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Au deuxième jour des assises du grand dialogue national, les populations du Nord-Ouest et du Sud-Ouest ont été contraintes d’observer le Ghost town.

 

Alors qu’on parle entre autres de résolution de crise anglophone à Yaoundé, les séparatistes fidèles à leur idéologie ont pour une énième fois, contraint les populations du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, à se plier à leur opération de ville morte. Le mardi 01er octobre 2019, les rues étaient désertes. Les échoppes, les établissements publics et privés, les commerces sont restés fermés, apprend-on de source sûre. Les habitants affirment avoir constaté qu’au jour suscité, les rues étaient plus militarisées que d’ordinaire.

Certains racontent que les séparatistes ont même organisé des marches à Kumbo. La date du 1er octobre dernier marquait le 58e anniversaire de la Réunification du Cameroun. « Des ambazoniens, environ une centaine ont défilé à Kumbo avant d’essuyer des tirs de l’armée. S’en sont suivis des tirs nourris à l’issue desquels les séparatistes ont été repoussés », raconte un habitant du Nord-Ouest dans les colonnes du quotidien Mutations. Un habitant de Buea raconte aussi « des ambazoniens ont tenté de planter des drapeaux qu’ils présentaient comme étant ceux de l’Etat de l’Ambazonie à Small Soppo à Buea. Ils ont été repoussés par les forces de défense et de sécurité (Fds), à la suite d’un échange de tirs entre les deux parties ».

A titre de rappel, les groupes séparatistes qui sévissent dans les régions anglophones, ont initié l’opération ville morte, en anglais Ghost town. Cette opération paralyse lesdites régions durant trois jours. Les populations n’ont pas droit de vaquer à leurs occupations. Les commerces doivent rester fermés. Ceux des populations qui essaieraient de ne pas se plier à cette opération, sont menacés  de mort. Les autorités administratives et municipales comme Patrick Ekema le Maire de Buea, essaient tant bien que mal, d’amener les populations à s’opposer aux villes mortes des sécessionnistes.

 

Liliane N.

 

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Dans la nuit du 01er au 02 octobre 2019, un incendie s'est produit au marché de Mendong à Yaoundé. Selon un bilan provisoire, une vingtaine de boutiques ont été calcinées.

 

02 octobre 2019 au marché de Mendong à Yaoundé où vient de s'est produit un incendie. Sur le site, sont perceptibles, de l’huile, des morceaux de parpaings, des briques de terre et du bois calciné, éparpillés ça et là sur le sol. L'on observe sans efforts, des hangars qui sont à moitié calcinés et les planches qui ont partiellement subies les effets de cet incident. Selon les informations glanées auprès de certains riverains, le feu déclenché dans la nuit du 01er au 02 octobre 2019 a ravagé une vingtaine de boutiques plongeant ainsi les commerçants dans le désarroi.

Selon les témoignages d'un commerçant rencontré sur place : « La veille, mardi 01er octobre dernier, les bars et les boutiques partis en fumée étaient opérationnels. Divers produits y étaient vendus, entre autres, la layette pour bébés, de l’huile de palme, le maïs, les arachides, le haricot, le charbon, les plantains ». 

Quelques victimes sont présents sur les lieux du sinistre. Les autres par contre, après avoir vu leurs locaux et marchandises volés en fumée, avant l’arrivée des sapeurs-pompiers, ont choisi plutôt quitter le marché aux premières heures de la matinée, à en croire les témoignages. Plusieurs dégâts matériels sont donc enregistrés  même si aucune perte en vie humaine n’a été recensée. « Mon silence traduit mon exaspération. En une nuit, je perds tout et je suis contrainte de reprendre tout à zéro. Où vais-je prendre de l’argent pour survivre, voilà toutes mes économies qui se sont envolées ainsi », déclare une dame. 

 

Les exactes du sinistre

Sur les causes de l'incendie, une riveraine qui a assisté à la scène explique les circonstances : « le feu serait provoqué par un court-circuit déclenché autour de 2 heures du matin. Vite alerté, un bor-dier a appelé les éléments de force de l’ordre du commissariat du 9e arrondissement de Mendong situé à un jet de pierres du lieu de l’incident. Ceux-ci à leur arrivée, ont alerté les sapeurs-pompiers », relate la jeune adolescente. Et poursuivant ce dernier : « à leur arrivée aux encablures de 4 heures du matin, les soldats du feu vont maîtriser les flammes, non sans difficulté. Les dernières flammes ont été éteintes vers six heures », ajoute cette riveraine pour clarifier davantage les faits.

