Le gouvernement libyen d'union nationale dénonce des violations de la trêve par les forces du maréchal Haftar.
Les négociations dans l’impasse. Le gouvernement libyen d’union nationale (GNA), basé dans la capitale et reconnu par l’ONU, a annoncé dans la nuit de mardi à mercredi la suspension de sa participation aux travaux d’une commission conjointe militaire à Genève, sous l’égide de l’ONU, à la suite de violations répétées de la trêve.
« Nous annonçons la suspension de notre participation aux pourparlers militaires qui se déroulent à Genève jusqu’à ce que des positions fermes ne soient adoptées à l’encontre de l’agresseur (Khalifa Haftar) et ses violations » de la trêve, a indiqué le GNA dans un communiqué.
Confirmée lors du sommet international du 19 janvier à Berlin, cette commission militaire conjointe est composée selon le format dit « 5+5 », avec cinq membres représentant le GNA et cinq autres le maréchal Khalifa Haftar, homme fort de l’est libyen dont les forces tentent de s’emparer de Tripoli depuis avril dernier.
15 roquettes tirées mardi
Mardi en début d’après-midi, le port maritime de Tripoli et al-Chaab, un port secondaire, ont été la cible de plus de 15 roquettes, malgré l’entrée en vigueur en janvier d’un cessez-le-feu peu respecté par les forces en conflit en Libye. Selon Amin al-Hachemi, porte-parole du ministère de la Santé, trois civils ont été tués et cinq autres blessés.
« Il est clair que l’objectif des bombardements systématiques des zones résidentielles, de l’aéroport et du port, en plus du blocage total des installations pétrolières, est de provoquer des crises pour les citoyens dans tous les aspects de leur vie », a noté le communiqué.
Selon le GNA, ayant « échoué militairement à s’emparer du pouvoir, l’agresseur (Haftar) tente, en vain, de créer un état de confusion pour déstabiliser » la population. En outre, le GNA a condamné les « violations commises avant et pendant la trêve », les qualifiant de « crimes de guerre documentés », nécessitant « des mandats d’arrêt » internationaux.
Il a dénoncé « le mépris continu » de la résolution du conseil de sécurité, adoptée la semaine dernière, et des décisions du sommet international de Berlin. Les belligérants libyens ont entamé mardi une nouvelle série de pourparlers militaires indirects, en présence de l’émissaire des Nations unies pour la Libye, Ghassan Salamé. « Sans un cessez-le-feu durable (…) les négociations n’ont aucun sens. Il ne peut y avoir de paix sous les bombardements », a souligné le GNA.
N.R.M
Ce jeudi 30 janvier 2020 s’ouvre à Brazzaville au Congo, le huitième sommet du Comité de haut niveau de l’Union africaine (UA) sur la Libye. Il est question à travers les assises de faire entendre la voix de l’Afrique et de procéder à l’actualisation de la feuille de route de l’Union africaine dans la crise libyenne qui dure déjà depuis plusieurs années.
Le sommet de Brazzaville qui s’ouvre ce jeudi, se tient dans un contexte où la conférence internationale sur la paix en Libye vient récemment de se tenir à Berlin en Allemagne. Cette conférence quant à elle est intervenue à quelques jours de la conférence des chefs d’Etats et gouvernement de l’UA à Addis-Abeba en Ethiopie. Le présent sommet s’inscrit ainsi dans le cadre de la batterie d’actions menées par l’Afrique en vue du règlement du conflit libyen.
La présence des acteurs majeurs
Plusieurs acteurs majeurs de la crise libyenne sont regroupés à la faveur de ce sommet. Il s’agit notamment, des chefs d’Etat et de gouvernement du Comité de Haut niveau, des représentants des pays africains membres du Conseil de sécurité des Nations-Unies, ceux des pays du Conseil de paix et sécurité de l’UA, sans oublier les représentants des Etats Sahélo-saliens. L’Allemagne, la Russie, la France, l’Italie et les Nations-Unies, sont entre autres les partenaires internationaux sur le dossier libyen.
