4,3 milliards de dollars. C’est le montant attendu par la justice et que le Soudan doit verser, après les attaques perpétrés contre les ambassades américaines au Kenya et en Tanzanie, en 1998. Des attentats à la bombe qui ont fait 224 morts. Douze Américains étaient parmi les morts, lors de ces attaques et les médias parlaient de plus de cinq mille (5000) blessés. Des soupçons de complicité pèsent d’ailleurs contre les autorités soudanaises alors que cette action terroriste est attribuée Al-Qaïda.
Les dommages-intérêts ont été imposés par défaut car, pour l'essentiel du litige, le Soudan n'a pas comparu devant une juridiction inférieure pour se défendre contre les accusations selon lesquelles il aurait hébergé et soutenu le groupe militant islamiste Al-Qaïda, à l'origine des attentats à la bombe.
Retour sur les faits, vingt et un ans après
Les camions piégés qui ont explosé devant les ambassades à Nairobi (Kenya) et à Dar es Salaam (Tanzanie) ont marqué le premier attentat à grande échelle contre. En milieu de matinée de ce 7 août 1998, une énorme explosion dévaste l’ambassade américaine dans le centre de Nairobi, suivie quelques minutes plus tard par une autre déflagration à Dar es Salaam. Au total, 224 personnes sont tuées et quelque 5 000 blessées, essentiellement des Africains.
Avec le carnage causé par ces deux puissantes bombes placées dans des camions, Oussama ben Laden s’est fait connaître du monde entier, trois ans avant de concevoir les attentats les plus meurtriers de l’Histoire.
Al-Qaïda. Trois ans plus tard, le 11 septembre 2001, des membres d'Al-Qaïda ont détruit des avions dans le World Trade Center de New York, le Pentagone près de Washington et un champ de Pennsylvanie, faisant près de 3 000 victimes.
« Ce n’était pas la première fois qu’Al-Qaïda avait mené une attaque, mais au regard de la nature spectaculaire, catastrophique de l’incident, ils ont réellement fait leur entrée sur la scène mondiale », souligne Martin Kimani, directeur du Centre national kényan de contre-terrorisme.
Les plaignants ont poursuivi devant un tribunal fédéral à Washington aux termes de la loi de 1976 sur les immunités souveraines étrangères, qui interdit généralement toute réclamation à l'encontre de pays étrangers, à l'exception de ceux désignés par les États-Unis comme Etat soutenant le terrorisme, comme le fait le Soudan depuis 1993. Loi du district de Columbia.
Nicole Ricci Minyem
« Il est désormais temps d’agir », a déclaré mercredi Fatou Bensouda devant les membres du Conseil de sécurité des Nations Unies. Consciente que le Soudan traverse actuellement une « période de transition politique incertaine ». Pour la Procureure de la Cour pénale internationale (PCI), la période de transition politique en cours au Soudan représente une « occasion unique » de s’attaquer de « manière décisive et efficace » à l’impunité qui sévit au Darfour.
La Procureure estime cependant que « le temps est venu pour le peuple soudanais de choisir le droit au détriment de l'impunité et de veiller à ce que les suspects de la CPI dans la situation au Darfour soient finalement traduits en justice devant un tribunal ». A l’instar du Conseil de sécurité, Mme Bensouda a demandé la cessation immédiate des violences à l’égard des civils au Soudan et demandé à ce que les responsables des crimes présumés répondent de leurs actes. « Il est impératif que les autorités soudanaises enquêtent rapidement et efficacement sur les allégations de violence à l'encontre de civils, y compris de violence sexuelle et sexiste, et que les responsables soient traduits en justice », a-t-elle indiqué.
Pour la Procureure, le Soudan « est maintenant à la croisée des chemins » et peut choisir d’entrer « dans un nouveau chapitre » de coopération avec son bureau et ainsi rendre des comptes pour les victimes du Darfour. Cinq mandats d'arrêt ont été émis par la CPI dans le dossier du Darfour. Outre l'ex-président El-Béchir, ils visent notamment deux suspects, Abdel Raheem Hussein et Ahmad Harun, qui auraient aussi été arrêtés à Khartoum, a indiqué la procureure.
