Le 21 octobre 2019, en Ouganda 16 militants LGBT ont été arrêtés et soumis à des actes de torture par la police. Une situation qui incite à la violence contre les homosexuels, selon les alertes faites par plusieurs ONG.
Plus d’une semaine écoulée après l’arrestation de 16 militants de la LGBT, puis soumis par la suite à des tests anaux forcés par la police ougandaise. La division LGBT de l’ONG Human Rights Watch s’alarme de la recrudescence des actes de violence à l’égard des personnes appartenant à la minorité que constitue la population LGBT d’Ouganda où l’homosexualité est passible de la prison à vie.
Une situation inquiétante
Neela Ghoshal précise à France 24 que les seize hommes interpellés ont été certes relâchés le jeudi d’après, mais leur dossier judiciaire reste ouvert pour infraction à la loi anti-homosexuels. Une situation qui inquiète HRW qui fait savoir que ces militants sont convoqués dans deux semaines et leurs avocats n’ont pas accès à leur dossier.
L’ONG Human Rights Watch demande dans le même temps que les auteurs des tests anaux effectués soient punis pour torture. En effet, le Comité des Nations unies contre la torture considère l’utilisation d’examens anaux forcés destinés à trouver des « preuves » contre des personnes accusées d’homosexualité comme un « acte de torture ».
L’augmentation des attaques
L’organisation Sexual minorities Uganda(SMUG) explique que les attaques contre les personnes LGBT ont fortement augmenté au cours des dernières semaines, et ce depuis les déclarations du ministre ougandais de l’Ethique, Simon Lokodo, souhaite un durcissement de la législation contre les homosexuels. En début du mois d’octobre, le ministre a demandé un réexamen de la loi de façon à imposer aux personnes homosexuelles, la peine de mort. Pour l’instant, il faut indiquer que la législation ougandaise, déjà durcie en 2014, punit l’homosexualité d’une peine de perpétuité. Neela Ghoshal, alerte d’ailleurs, « Depuis 2014, il n’y avait pas encore eu de condamnation. Juste des arrestations ici et là, et souvent les personnes ont été libérées. Mais seize personnes arrêtées d’un coup, ça fait beaucoup ».
Pour la police ougandaise, les seize hommes arrêtés lundi l’ont été pour qu’ils soient protégés d’une foule homophobe qui avait encerclé la maison dans laquelle ils se trouvaient. Neela Ghoshal, souligne : « Non seulement la foule n’a pas été sanctionnée, mais ces hommes sont poursuivis et ont subi des actes de torture. Le message envoyé à la population est que l’on peut menacer et battre des homosexuels sans conséquence de la part de l’Etat ».
Précisons que depuis août 2019, quatre meurtres de personnes LGBT ont été recensés par le SMUG. Le dernier cas date du 05 octobre et il s’agit de Brian Wassa, un assistant juridique gay qui a succombé à une hémorragie cérébrale à la suite des coups que lui avaient assénés à la tête, la veille, des personnes non identifiées, à son domicile à Kampala, rapporte Amnesty international.
Innocent D H
Une sommation faite ce jeudi, alors que les hommes des médias, travaillant à Iwacu et leur chauffeur avaient été arrêtés par la police dans la province de Bubanza, à l’Ouest du pays, pendant qu’ils couvraient l’incursion meurtrière de rebelles burundais venus de la République démocratique du Congo (RDC) voisine.
Au moins 14 rebelles du groupe burundais Red-Tabara, basé dans l’est de la RDC, ont été tués lors de cette attaque, la première depuis 2017, selon la police burundaise. Le gouvernement et de nombreux diplomates estiment que ce groupe rebelle est dirigé par l’un des plus farouches opposants au régime Alexis Sinduhije, ce que l’intéressé a pourtant toujours nié.
Pour Arnaud Froger, responsable Afrique à RSF, « les quatre journalistes et leur chauffeur ont été arrêtés alors qu’ils étaient en train de recueillir des témoignages d’habitants qui fuyaient les combats. Ils sont depuis détenus au commissariat provincial de Bubanza … Ces journalistes n’ont rien fait d’autre que leur travail en allant vérifier sur place, les informations qui faisaient état d’affrontements armés… ».
Jeudi, le porte-parole adjoint de la police, Moïse Nkurunziza, n’a pas voulu révéler le motif de leur arrestation, en invoquant le secret de l’instruction.