Les différentes parties libyennes y sont aussi représentées à travers les partisans des principaux protagonistes de cette guerre qui accélère la déliquescence de ce pays.
Le sommet sur la crise libyenne permettra à Denis Sassou N’Guesso, le président congolais de réaffirmer la position du continent africain, en sa qualité de président du Comité de l’UA sur la Libye.
En ligne de mire des assises, la tenue du forum sur la réconciliation nationale inter libyen, inclusif, qui pressenti comme étant un préalable à la tenue des élections libres crédibles et apaisées en Libye. Il y a aussi l’actualisation de la feuille de route de l’UA sur la Libye, en ce qui concerne la mise en place du comité préparatoire, du comité de facilitation, ainsi que la définition des modalités d’organisation dudit forum.
Innocent D H
Un récit de nos confrères de l’AFP permet de vivre les réalités des populations qui autrefois étaient enviées et prises comme exemple par tous. Un pays dirigé par un Africain considéré par les « défenseurs des droits de l’homme » comme un tyran.
Faraj al-Doukali s’empresse de décharger de sa camionnette des dizaines de sacs-poubelles qu’il dépose sur un trottoir à Siyahiya, un quartier résidentiel de l’ouest de la capitale libyenne Tripoli, devenue une décharge à ciel ouvert.
« Chaque week-end, je ramasse les poubelles de mes quatre frères dans la ferme où nous vivons tous et je cherche un endroit où les jeter. Je n’ai d’autre choix que de les déposer sur le trottoir », se justifie-t-il.
Des tonnes de détritus débordent désormais des poubelles et s’amoncellent sur les trottoirs dans tous les quartiers de Tripoli, une agglomération de plus de deux millions d’habitants.
Cette crise d’ordure s’ajoute au calvaire des Tripolitains dont le quotidien est rythmé par des pénuries en tout genre (carburant, électricité, liquidité…).
Excédés autant par les odeurs pestilentielles que par la vue des rats et chats errants festoyant au milieu des poubelles, certains riverains incendient les ordures, parfois à même la chaussée.
Ainsi, quand ce ne sont pas les odeurs des détritus en pleine putréfaction, ce sont les colonnes de fumée nauséabonde qui se dégagent dans les rues de la capitale.
La crise des ordures n’est pas un fait nouveau à Tripoli, mais elle a atteint ces derniers mois des proportions alarmantes, alors que la capitale est le théâtre à ses portes d’une guerre de position entre pouvoirs politiques rivaux.
Les camions municipaux ne ramassent ainsi plus les poubelles, n‘étant pas en mesure d’atteindre la principale décharge, située en zone de combats.
Celle-ci se trouve à Sidi al-Sayeh, à 45 km au sud de Tripoli, où les affrontements font rage entre les forces loyales au Gouvernement d’union nationale (GNA), reconnu par l’ONU et basé à Tripoli, et celles du maréchal Khalifa Haftar, depuis le début de l’offensive de ces derniers, le 4 avril.
M. Doukali crie sa colère : « Est-ce que c’est au citoyen de ramasser les poubelles? Pourquoi est-ce que le gouvernement et les municipalités ne mettent pas des bennes dans chaque quartier à disposition des usagers» ?
"Trouvez-nous des solutions"
« Je m’adresse au gouvernement de l’Est (qui appuie Haftar) et celui de l’Ouest (le GNA): gardez les portefeuilles ministériels et l’argent mais trouvez une solution à la crise des ordures qui nous rendent malades », lance un passant, hors de lui.
Pour Tarek al-Jadidi, directeur de l’assainissement de l’environnement au Centre national de prévention des maladies à Tripoli, « la crise ne pourra que s’aggraver, sans règlement du conflit et solutions de long terme. Il y a l’absence d’une sensibilisation environnementale des citoyens, les institutions de l’Etat qui sont incapables de gérer l’accumulation des déchets dans les rues, en plus des conflits qui empêchent la mise en œuvre de plans appliqués dans d’autres pays », énumère M. al-Jadidi.