Selon la Procureure, le Soudan reste légalement tenu de déférer ces suspects à la CPI pour y être jugés, à moins que les nouvelles autorités du pays puissent démontrer aux juges de La Haye qu’elles sont capables de véritablement les traduire en justice pour les mêmes affaires. Mme Bensouda s’est dit prête à dialoguer avec les autorités soudanaises pour que les suspects du Darfour soient traduits en justice de manière indépendante et impartiale, soit devant la CPI à La Haye, soit devant un tribunal au Soudan. « Je suis prête à engager un dialogue avec les autorités soudanaises pour faire en sorte que les suspects du Darfour soient traduits devant une justice indépendante et impartiale, soit dans une salle d'audience à La Haye, soit au Soudan. Le maintien de l'impunité n'est pas une option. Les victimes du Darfour méritent d'être enfin entendues devant un tribunal », a-t-elle estimé.
Et de conclure : « les victimes de la situation au Darfour attendent depuis trop longtemps que justice soit rendue. Nous ne devons pas les laisser tomber ».
Danielle Ngono Efondo
Cela fait plusieurs jours que les rues de la capitale soudanaise ne vivent plus leur affluence d’antan, celle que l’on vit dans toutes les grandes métropoles du monde. Les habitants décrivent une situation de terreur, à cause de la présence des Forces de soutien rapide (RSF). Et, le premier ministre Ethiopien, lors de son passage, n’a vu que quelques magasins ouverts et peu de véhicules en circulation.
Son agenda prévoit une rencontre avec les dirigeants du Conseil militaire qui a pris le pouvoir après le renversement le 11 avril dernier, du président Omar el-Béchir, sous la pression d'une contestation inédite déclenchée en décembre 2018.
Une autre, avec les leaders de la contestation plus que jamais déterminés à obtenir un transfert du pouvoir aux civils : « Nous avons reçu une invitation de l'ambassade d'Ethiopie à rencontrer le Premier ministre éthiopien ce matin et nous y allons », a déclaré Omar al-Digeir, un dirigeant de la contestation.
Il est important de relever que la visite de Abiy Ahmed intervient au lendemain de la suspension de la participation du Soudan à l'Union africaine (UA) jusqu'à l'établissement effectif d'une autorité civile de transition".
Le nombre de victimes reste méconnu
c’est en début de semaine que le sit – in, organisé dans le prolongement du mouvement de contestation en place depuis le 6 avril devant le QG de l'armée à Khartoum a été interdit par les forces de sécurité.
Au moins 113 personnes sont mortes « dans la répression », la grande majorité au sit-in, d’après le dernier bilan des médecins proches de la contestation. Le gouvernement quant à lui fait état de 61 morts.
Les chefs de la contestation ont accusé les RSF, rattachées au puissant Service national de renseignements et de sécurité (NISS), d'avoir mené la répression et du climat de peur qui s'est emparé de Khartoum. Cela fait des jours qu’on les voit déambuler dans les rues de Khartoum, lourdement armés.
Des experts et des ONG les comparent aux milices Janjawid accusées d'atrocités dans la région soudanaise du Darfour en proie à un conflit sanglant pendant plusieurs années.
Par ailleurs, après cette répression, les leaders de la contestation ont annoncé rompre tout contact avec les généraux et rejeté tout dialogue avec un Conseil qui tue des gens. Ils ont appelé à une grève indéfinie et à la désobéissance civile jusqu'au renversement du régime.
Tout sera mis en œuvre pour un retour à la paix
Patrick Kapuwa, président en exercice du Conseil de paix et de sécurité de l'UA, a déclaré que cette institution « imposera automatiquement des mesures punitives sur les individus et les entités qui ont empêché l'établissement d'une autorité civile ».
La position de l'UA a été saluée par l'Union européenne (UE) qui a aussi réclamé « la cessation immédiate de la violence et une enquête crédible sur les événements criminels ».
Les négociations avec l'Alliance pour la liberté et le changement (ALC, fer de lance de la contestation) en vue de la mise en place d'une autorité de transition dirigée par des civils doivent reprendre, a ajouté l'UE.
Le Conseil militaire, qui avait rompu toutes actions menant aux pourparlers, se dit aujourd’hui ouvert à des négociations. Les soutiens des généraux au pouvoir, l'Arabie saoudite, les Emirats arabes unis et l'Egypte, qui n'ont pas explicitement condamné les violences, ont eux aussi appelé au dialogue entre les deux parties.