Même revendication du côté de HRW
La police les soupçonne d’avoir été prévenus à l’avance de l’attaque, selon une source des services de sécurité. Human Rights Watch a également exigé la libération immédiate des journalistes, dans un communiqué publié mercredi.
Pour un journaliste burundais, qui s’exprimait sous couvert de l’anonymat, « l’objectif était d’empêcher la présence des médias dans cette zone et c’est réussi, aucune information en dehors de celle distillée par les officiels au compte-gouttes n’a filtré… ».
Selon plusieurs témoignages recueillis dans la province de Bubanza, la situation reste tendue, avec une multiplication de patrouilles des forces de l’ordre et des arrestations d’opposants présumés. Un responsable administratif local a fait état de la mort d’un policier dans la région, tué par un groupe résiduel des rebelles.
Le Burundi a chuté en 2017 à la 160e place du classement de la liberté de la presse dans le monde établi par RSF, alors qu’il était considéré il y a à peine plus de deux ans comme l’un des rares Etats de la région des Grands lacs, à être doté d’une presse libre et indépendante.
C‘était avant le début de la crise politique déclenchée par l’annonce, en avril 2015, de la candidature du président Pierre Nkurunziza pour un troisième mandat, qu’il a obtenu en juillet de la même année.
Cette crise a déjà fait de 500 à 2.000 morts imputées essentiellement aux forces de l’ordre selon les sources (ONU et ONG).
N.R.M
Ces arrestations en cascade interviennent quatre jours après des manifestations contre le Président Abdel Fattah al-Sissi au Caire. Plus d'un millier de personnes ont été mises aux arrêts, aux rangs desquels universitaires et militants politiques.
Ce vendredi 20 septembre 2019, selon les informations relayées par des ONG locales, plus d'un millier de personnes ont fait l'objet d'arrestations en Égypte suite à des manifestations anti-Abdel Fattah al-Sissi. En effet, plusieurs centaines de personnes avaient bravé l'interdiction de protester contre le pouvoir en place au Caire et dans d'autres villes du pays. Elles ont scandé, "Sissi dégage", répondant ainsi favorablement à l'appel de Mohamed Aly, l'homme d'affaire exilé en Espagne.
La riposte des forces de l'ordre
Pour disperser les protestataires, les forces de l'ordre sont intervenus et ont fait usage du gaz lacrymogène. Elles ont ensuite procédé à l'arrestation des manifestants, des journalistes et militants politiques par centaine.
Plusieurs ONG n'ont pas tardé de dénoncer ces arrestations. Il s'agit notamment, d'Amnesty International, Human Rights Watch ou The Commitee to project journalists (CPJ). En ce qui concerne le Mouvement démocratique civil, coalition de gauche, il a invité les autorités à relâcher toutes les personnes arrêtées et appelle à un "dialogue national".
A en croire le Centre égyptien pour les libertés et les droits, 1.003 personnes ont été arrêtées depuis vendredi. Le Centre pour les droits économiques et sociaux quant à lui parle de 1.298 arrestations.
L'on note plusieurs figures universitaires ou militaires connues pour leurs positions critiques vis-à-vis du Gouvernement qui font partie des personnes arrêtées récemment. Parmi elles, Khaled Dawoud, ancien responsable du parti libéral d'opposition Al-Dostour et membre du Mouvement démocratique civil qui a été interpellé et déféré mercredi devant la justice, selon les annonces faites par ses avocats. Politiciens et journalistes, ont fait l'objet des accusations d'avoir diffusé des fausses nouvelles et d'avoir rejoint un groupe"terroriste". Pour ce faire, ils ont été placés en détention provisoire pour quinze jours.
Hassan Nafaa, un professeur de l'université de Caire fait partie d'intellectuels mis aux arrêts. Il avait écrit lundi sur son compte twitter : "je n'ai pas de doute que le pouvoir absolu de Sissi va mener à une crise". Il poursuivait en disant : "c'est dans l'intérêt de l'Egypte qu'il quitte le pouvoir aujourd'hui, mais il ne partira que sous la pression publique de la rue".
Innocent D H
Dix dirigeants du pseudo gouvernement des séparatistes ont interjeté appel le 26 août 2019 contre leurs condamnations et peines à perpétuité prononcées le 20 août par un tribunal militaire. L’ONG international soulève de « graves préoccupations quant au respect d'une procédure équitable et aux violations des droits du procès », dans un rapport publié le 3 septembre 2019.
