position qu’elle pourra utiliser pour davantage recruter et mobiliser dans les rangs du parti de Maurice Kamto.
De plus, elle sera la première femme à diriger un parti d’une aussi grande envergure. Par ailleurs, sa jeunesse (à peine la quarantaine), est un atout important pour son déploiement politique. Des arguments qui lui permettront de piocher dans d’autres partis politiques à l’instar de celui de Cabral Libii dont la jeunesse est le principal argument de rassemblement.
Stéphane NZESSEU
Communiqué de presse du Social democratic front (SDF) au sujet de l’embastillement du député Jean Michel Nintcheu
« Le domicile du député Jean Michel Nintcheu est encerclé depuis 6h du matin par des hommes en tenue. Il s'en est rendu compte alors qu'il sortait de son domicile pour se rendre aux obsèques d’un membre de sa famille qui se tient ce samedi à Bafang. Aucune explication ne lui a été fournie à cet effet.
Le SDF condamne avec la dernière énergie cette restriction grave et inexplicable des libertés imposée au député Jean Michel Nintcheu qui jouit pourtant d'une immunité parlementaire de par sa fonction.
Le SDF exige la levée immédiate et sans condition de cet embastillement sordide qui ternit davantage l'image déjà considérablement écornée de notre pays en matière de libertés fondamentales du citoyen et de respect des droits de l'homme.
Tout refus des donneurs d'ordre de procéder à la levée de cette assignation à résidence surveillée de fait est de nature à jeter de l'huile sur le feu dont nul n'a absolument besoin en cette période sensible de la vie de notre Nation. Ces derniers gagneraient à cesser de jouer avec des allumettes sur un baril de poudre.
Fait à Douala le 1er juin 2019
Jean Robert Wafo
Ministre du shadow cabinet du Sdf en charge de l'information et des médias ».
Quand les décisions du MRC impactent négativement les autres partis politiques
Le Social Démocratic Front, dont on ne saisit véritablement pas les accointances avec le parti crée par Maurice Kamto semble toujours faire les frais lorsqu’au MRC, on décide d’aller contre les institutions de la République.
En plus de l’honorable Jean Michel Nintcheu, c’est le vice président du SDF Centre qui dit avoir constaté la présence des forces de l’ordre près de son domicile ce matin, Aloys Parfait Mbvoum exprime son courroux : « Je faisais mon sport ce matin, lorsque mes proches m’ont appelé pour me dire que les policiers rodent autour de chez moi. Je suis revenu, pour chercher à comprendre ce qui les amène. Vous pouvez lire mes posts, je ne me cache pas et, à aucun moment, je n’ai manifesté le désir d’aller marcher avec le MRC. Après mon sport, je devais me rendre dans une radio de la place, invité pour donner mon avis par rapport à la situation socio politique de mon pays. Que cherchaient donc les policiers chez moi »?
On relève, à partir de ce qui a été constaté sur le terrain ce matin, à Yaoundé, à Douala comme dans les autres parties du pays que les camerounais, dans leur grande majorité, ne sont pas prêts à descendre dans la rue, pour des contestations. Tous, ou du moins ceux qui sont en âge de voter, savent qu’à quelques heures de la convocation du corps électoral, il faut maximiser les inscriptions sur les listes électorales afin de faire entendre leurs voix.
Les choses doivent changer au Cameroun, mais, de quelle manière ? C’est à chaque camerounais, selon ses aspirations, que cette question est posée.
Nicole Ricci Minyem
« Libérez Kamto – Libérez Kamto – Non à la guerre au Nord Ouest et au Sud Ouest, non au retrait de la CAN, non au terrorisme d’Etat, non au tribalisme, non au despotisme, non à la mal gouvernance, non à la succession de gré à gré… », scandent ces hommes et femmes qui ont décidé ce 1er Juin, de passer outre les interdictions de l’autorité administrative et sont descendus dans la rue, pour dire ce qu’ils pensent.
Les militants et sympathisants du MRC sont venus de divers quartiers de la ville et, ils ont décidé de se retrouver à la poste centrale pour répondre à l’invitation que leur a adressée le directoire de cette formation politique.
Ils arboraient pour certains le Vert – Rouge – Jaune du 237 mais visiblement, cet appel n’a pas convaincu grand nombre. Plus haut, à l’entrée du centre culturel français, les usagers vaquent tranquillement à leurs occupations et les responsables ont demandé aux gardiens de ne laisser entrer personne.
Du côté de la cathédrale, les vendeurs à la sauvette s’attèlent à prendre les images de cette trentaine de militants du mouvement pour la renaissance du Cameroun qui sont entrain d’être emmenés par les forces de maintien de l’ordre, déployées par ci par là, pour contenir tout débordement depuis les premières heures de la matinée, dans les coins les plus névralgiques de la ville aux sept collines.