Comme le dit bien un adage, "le malheur des uns faisant le bonheur des autres", des badauds ont profité de cette situation pour se faire du beurre. « Des gens se sont mobilisées pour sauver quelques produits mais d’autres profitaient pour piller », précise Géraldine.

De mémoire, le dernier incendie survenu au marché de Mendong, remonte en 2018. Une situation qui, on se rappelle avait suscité la colère des commerçants qui réclamaient l’aménagement de cet important espace commercial. La mairie de l'arrondissement avait alors la même année construit de nouvelles boutiques. 

 

Innocent D H

 

Published in Faits divers

Les travaux du Grand Dialogue National prennent fin ce vendredi au Palais des Congrès de Yaoundé. De nombreuses réformes sont proposées pour le retour à la paix dans les régions anglophones. Et la question est celle de savoir, qui seront les hommes que le Président choisira pour animer cette nouvelle vision politique. Il devient évident qu’un remaniement ministériel est incontournable.

 

Au sortir des travaux en commission hier jeudi, les différents acteurs politiques réunis pour discuter de l’avenir du Cameroun étaient presque tous unanimes, le Chef de l’Etat devra réaménager son gouvernement. D'aucuns ont avancé des propositions de gouvernement à plus large spectre avec l’entrée à la tête de certains porte feuille ministériel de quelques leaders anglophones et d’autres tête de fil de parti politique.

La nécessité d’un remaniement s’impose. C’est l’aboutissement du processus de dialogue en cours. Processus de dialogue dont les premiers résultats sont la décision de libération de plus de 333 prisonniers arrêtés dans le cadre de la crise dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. Le réajustement du gouvernement en y faisant entrer des figures plus représentatives des régions en conflit sera un élément de conciliation de plus.

Paul Biya fera un choix entre les différentes options qui s’offrent à lui. Soit se limiter à un choix de personnes uniquement dans le but de ramener la paix et récompenser les acteurs anglophones qui ont participé à la réussite du dialogue, et le choix politique de consolidation de la présence du RDPC dans ces régions à la faveur des prochaines échéances électorales (régionales, législatives, municipales).

Un nouveau gouvernement est un gage de sincérité. L’acte rassurera également les partenaires internationaux du Cameroun. Les bailleurs de fonds sont depuis des mois sur le dos des autorités camerounaises pour exiger un retour effectif de la paix dans ces régions. Du fait des pertes économiques importantes dues aux fermetures de nombreuses entreprises dans la région, et d’autres qui tournent au ralenti du fait des troubles dans ces régions. Il faut absolument renouer la confiance avec les populations du Nord-Ouest et du Sud-Ouest.

L’idéal pour le Chef de l’Etat est que ce nouveau gouvernement soit désigné avant les échéances électorales de février 2020. Ceci aura pou conséquence de renouveler la classe de ceux qui pourront défendre les intérêts des populations anglophones et mener les actions de reconstruction et d’accueil des réfugiés internes et externes.

 

Stéphane NZESSEU

 

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C’est une bonne nouvelle. Une annonce qui s’inscrit dans la suite des grandes avancées consécutives au déroulement du Grand Dialogue National en cours au Palais de Congrès de Yaoundé depuis lundi dernier.

 

Dans les heures qui suivent, on au ra plus de détails sur les noms des prisonniers qui retrouvent ainsi la liberté à la suite de cette décision de Paul BIYA. Mais déjà, c’est une nouvelle qui fait des émules au sein des populations camerounaises sur l’ensemble du territoire y compris dans les régions du Nord Ouest et du Sud Ouest.

Ils sont en tout 333 prisonniers, 333 camerounais qui pourront regagner leurs familles et peut-être leurs activités. Cette décision n’est pas la première que pose le Président Paul BIYA à l’endroit des détenus de la crise dans les régions du Nord Ouest et du Sud Ouest. Une décision qui intervient au moment où se tient encore le Grand Dialogue dans les collines d’Akom Nyada. Cet acte est la manifestation de la volonté affirmée du Président de la République de ramener un climat de paix dans les régions en crise. C’est l’occasion de témoigner la bonne foi du gouvernement à l’endroit de ces jeunes citoyens qui du fait de la colère et des influences extérieures ont pris les armes contre la République.