L'ONG internationale des droits de l'homme affirme que « bien que le procès, pour des chefs d'accusation tels que terrorisme, rébellion et sécession, ait débuté en décembre 2018, toutes les preuves alléguées contre les hommes n'ont été présentées à la défense qu'au cours d'une seule audience de 17 heures qui a débuté le 19 août dernier ».
L’on apprend que le tribunal a admis des milliers de pages de déclarations et de documents comme éléments de preuve contre l'accusé et plus de 1 000 éléments de preuve médico-légale, tels que des armes à feu, des lances et des ordinateurs portables. Les avocats de la défense ont dit à Human Rights Watch qu'ils n'étaient pas au courant et qu'ils ne pouvaient les examiner, en discuter avec leurs clients ou contester efficacement.
« Il semble que le tribunal militaire ait rendu un verdict et une sentence hâtive sans donner aux accusés la possibilité de se défendre eux-mêmes », a déclaré Lewis Mudge, directeur pour l'Afrique centrale de Human Rights Watch. « Ce processus a été entaché d'abus avant le procès et d'allégations graves de violations du droit à un procès équitable qui justifient un contrôle judiciaire indépendant et impartial, qui, nous l'espérons, fera l'objet d'un appel ».
Le rapport de mardi se lit comme suit : « Le procès, qui s'est déroulé en français sans traduction adéquate alors que les accusés avaient droit à un procès en anglais, leur langue maternelle et une langue officielle au Cameroun, a eu lieu après de graves violations des droits des accusés en détention. Les avocats de la défense ont accusé les juges de partialité et se sont retirés de la procédure après que le juge militaire principal les ait menacés d'arrestation pour avoir soulevé des objections ».
Sisiku Julius Ayuk Tabe, président du gouvernement intérimaire de l’ "Ambazonie" et neuf autres dirigeants avaient été arrêtés le 5 janvier 2018 à Abuja, capitale du Nigeria, et « renvoyés de force au Cameroun, lors d'un transfert extrajudiciaire dénoncé par le HCR comme violant le principe fondamental du non-refoulement - la pratique consistant à ne pas contraindre les réfugiés ou demandeurs d'asile à retourner dans un pays où ils risquent la persécution, la torture ou autres peines, peines, traitements ou peines cruelles, inhumaines, dégradants ».
Human Rights Watch affirme que le retour forcé des dix dirigeants a également été déclaré illégal par un tribunal nigérian en mars 2019. « Les hommes ont ensuite été détenus au secret dans le centre de détention du Secrétariat d'État à la défense (SED) pendant six mois, pendant lesquels ils n'ont pas eu accès à leurs avocats et à leur famille. Human Rights Watch a documenté que la torture et d'autres abus sont endémiques au SED ».
Otric N.
Selon certaines sources, des coups de feu ont été tirés mercredi matin dans plusieurs quartiers de la ville de Bamenda, région anglophone du nord-ouest du Cameroun.
Dans la matinée du mercredi 21 août, des coups de feu ont retentit dans plusieurs quartiers de la ville de Bamenda. Selon certaines sources, c’est suite à la condamnation des leaders séparatistes par le tribunal militaire. Plusieurs parties de la ville de Bamenda sont restées bouclées et des habitants ont été avertis de ne pas sortir.
Des hommes armés sont entrés dans la ville et ont chanté « libérez Sisuku Ayuk Tabe », le leader sécessionniste anglophone, rapporte la BBC Afrique. Elle indique par ailleurs que, des forces de police ont été déployées dans la ville.
Il convient de rappeler que, mardi 20 août 2019, autour de 5h30, Mr AyukTabe et neuf co – accusés ont été reconnus coupables de tous les chefs d’accusation retenus contre eux, à savoir : « apologie des actes de terrorisme, sécession, complicité d’actes de terrorisme, financement des actes de terrorisme, révolution, insurrection, hostilité contre la patrie, propagation de fausses nouvelles, atteinte à la sûreté intérieure et extérieure de l’État, défaut de Carte nationale d’identité ». Du fait de cette décision de culpabilité, ils ont été condamnés à la prison à vie à laquelle s’ajoute une amende de 250 milliards de francs CFA.
Le verdict vient en tout cas doucher les espoirs de ceux qui escomptaient, enfin, le commencement d’une ouverture du régime Biya pour résoudre la «crise anglophone», euphémisme utilisé pour qualifier un conflit qui a déjà fait plus de 2 000 morts, selon l’ONG Human Rights Watch, et un demi-million de déplacés. «Il n’existe actuellement aucun dialogue entre Yaoundé et les séparatistes, constatait une étude de l’International Crisis Group parue en mai. Les séparatistes exigent un débat avec l’Etat sur les modalités de la séparation, en présence d’un médiateur international. Le pouvoir refuse toute discussion sur la forme de l’Etat et la réforme des institutions.
