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Frère de l'ex-président Abdelaziz Bouteflika, il était considéré comme le véritable homme fort du palais présidentiel, depuis l'accident vasculaire cérébral dont a été victime son frère Abdelaziz, en avril 2013. A ce titre, il est l'une des figures honnies des manifestants.

 

Saïd Bouteflika, âgé de 61 ans, n'était plus apparu en public depuis la démission de son frère 61 ans. Il a été interpellé ainsi que deux anciens hauts responsables du renseignement, le général Mohamed Mediene dit « Toufik », patron des services secrets d'Algérie durant 25 ans et, l'ex-coordinateur des services de renseignements Athmane Tartag alias « Bachir », selon une source sécuritaire.

 

Les raisons de cette interpellation n’ont pas été données et, en dehors de ce qui peut être considéré comme une fuite, ni la police, encore moins l'armée algérienne n’ont fait le moindre commentaire. 

 

Homme fort de facto du pays depuis qu'il a lâché l'ex-président, dont il avait été un fervent soutien dans le passé, le chef d'état-major de l'armée, le général Ahmed Gaïd Salah, entretient des relations houleuses avec le général « Toufik ».

 

Au milieu du mois d’avril, il l'avait accusé publiquement de conspirer pour entraver les solutions de sortie de crise et lui avait "lancé un dernier avertissement".

 

Sous la présidence d'Abdelaziz Bouteflika, le général Gaïd Salah avait poussé « Toufik » à la sortie en septembre 2015, puis avait contribué à la dissolution de son service placé sous la tutelle de l'armée mais qui était considéré comme un Etat dans l'Etat.

 

Autre personnalité dans le collimateur

Le général Tartag, présenté par la presse algérienne comme un proche de Saïd Bouteflika, avait lui été limogé aussitôt après la démission du chef de l'Etat. Lui aussi semblait avoir été visé indirectement par des accusations du chef d'état-major,  qui avait dénoncé une réunion entre des « individus connus (...) en vue de mener une campagne médiatique virulente contre l’armée ».

 

Selon la presse, cette rencontre avait réuni le général « Toufik », le général Tartag et Saïd Bouteflika. Mais le premier avait nié avoir rencontré le général Tartag à cette "pseudo-réunion, dans une déclaration transmise à des médias.

 

L'ancien homme fort de l'armée algérienne, le général Khaled Nezzar, a accusé récemment Saïd Bouteflika de vouloir instaurer l’état d’urgence ou l’état de siège, et d'avoir même envisagé de limoger le général Gaïd Salah, avant la démission de son frère.

 

Plusieurs personnalités proches du régime Bouteflika politiques ou économiques- ont été entendues ou arrêtées ces dernières semaines. Cinq puissants et richissimes hommes d'affaires, dont quatre proches de M. Bouteflika et de son frère, ont été placés en détention provisoire. Le parquet d'Alger a aussi entendu cette semaine Ahmed Ouyahia, quatre fois Premier ministre depuis 1995.

 

Le général Gaïd Salah a récemment appelé la justice à accélérer la cadence des enquêtes, une demande assimilée à une "injonction" par ses détracteurs.

 

Certains observateurs craignent que, tout en étant une réponse à la contestation qui dénonce les liens entre le pouvoir et les "oligarques" -des hommes d'affaires ayant fait fortune grâce à des contrats publics-, ces enquêtes servent de levier de "purge" interne.

 

En rappel, c’est depuis le 22 Février dernier que l'Algérie est le théâtre de manifestations. Ce sont ces dernières qui ont poussé Abdelaziz Bouteflika à la démission le 2 avril après 20 ans à la tête de ce pays pétrolier. Mais les protestataires continuent de réclamer le départ de toutes les figures du système lié à l'ancien président.

 

Nicole Ricci Minyem

Published in International






Sunday, 05 June 2022 11:01