Le Chef de l’Etat envoie par cette décision un signal fort à tous les participants au Grand Dialogue National. Ceci témoigne de la volonté réelle du Président de la République à quitter de la parole pour les actes concrets de rassemblement. Il réaffirme par là sa détermination à poursuivre sans relâche ses efforts dans la recherche des voies et moyens d’une résolution pacifique de la crise qui affecte ces régions de notre pays, en vue de la normalisation souhaitée par l’immense majorité du peuple camerounais.

La question sur l’ensemble des lèvres en ce moment est celle de savoir qui sont ceux qui sortiront des prisons ce soir. L’on attend avec beaucoup d’expectatives la libération de Mancho Bibixy et des leaders des mouvements de revendications anglophones. Ces personnalités susceptibles de tenir un discours conciliant à l’endroit des autres camerounais encore dans les brousses. Et pourquoi pas le principal d’entre eux, le président de la république dites ambazonienne, Ayuk Tabe. Ce serait certainement la fin de la guerre dans les régions anglophones. D’autres décisions de la même nature sont attendues dans les prochaines heures.

Notons cependant que, ce n’est pas la première fois que le président de la République du Cameroun prend ce type d’acte d’apaisement. En effet, le 13 décembre 2018, le SG-PR avait annoncé, au nom du président de la République, l’arrêt des poursuites pendantes devant les tribunaux militaires contre 289 personnes arrêtées pour des délits commis dans le cadre de la crise anglophone qui sévit depuis plus de deux ans dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest et qui a déjà fait plus de 3.000 morts selon les ONG. La délégation de l’Union européenne au Cameroun avait, en son temps, salué cette décision du président Biya.

 

Stéphane NZESSEU

 

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Par Fridolin Nke - Expert du discernement

Le 29 novembre 1983, à Yaoundé, un an après l’accession du Président Paul Biya au pouvoir, Marcien Towa écrit un texte à l’intention de la famille philosophique africaine, et sans doute à l’adresse de son camarade devenu Président : « La primauté du bien commun doit être posée aux dépens de la recherche fiévreuse ou de la préservation de privilèges matériels ou sociaux. En recevant récemment l’Ambassadeur d’Ethiopie, le Président de la République a eu ce mot à la fois très simple et très profond : « Dans l’adversité, nous devons serrer les rangs ».

Or une société qui s’organise systématiquement sur la base de privilèges économiques, sociaux et politiques, sème par là même les germes de divisions et de conflits. La crise que nous venons de traverser n’a sans doute pas eu d’autres cause. La nécessité de serrer les rangs pour surmonter une adversité déjà multiséculaire, et qui plonge ses racines dans un système mondial d’asservissement et d’exploitation, ne nous accule-t-elle pas à nous mobiliser autour d’un projet de société excluant privilèges, oppression et exploitation ?

Il ressort de cette remarque introductive que le gouvernement de la cité est un exercice de rassemblement des forces et énergies de tous les membres de la collectivité pour penser les aspirations de la nation, tracer la voie de la prospérité et les ériger les remparts contre les ennemis du dehors. Les hommes politiques, dès lors, travaillent à garantir à leurs concitoyens de vivre dans la concorde et à s’assurer que la législation nationale soit protégée contre toute atteinte. Ce principe est théorisé par Spinoza dans son Traité de l’autorité politique.

Il y démontre que l’action de tout homme d’État ne saurait consister à tendre des embûches aux hommes, mais plutôt à les servir utilement dans leurs aspirations fondamentales. De même, soutient-il, les actes des gouvernants devraient toujours être inspirés par les prescriptions de la raison, et non point par la ruse.

Pour ce faire, il faut que le souverain mérite la patrie qu’il gouverne. Le souverain dont la renommée traverse le temps et impacte les générations entières est ou éclairé ou impitoyable, parfois les deux à la fois, mais jamais borné. C’est un bâtisseur et un esprit non accommodant. En aucun cas, il ne saurait se présenter sous les traits d’un sujet pusillanime qui s’accommode d’expériences ordinaires, d’options provisoires ou de glissements de chronogramme dans son programme d’action.

Au contraire il cultive une posture stoïque, empreinte d’ascèse, de frugalité, voire de chasteté. C’est un motif de fierté pour son peuple, car il répugne aux simplicités ludiques et au satanisme imposé par les énergies réactionnaires de l’intérieur, et les assauts des forces étrangères. Dévouement, sacrifice, discipline des envies, entretien du bon goût, vision prospective dans la durée, telles sont les traits caractéristiques de son engagement patriotique quotidien.