Julius Ayuk Tabe, informaticien de formation, est considéré comme un séparatiste modéré. Il s’était dit disposé à participer à des pourparlers avec le gouvernement camerounais, dans le cadre d’un dialogue organisé par un pays tiers, en posant comme préalable la libération des militants indépendantistes.
Danielle Ngono Efondo
Dans le rapport rendu public ce mardi, l’ONG indique que « plus d’une centaine de personnes ont été gardé au secret et un grand nombre d’entre elles a subi des tortures dans un centre de détention à Yaoundé, la capitale du Cameroun, entre le 23 juillet et le 4 août 2019… ».
Les enquêtes ont été menées, d’après les déclarations faites par Lewis Mudge, directeur pour l’Afrique centrale à Human Rights Watch qui relève que : « Ces récits crédibles de torture et d’abus au Secrétariat d’État à la défense ne sont malheureusement pas les premiers, mais seulement les plus récents, comme celui d’un jeune homme de 29 ans, originaire de Kumba qui a révélé ceci : « On nous a traités comme des animaux ; on nous battait deux fois par jour avec des matraques en bois et des machettes. Les conditions d’hygiène étaient abominables… ».
A la suite du document, Lewis Mudge indique également que des entretiens ont été menés avec plus d’une dizaine de personnes détenues au SED pendant la période sus indiquée. Les enquêteurs de Human Rights Watch, ont en outre interrogé les membres de quelques familles et les avocats en charge des dossiers des personnes interpellées.
Quelques exemples
Un détenu de 41 ans de Ndu, dans la région du Nord-Ouest, a déclaré : « Au SED, personne n’avait accès à sa famille. Ma famille a dû croire que j’étais mort. Des avocats sont venus la veille du jour où on nous a ramenés à Kondengui. Mais pendant 12 jours, on a été détenus au secret, sans accès au monde extérieur. Si vous demandiez à voir quelqu’un, on vous battait sévèrement… ».
L’épouse d’un détenu anglophone arrêté fin 2016 à Bamenda, dans la région du Sud-Ouest, qui avait été détenu à la prison centrale de Yaoundé, a déclaré : « J’étais sans nouvelles de lui depuis le 23 juillet. L’avocat m’a dit qu’il avait fini par le voir au SED, mais je ne lui ai pas parlé. J’étais très inquiète, parce qu’il avait déjà été torturé au SED auparavant. Quand je suis allée à Kondengui [la prison centrale] le jour de l’émeute, on m’a interdit d’entrer. Je suis allée au SED et un gardien m’a dit qu’un grand nombre de ceux qui avaient été transférés depuis la prison centrale étaient détenus au SED. Mais il ne m’a pas laissé entrer… »
Un avocat qui représente huit prisonniers de partis d’opposition faisant partie de ceux qui avaient signalé des cas de torture a commenté : « Je me suis entretenu avec mes clients le 6 août à l’extérieur du tribunal. J’ai vu des horreurs. Ils avaient tous des cicatrices sur le corps, à cause de la torture subie au SED et des blessures à la tête. Ils m’ont dit avoir été sévèrement battu au SED au moins deux fois, dans leurs cellules, par des gendarmes et d’autres gardiens avec des gourdins. Ils m’ont aussi dit avoir été interrogé sous la menace d’une arme… ».
Le directeur Afrique Centrale de cet organisme relève que « Le fait que les forces de sécurité semblent se croire libres de torturer les détenus et de les soumettre à d’autres abus, est la conséquence directe de l’attitude du gouvernement camerounais consistant à fermer les yeux sur les rapports documentant ces abus – mais le monde entier observe la situation de près…».
Dans le même document, Human Rights Watch revient sur quelques notions du respect des Droits de l’Homme, à l’instar de celui de Décembre 2017, lorsque le Comité contre la torture des Nations Unies a déclaré que le gouvernement camerounais devrait veiller à la réalisation d’enquêtes rapides, efficaces et impartiales sur toutes les allégations de torture, de mauvais traitements et de détention au secret, et poursuivre en justice et punir de manière appropriée les auteurs de ces abus. Le gouvernement n’a pris aucune mesure pour mettre en œuvre cette recommandation…
Un rappel important, selon les avocats des détenus, d’autant plus que le droit camerounais dispose « que les détenus ne peuvent faire l’objet de contraintes physiques ou mentales, ou d’actes de torture et, que leur avocat et leur famille devraient pouvoir leur rendre visite à tout moment… ».
