Des dispositions qui interviennent deux jours, après la rencontre entre le chargé d'affaires Steven Koutsis, le plus haut diplomate américain à Khartoum et Mohamad Hamdan Daglo, chef adjoint du Conseil militaire.
C’est au cours de ces assises que cette solution aurait été envisagée, alors que dans la salle, l’on a noté la présence des chefs militaires ayant chassé M. el-Béchir du pouvoir. Selon un responsable du département d'Etat américain ayant requis l’anonymat, « c’est une véritable aubaine pour les responsables soudanais, qui cherchent depuis des années, à obtenir un tel retrait, ouvrant des discussions avec Washington ».
Pour cette source, l’une « façon d'y parvenir serait qu’ils parviennent à un changement fondamental dans la gouvernance de même que dans les politiques envisagées. Par ailleurs, le Conseil de transition militaire ne devrait plus soutenir les actes de terrorisme international. Nous attendons de leur part qu’ils nous donnent des assurances que le nouveau gouvernement ne soutiendra pas des actes de terrorisme international à l'avenir… ».
Il y’a une autre condition, selon responsable du département d'Etat américain : « les Etats-Unis attendent l’implication des civils dans un gouvernement provisoire et pour organiser des élections ».
L'actualité est encore brûlante. L’armée soudanaise a renversé le président Omar el-Béchir, au pouvoir depuis trente ans. C’était le 11 avril dernier, dans le sillage d'un mouvement de contestation populaire d'une ampleur inédite. Ce qui a permis la mise en place d’un Conseil militaire de transition censé perdurer deux ans.
Pourtant, les milliers de manifestants qui ont envahi les rues, ne semblent pas d’accord. Il y’a quelques heures encore, ils réclamaient la mise en place immédiate d'un gouvernement civil.
Les Etats-Unis ont multiplié depuis 1997 les sanctions économiques contre le Soudan, qui est inscrit sur la liste noire américaine des Etats soutenant le terrorisme depuis 1993.
En cause, des accusations de soutien à des groupes djihadistes. Certains médias ont à un moment, affirmé que le fondateur d'Al-Qaïda, Oussama ben Laden avait vécu à Khartoum entre 1992 et 1996. Dans la liste des faits reprochés au gouvernement soudanais, on peut relever les atteintes aux droits humains et le conflit au Darfour qui a fait plus de 300.000 morts depuis 2003.
M. el-Béchir, premier chef d'Etat visé par un mandat d'arrêt de la Cour pénale internationale, est recherché pour crimes de guerre, crimes contre l'humanité et génocide dans cette région de l'ouest du Soudan.
Nicole Ricci Minyem