Une vidéo, filmée à la mi-mai 2019 selon Human Rights Watch qui ne l’a pas publié, montre des séparatistes armés torturant un homme dans une école abandonnée dans la région du Nord-Ouest du Cameroun.
Selon l’ONG internationale, cette vidéo, authentifiée par une dizaine de sources, dont cinq personnes qui ont reconnu l’école et sa localisation, vient corroborer de précédents témoignages faisant état d’actes de torture et d’occupations d’écoles par les séparatistes armés, et documentés par Human Rights Watch.
« Une fois de plus, des documents circulent qui confirment les allégations selon lesquelles les séparatistes armés commettent des exactions à l’encontre des civils », a déclaré Lewis Mudge, directeur pour l’Afrique centrale à Human Rights Watch. « Les dirigeants séparatistes devraient donner immédiatement à leurs combattants et à leurs partisans l’ordre de cesser ces attaques, en particulier les actes de torture et les autres abus visant les civils », a-t-il ajouté.
La vidéo montre au moins quatre combattants séparatistes menaçant et torturant leur victime, qui est en sous-vêtements, le forçant à s’asseoir sur des morceaux de papier enflammés et le frappant à coups de bâton et de machette.
En en croire Human Rights Watch une analyse du dialogue contenu dans la vidéo révèle que la victime est un chauffeur de camion du village de Bali, qui transportait des produits pour une société brassicole de la place à laquelle les séparatistes sont opposés. Ils ont interdit les ventes, les achats et le transport de ses boissons dans les zones qu’ils contrôlent.
« Dans la vidéo, on entend les séparatistes accuser le conducteur de vendre les produits des brasseries dans les secteurs de Bali et Batibo, dans la région du Nord-Ouest », rapporte Human Rights Watch. La victime, qui n’a pas encore été identifiée, supplie ses tortionnaires de cesser, mais au contraire, ils menacent de « le laver à l’essence », sous-entendant qu’ils vont le tuer.
Les agresseurs et leur victime s’expriment en mungaka, un idiome répandu parmi les communautés de Bali. La vidéo semble avoir été filmée à l’École technique secondaire publique de Bali, comme l’indiquent des inscriptions apparaissant sur un bureau 5 minutes et 41 secondes après le début de la vidéo. Cinq résidents de Bali, qui connaissent bien cette école, auraient affirmé à Human Rights Watch que c’est bien cet établissement qu’on voit sur la vidéo.
Ces résidents auraient également affirmé que les séparatistes y retenaient des personnes en otages et leur faisaient subir des exactions. L’école, qui a une capacité de plus de 800 élèves, est fermée depuis le milieu de l’année 2017, à cause des violences et du boycottage de l’éducation imposé par les séparatistes.
Otric N.