Nicole Ricci Minyem
D’après TV5 Monde Info, c’est sur Twitter que le conseil de paix et de sécurité de l’UA (PSC) a fait l’annonce jeudi : « L’Union africaine a suspendu avec effet immédiat la participation de la République du Soudan à toutes les activités de l’UA jusqu’à l’établissement effectif d’une autorité civile de transition, ceci étant le seul moyen de permettre au Soudan de sortir de la crise actuelle ». « Le Conseil imposera automatiquement des mesures punitives sur les individus et les entités qui ont empêché l’établissement d’une autorité civile », a précisé en conférence de presse le Sierra-Léonais Patrick Kapuwa, président en exercice du PSC.
L’ambassadeur sierra-léonais à l'Union africaine a rappelé les décisions qui avaient été prises, notamment à Tunis le 30 avril dernier quand le Conseil de paix et sécurité de l’UA avait donné jusqu’à soixante jours au Conseil militaire de transition pour remettre le pouvoir aux civils. En effet, depuis le début de la crise, l'UA plaide pour un transfert rapide du pouvoir des militaires aux civils et avait plusieurs fois menacé de suspendre ce pays de l'organisation.
Le 15 avril, après le renversement quatre jours plus tôt du président soudanais Omar el-Béchir par les militaires sous la pression d'un mouvement de contestation déclenché le 19 décembre, l'UA avait donné 15 jours pour que le pouvoir soit transféré aux civils. Début mai, elle avait réitéré cet ultimatum en donnant un nouveau délai de 60 jours aux militaires pour remettre le pouvoir aux civils. « Nous n'avions pas donné 60 jours, mais jusqu'à 60 jours aux militaires pour rendre le pouvoir », a rappelé l'ambassadeur sierra-léonais à l'UA.
Selon un comité de médecins proches de la contestation, au moins 108 personnes ont été tuées et plus de 500 blessées en trois jours, pour la plupart dans la dispersion brutale d'un sit-in devant le siège de l'armée lundi 03 juin à Khartoum. Une violence qui a été vivement dénoncé par l’ONU, les Etats-Unis et la Grande-Bretagne entre autre. En attendant, le Soudan est donc suspendu de toutes les activités de l'Union africaine.
Danielle Ngono Efondo
Des témoins ont indiqué à nos confrères de l’AFP qu’ils « entendent des bruits de coups de feu et qu’ils voient de la fumée s'échapper de la zone de sit-in… ».
Un autre résident affirme avoir vu les forces en uniforme de police tenter d'expulser les manifestants d'une rue près du sit-in.
Le bilan provisoire, établi par le comité central des médecins soudanais, proche du mouvement de contestation, fait état de deux morts et plusieurs blessés.
Depuis le 6 avril, des milliers de manifestants campent devant le siège de l'armée à Khartoum. Après avoir demandé le soutien des militaires contre le président Omar el-Béchir, ils réclament désormais le départ du pouvoir des généraux qui avaient évincé le chef de l'Etat le 11 avril.
Des négociations entre les deux camps visant à former un Conseil souverain, censé assurer la transition politique pour trois ans, ont échoué le 20 mai et le Conseil militaire a multiplié depuis les mises en garde à l'encontre du mouvement de contestation.
Il a notamment dénoncé des débordements autour du sit-in, les qualifiant de « menace pour la sécurité et la paix publiques et promettant d'agir avec détermination face à cette situation ».
L’Association des professionnels soudanais (SPA), acteur majeur de la contestation, a condamné ce qu’elle qualifie de « massacre sanglant » en appelant les Soudanais à la « désobéissance civile totale pour renverser le Conseil militaire perfide et meurtrier ».
Elle a également appelé les « révolutionnaires » à descendre dans les rues afin de poursuivre leurs marches de protestation.
Dans sa logique de contestation cartésienne et de refus de gouvernance de l’équipe de Abdel Fattah al-Burhane, chef du Conseil militaire au pouvoir, la SPA accuse les hommes en tenue de planifier de façon systématique et de s'employer à disperser le sit-in pacifique (...) avec une force et une violence excessives.
Il y’a une semaine, le mouvement de contestation avait appelé à une grève générale, à travers le pays et cette dernière avait été observée dans divers secteurs d'activité.
Malgré ce vent qui lui semble défavorable, Abdel Fattah al-Burhane, s'est rendu récemment en Egypte, aux Emirats arabes unis et en Arabie saoudite, trois pays qui n’ont pas manqué de lui donner leur soutien.