Lire aussi : Marches du MRC ce 1er Juin : Un échec programmé
Ce qui n’est pas du goût de tout le monde, comme le précise Douleur : « Je suis arrivé ici depuis 7h30 et, j’ai trouvé les policiers partout. A un moment, j’ai même cru qu’ils allaient nous empêcher de chercher nos cinq cinq francs. Je suis chaque jour devant Casino, pour changer l’argent à ceux qui recherchent ce genre de servi… ».
Nous avons réussi à nous approcher de deux militants du MRC, qui ont accepté de nous parler de leurs motivations : « Je suis Tanguia Jean Paul, militant convaincu du MRC. Je suis descendu dans la rue ce matin, pour exprimer mon raz le bol, je suis fatiguée de la gestion de mon pays, fatiguée de voir que les gens qui ne peuvent même plus marcher s’accrochent au pouvoir comme si ce pays est seulement le leur. On ne va jamais nous accorder le droit de marcher, je ne marche pas pour Kamto, je marche pour moi, pour mon avenir, pour mes enfants. Et si pour cela je dois aller en prison, je n’ai pas peur… ».
Pour Blaise Fotso Deffo, « l’âge du Professeur Kamto ne fait pas problème parce que ce sont les camerounais, dans leur grande majorité qui ont voté pour lui. Nous avons les procès verbaux et, nous pouvons les donner à qui de droit à tout moment. Vous voyez donc que nous avons raison de contester la gouvernance dans ce pays. Les autorisations de marcher sont uniquement délivrer au RDPC. Et nous autres ? Est-ce qu’il ne s’agit pas aussi de notre pays ? Je suis prêt et mes camarades aussi, à aller en prison s’il le faut, les choses doivent et vont changer dans notre pays… ».
Nicole Ricci Minyem
C’est à grand renfort de publicité que les patrons du MRC encore en liberté annoncent qu’ils vont investir les rues de nombreuses villes du pays. Les revendications sont les mêmes depuis la dernière élection présidentielle. Notamment, la protestation contre ce qu’ils appellent le Hold-up électoral, parlant de la victoire volée à Maurice Kamto. Mais aussi, le retrait de la CAN et les cas de détournements entourant l’attribution des marchés de construction des infrastructures. A ces sujets traditionnels vont s’ajouter les appels à la libération des leaders et autres « amis politiques » incarcérés depuis janvier 2019 dans les prisons de Yaoundé et Douala.
La virulence des annonces de marches n’ont d’égale que la rigueur avec laquelle les autorités administratives s’apprêtent à s’assurer du respect de l’interdiction faite par les sous-préfets de plusieurs villes du pays. Aujourd’hui plus qu’hier, la tension est à son paroxysme et de nombreuses publications et appels à invectives des militants invétérés du MRC et porteurs de ces idéologies sur les réseaux sociaux portent à croire qu'ils envisagent des affrontements contre les forces de de maintien de l’ordre. Et c’est bien cette virulence et cette violence en perspective qui dénature la qualité du combat mené jusqu’ici par le MRC et l’installe désormais dans une logique de bras de fer avec les forces de l’ordre.
On semble loin des « Marches blanches » qui revêtaient manifestement un caractère pacifique, non violent. Par contre à en croire les allégations tenues par Mamadou Mota, dont des déclarations similaires ont été publiés sur son profil Facebook, il se dit prêt à aller en prison car dit-il ce sera pour une cause juste. Des invectives en direction des forces de polices. On peut lire « La police camerounaise se comporte comme une milice, kidnapping quotidien, déportage sur Yaoundé. Notre pays est en danger » (publié ce 31 mai 2019 vers 10h30).
Nombreux sont les sympathisants du MRC qui estiment aujourd’hui que l’affrontement n’est pas la solution. Ce d’autant plus que les uns et les autres semblent connaître à l’avance le niveau de réaction des forces de polices. Ce degré de tension a déjà plombé le succès de la marche de ce 1er Juin 2019. Vaudrait mieux rester chez soi.
Stéphane NZESSEU
Mr. Libii, serez-vous des nôtres ?
DANS TROIS JOURS, LE CAMEROUN MARCHERA
Je ne suis pas le porte-parole du MRC. Je suis avant tout un jeune Camerounais libre de ses pensées, qui s’adresse à un autre jeune Camerounais libre des siennes, convaincu qu’en dépit de nos chapelles politiques différentes, nous aspirons tous au même idéal : voir le Cameroun délivré du vol et du viol des libertés élémentaires.
Si j’utilise internet pour m’exprimer, c’est parce qu’il est devenu l’outil d’influence premier en ce siècle, loin devant la radio et la télévision. Le mouvement des Gilets Jaunes en France qui avait connu un pic de mobilisation le 17 novembre 2018 avec plus d’1 millions de manifestants, ne fut-il pas lancé sur réseau social en octobre ? Le président de la plus grande économie de marché du monde avec 20 000 milliards de dollars (USA) communique quasi exclusivement par ce canal. Même Rihanna, une femme aux principes souvent discutables, a initié avec succès, une rencontre sur avec Emmanuel Macron via son compte.
