Ces arrestations en cascade interviennent quatre jours après des manifestations contre le Président Abdel Fattah al-Sissi au Caire. Plus d'un millier de personnes ont été mises aux arrêts, aux rangs desquels universitaires et militants politiques.
Ce vendredi 20 septembre 2019, selon les informations relayées par des ONG locales, plus d'un millier de personnes ont fait l'objet d'arrestations en Égypte suite à des manifestations anti-Abdel Fattah al-Sissi. En effet, plusieurs centaines de personnes avaient bravé l'interdiction de protester contre le pouvoir en place au Caire et dans d'autres villes du pays. Elles ont scandé, "Sissi dégage", répondant ainsi favorablement à l'appel de Mohamed Aly, l'homme d'affaire exilé en Espagne.
La riposte des forces de l'ordre
Pour disperser les protestataires, les forces de l'ordre sont intervenus et ont fait usage du gaz lacrymogène. Elles ont ensuite procédé à l'arrestation des manifestants, des journalistes et militants politiques par centaine.
Plusieurs ONG n'ont pas tardé de dénoncer ces arrestations. Il s'agit notamment, d'Amnesty International, Human Rights Watch ou The Commitee to project journalists (CPJ). En ce qui concerne le Mouvement démocratique civil, coalition de gauche, il a invité les autorités à relâcher toutes les personnes arrêtées et appelle à un "dialogue national".
A en croire le Centre égyptien pour les libertés et les droits, 1.003 personnes ont été arrêtées depuis vendredi. Le Centre pour les droits économiques et sociaux quant à lui parle de 1.298 arrestations.
L'on note plusieurs figures universitaires ou militaires connues pour leurs positions critiques vis-à-vis du Gouvernement qui font partie des personnes arrêtées récemment. Parmi elles, Khaled Dawoud, ancien responsable du parti libéral d'opposition Al-Dostour et membre du Mouvement démocratique civil qui a été interpellé et déféré mercredi devant la justice, selon les annonces faites par ses avocats. Politiciens et journalistes, ont fait l'objet des accusations d'avoir diffusé des fausses nouvelles et d'avoir rejoint un groupe"terroriste". Pour ce faire, ils ont été placés en détention provisoire pour quinze jours.
Hassan Nafaa, un professeur de l'université de Caire fait partie d'intellectuels mis aux arrêts. Il avait écrit lundi sur son compte twitter : "je n'ai pas de doute que le pouvoir absolu de Sissi va mener à une crise". Il poursuivait en disant : "c'est dans l'intérêt de l'Egypte qu'il quitte le pouvoir aujourd'hui, mais il ne partira que sous la pression publique de la rue".
Innocent D H
Selon un communiqué de la présidence égyptienne lundi 22 avril, le président Abdel Sissi recevra ses homologues Idriss Déby (Tchad), Ismaïl Omar Guelleh (Djibouti), Paul Kagame (Rwanda), Denis Sassou-Nguesso (Congo), Mohamed Abdullahi Mohamed (Somalie) et Cyril Ramaphosa (Afrique du Sud), pour le premier sommet qui portera sur la situation au Soudan où la contestation populaire se poursuit malgré la destitution du président Omar el-Béchir par l’armée. Toutefois, les manifestants toujours mobilisés réclament un gouvernement totalement civil et les militaires refusent de le faire jusqu'à présent.
Pour rappel, l'UA a menacé le 15 avril dernier de suspendre le Soudan si l'armée ne quittait pas le pouvoir d'ici 15 jours, au profit d'une « autorité politique civile. »
Par ailleurs, Le second sommet portera sur la situation en Libye où, le chef de l’Armée nationale libyenne, le maréchal Khalifa Haftar, a lancé depuis trois semaines une vaste offensive contre Tripoli tenue par le gouvernement d’union nationale, soutenu par la communauté internationale. Plus de 200 personnes dont des civils ont péri dans les violences, selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS).
Pour ce dernier, Sissi recevra les présidents d’Afrique du Sud, du Tchad, de la République démocratique du Congo, du Rwanda, de Djibouti et de Somalie, ainsi que de hauts responsables éthiopiens, sud-soudanais et le président de la commission de l’UA, Moussa Faki.
Toujours selon le même communiqué de la présidence, le sommet sur le Soudan « a pour objectif de discuter (…) des moyens les plus appropriés pour faire face à l‘évolution de la situation et de contribuer à la stabilité et à la paix. » Et la réunion sur la Libye « abordera les moyens d’endiguer la crise actuelle et de relancer le processus politique ainsi que l‘élimination du terrorisme », a-t-elle ajouté.
Rappelons que, le Soudan est secoué par des manifestations d'une ampleur inédite depuis le 19 décembre 2018 ce qui a provoqué le renversement du président déchu Béchir le 11 avril 2019. La Libye, pays du nord de l'Afrique, riche en pétrole, est plongée dans le chaos depuis la chute en 2011 du régime de Mouammar Kadhafi renversé par une révolte populaire qui a provoqué sa mort.
Danielle Ngono Efondo