Nicole Ricci Minyem
Saïd Bouteflika, âgé de 61 ans, n'était plus apparu en public depuis la démission de son frère 61 ans. Il a été interpellé ainsi que deux anciens hauts responsables du renseignement, le général Mohamed Mediene dit « Toufik », patron des services secrets d'Algérie durant 25 ans et, l'ex-coordinateur des services de renseignements Athmane Tartag alias « Bachir », selon une source sécuritaire.
Les raisons de cette interpellation n’ont pas été données et, en dehors de ce qui peut être considéré comme une fuite, ni la police, encore moins l'armée algérienne n’ont fait le moindre commentaire.
Homme fort de facto du pays depuis qu'il a lâché l'ex-président, dont il avait été un fervent soutien dans le passé, le chef d'état-major de l'armée, le général Ahmed Gaïd Salah, entretient des relations houleuses avec le général « Toufik ».
Au milieu du mois d’avril, il l'avait accusé publiquement de conspirer pour entraver les solutions de sortie de crise et lui avait "lancé un dernier avertissement".
Sous la présidence d'Abdelaziz Bouteflika, le général Gaïd Salah avait poussé « Toufik » à la sortie en septembre 2015, puis avait contribué à la dissolution de son service placé sous la tutelle de l'armée mais qui était considéré comme un Etat dans l'Etat.
Autre personnalité dans le collimateur
Le général Tartag, présenté par la presse algérienne comme un proche de Saïd Bouteflika, avait lui été limogé aussitôt après la démission du chef de l'Etat. Lui aussi semblait avoir été visé indirectement par des accusations du chef d'état-major, qui avait dénoncé une réunion entre des « individus connus (...) en vue de mener une campagne médiatique virulente contre l’armée ».
Selon la presse, cette rencontre avait réuni le général « Toufik », le général Tartag et Saïd Bouteflika. Mais le premier avait nié avoir rencontré le général Tartag à cette "pseudo-réunion, dans une déclaration transmise à des médias.
L'ancien homme fort de l'armée algérienne, le général Khaled Nezzar, a accusé récemment Saïd Bouteflika de vouloir instaurer l’état d’urgence ou l’état de siège, et d'avoir même envisagé de limoger le général Gaïd Salah, avant la démission de son frère.
Plusieurs personnalités proches du régime Bouteflika politiques ou économiques- ont été entendues ou arrêtées ces dernières semaines. Cinq puissants et richissimes hommes d'affaires, dont quatre proches de M. Bouteflika et de son frère, ont été placés en détention provisoire. Le parquet d'Alger a aussi entendu cette semaine Ahmed Ouyahia, quatre fois Premier ministre depuis 1995.
Le général Gaïd Salah a récemment appelé la justice à accélérer la cadence des enquêtes, une demande assimilée à une "injonction" par ses détracteurs.
Certains observateurs craignent que, tout en étant une réponse à la contestation qui dénonce les liens entre le pouvoir et les "oligarques" -des hommes d'affaires ayant fait fortune grâce à des contrats publics-, ces enquêtes servent de levier de "purge" interne.
En rappel, c’est depuis le 22 Février dernier que l'Algérie est le théâtre de manifestations. Ce sont ces dernières qui ont poussé Abdelaziz Bouteflika à la démission le 2 avril après 20 ans à la tête de ce pays pétrolier. Mais les protestataires continuent de réclamer le départ de toutes les figures du système lié à l'ancien président.
Nicole Ricci Minyem
Ornant les murs du QG militaire, des peintures représentent les manifestants aux poings serrés ou faisant le « V » de la victoire. Le 11 avril, après quatre mois d'une contestation populaire inédite, l'armée a renversé le président Béchir, qui régnait sans partage depuis 1989.
A proximité du siège de l'armée, devant lequel des manifestants continuent de camper jour et nuit pour réclamer l'instauration d'un pouvoir civil, des drapeaux soudanais et des portraits des leaders de la contestation ont été peints : « Même s'ils sont effacés un jour, les dessins laisseront une trace indélébile dans l'esprit des gens », affirme Lotfy Abdel Fattah, 35 ans, un artiste spécialisé dans les beaux-arts.
La chute du président Omar el-Béchir a libéré leur créativité
Au Soudan, les graffitis ont été pendant des années un art clandestin, considérés par les agents de sécurité comme un symbole de contre-pouvoir ou comme du vandalisme pur et simple, alors que s'exerçait une censure vigoureuse.