Le traitement des ordures à Tripoli se fait en plusieurs étapes: « D’abord il y a les dépôts d’ordures de transit puis la décharge principale qui se trouve dans la zones de combats », explique ce responsable.
Ainsi, les dépôts de transit, devenus de facto des décharges principales, sont saturés.
Maladies respiratoires
Et l’industrie du tri et de recyclage des ordures en Libye est quasi-inexistante : « Certains déchets, comme le verre, le papier et le plastique, peuvent être recyclés si l’on charge des entreprises spécialisées de le faire mais il faut une stabilité sécuritaire pour que le travail de ces entreprises ne soit pas interrompu », dit encore M. al-Jadidi.
Rouqaya al-Hachemi, chercheuse spécialiste des questions d’environnement, a récemment mené une étude de terrain sur la crise des ordures dans la capitale.
Elle note que les maladies respiratoires et dermatologiques ont nettement augmenté parmi les enfants, les personnes âgées et les femmes enceintes.
« Les citoyens sont conscients des risques sur l’environnement et des dangers des incendies sauvages des ordures », avance-t-elle. Mais que faire?
Pour régler cette crise chronique, Mme al-Hachemi recommande « la création d’un ministère de l’Environnement pour gérer le dossier des ordures et des lois pour sanctionner les contrevenants ».
N.R.M
Jeudi 19 septembre, un migrant soudanais a été tué par balle par des garde-côtes libyens. Selon les faits relayés par plusieurs médias, après avoir été intercepté en mer, le migrant tentait de s'enfuir afin d'échapper à son renvoi en centre de détention. L'Organisation internationale des migrations (OIM) condamne cet « incident » et réclame l'ouverture d'une enquête approfondie.
Selon un communiqué de l’OIM, la tragédie s’est produite au point de débarquement d’Abusitta à Tripoli, alors que 103 personnes, qui ont été interceptées en mer par les autorités libyennes et débarquées au port de Tripoli, ont refusé d’être envoyées en centre de détention. Le personnel de l'OIM qui était sur place pour apporter de l'aide aux migrants a rapporté que des hommes armés avaient commencé à tirer en l'air lorsque plusieurs migrants avaient tenté de s'enfuir de leurs gardes.
Le migrant soudanais décédé a été touché par une balle dans le ventre. Bien qu'il ait immédiatement reçu une aide médicale sur place d'un médecin de l'OIM et ait ensuite été transféré dans une clinique proche, il est décédé deux heures après son admission.
« C'était une tragédie imminente », a déclaré le porte-parole de l'OIM, Leonard Doyle. « L'utilisation de balles réelles contre des civils vulnérables non armés, hommes, femmes et enfants, est inacceptable en toutes circonstances et suscite des inquiétudes quant à la sécurité des migrants et du personnel humanitaire. » A-t-il ajouté. L'OIM appelle les autorités libyennes à mener une enquête approfondie sur cet incident et à traduire les responsables en justice.
« La mort de cet homme constitue un rappel brutal des conditions difficiles auxquelles sont confrontées les migrants en Libye, notamment dans les centres de détention dont "les conditions ont été condamnées par l’OIM et l’ONU », signale l’agence onusienne. Toujours selon l’ONU, environ 5 000 personnes sont encore détenues dans des conditions inhumaines dans les centres de détentions libyens, dont 3 000 dans les zones de conflits.
Notons ici que, des milliers de personnes tentent tous les jours de profiter du chaos en Libye pour transiter par là et franchir les portes de l’Europe. Plusieurs d’entre elles meurent en mer et d’autres se font arrêter et enfermer dans des centres de rétentions en attendant leur rapatriement.
Les internautes qualifie cet incident d’inhumain et demandent que justice soit rendue.
Danielle Ngono Efondo
L'Agence des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), a indiqué mardi 27 août, qu’au moins 40 personnes se seraient noyées au large des côtes de la Libye lors d’une nouvelle tragédie en mer Méditerranée. Ainsi, cet incident choquant a incité le HCR, à renouveler son appel urgent à l’action pour sauver des vies humaines.