Et Paul Biya, dont les partisans nous accusaient longtemps d’être des « activistes du web » semble lui-même avoir découvert les vertus de Facebook et Twitter.
Vous me pardonnerez donc mon manque de formalisme, mais l’urgence de l’heure - où l’urgence de la pensée - nous appelle à prioriser l’efficacité avant la cosmétique. Le Cameroun saigne, notre peuple se meurt. Et tant que nous ne sommes pas assez nombreux et unis pour cette cause que nous partageons pourtant, nous demeurerons écrasés par cette oligarchie qui abuse de la force policière dont elle dispose pour entretenir la peur et l’intimidation.
Vous étiez en Allemagne, en France, en Italie, aux Etats-Unis ... vous avez pu constater que les animaux là-bas ont des rayons entiers dans les supermarchés. Au Cameroun, les humains sont empilés par dizaines dans des toilettes nommées cellules, privés de lumière et de soins corporels. Nous sommes traités plus bas que terre par un régime qui se qualifie d’ « Etat de droit » sans rire lui-même de sa plaisanterie.
Quand un bébé n’est pas fusillé sur le dos de sa mère, il est cueilli à froid dans son berceau. Quand des jeunes femmes ne sont pas violées et traînées dans la boue à Yaoundé, on leur tire dans les jambes à Douala. L’horreur est devenue banale au pays de Douala Manga Bell. Les criminels sont devenus les justiciers. Ceux qui sont à l’origine de vos larmes inoubliables après le fiasco de la CAN retirée, sont eux qui aujourd’hui, prononcent les verdicts au tribunal.
Monsieur Matomba - si tant est que la réponse est de lui -, m’a reproché de m’être adressé à lui à la 3eme personne dans mon invitation d’il y a 24 heures. Alors, je m’adresse à vous en ligne droite : « Allez-vous vous joindre à la grande marche citoyenne du 1er juin? Ou allez-vous nous rédiger une missive d’encouragement ?
J’aurais aussi pu écrire en privé, mais vos militants ainsi que ceux du MRC et des autres formations auraient été trop pris de court par l’effet de surprise d’un ralliement éventuel. Alors je m’exprime solennellement ici parce que c’est le meilleur moyen d’en informer tout le monde. Je ne vois pas en cette marche la marche d’un parti politique, mais l’indignation collective du peuple qui en a marre de se faire animaliser. Vos larmes furent à jamais le témoin que la CAN, le NOSO, les braquages au gré à gré pour nos autoroutes virtuelles, ne sont pas la douleur exclusive d’un parti donné.
Il est facile dans un régime dictatorial de savoir qu’on est du bon côté de l’histoire : il suffit d’être sans cesse la victime de la répression de ce régime.
Claude Wilfried Ekanga Ekanga
(Si vous aussi êtes farouchement opposé au RDPC et à Paul Biya, alors vous êtes du bon côté de l’histoire)
Ils sont nombreux les journalistes, hommes de Media et acteurs de la société civile qui font plusieurs tours devant les bureaux de la police judiciaire sis au quartier Elig-Essono. De manière spontanée ils se sont donné rendez-vous devant les locaux de la police judiciaire question d’apporter un soutien moral au chroniqueur politique.
Paul Chouta est dans les cellules de la police judiciaire du fait d’une plaine déposé contre lui par l’écrivaine française Calixthe Beyala. Une plainte déposée il y a plus d’un mois pour diffamation. En effet, le Cyber journaliste Paul Chouta avait posté une vidéo où l’on voit bien madame Beyala se disputer violemment avec un camerounais dans une école dans la ville de Douala. Et c’est pour avoir diffusé cet image que Paul Chouta a été interpellé ?
Il faut aller chercher la raison de cette situation dans les luttes à distance qui opposent depuis l’élection présidentielle d’octobre 2018, les partisans de Maurice Kamto et ceux du Président de la République actuel, Paul Biya. Depuis cette période, non seulement on a remarqué une plus grande présence de la romancière française sur le sol camerounais ? Elle a écumé de nombreux plateaux de télévisions du terroir avec des fortunes diverses. Se faisant plus virulente au fil des jours contre le président du MRC, elle a fait de nombreuses publications sur son compte Facebook où elle fait des allusions grotesques sur « la pédophilie » dont serait auteur le leader du MRC. Peut être devrait-on chercher la diffamation ailleurs.
Paul Chouta a été arrêté autour de 22 heures mardi dernier au quartier Biyem Assi à Yaoundé. Toute chose qui va à l’encontre des règles élémentaires en matière de procédures pénales. Il va être incarcéré dans les cellules de la police judiciaire. Le mercredi, dans l’après midi, il va avoir une confrontation avec Calixthe Beyala. Rien ne va filtrer de cette confrontation. Mais selon Maître Emmanuel Simh qui assure sa défense, il est possible que Paul Chouta soit déféré ce vendredi pour la prison de Nkondengui.
