« Il est désormais temps d’agir », a déclaré mercredi Fatou Bensouda devant les membres du Conseil de sécurité des Nations Unies. Consciente que le Soudan traverse actuellement une « période de transition politique incertaine ». Pour la Procureure de la Cour pénale internationale (PCI), la période de transition politique en cours au Soudan représente une « occasion unique » de s’attaquer de « manière décisive et efficace » à l’impunité qui sévit au Darfour.
La Procureure estime cependant que « le temps est venu pour le peuple soudanais de choisir le droit au détriment de l'impunité et de veiller à ce que les suspects de la CPI dans la situation au Darfour soient finalement traduits en justice devant un tribunal ». A l’instar du Conseil de sécurité, Mme Bensouda a demandé la cessation immédiate des violences à l’égard des civils au Soudan et demandé à ce que les responsables des crimes présumés répondent de leurs actes. « Il est impératif que les autorités soudanaises enquêtent rapidement et efficacement sur les allégations de violence à l'encontre de civils, y compris de violence sexuelle et sexiste, et que les responsables soient traduits en justice », a-t-elle indiqué.
Pour la Procureure, le Soudan « est maintenant à la croisée des chemins » et peut choisir d’entrer « dans un nouveau chapitre » de coopération avec son bureau et ainsi rendre des comptes pour les victimes du Darfour. Cinq mandats d'arrêt ont été émis par la CPI dans le dossier du Darfour. Outre l'ex-président El-Béchir, ils visent notamment deux suspects, Abdel Raheem Hussein et Ahmad Harun, qui auraient aussi été arrêtés à Khartoum, a indiqué la procureure.
Selon la Procureure, le Soudan reste légalement tenu de déférer ces suspects à la CPI pour y être jugés, à moins que les nouvelles autorités du pays puissent démontrer aux juges de La Haye qu’elles sont capables de véritablement les traduire en justice pour les mêmes affaires. Mme Bensouda s’est dit prête à dialoguer avec les autorités soudanaises pour que les suspects du Darfour soient traduits en justice de manière indépendante et impartiale, soit devant la CPI à La Haye, soit devant un tribunal au Soudan. « Je suis prête à engager un dialogue avec les autorités soudanaises pour faire en sorte que les suspects du Darfour soient traduits devant une justice indépendante et impartiale, soit dans une salle d'audience à La Haye, soit au Soudan. Le maintien de l'impunité n'est pas une option. Les victimes du Darfour méritent d'être enfin entendues devant un tribunal », a-t-elle estimé.
Et de conclure : « les victimes de la situation au Darfour attendent depuis trop longtemps que justice soit rendue. Nous ne devons pas les laisser tomber ».
Danielle Ngono Efondo