Une soixantaine de personnes ont été secourues et emmenées à terre dans la ville côtière d’Al-Khoms, à environ 100 kilomètres à l’est de Tripoli, lors d’une opération de sauvetage, menée par les garde-côtes libyens et un pêcheur local. Indique le site officiel de l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés.
« Nous ne devons pas simplement accepter ces tragédies comme inévitables », a déclaré Vincent Cochetel, Envoyé spécial du HCR pour la Méditerranée centrale. « Les condoléances doivent maintenant se muer en actions pour prévenir les pertes en vies humaines en mer et éviter le désespoir qui motive en premier lieu des personnes à risquer leur vie. » A-t-il ajouté.
Les équipes du HCR fournissent une assistance médicale et humanitaire aux survivants. Ce tout dernier incident survient quelques semaines seulement après un naufrage qui avait coûté la vie à environ 150 personnes lors de la pire tragédie survenue en Méditerranée cette année.
Le HCR estime de ce fait que, depuis début 2019, quelque 900 personnes ont péri en tentant de traverser la mer Méditerranée. Il appelle cependant à redoubler d’efforts pour réduire les pertes en vies humaines en mer, y compris avec le retour des navires battant pavillon de pays de l’UE pour la recherche et le sauvetage.
Les restrictions juridiques et logistiques imposées aux opérations maritimes ou aériennes des ONG pour la recherche et le sauvetage devraient être levées. « Les États côtiers devraient faciliter, et non entraver, les efforts volontaires visant à réduire le nombre de décès en mer. » a dit le HCR. Ces mesures devraient aller de pair avec une augmentation des lieux d’évacuation et de places de réinstallation de la part des États pour mettre les réfugiés en Libye à l’abri du danger.
Danielle Ngono Efondo
Le gouvernement libyen, reconnu internationalement, a déclaré vendredi avoir accepté une trêve pour les fêtes de l’Eid musulman dans sa guerre avec le commandant militaire de l’Est Khalifa Haftar.
Le gouvernement d’Accord national défend la capitale libyenne, Tripoli, d’une offensive de Haftar, dont les forces doivent encore s’engager dans la trêve. Une source proche de la LNA a déclaré que Haftar était enclin à accepter l’arrêt des combats qui va durer plusieurs jours à partir de dimanche. Les Nations Unies ont réclamé un cessez-le-feu entre le gouvernement de Tripoli et les combattants de Haftar, qui ont lancé en avril une campagne visant à prendre la ville.
Le département d’Etat américain a refusé de commenter immédiatement l’annonce de Tripoli. L’émissaire de l’ONU en Libye, Ghassan Salame, a déclaré qu’un cessez-le-feu de vacances devrait être suivi d’une conférence internationale pour mettre fin à la guerre qui a entraîné une escalade de l’intervention étrangère.
La Turquie est l’un des soutiens du gouvernement basé à Tripoli, tandis que l’armée nationale libyenne de Haftar est soutenue par les Émirats arabes unis et l’Égypte. La France et les Nations Unies ont réclamé un accord politique et économique global prévoyant une meilleure répartition des ressources entre l’ouest et l’est de la Libye, une demande clé de Haftar, ont déclaré trois diplomates à Bloomberg sous anonymat.
Aucun des diplomates n’a demandé si le plan de cessez-le-feu envisageait également un retrait des forces de Haftar, une demande phare du gouvernement de Tripoli. Les discussions avec Haftar exigeraient au moins son retrait de sa principale base avancée de Jufra au centre de la Libye, a déclaré un haut responsable du gouvernement de Tripoli, rapporté par la même source.
Le contrôle de la Libye est divisé entre le commandant Hifter, dont l’Armée nationale libyenne (ANL) domine l’Est et une grande partie du Sud du pays, et le premier ministre Fayez Sarraj, qui dirige le gouvernement à Tripoli, reconnu par les Nations unies.