Paul Chouta devra compter sur son moral d’acier pour traverser tête haute cet autre épreuve qui n’est que la suite du combat pour le respect des droits humains engagé il y a quelques années aujourd’hui.
Affaire à suivre.
Stéphane Nzesseu
« Il m’a été signalé l’interpellation qui m’a été faite sur Internet par Monsieur Claude Wilfried EKANGA EKANGA, en ces termes et les majuscules sont d’origine.
« L’homme politique de l’année SERGE ESPOIR MATOMBA SE JOINDRA T-IL AUX MARCHES ? ». Je devrais participer à ces marches pour les raisons suivantes. Je cite « Il a été élu homme politique de l’année par ses pairs. Il est donc certainement soucieux de l’avènement d’une politique citoyenne potable dans notre pays. Il est forcément aussi meurtri que nous devant l’arnaque démocratique et la scène de crime géante que le Cameroun est devenu».
Tout ceci est suivi de quelques leçons de science politique j’imagine, ou peut-être de morale, dont voici quelques extraits.
- Avoir bonne réputation dans un régime violent qui gouverne par la peur, ce n’est pas forcément une consécration.
- Ne soyez pas de ceux qui regretteront de n’avoir pas pris les bonnes décisions, quand la pluie aura cessé.
Vaille que Vaille Monsieur Ekanga Ekanga avance les griefs qui devraient faire se lever « l’homme politique de l’année » :
- le geyser de sang du NOSO,
- la perte de la CAN,
- le mort de Muyuka,
- les autoroutes et les stades inachevés.
Pour tout ceci et pour le reste que je n’ai pas cité, un « homme politique de l’année » digne de ce nom obéit à l’appel du MRC et descend avec ses troupes dans la rue, ou pour le moins envoie un mot de soutien au parti qui organise les marches.
Je pourrais m’offusquer de la méthode. Mais si je suis l’#homme_politique_de_l_année, c’est peut-être aussi parce que je sais me maîtriser, rester calme et savoir que la passion ne fait pas toujours bon ménage avec la raison, surtout dans le combat politique. Je ne sais pas si cet homme est porte parole du MRC, et qu’il a été mandaté pour interpeller avec cette méthode, le premier secrétaire d’un parti politique. Si le NET est l’outil exponentiel de communication de certains, il reste une jungle inextricable où le meilleur côtoie malheureusement le pire. Comment être certain que cette interpellation vient de cet interpellateur et même du parti dont on se revendique.
Quant à la forme, cet appel est à la troisième personne, un mode épistolaire très méprisant pour le destinataire que l’on ne prend même pas la peine de regarder en face. « Il a été élu homme politique de l’année par ses pairs. Il est donc certainement soucieux de l’avènement d’une politique citoyenne potable dans notre pays. Il est forcément aussi meurtri que nous devant l’arnaque démocratique et la scène de crime géante que le Cameroun est devenu ».
Et tout le texte est du même tonneau, certainement tourné vers un groupe, un fan club, à défaut de s’adresser à moi.
Je déplore très sincèrement et condamne très fermement cette nouvelle méthode que d’aucuns affectionnent et si Internet est un outil merveilleux, sachons qu’il reste les formes traditionnelles qui font encore loi dans certaines circonstances. Evidemment, je ne tiens aucun compte de cet appel cavalier. Je laisse à mes collaborateurs le soin d’y répondre s’ils le jugent nécessaire et j’exigerai qu’ils y mettent la forme adéquate. Mais je n’irais pas au bout de ma logique et de ma fonction de chef politique, si je ne contribuais pas à assainir certaines choses.
Un parti politique qui se veut rassembleur y met la méthode. Pour une action à laquelle on aimerait associer les autres partis, le leader – et le leader seul – a vocation à joindre ses homologues et ensemble, ils conviennent des modalités et de la stratégie. Par contre, un parti a tout a fait le droit de faire cavalier seul. Alors, on imagine pas qu’il envoie un de ses membres interpeller les responsables des autres partis sur ce que d’aucuns ont élu comme « outil de communication de l’année », sans que l’on puisse en authentifier l’auteur.
Je me permettrai quand même, dussé-je m’y forcer, de rappeler à ce Monsieur en supposant que c’est bien de lui ce texte et que ce n’est pas un fake, que j’ai marché, je marche et je marcherai… J’ai manifesté, je manifeste et je manifesterai avec mes équipes et sur nos orientations, pour notre pays. Quand je penserais à y associer les partis frères ou amis, j’y mettrais la méthode. Je marcherai pour le peuple, contre la salle guerre dans laquelle mon peuple se meurt, contre la mauvaise gouvernance.