Nicole Ricci Minyem
« Les personnes handicapées dans les régions anglophones du Cameroun sont prises dans la violence et luttent pour fuir vers la sécurité lorsque leurs communautés sont attaquées », a déclaré Human Rights Watch dans un rapport daté du 5 août 2019. L’ONG affirme également que ces personnes ont des difficultés à obtenir l'aide nécessaire.
"Les personnes handicapées font partie des populations les plus marginalisées et les plus à risque de tous les pays touchés par la crise, et le Cameroun ne fait pas exception à la règle", a déclaré Emina Ćerimović, chercheuse principale en droits des personnes handicapées à Human Rights Watch. "L'intervention humanitaire des Nations Unies, terriblement sous-financée, exacerbe les risques, car de nombreuses personnes handicapées n'obtiennent même pas la satisfaction de leurs besoins fondamentaux."
Au cours des trois dernières années, les régions anglophones du Cameroun ont été plongées dans un cycle de violence meurtrière qui a coûté la vie à environ 2 000 personnes et déraciné près d'un demi-million de personnes de leur foyer. Les personnes handicapées ont été attaquées et maltraitées par des belligérants, souvent parce qu'elles ne peuvent pas fuir.
Le 13 mai, le Conseil de sécurité de l'ONU a discuté de la situation humanitaire au Cameroun lors d'une réunion informelle. Cela a donné un élan aux efforts internationaux pour faire face à la crise et une occasion d'envisager des mesures pratiques pour une réponse humanitaire efficace, en particulier pour les personnes les plus à risque.
Le Conseil de sécurité devrait inscrire officiellement le Cameroun à son ordre du jour en tant que point distinct afin qu'il puisse régulièrement faire face à la crise et mettre en lumière la situation humanitaire catastrophique dans le pays, ainsi que les graves violations des droits de l'homme par toutes les parties.
Entre janvier et mai 2019, Human Rights Watch a interrogé 48 personnes handicapées vivant dans les régions anglophones, des membres de leur famille, des représentants d'agences de l'ONU et d'organisations humanitaires nationales et internationales pour déterminer comment la crise dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest a affecté de manière disproportionnée les personnes handicapées.
Les personnes handicapées et les personnes âgées ont été parmi les personnes tuées, violemment agressées ou enlevées par les forces gouvernementales et les séparatistes armés.
Human Rights Watch allègue que des soldats du bataillon d'intervention rapide ont tué un homme de 43 ans ayant une déficience auditive et intellectuelle dans le village de Ntamru, dans la région du Nord-Ouest, le 05 mai, lorsqu'il n'a pas répondu à leurs questions. "Il a reçu une balle dans la tête et dans la poitrine", a déclaré un témoin à Human Rights Watch.
La destruction des maisons et des biens a un effet accru sur les personnes handicapées, regrette Human Rights Watch.
Tout au long de la crise, Human Rights Watch a documenté de nombreux cas de personnes handicapées dont les maisons ont été brûlées par les forces de sécurité, ce qui les a privées d'environnements domestiques accessibles, d'abris et d'appareils et accessoires fonctionnels et les a déplacées de force.
Un homme de 41 ans ayant un handicap physique a déclaré à Human Rights Watch qu'il avait perdu son fauteuil roulant après que des soldats eurent brûlé sa maison à Kumbo, dans la région du Nord-Ouest, le 03 décembre 2018 : "Ma maison a été rasée. J'ai eu de la chance de pouvoir m'échapper grâce à un ami qui m'a porté. Mais j'ai tout perdu, y compris mon fauteuil roulant, et je n'ai plus les moyens de me déplacer seul."
Lors de certaines attaques, les personnes à mobilité réduite ne pouvaient pas fuir avec leur famille. Une femme de 27 ans, paralysée à la jambe gauche à cause de la polio infantile, a déclaré qu'elle était restée seule dans son village, Esu, dans la région nord-ouest, en mars 2018 : "Après trois jours d'affrontements et de tirs incessants, mes parents se sont enfuis et m'ont laissé seul à la maison. J'ai cherché refuge dans une maison voisine, mais les voisins sont partis aussi. Ma famille pensait qu'il était plus sûr pour moi de rester et de me cacher, plutôt que de me porter et de fuir. Mais j'avais vraiment peur."