Par ailleurs, en dressant un bilan provisoire il y’a quelques semaines, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) avait fait un tweet, dans lequel il indiquait le nombre des victimes : « le nombre des victimes tombées depuis le début de l'offensive menée par le général à la retraite Khalifa Haftar, commandant des forces de l'Est, contre la capitale libyenne Tripoli, a atteint plus de cent (100) morts et les blessés se comptent par centaine, eux aussi.
Nicole Ricci Minyem
Selon Jeune Afrique, c’est au début du mois d’Avril que le maréchal Khalifa Haftar et ses troupes sont bloqués à l’entrée de Tripoli. Ils font face aux forces loyales au Gouvernement d’union nationale, qui tentent tant bien que mal de les repousser même si la reprise du Sud de la ville leur cause des soucis.
« L’incapacité d’un camp comme de l’autre à progresser militairement (…) les pousse à repenser autrement leurs tactiques militaires. Les deux parties ciblent désormais les bases arrière et les centres d’approvisionnement et de rassemblement des troupes de l’adversaire pour l’affaiblir », explique Khaled al-Montasser, professeur à l’université de Tripoli.
Illustrant ce revirement tactique, les deux camps ont intensifié depuis quelques jours, leurs frappes aériennes à l’aide d’avions de combat et drones. Samedi et dimanche, l’autoproclamée Armée nationale libyenne (ANL) du maréchal Haftar a annoncé avoir bombardé plus de dix cibles, soigneusement sélectionnées, dont l’Ecole militaire à Misrata, à 200 km à l’est de Tripoli. Selon le gouvernement de Tripoli, cinq médecins ont été tués dans ce raid.
Des frappes qui interviennent peu après celles menées vendredi par les forces pro-GNA contre la base d’al-Joufra – à 650 km au sud de Tripoli – un site stratégique pour les troupes du maréchal Haftar après la perte fin juin de leur base arrière à Gharyan : « Nous avons l’ordre de libérer al-Joufra des milices Haftar. C’est une base d’approvisionnement importante pour ses forces », a affirmé Moustafa al-Mejii, porte-parole des forces du GNA.
« Le GNA espère une grande victoire comme celle de Gharyan », estime l’analyste libyen Jalal al-Fitouri. Reprendre al-Joufra permettrait d' »isoler les forces de Haftar », juge-t-il.
De cette base décollent les avions et les drones du maréchal, affirme le général Oussama Juili, qui garantit sur Facebook qu’elle est gardée par des opposants soudanais et des mercenaires étrangers. Les deux parties s’accusent mutuellement d’être soutenue par des pays étrangers.
Une trêve souhaitée par l’organisme des Nations Unies
Face à cette nouvelle stratégie des belligérants, l’émissaire spécial de l’ONU pour la Libye, Ghassan Salamé, a appelé à une trêve d’ici le 10 août, date à laquelle est célébrée l’Aïd al-Adha, fête musulmane dite « du sacrifice ».
S’adressant au Conseil de sécurité de l’ONU depuis Tripoli, il a mis en garde contre la montée des tensions : « Les parties, ignorant les appels à la désescalade, ont intensifié les raids aériens, avec des frappes de précision par des avions et des drones. La portée géographique de la violence s’est également étendue », s’est-il inquiété, avant d’exhorter à une trêve accompagnée de « gestes de confiance entre les parties, notamment l’échange de prisonniers et des dépouilles, et la libération de personnes en détention arbitraire ou forcée ».
L’émissaire onusien a proposé un plan en trois étapes au Conseil de sécurité: La mise en place d’un cessez-le-feu - une réunion de haut niveau entre les pays concernés par la crise libyenne pour faire respecter l’embargo sur les armes en Libye – La rencontre en Libye des personnalités influentes du pays pour cimenter un consensus.
« Les risques d’une guerre d’usure ou d’une escalade vers un conflit armé sur les rives du sud de la Méditerranée sont également inacceptables », a-t-il martelé, exhortant les Libyens à ne plus tenter d'atteindre leurs objectifs par des moyens militaires ».
Toutefois, l’analyste Jalel Harchaoui, chercheur à l’Institut Clingendael de La Haye, « les factions libyennes ainsi que leurs mécènes étrangers sont convaincues du bien-fondé de la solution militaire. Chaque acteur, chaque décisionnaire espère que la violence lui permettra de gagner. Cet état d’esprit est inquiétant et dangereux ».