Un petit rappel s’impose. Nous avons marché pour les martyrs de 2008 ; le chef de parti et chef d’entreprise que je suis, a mené une grève de la faim contre les accords de partenariat économique qu’il trouvait inappropriés ; nous avons marché et lutté contre le choléra et d’autres calamités. Après les dernières élections, j’ai appelé moi-même tous les partis politiques pour que nous portions d’une seule voix les revendications sur lesquelles nous nous serions entendus par rapport au code électoral. Peut-être ne le sait-on pas à un certain niveau de responsabilité, mais nous menons des transactions pour la refonte de ce code électoral avec toutes les forces vives de la nation et avec l’appui des organismes internationaux, dont les Nations unies.
Conscients du drame qui se joue au NOSO, nous travaillons à notre rythme et avec nos méthodes. Nous avons fait des propositions concrètes à ceux qui détiennent le pouvoir aujourd’hui et nous attendons leurs réactions avant de poursuivre sur ce sujet. Nous avons présenté un mémorandum pour une solution définitive. Que l’on me permette d’arrêter ici cette mise au point.
Je commets le vœu que les partis frères mettent de l’ordre dans leurs rangs. Que les porte-paroles soient identifiés avec les axes sur lesquels ils sont pertinents. Que des interpellations aussi cavalières soient épargnées aux responsables politiques. Que les partis mettent fin à la cacophonie inter nautique ou dénoncent les électrons libres qui sont loin, ô bien loin, de rendre service à quiconque, surtout pas à ceux pour qui ils pensent intervenir. Pour ma part, que mes homologues des partis se rassurent : ils ne risquent pas de se voir interpellés sur la toile. J’y ai toujours veillé personnellement. »
Serge Espoir MATOMBA PSN PURS
Pour rétablir la vérité, je vais décoder le texte de M. Kamto, à l’aune d’une méthodologie issue du structuralisme génétique de Lucien Goldmann de l’explication des structures internes, à la compréhension des structures externes et de la vision du monde.
I- D’abord : l’explication des structures internes du texte du MRC
Maitre de Conférences à l’Université de Yaoundé II, le Pr Maurice Kamto enseigne, depuis belle lurette, et non sans talent, le Droit Constitutionnel et le Droit International. Dans sa lettre, il évoque des questions politiques, juridiques et sociologiques (sociologie politique) qu’il est censé maitriser. Mais, comble du paradoxe, il semble avoir perdu son droit, comme d’aucuns ont perdu leur latin. En effet, sa « Lettre » est sous-tendue par des assertions dogmatiques, apodictiques et problématiques qui se situent aux antipodes de la logique aristotélicienne. M. Maurice Kamto fait fi de la démarche scientifique élémentaire énoncée par Gaston Bachelard : observation, hypothèse, vérification, loi. Voici quelques morceaux choisis :
1-1- M. Maurice Kamto estime qu’au Cameroun, le Conseil constitutionnel « est une Institution à la fois illégale et illégitime »
1-2- Décodage : cette assertion est erronée. Voici pourquoi :
1-a- Légalité du Conseil Constitutionnel
La loi fondamentale d’un Etat est sa Constitution. C’est un acte suprême qui lie toutes les autorités et les institutions publiques. A ce titre, les institutions qu’elle crée, bénéficient d’une onction légale incontestable, à l’instar du Parlement et du Conseil Constitutionnel.
C’est dans ce sens que le Conseil Constitutionnel qui est traité dans le titre VII de la Constitution du 18 janvier 1996 est légal, parce que créé par la Loi fondamentale qui est l’expression de la volonté transcendantale du peuple.
Examinons, dans un deuxième temps, la légitimité du Conseil Constitutionnel.
1-b- Légitimité du Conseil Constitutionnel
Le juge constitutionnel camerounais bénéficie d’une légitimité à partir de sa composition sociologique. En effet, les juges constitutionnels sont tous des personnalités à la réputation établie et provenant des dix(10) régions du Cameroun. On y retrouve des Camerounais d’expression anglophone et d’expression francophone des chrétiens et des musulmans, des ressortissants de toutes les régions du Cameroun.
Parmi ses membres, on peut également citer des magistrats de haut vol (le Président Clément ATANGANA, l’ancienne Procureure au Tribunal Pénal International d’Arusha Rita ARREY, l’ancien Secrétaire du Conseil Supérieur de la Magistrature, feu Jean FOUMANE AKAME, M. Sanda Bah Oumarou…), des universitaires chevronnés (les Professeurs Joseph Marie BIPOUN WOUM, Charles Etienne LEKENE DONFACK, Paul NCHOJI NKWI), de haut commis de l’Etat (Emmanuel BONDE, Jean-Baptiste BASKOUDA, Paul Nkwi, Ahmadou Tidjani etc.).
Le gage de la légitimité du Conseil Constitutionnel est donc sa représentativité nationale, de par sa composition mais aussi l’autorité qui est reconnue à ses membres.
1-2- Le peuple camerounais aurait porté majoritairement ses suffrages sur M. Kamto lors de la dernière élection présidentielle.