Les choses sont différentes aujourd’hui, selon Amir Saleh, interrogé par nos confrères de l’AFP. « Les gens ont apprécié nos dessins et nous avons estimé qu'il fallait commencer à peindre tous les murs. Tous ces murs étaient nus. Avec d'autres artistes, nous les avons recouverts de graffitis. Nous voulions simplement raconter l'histoire de ce qu'il se passe ici ».
Abdel Fattah dessine sur les murs de la capitale depuis plus de dix ans, malgré les difficultés et risques. Désormais, il souhaite avant tout montrer dans ses dessins le futur du Soudan, qu'il imagine radieux : « Je représente généralement le Soudan comme un pays recouvert d'une verdure luxuriante et de fleurs pour montrer qu'il a beaucoup à offrir », dit-il.
Les artistes déplorent une absence de matériel
Même si les graffeurs soudanais apprécient leur première bouffée de liberté, tous se plaignent d'un manque de matériel : « Les graffitis devraient être faits avec des bombes de peinture mais il n'y en a pas et c'est très cher à importer », explique M. Abderrahmane, qui, comme les autres, utilise de la peinture classique.
La situation économique du Soudan, confronté à un grave déficit en devises étrangères, s'est empirée au fil des années. Le mouvement de contestation pourrait fragiliser davantage l'économie, ce qui n'entame pas la détermination des artistes : « Nous voulons un Soudan plus ouvert, qui accepte l'art et promeut la liberté d'expression », dit M. Saleh.
Nicole Ricci Minyem
Selon un communiqué de la présidence égyptienne lundi 22 avril, le président Abdel Sissi recevra ses homologues Idriss Déby (Tchad), Ismaïl Omar Guelleh (Djibouti), Paul Kagame (Rwanda), Denis Sassou-Nguesso (Congo), Mohamed Abdullahi Mohamed (Somalie) et Cyril Ramaphosa (Afrique du Sud), pour le premier sommet qui portera sur la situation au Soudan où la contestation populaire se poursuit malgré la destitution du président Omar el-Béchir par l’armée. Toutefois, les manifestants toujours mobilisés réclament un gouvernement totalement civil et les militaires refusent de le faire jusqu'à présent.
Pour rappel, l'UA a menacé le 15 avril dernier de suspendre le Soudan si l'armée ne quittait pas le pouvoir d'ici 15 jours, au profit d'une « autorité politique civile. »
Par ailleurs, Le second sommet portera sur la situation en Libye où, le chef de l’Armée nationale libyenne, le maréchal Khalifa Haftar, a lancé depuis trois semaines une vaste offensive contre Tripoli tenue par le gouvernement d’union nationale, soutenu par la communauté internationale. Plus de 200 personnes dont des civils ont péri dans les violences, selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS).
Pour ce dernier, Sissi recevra les présidents d’Afrique du Sud, du Tchad, de la République démocratique du Congo, du Rwanda, de Djibouti et de Somalie, ainsi que de hauts responsables éthiopiens, sud-soudanais et le président de la commission de l’UA, Moussa Faki.
Toujours selon le même communiqué de la présidence, le sommet sur le Soudan « a pour objectif de discuter (…) des moyens les plus appropriés pour faire face à l‘évolution de la situation et de contribuer à la stabilité et à la paix. » Et la réunion sur la Libye « abordera les moyens d’endiguer la crise actuelle et de relancer le processus politique ainsi que l‘élimination du terrorisme », a-t-elle ajouté.
Rappelons que, le Soudan est secoué par des manifestations d'une ampleur inédite depuis le 19 décembre 2018 ce qui a provoqué le renversement du président déchu Béchir le 11 avril 2019. La Libye, pays du nord de l'Afrique, riche en pétrole, est plongée dans le chaos depuis la chute en 2011 du régime de Mouammar Kadhafi renversé par une révolte populaire qui a provoqué sa mort.
Danielle Ngono Efondo
L'ex-président soudanais Omar el-Béchir, renversé par l'armée le 11 avril, a été transféré dans la soirée du mardi 16 avril à la prison de Kobar, dans la capitale Khartoum, ont appris les agences de presse Reuters et AFP auprès de membres de sa famille. « Béchir a été transféré la nuit dernière dans la prison de Kober à Khartoum », a indiqué ce membre de la famille, s'exprimant sous anonymat pour des raisons de sécurité.