Penser les modalités, les ressorts et les enjeux du gouvernement nous conduit, dans la présente réflexion, à interroger les rapports entre le pouvoir, les richesses et la destruction qui en est constitutive

 

(I)    A examiner la place qu’occupe-la torture dans le dispositif gouvernemental des régimes politiques africains actuels, en l’illustrant avec le cas de l’opposant politique camerounais Mamadou Mota

(II)  A montrer pourquoi le commandement et le gouvernement doivent être au service de la modernisation de l’Afrique

(III) Et, tout en nous efforçant de caractériser les ressorts de l’intelligence politique du Prince

(IV)  Nous allons boucler nos analyses en montrant en quoi l’exigence de prise en charge de la destination historique du peuple est attachée à la fonction gouvernante. Pouvoir, richesses et destruction

Remarquons d’entrée que, fondamentalement, le pouvoir politique est adossé à l’intégrité et à l’impuissance, voire à la destruction. Un véritable homme d’État ne décide pas de tout, suivant sa fantaisie ; il ne s’engraisse pas non plus au détriment de la population et de la fortune publique. Il n’administre pas au profit des siens, sa famille, son clan, ses partenaires, ses partisans, ses laudateurs, etc. Il arrive en revanche qu’il s’use à force de servir et d’engranger les résultats probants sur le chemin du développement économique et du progrès social.

En octobre 2018 par exemple, Ali Bongo, le Chef d’État du Gabon, a été victime d’un accident vasculaire cérébral à cause d’un excès de travail lié à la fonction présidentielle. Plusieurs fonctions motrices et neurologiques ont été endommagées et une partie de son corps est demeuré paralysé. Malgré un risque d’abîmer sa santé dans un exercice accru de ses fonctions, un Chef ne pense ni à lui en tant qu’individu devant nécessairement persévérer dans son être, suivant la loi de Spinoza, ni à ses réserves en tant que mammifère accumulateur-né : il se dépense sans compter pour la prospérité de tout le peuple. C’est pourquoi, chez les Beti, le concept de pouvoir est intimement articulé avec l’image de la destruction. La désignation d’un chef – un « nkumkuma » – est assimilée à l’apparition d’un champignon très rare appelé justement nkumkuma (nkum est un tronc d’arbre pourrissant et akuma signifie « richesses »).

Dans la science politique bantoue, Philippe Laburthe-Tolra l’a fort bien établi chez les beti, l’économie est articulée avec la politique. Le chef, le « nkukuma », est celui qui est très riche, d’abord en termes de nombre de sujets sur lesquels il exerce son autorité, mais aussi de richesses matérielles, qui ne lui appartiennent cependant pas ! Le chef est la matrice de la prospérité, le tronc qui porte la fortune publique en ses branches et ses racines. C’est pourquoi il met souvent sa fortune personnelle au service des besoins de ses concitoyens. Si un tel chef gouverne avec habileté et discernement, écrit Laburthe-Tolra, les siens connaitront le mvoe, la bonne santé au sens physique et social, la paix, l’équilibre.

Gouverner c’est aussi cela : rechercher l’équilibre, ce que certains bantous appellent « mvoe », qui résultera d’abord de l’harmonie avec les puissances invisibles en soi-même et dans la société. « En réalité, mvoe est le bon ordre dans sa plénitude, le but suprême pour l’individu comme pour la société – on pourrait presque dire « le bonheur », si le mot n’avait pris un sens si subjectif dans notre civilisation occidentale. Ici, ce bonheur n’est conçu que comme la conformité à un ordre naturel et social objectif, à une harmonie des choses ut sic, indépassable ».

De ce point de vue, rien n’est plus éloigné de l’esprit républicain que de gouverner avec le pernicieux sentiment que l’État est l’« elig mvamba » du Chef. Car qui cherche son propre salut et aspire en même temps au trône blesse la justice. En revanche, un chef avisé sent le péril imminent lorsque les institutions nationales prennent la coloration et l’odeur de ses origines biologiques, de ses racines tribales. C’est pourquoi il est impératif que le gouvernant sache se rendre digne de conduire le peuple, en restreignant lui-même sa puissance régnante ou, du moins, en se laissant contrôler et limiter son pouvoir par des mécanismes institutionnels éprouvés, au risque de basculer dans la tyrannie ou la folie de la torture.

 

II/ La torture dans le dispositif gouvernemental des régimes politiques africains actuels : le cas Mamadou Mota
Dans ses Entretiens, Confucius énonce le principe politique fondamental suivant : « Si le prince conduit le peuple au moyen de lois et le retient dans l’unité au moyen de châtiments, le peuple s’abstient de mal faire ; mais ne connaît aucune honte. Si le prince dirige le peuple par la Vertu et fait régner l’union grâce aux rites, le peuple a honte de mal faire, et devient vertueux ».