Décodage : c’est faux. Le peuple camerounais a choisi, avec une majorité confortable (71,28%), sur le président Paul BIYA, au cours d’une élection libre, démocratique et transparente.
Le Conseil Constitutionnel a validé cette victoire, au terme d’un débat contradictoire auquel ont pris part M. Kamto et ses avocats. La séquence de l’élection présidentielle du 7 octobre 2018 est donc, irréversiblement, close.
1-3- La dernière élection présidentielle aurait donné lieu à une « crise électorale … et à un déchainement de haine sans précédent, à l’arrestation et à la détention illégales de près de 200 militants et militantes » du MRC.
Décodage : il n’y a eu aucune crise post-électorale. Les Camerounais de bonne foi ont reconnu le verdict des urnes, comme cela est de règle dans toute démocratie. Ceux qui n’ont pas voulu respecter les lois et règlements de la République sont passés par les fourbes caudines de la loi. Ils assument les conséquences de leurs actes. Au Cameroun, la séparation des pouvoirs énoncée par Charles de Secondat, le baron de la Brède et de Montesquieu, dans L’esprit des Lois est effective. La Justice est rendue au nom du peuple camerounais par des magistrats dont nul ne saurait contester ni la compétence, ni l’intégrité, ni la lucidité.
1-4- Le gouvernement « refuse de faire la paix dans les régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest ».
Décodage : faux. La question du Nord-Ouest et du Sud-Ouest a toujours fait l’objet d’une attention particulière par le Chef de l’Etat. On le voit, encore une fois de plus, avec la tournée du Premier Ministre Dr Joseph Dion Ngute dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest. Auparavant (sous le PM Philémon Yan), toutes les doléances à connotation corporatiste (avocats, enseignants) avaient été examinées avec minutie et méthode. Les revendications relatives à la remise en cause de l’unité de l’Etat étant anticonstitutionnelles, elles ont été renvoyées aux calendes grecques.
1-5- Le gouvernement camerounais serait « inactif face au pillage de la fortune publique dans le cadre de la préparation de la coupe d’Afrique des Nations, CAN 2019 »
Décodage : faux. Depuis le 6 novembre 1982, le Chef de l’Etat, S.E. Paul BIYA, a fait de la rigueur et de la moralisation le binôme fondateur de sa politique économique et sociale. Lorsque la matérialité des faits est avérée, les instances juridiques et judiciaires font leur travail et rien que leur travail. Il n’y a ni inertie, ni inaction, ni pusillanimité de la part du Chef de l’Etat ou du Chef du gouvernement.
1-6- Prétendues injonctions de la communauté internationale sur la libération des prisonniers soi-disant politiques, la réforme consensuelle » du système électoral, le respect des droits fondamentaux des Camerounais, le dialogue inclusif.
Décodage : cette sentence comminatoire est attentatoire à la souveraineté de notre pays. Rappelons les propos du Président Paul BIYA à Hambourg, en 1986 : « le Cameroun n’est la chasse gardée de personne ». Le Chef de l’Etat prend, au quotidien, les décisions qui vont dans le sens de l’intérêt supérieur de la Nation, sans avoir besoin d’opiner du bonnet après les ultimata de qui que ce soit. Sa seule préoccupation : les intérêts imprescriptibles du peuple camerounais qui l’a élu, à maintes reprises, démocratiquement : les droits fondamentaux des Camerounais, sont respectés ; le dialogue multiforme se poursuit imperturbablement sur la question du Nord-Ouest et du Sud-Ouest ; l’Armée défend, avec professionnalisme, la sécurité des personnes et des biens de tous les citoyens ; les lois et règlements de la République sont appliqués sans complaisance, ni acrimonie.
1-7- Le pouvoir camerounais serait « adepte d’un centralisme d’un autre âge ».
Décodage : le pouvoir camerounais n’est ni jacobiniste ni bonapartiste. Il met en œuvre la décentralisation dans un Etat uni. La création d’un ministère de la décentralisation et du Développement local démontre, à l’évidence, la volonté incoercible du Président Paul BIYA de poursuivre, de consolider et d’améliorer le processus institutionnel, économique, financier et social devant aboutir, in fine, à une régionalisation bénéfique à l’ensemble du peuple camerounais.
1-8- M. Kamto réitère sa disponibilité au dialogue.
Le Président Paul BIYA l’a souligné, des années-lumière avant lui : « Ne nous battons pas. Débattons ! » (1991). Les multiples initiatives prises par le Chef de l’Etat pour dialoguer prouvent la permanence, au Cameroun, de la concertation et du débat d’idées, pour améliorer la cohésion nationale et le mieux-être des Camerounais.
1-9- « Ce régime croit que la prison peut tout régler » (dixit M. Kamto).
Décodage : le Cameroun n’a pas inventé la prison. Elle participe d’une structuration sociale et pénitentiaire qui existe dans tous les pays du monde, pour que force revienne à la loi et afin que la communauté humaine ne se transforme en une « abbaye de Thélème » : « fay ce que voudras » (fais ce que tu voudras), si ce n’est une cour du Roi Pétaud.