Les personnes handicapées qui ont réussi à fuir la violence ont lutté pour obtenir une aide humanitaire de base dans les zones où elles sont déplacées. Plus d'un quart des Camerounais qui ont besoin d'aide humanitaire vivent dans les régions anglophones, y compris plus d'un demi-million de personnes qui restent déplacées à l'intérieur du pays. Le plan d'intervention humanitaire des Nations Unies pour le Cameroun de 2019 n'est financé qu'à hauteur de 21 %.
Otric N.
Le secrétaire général des Nations Unies a omis les pays responsables de violations graves contre les enfants dans les conflits armés dans sa nouvelle "liste de la honte", a déclaré Human Rights Watch ce mardi. La liste a également donné à certains pays une désignation plus favorable non méritée malgré leurs promesses manquées d'améliorer leur bilan.
Selon Human Rights Watch, le Secrétaire général Antonio Guterres a publié son rapport annuel sur les enfants et les conflits armés le 30 juillet 2019, en prévision d'un débat public du Conseil de sécurité de l'ONU sur le sujet le 02 août, qui a demandé une liste annuelle des responsables des violations graves commises contre les enfants dans les conflits armés depuis 2001.
"Le secrétaire général de l'ONU refuse simplement de demander des comptes à toutes les parties belligérantes qui ont infligé d'énormes souffrances aux enfants", a déclaré Jo Becker, directrice de la défense des droits des enfants à Human Rights Watch. "En dressant la liste de certains contrevenants mais pas d'autres, le Secrétaire général António Guterres ignore les propres preuves de l'ONU et sape les efforts déployés pour protéger les enfants dans les conflits".
Dans le nouveau rapport, António Guterres n'a pas indiqué que les Forces de défense israéliennes, l'Armée nationale afghane et les forces internationales dirigées par les États-Unis en Afghanistan étaient responsables de graves violations contre les enfants, notamment de meurtres et de mutilations, malgré des preuves considérables des violations commises par ces parties.
Le rapport omet complètement de mentionner les abus signalés par le gouvernement ou les militants dans les régions anglophones du Cameroun ou en Ukraine. Dans son rapport de novembre 2018 sur l'Afrique centrale, le secrétaire général a mis l'accent sur les victimes civiles, y compris les enfants, dans les régions anglophones du Cameroun et, en juin 2018, l'UNICEF, l'agence des Nations Unies pour l'enfance, a signalé que 58 écoles avaient été endommagées depuis le début de la crise dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest du pays. Human Rights Watch a documenté l'enlèvement de centaines d'élèves par des séparatistes armés, ainsi que leur occupation de bâtiments scolaires.
Rapport de Human Rights Watch du 30 juillet
Bien qu'il ait énuméré la coalition dirigée par l'Arabie saoudite au Yémen, il a une fois de plus inclus la coalition dans une catégorie de partis prenant des mesures pour améliorer la situation, malgré des preuves accablantes que les forces de la coalition ont tué et blessé des enfants sur une grande échelle en 2018.
Selon le rapport, le nombre d'enfants palestiniens tués ou blessés a atteint son plus haut niveau depuis 2014. Cinquante-neuf enfants palestiniens ont été tués en 2018, dont cinquante-six par les Forces de défense israéliennes, soit presque quatre fois plus qu'en 2017. En Cisjordanie, les forces israéliennes ont blessé 1 398 enfants en 2018 et à Gaza 1 335 enfants. Une roquette palestinienne a blessé 6 enfants israéliens en 2018. Les rapports précédents ont également établi que les Forces de défense israéliennes étaient responsables du meurtre et de la mutilation d'enfants palestiniens, mais le secrétaire général n'a pas encore inclus les forces israéliennes dans sa liste d'auteurs de violences.
En Afghanistan, le nombre de décès d'enfants a atteint son plus haut niveau depuis les premiers chiffres enregistrés en 2009. Le secrétaire général a constaté que les forces internationales dirigées par les États-Unis étaient responsables de 286 décès et blessures d'enfants en 2018, soit près du triple du nombre signalé en 2017, mais n'a pas inclus ces forces dans sa liste. Il n'a pas non plus inclus l'Armée nationale afghane, responsable de 467 décès et blessures d'enfants.