Nicole Ricci Minyem
« Un bateau rempli de réfugiés et migrants a fait naufrage jeudi 25 juillet, au large des côtes libyennes près d’Al Khoms. L’embarcation a chaviré après que le moteur soit tombé en panne », a indiqué l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) sur son compte Twitter. 140 personnes ont été secourues et débarquées en Libye. Le Haut-Commissaire de l'ONU pour les réfugiés (HCR), Filippo Grandi, a appelé dès hier soir à la reprise des opérations de sauvetage en mer et la fin de la détention des réfugiés et des migrants en Libye.
Selon les témoignages recueillis par Médecin sans Frontière, ils étaient entassés sur plusieurs embarcations en bois, vraisemblablement arrimés les uns aux autres. Un survivant a indiqué qu’un nombre important de personnes est mort en mer. « La plupart des passagers à bord étaient Erythréens. Des femmes et des enfants figurent parmi les morts », a précisé sur Twitter, Charlie Yaxley, porte-parole du HCR. L’OIM a indiqué que des Soudanais figuraient également dans le bateau.
Cette année, une personne sur six ayant tenté de rejoindre l’Europe depuis la Libye est morte en Méditerranée. « Un taux de décès choquant », a dit M. Yaxley. « Nous ne pouvons pas ignorer que les voyages en bateau deviennent de plus en plus meurtriers. Nous ne pouvons pas fermer les yeux », a insisté le porte-parole du HCR.
Par ailleurs, de nombreuses interrogations subsistent sur le sort des personnes secourues en mer et qui ont été ramenées en Libye, où les conditions de détention pour les migrants sont jugées aujourd'hui comme inhumaines par beaucoup d'organisations. Le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) s’est dit préoccupé par le sort « incertain » de ces survivants.
« À la lumière des abus, de la violence, des mauvais traitements et des décès qui continuent de se produire, aucun enfant ne devrait être détenu dans ces centres de détention en Libye », a souligné Henrietta Fore, la Directrice exécutive de l’UNICEF, sur Twitter. « Sans action urgente, nous continuerons de voir des enfants mourir lors de ces périples », a-t-elle prévenu. « Des solutions (alternatives à la détention arbitraire) existent », a rappelé M. Cochetel, soulignant que le HCR et ses partenaires sont prêts à mettre en œuvre les solutions si les autorités libyennes acceptent de mettre fin au système de détention actuel.
Danielle Ngono Efondo
« Il y aura un prix très élevé à payer à toute attitude hostile ou attaque. Nous riposterons de la façon la plus efficace et forte », a déclaré le ministre à l’agence de presse turque Anadolu.
« Les efforts de la Turquie en Libye visent à contribuer à la paix et à la stabilité dans la région. Nous accompagnons toutes les mesures prises sur place pour faire face aux menaces ou actions hostiles contre la Turquie », a encore assuré M. Akar.
Une promesse dont il faut tenir compte
Il y’a quelques jours, le maréchal Khalifa Haftar, l’homme fort de l’est libyen, a promis de s’attaquer aux intérêts turcs en Libye, accusant Ankara de soutenir militairement ses rivaux du gouvernement d’union nationale (GNA) qui a dénoncé samedi des menaces “irresponsables”.
Après avoir essuyé un sérieux revers dans le cadre de son offensive sur Tripoli, il a ordonné à ses forces de prendre pour cible les navires et intérêts turcs, d’interdire les vols depuis et vers la Turquie et d’arrêter les ressortissants turcs en Libye, a annoncé vendredi son porte-parole, le général Ahmad al-Mesmari.
Le GNA, qui ne contrôle qu’une partie du pays, a rétorqué qu’il garantirait la sécurité des ressortissants étrangers, y compris turcs, en Libye.
La confirmation du Président Turc
Recep Tayyip Erdogan a affirmé que son pays soutenait le GNA, reconnu internationalement et basé dans la capitale libyenne et, lui fournissait des armes dans le cadre d’un accord de coopération militaire.