1-10- « le Parti MRC fait l’objet d’une interdiction de fait ».
Décodage : faux. Le MRC existe. Il n’a guère été interdit (ni « de facto », ni « de jure »).
Le ministre de l’administration territoriale et de la décentralisation lui demande, tout simplement, de respecter les lois et règlements de la République. Est-ce une exception camerounaise ? Non. Tous les pays démocratiques fonctionnent à l’aune de ce paradigme politique, juridique et social.
1-11- Le MRC serait la « cible d’attaques et de la haine tribaliste orchestrées par le régime BIYA ».
Décodage : le principe aristotélicien du tiers exclu (si A # B, A = B est exclu) veut que M. le Président Paul BIYA, restaurateur de la démocratie camerounaise (lois de 1990), de la liberté d’expression (le nombre de journaux, de chaines de radiodiffusion et de télévision, le fonctionnement fulgurant de la cyber communication, au Cameroun), l’armature multi-ethnique de toutes les Institutions de notre pays prouvent, s’il en était encore besoin, l’inanité de l’aporie kamtoienne. Car, le Président Paul BIYA ne peut pas être et ne pas être (être anti-tribaliste et promouvoir le tribalisme).
1-12- « Nous ne nous laisserons pas intimider par la dictature villageoise instaurée dans le pays ».
Décodage : le Cameroun est-il un village, stricto sensu ? Non. S’agit-il d’une métaphore ou d’une métonymie ? La licence poétique le permet. Alors, le texte de M. Kamto est-il un recueil de poème ? Je défie tout amateur de poésie, bien avisé, de se délecter de cette « prose poétique » où excella François-René, vicomte de Chateaubriand. Non, il n’y a pas de dictature au Cameroun. Et le Cameroun n’est pas un village stricto sensu et lato sensu). C’est un Etat libre, souverain et démocratique.
1-13- « Le MRC ne prendra pas part à la mise en scène du 20 mai ».
Le MRC est libre de prendre part au défilé du 20 mai ou non. Ce défilé est l’un des symboles de l’unité du Cameroun dans la diversité. La démocratie prescrit le libre choix et l’assomption des actes, par celui qui les pose. Exemple : refuser de prendre part à la fête de l’unité induit un message que tout un chacun peut décrypter.
1-14- Il y a un « tribalisme d’Etat » au Cameroun.
Faux. Cette fantasmagorie ne s’appuie sur aucun fait précis. Le décryptage systématique et immanent du texte politique camerounais dément cette allégation. Et que dire de cette savoureuse contradiction ? Dans la liste des beaux paysages du Cameroun, que M. Kamto invite le Chef de l’Etat à visiter, ne figure sur aucun site du Littoral, du Centre, de l’Est ou du Sud. Le Cameroun se réduit à 6 régions ?
1-15- « M. Biya a fondé son pouvoir sur la division des Camerounais ».
Décodage : il s’agit d’une logique manichéenne. Cette assertion n’est fondée sur aucun fait irréfutable. Le Président Paul BIYA est, chacun le sait, un rassembleur qui ne prône ni ne pratique aucune discrimination ethnique, religieuse, sociologique, linguistique ou politique dans la gestion de l’Etat.
1-16- Paul BIYA pratique un « nationalisme étriqué, raciste et xénophobe… le patriotisme n’est et ne saurait être ni un racisme, ni une xénophobie ». Faux.
Les épithètes « raciste » et « xénophobe » sont inappropriées dans le système politique biyaien. L’adjectif « raciste » est un dérivé lexical du substantif « race ». Il existe une race noire, une race blanche, une race jaune, une race rouge, nous apprennent les anthropologues. Le Président Paul BIYA a-t-il frappé d’ostracisme l’une de ces races ? Je ne le sache guère. Aucun fait ne le démontre.
Et quid de l’épithète « xénophobe », qui vient du grec « xenos » = (étranger) et de « phobos » = effroi, peur, haine ? Aucun fait objectif ne démontre que le Président Paul BIYA encourage ou pratique la haine des étrangers. Au contraire, l’humanisme et la justice sociale qui constituent les fondements inoxydables de sa politique sociétale excluent toute discrimination, de quelque nature que ce soit. Qui plus est, ni la race, ni l’ethnie, ni la religion, ni la langue (officielle ou pas) ne constituent des critères dirimants de clivage politique, pour le Président Paul BIYA.
Monsieur Kamto assimilerait-il les ressortissants de certaines régions ou ethnies du Cameroun à des « étrangers ». Je ne le crois pas. Mais, l’épithète choisie (xénophobe) pourrait, le cas échéant, prêter à confusion et ravaler le Pr Kamto au rang de contempteur de la sémantique.
J’aurais pu décoder le texte de M. Kamto jusque dans les moindres détails lexicaux, notionnels et techniques pour exhumer son essence aporique. Mais, passons à la deuxième articulation de mon décryptage textuel.