Le Conseil de sécurité demande aux parties figurant sur la liste du secrétaire général de signer et d'exécuter un plan d'action avec l'ONU pour mettre fin à leurs violations contre les enfants. Vingt-huit parties à des conflits armés ont signé de tels plans. Une fois que les parties ont mis en œuvre leurs plans et mis fin aux violations, elles peuvent être retirées de la liste. Les parties qui refusent de signer ou d'exécuter un plan d'action peuvent faire l'objet de sanctions, y compris des embargos sur les armes, des interdictions de voyager et des gels des avoirs.
Pour la troisième année consécutive, le secrétaire général a divisé sa "liste de la honte" en deux listes distinctes, l'une pour les partis qui n'ont pas mis en place de mesures de protection des enfants et l'autre, la "Liste B", pour les partis qui ont mis en place des mesures "visant à mieux protéger les enfants".
La "Liste B" de 2018 comprend à la fois la coalition dirigée par l'Arabie saoudite et l'Armée nationale somalienne, malgré des pics de violations par les deux parties en 2018. Selon le rapport du secrétaire général, la coalition dirigée par les Saoudiens a fait 729 victimes parmi les enfants tués et blessés au Yémen en 2018, contre 670 en 2017. En 2018, l'Armée nationale somalienne a fait 113 victimes parmi les enfants, contre 88 en 2017, et 155 cas de recrutement d'enfants, contre 119 en 2017. Malgré ces augmentations, ils ont conservé leur statut de "Liste B".
Il est déconcertant de constater que la liste " pas si mal " du secrétaire général donne du crédit aux partis qui augmentent, et non réduisent, leurs violations contre les enfants ", a dit M. Becker. "António Guterres devrait revenir à une liste unique basée uniquement sur les preuves de violations sur le terrain."
António Guterres a, à juste titre, inclus les forces armées de la Syrie, du Myanmar et du Sud-Soudan sur la liste de la honte.
Dans au moins deux cas, António Guterres a inclus des parties à des conflits sur sa liste pour certaines violations, mais pas pour d'autres. Par exemple, l'année dernière, il a radié de la liste la coalition dirigée par les Saoudiens pour les attaques contre des écoles et des hôpitaux au Yémen, malgré 19 attaques vérifiées par l'ONU contre des écoles en 2017. Dans son nouveau rapport, il attribue 12 attaques contre des écoles et 3 attaques contre des hôpitaux à la coalition, mais il n'inclut pas non plus les forces de la coalition dans sa liste pour les attaques contre des écoles et des hôpitaux. Ils ne sont répertoriés que pour le meurtre et la mutilation d'enfants.
De même, le secrétaire général a indiqué que l'Armée nationale somalienne était responsable de 50 cas de violence sexuelle en 2018, mais n'a énuméré que les forces chargées de tuer, mutiler et recruter des enfants soldats.
Le rapport omet complètement de mentionner les abus signalés par le gouvernement ou les militants dans les régions anglophones du Cameroun ou en Ukraine. Dans son rapport de novembre 2018 sur l'Afrique centrale, le secrétaire général a mis l'accent sur les victimes civiles, y compris les enfants, dans les régions anglophones du Cameroun et, en juin 2018, l'UNICEF, l'agence des Nations Unies pour l'enfance, a signalé que 58 écoles avaient été endommagées depuis le début de la crise dans les régions du nord-ouest et du sud-ouest du pays. Human Rights Watch a documenté l'enlèvement de centaines d'élèves par des séparatistes armés, ainsi que leur occupation de bâtiments scolaires.
En Ukraine, l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe a signalé qu'au moins 28 enfants sont morts dans des hostilités en 2018 et le Cluster Éducation a signalé au moins 82 incidents de sécurité impliquant des établissements scolaires en 2018, notamment des bombardements d'écoles.
La " liste de la honte " est un outil puissant pour rendre des comptes et mettre fin aux violations commises contre les enfants ", a dit Becker. "Lors du prochain débat du Conseil de sécurité, les Etats membres devraient exiger une liste basée sur les faits. Chouchouter les grands contrevenants pour éviter un contrecoup désagréable risque de tourner l'exercice en dérision."
Otric N.
Les corps d’Oscar et Angie Martinez ont été retrouvés en début de semaine, dans les environs de Matamoros, dans l’Etat mexicain de Tamaulipas, selon un rapport de la justice mexicaine.
D’après les informations fournies par ce document, Oscar Martinez, un cuisinier de 25 ans, sa compagne de 21 ans et leur petite fille sont arrivés la semaine dernière à Matamoros après avoir parcouru tout le Mexique. Dimanche après-midi, la famille a décidé d’essayer de gagner à la nage la rive américaine du Rio Bravo, accompagnée d’un ami.
