Ce lundi, les membres du Conseil militaire installés à la tête de ce pays ont résolu de disperser le sit-in à Khartoum où des milliers de manifestants réclament le transfert du pouvoir aux civils, selon le mouvement de contestation.
Des témoins ont indiqué à nos confrères de l’AFP qu’ils « entendent des bruits de coups de feu et qu’ils voient de la fumée s'échapper de la zone de sit-in… ».
Un autre résident affirme avoir vu les forces en uniforme de police tenter d'expulser les manifestants d'une rue près du sit-in.
Le bilan provisoire, établi par le comité central des médecins soudanais, proche du mouvement de contestation, fait état de deux morts et plusieurs blessés.
Depuis le 6 avril, des milliers de manifestants campent devant le siège de l'armée à Khartoum. Après avoir demandé le soutien des militaires contre le président Omar el-Béchir, ils réclament désormais le départ du pouvoir des généraux qui avaient évincé le chef de l'Etat le 11 avril.
Des négociations entre les deux camps visant à former un Conseil souverain, censé assurer la transition politique pour trois ans, ont échoué le 20 mai et le Conseil militaire a multiplié depuis les mises en garde à l'encontre du mouvement de contestation.
Il a notamment dénoncé des débordements autour du sit-in, les qualifiant de « menace pour la sécurité et la paix publiques et promettant d'agir avec détermination face à cette situation ».
L’Association des professionnels soudanais (SPA), acteur majeur de la contestation, a condamné ce qu’elle qualifie de « massacre sanglant » en appelant les Soudanais à la « désobéissance civile totale pour renverser le Conseil militaire perfide et meurtrier ».
Elle a également appelé les « révolutionnaires » à descendre dans les rues afin de poursuivre leurs marches de protestation.
Dans sa logique de contestation cartésienne et de refus de gouvernance de l’équipe de Abdel Fattah al-Burhane, chef du Conseil militaire au pouvoir, la SPA accuse les hommes en tenue de planifier de façon systématique et de s'employer à disperser le sit-in pacifique (...) avec une force et une violence excessives.
Il y’a une semaine, le mouvement de contestation avait appelé à une grève générale, à travers le pays et cette dernière avait été observée dans divers secteurs d'activité.
Malgré ce vent qui lui semble défavorable, Abdel Fattah al-Burhane, s'est rendu récemment en Egypte, aux Emirats arabes unis et en Arabie saoudite, trois pays qui n’ont pas manqué de lui donner leur soutien.
Nicole Ricci Minyem