Tout se résume, en fait, à la force du discernement, à l’esprit de sacrifice et au sens de l’humanité entretenu par le prince. Mais que n’a-t-il anticipé l’avènement d’un prince au cœur étroit qui dirigerait en dehors des lois, avec une soif insatiable d’anéantissement de ses sujets en vue de sa survie politique propre et sans les rites d’exaltation de la conscience patriotique et de la destination historique du peuple qu’il sert ? Car en effet, en Afrique, il existe de tels régimes. Voici une illustration patente des dérives d’un pouvoir incapable de se restreindre dans les proportions exigibles par l’efficacité gouvernante, et qui confond enrégimentement de force des masses et gouvernement de la cité.

En effet, depuis que Maurice Kamto a revendiqué sa victoire à l’élection présidentielle de 2018 et à la suite des marches organisées par ses partisans, plusieurs membres du Mouvement de la Renaissance du Cameroun ont été arrêtés et emprisonnés dans d’autres pénitenciers de la Républiques. En fait, depuis le déclenchement de cette crise post-électorale, et même avant, les autorités politiques de Yaoundé – et une partie importante de l’opinion publique d’ailleurs – sont convaincues qu’elles sont victimes d’une entreprise planifiée de déstabilisation des institutions ourdie par les acteurs intérieurs et les puissances étrangères.

C’est ainsi qu’à la suite d’une mutinerie dans la prison de Kondengui, à Yaoundé, le 22 juillet 2019, plusieurs partisans de Maurice Kamto ont été sortis de prison vers une destination inconnue. En août 2019, ils sont ensuite apparus au tribunal d’Ekounou, à Yaoundé, où ils sont de nouveau jugés pour « rébellion en groupe, tentative d’évasion en coaction ; destruction en coaction, vol des effets d’anciens ministres, blessures simples, etc ».

Parmi les présumés coupables figure Mamadou Mota, Premier Vice-Président dudit parti politique. Devant la barre, ce dernier dont le bras gauche portait un plâtre et le bras droit était entravé par des menottes partagées avec un autre infortuné, avait sa tête est à moitié rasée, une large et fraîche cicatrice, issue d’une blessure suturée et visible même de loin.

Mota a fait la déclaration suivante, à l’intention du juge qui l’interrogeait : « Monsieur le Président du Tribunal, la personne qui comparaît devant vous est un ingénieur agronome. Je puis vous dire que ma présence ici n’est autre qu’un acharnement politique. Mon crime est d’être dans l’opposition et de critiquer le régime. Mais mon plus grand crime c’est surtout d’avoir fait des études. Vous voyez ce bras plâtré et cette tête cassée. Ce ne sont pas des bandits qui m’ont agressé, mais des gendarmes qui, méthodiquement, froidement, avec une violence et une rage folles, m’ont causé ces blessures, et ce ne sont pas les seules…En me frappant, ils disaient que cela m’apprendra à être opposant et à jouer à l’intellectuel, au lieu de me contenter d’être un petit gardien des maisons de leurs patrons. N’est-ce pas le sort d’un petit nordiste comme moi ? Que les femmes présentes dans la salle me pardonnent, mais vous devez savoir. Un gendarme m’a carrément dit “Mamadou Mota, le gros c ### de ta mère ».

Nous avons tous une mère, et des filles qui demain seront des mères. Que venait faire ma mère dans cette histoire ? Me torturer à mort ne leur suffisait-ils pas ? Ils m’ont fait dormir trois nuits au sol, sans mes habits qu’ils avaient pris le soin de déchirer, me privant pendant cette période de nourriture. Je suis un vrai miraculé.

C’est pour cela que devant vous, j’espère avoir droit à la justice. Car je n’ai commis aucun crime. J’avais été appelé ce 22 juillet pour calmer les protestataires. Ce que j’ai fait. Et alors que je dormais déjà, en pleine nuit, ils sont venus me sortir de la cellule, et dès la Cour intérieure de la prison, c’est des gardiens de prison qui ont entrepris de me molester. Je ne suis donc coupable de rien. Par ailleurs, je ne suis pas en état d’être jugé maintenant.