II- Monsieur Kamto : vision ou dérision ?
Nonobstant ma bonne volonté, je n’ai répertorié aucune idée neuve dans « La lettre de Maurice Kamto aux Camerounais ». Je l’ai lue et relue, avec d’autant plus de méticulosité que M. Kamto est un collègue, universitaire qui, en principe, sait de quoi il parle. Ma moisson a été proche de zéro. Suis-je de mauvaise foi ? Suis-je obnubilé par nos divergences politiques (MRC-RDPC) ? Point du tout. Je vais démontrer la pertinence de mon point de vue avec l’appui des faits.
Lisez minutieusement, avec moi, cette Lettre. Vous verrez que la vision du monde est sous-tendue par un mot (« Renaissance ») qui est du même champ lexical que « Renouveau » : le même préfixe (« re »), un radical qui participe du même champ sémantique latin (nascere = naître, pour renaissance et nocellus, c’est-à-dire « qui existe ou qui est connu depuis peu, exactement comme celui qui « nait »).
Chronologiquement, le Renouveau étant antérieur à la Renaissance, ce dernier concept n’apporte donc rien de « nouveau » (novellus) au Renouveau. A moins que son auteur ne veuille renouveler le Renouveau, ce que fait déjà, de fort belle manière, le Président Paul BIYA, au quotidien.
Le thème structurateur étant été élucidé et évacué, quid de la vision du monde ? Là aussi, rien de « nouveau » (aucune renaissance).
Pourquoi ? La « Lettre » se réapproprie les mots-clés et les mots-thèmes déjà mis en valeur par le deuxième président de la République du Cameroun depuis le 6 novembre 1982 : « mobilisation », « rassemblement », « justice sociale », « combat contre le tribalisme et tous les facteurs de division », « jeu démocratique apaisé » (expression qui entretient un rapport d’association lexicale avec « la démocratie apaisée et de rassemblement » chère au Président Paul BIYA, « adhésion populaire au pouvoir », « combat politique qui n’est ni le combat d’un individu, ni d’un parti politique, ni d’une ethnie, ni d’une région, ni des Anglophones, ni des Francophones etc. ».
Depuis le 6 novembre 1982, le Chef de l’Etat a fait de ces expressions et de bien d’autres (comme l’intégration nationale, le vivre ensemble etc.), les leitmotive de sa vision politique. Et il passe de la parole aux actes, dans tous les domaines. Il a une belle formule holistique qui résume cette pensée : « Avec tous et pour tous » (1991).
Je n’ai retiré de la logorrhée de M. Kamto aucune idée neuve, aucune vision novatrice du monde. Qui pis est, j’ai retrouvé des mots-clés et des mots-thèmes appartenant au registre lexical du Président Paul BIYA, dont il fut, le ministre délégué auprès du Vice-PM Amadou Ali, pendant sept ans (08 décembre 2004-30 novembre 2011). Ceci pourrait (peut-être) expliquer cela.
Du reste, le décodage de l’étymologie latine le démontre aisément : le radical du mot renaissance vient du verbe « nascere » (naître) ; le préfixe « re » dénote la répétition ; la désinence « ance » est, tout simplement euphonique. Signification : « naître de nouveau ». Advienne que l’on prenne le terme « Renouveau » (inauguré par M. Paul BIYA en 1982), on retrouve le même « sème » (unité de sens) : « nouveau » (« novellus ») avec le même préfixe « re ».
Quelle leçon tirer du décryptage de l’empire des signes de M. Kamto ?
Le texte de l’universitaire Kamto, doublé d’un juriste connu et reconnu, est anachronique, obsolète et mimétique. Sa vision politique est une dérision, voire un erzats. Une « renaissance » suppose un renouvellement substantiel et historique de la pensée, des idées, du langage, à l’instar du 16ème siècle français qui préfigurait le classicisme, puis le siècle des Lumières, le romantisme, le Parnasse, le réalisme, le symbolisme, le surréalisme etc. M. Kamto gagnerait donc à explorer de nouvelles clairières pour réaliser son rêve : annihiler le Renouveau. Pour le moment, nous sommes en présence d’une aporie.
Et ce ne sont pas les « marches » projetées qui matérialiseront une véritable « renaissance ». Qu’il relise Ronsard, Rabelais ou Du Bellay. Eux, ils savaient ce qu’est la Renaissance, la Renaissance n’est ni une dégénérescence, ni une déliquescence. Déliquescence logique, (Aristote), déliquescence actancielle, (la traçabilité des actes), déliquescence idéologique (le renouvellement de la pensée). Je renvoie donc M. le Pr Kamto à ses chères études juridiques, politiques et à ses Humanités gréco-latines ».'
Pr Jacques FAME NDONGO
Ministre d’Etat, Ministre de l’Enseignement Supérieur,
Membre du Bureau Politique du RDPC
Secrétaire à la Communication.