Omar El-Béchir, 75 ans, était jusque-là détenu par les militaires dans un lieu inconnu, depuis son arrestation à la suite de sa destitution par l'armée au terme de quatre mois d'un mouvement de contestation.
Il n’y a pour le moment aucune annonce officielle mais, selon des témoins cités par l'AFP, de nombreux soldats sont déployés autour de la prison de Kober ce mercredi 17 avril. Le symbole est d’autant plus fort que cette prison a une réputation sinistre : c'est la grande prison du régime où sont incarcérés les prisonniers politiques. Les détenus appellent leurs cellules des « cages », dorment à même le sol et vivent sous l'emprise de gardiens peu regardants sur les droits de l'homme.
On imagine qu'Omar el-Béchir bénéficie de conditions de détention aménagées mais reste que ce transfert, s'il est confirmé, répond à ce que réclament les manifestants depuis plus de quatre mois.
De son côté, Amnesty International a appelé l'armée à remettre le président déchu à la Cour pénale internationale (CPI), qui a émis contre lui il y a près de 10 ans des mandats d'arrêt pour « crimes de guerre » et « crimes contre l'humanité » puis pour « génocide » au Darfour (ouest).
Samedi, le général Abdel Fattah Buhrane, à la tête du Conseil militaire de transition au Soudan, a promis « d'éliminer les racines » du régime d'Omar el-Béchir. Ainsi donc, après avoir affirmé vendredi dernier qu'il refuserait d'extrader l’ex président soudanais, ce nouveau pouvoir a indiqué lundi, par la voix du général Jalaluddine Cheikh, que la décision serait « prise par un gouvernement populaire élu et non par le Conseil militaire ».
Danielle Ngono Efondo
Des dispositions qui interviennent deux jours, après la rencontre entre le chargé d'affaires Steven Koutsis, le plus haut diplomate américain à Khartoum et Mohamad Hamdan Daglo, chef adjoint du Conseil militaire.
C’est au cours de ces assises que cette solution aurait été envisagée, alors que dans la salle, l’on a noté la présence des chefs militaires ayant chassé M. el-Béchir du pouvoir. Selon un responsable du département d'Etat américain ayant requis l’anonymat, « c’est une véritable aubaine pour les responsables soudanais, qui cherchent depuis des années, à obtenir un tel retrait, ouvrant des discussions avec Washington ».
Pour cette source, l’une « façon d'y parvenir serait qu’ils parviennent à un changement fondamental dans la gouvernance de même que dans les politiques envisagées. Par ailleurs, le Conseil de transition militaire ne devrait plus soutenir les actes de terrorisme international. Nous attendons de leur part qu’ils nous donnent des assurances que le nouveau gouvernement ne soutiendra pas des actes de terrorisme international à l'avenir… ».
Il y’a une autre condition, selon responsable du département d'Etat américain : « les Etats-Unis attendent l’implication des civils dans un gouvernement provisoire et pour organiser des élections ».
L'actualité est encore brûlante. L’armée soudanaise a renversé le président Omar el-Béchir, au pouvoir depuis trente ans. C’était le 11 avril dernier, dans le sillage d'un mouvement de contestation populaire d'une ampleur inédite. Ce qui a permis la mise en place d’un Conseil militaire de transition censé perdurer deux ans.
Pourtant, les milliers de manifestants qui ont envahi les rues, ne semblent pas d’accord. Il y’a quelques heures encore, ils réclamaient la mise en place immédiate d'un gouvernement civil.
Les Etats-Unis ont multiplié depuis 1997 les sanctions économiques contre le Soudan, qui est inscrit sur la liste noire américaine des Etats soutenant le terrorisme depuis 1993.
En cause, des accusations de soutien à des groupes djihadistes. Certains médias ont à un moment, affirmé que le fondateur d'Al-Qaïda, Oussama ben Laden avait vécu à Khartoum entre 1992 et 1996. Dans la liste des faits reprochés au gouvernement soudanais, on peut relever les atteintes aux droits humains et le conflit au Darfour qui a fait plus de 300.000 morts depuis 2003.
M. el-Béchir, premier chef d'Etat visé par un mandat d'arrêt de la Cour pénale internationale, est recherché pour crimes de guerre, crimes contre l'humanité et génocide dans cette région de l'ouest du Soudan.
Nicole Ricci Minyem