Le 20 juin, il avait déclaré à des journalistes que le soutien turc avait permis à Tripoli de rééquilibrer la lutte contre Haftar, qui bénéficie du soutien des Emirats arabes unis et de l’Egypte.
Selon le général Mesmari : « Ankara intervient dans la bataille de façon directe avec ses soldats, ses avions et ses navires ; par la mer et des approvisionnements en armes et munitions arrivent directement de Turquie aux forces du GNA via la Méditerranée… ».
Mais à Tripoli, ses rivaux ont démenti catégoriquement la présence de militaires étrangers ou de nationalité turque dans les territoires sous l’autorité du GNA.
Interrogé sur la menace libyenne, M. Erdogan a déclaré qu’il n’en avait pas connaissance, mais que la Turquie prendrait les mesures nécessaires après avoir évalué la situation.
Nicole Ricci Minyem
La situation est critique. Les combats ont gagné en intensité aux abords de la capitale libyenne. Pourtant, le maréchal libyen affirme que les conditions ne sont pas réunies dans son pays, pour que les hostilités prennent fin. C’est l’une des déclarations fortes qu’il a faite, au sortir de l’audience que lui a accordé ce mercredi à Paris, le président français. Une fin de non recevoir alors qu’il était à reprendre le processus politique pour « sortir le pays du chaos et, qu’une cessation des hostilités intervienne le plus tôt possible » selon la présidence française.
Toutefois, a reconnu le palais présidentiel : « la défiance entre les acteurs libyens est plus forte que jamais et on voit bien l'impasse entre le souhait de la communauté internationale pour une cessation des hostilités et la manière de voir du maréchal Haftar ».
Dans le communiqué de la présidence française, il est précisé que : « Durant les échanges en présence du ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian, le maréchal a longuement expliqué et justifié l'offensive militaire qu'il a lancée début avril sur Tripoli pour lutter contre les milices privées et les groupes radicaux dont l'influence grandit dans la capitale ».
En plus, « Son autoproclamée Armée nationale libyenne (ANL) fait cependant face à la résistance des forces du Gouvernement d'union nationale (GNA), reconnu par la communauté internationale et basé dans la capitale. Les combats ont fait depuis le 4 avril plus de 510 morts et 2.467 blessés, selon l'Organisation mondiale de la Santé.
Le maréchal Haftar a présenté à Emmanuel Macron, la situation sur le terrain comme étant en progrès et en dynamique, en affirmant qu'il consolidait progressivement ses positions.
A la fin de la réunion, il a semblé convaincu qu'une reprise du processus politique était indispensable mais il n'a pas indiqué s'il allait faire une ouverture en ce sens prochainement ».
De son côté, le chef du GNA, Fayez al-Sarraj, a estimé ce mercredi à Tunis que : « le cessez-le-feu en Libye ne pouvait se faire sans le retrait des agresseurs, c'est-à-dire des forces du maréchal Khalifa Haftar ».
L'Élysée a annoncé que la diplomatie française serait très active dans les prochaines semaines, pour essayer de favoriser une solution. Elle entend maintenant pour cela, un dialogue constant avec l'ONU, l'Italie, ancienne puissance coloniale, les autres capitales européennes, Washington et les acteurs régionaux, comme l'Égypte.
Durant la discussion, le maréchal Haftar a évoqué de récentes livraisons d'armes étrangères dont auraient bénéficié les milices, malgré l'embargo de l'ONU.
En début de semaine, l'émissaire de l'Organisation des Nations Unies pour la Libye, Ghassan Salamé, devant le Conseil de sécurité, a mis en garde contre « le début d'une guerre longue et sanglante qui pourrait conduire à la division permanente du pays ».
Face à M. Haftar, l'Élysée a aussi fait part de ses préoccupations quant à la recrudescence des actions de groupes armés dans le sud de la Libye, à la frontière avec le Niger et le Tchad, deux pays proches de la France.
Nicole Ricci Minyem