Une photographie qui rappelle celle d’Aylan
Le père a pris l’enfant sur son dos, en la calant à l’intérieur de son t-shirt, pour traverser le fleuve. Mais, emportés par des courants violents, tous deux se sont noyés sous les yeux de la mère, laquelle a pu retourner en vie sur la rive mexicaine, selon les explications qu’elle a fournies aux autorités locales.
Les photographies des cadavres du jeune père et de l’enfant flottant sur le ventre sur la rive mexicaine du fleuve ont fortement choqué l’opinion publique au Salvador, mais aussi aux Etats-Unis et dans le monde, où les clichés rappellent ceux d’Aylan, migrant syrien âgé de trois ans, retrouvé sans vie sur une plage turque en 2015.
Le gouvernement mexicain est la cible de vives critiques ces derniers jours, pour son attitude envers les migrants. Fin mai, le président américain Donald Trump avait menacé d’imposer des droits de douane sur tous les produits mexicains importés aux Etats-Unis, si Mexico ne freinait pas la vague de migrants clandestins en provenance d’Amérique centrale. Le 7 juin, les deux pays sont parvenus à un accord : les États-Unis ont donné 45 jours au Mexique pour prendre des mesures.
Mardi, le président mexicain Andres Manuel Lopez a cependant démenti qu’un ordre ait été donné aux militaires d’interpeller les clandestins qui traversent la frontière avec les Etats-Unis, dans le cadre de l’accord sur l’immigration conclu avec Washington.
L’indignation est également vive côté américain, après les révélations par Human Rights Watch, sur les conditions de vie sordides de 300 jeunes migrants, dans un centre de détention du Texas, près de la ville frontalière d’El Paso. Le centre a été vidé lundi. En pleine polémique, le chef par intérim de la police aux frontières, John Sanders, a annoncé sa démission.
Nicole Ricci Minyem
Selon l’ONG internationale, cette vidéo, authentifiée par une dizaine de sources, dont cinq personnes qui ont reconnu l’école et sa localisation, vient corroborer de précédents témoignages faisant état d’actes de torture et d’occupations d’écoles par les séparatistes armés, et documentés par Human Rights Watch.
« Une fois de plus, des documents circulent qui confirment les allégations selon lesquelles les séparatistes armés commettent des exactions à l’encontre des civils », a déclaré Lewis Mudge, directeur pour l’Afrique centrale à Human Rights Watch. « Les dirigeants séparatistes devraient donner immédiatement à leurs combattants et à leurs partisans l’ordre de cesser ces attaques, en particulier les actes de torture et les autres abus visant les civils », a-t-il ajouté.
La vidéo montre au moins quatre combattants séparatistes menaçant et torturant leur victime, qui est en sous-vêtements, le forçant à s’asseoir sur des morceaux de papier enflammés et le frappant à coups de bâton et de machette.
En en croire Human Rights Watch une analyse du dialogue contenu dans la vidéo révèle que la victime est un chauffeur de camion du village de Bali, qui transportait des produits pour une société brassicole de la place à laquelle les séparatistes sont opposés. Ils ont interdit les ventes, les achats et le transport de ses boissons dans les zones qu’ils contrôlent.
« Dans la vidéo, on entend les séparatistes accuser le conducteur de vendre les produits des brasseries dans les secteurs de Bali et Batibo, dans la région du Nord-Ouest », rapporte Human Rights Watch. La victime, qui n’a pas encore été identifiée, supplie ses tortionnaires de cesser, mais au contraire, ils menacent de « le laver à l’essence », sous-entendant qu’ils vont le tuer.
Les agresseurs et leur victime s’expriment en mungaka, un idiome répandu parmi les communautés de Bali. La vidéo semble avoir été filmée à l’École technique secondaire publique de Bali, comme l’indiquent des inscriptions apparaissant sur un bureau 5 minutes et 41 secondes après le début de la vidéo. Cinq résidents de Bali, qui connaissent bien cette école, auraient affirmé à Human Rights Watch que c’est bien cet établissement qu’on voit sur la vidéo.
Ces résidents auraient également affirmé que les séparatistes y retenaient des personnes en otages et leur faisaient subir des exactions. L’école, qui a une capacité de plus de 800 élèves, est fermée depuis le milieu de l’année 2017, à cause des violences et du boycottage de l’éducation imposé par les séparatistes.
Otric N.