L’urgence c’est de recouvrer ma santé » (propos rapportés par son avocat, Maître Emmanuel Simh).
Quelle pratique originale du concept d’État de droit ? Et quelle étrange réaction que celle du pouvoir ainsi désigné, qui consiste à se barricader et à s’aliéner le soutien précieux de la population, des forces vives de la nation et de la masse critique en entretenant la guerre dans certaines régions du pays et en s’adonnant à des actes innommables de torture systématique des citoyens ! Un pouvoir qui manque aussi officiellement de retenue et d’hygiène au point d’affamer, de maltraiter et de torturer ses citoyens non armés, sous le prétexte malicieux du maintien de l’ordre public, est-il irrémissible de cette ignominie ?

Un tel prince s’est-il arrêter à considérer le préjugé rigide et surfait suivant lequel « il est impossible de plaire aux hommes de notre époque, et très difficile d’échapper à la haine et à l’envie » ? Peut-il, dès lors, s’épargner l’animosité viscérale d’une partie importante de la population et éviter d’être honni et combattu suite à ces forfaits abjects ? Car enivrés de leurs victoires sur l’opposition politique, les acteurs du régime en place ignorent les leçons de l’imprévisibilité de l’histoire. L’humilité, la sagesse et l’expérience dans les drames de l’Histoire humaine commandent pourtant de se raviser.

Le sage dit : « Vainqueurs, n’oubliez pas que les victoires humaines ne sont jamais que partielles et temporaires. Rien, dans les affaires de ce monde, ne saurait être réglé pour toujours. Aucun triomphe ne détermine l’avenir lointain» !

C’est sans doute pourquoi les peuples, même au plus fort de la répression et des purges les plus sanglantes, ont toujours su vaincre la peur et retrouver l’itinéraire de leur destination historique. Aux sanglots insoutenables qu’ils répriment dans leurs poitrines meurtries, les citoyens opposent les flots mélodieux de leur trajectoire d’affirmation politique, économique et culturelle qu’il s’enracine dans le granit des révolutions. Ils savent que la stratégie des gouvernants-imposteurs est éprouvée : distiller l’effroi et décourager.

Le but ultime est de verrouiller les terrains social, politique et économique, pour qu’aucune énergie nouvelle ne surgisse, pour pérenniser ainsi le statut quo et entretenir la misère afin de se maintenir au pouvoir à travers la distribution quotidienne des pains, des boites de sardines et des pagnes surfacturés. Il faut ajouter, à cet égard, qu’ils recrutent de petits serpenteaux chômeurs et des universitaires bien repus, aussi venimeux que vaniteux, pour prêcher l’éducation civique du village et des morales d’enlisement et d’auto-anéantissement. C’est le socle imparable de leur jouissance quotidienne ; c’est la condition sine qua non de leur survive politique.

Dans tous les cas, ce témoignage glaçant remet au goût du jour la question centrale des principes, des modalités et des enjeux du gouvernement civil dans les États modernes, ceux des pays africains en l’occurrence, où il est courant de confondre commandement des hommes et gouvernement de la cité.

 

III/ Le commandement et le gouvernement au service de la modernisation de l’Afrique

Il faut pourtant distinguer, ainsi que l’indique André Maurois dans Un art de vivre, l’art de commander et l’art de gouverner : « Gouverner et commander sont, en temps de paix, deux arts distincts. Commander, c’est conduire un groupe d’êtres humains, soumis au chef par une discipline, vers un but défini. […] Mais le Chef de gouvernement d’un État libre doit, lui, diriger, vers des objectifs embrumés et mouvants, les actions d’un groupe que rien ne contraint à lui obéir (sinon la crainte de l’anarchie, crainte qui, dans les périodes de bonheur, s’assouplit) ».

Commander revient précisément à définir les objectifs, la trajectoire et des tâches y afférentes et ordonner que l’ensemble des membres du groupe dont a la charge les suivent fidèlement ; gouverner, par contre, consiste à maintenir le peuple dans la voie droite, suivant les prescriptions des lois en vigueur dans le pays et l’ordre le plus à même de favoriser la prospérité, sans personnifier la rectitude exigée à tous. Le problème est que dans nos pays, nous ne savons plus exactement si nous sommes en temps de paix ou en temps de guerre.

Certains ministres, directeurs généraux, officier supérieurs d’armée, bureaucrates et autres hauts cadres de l’administration publique, qui pensent, à tort, que rien n’est au-dessus des amitiés et des affinités, considèrent d’ailleurs que « tout notre travail consiste à être en repos » ! Mais au travers de cette devise des artistes de génie, il faut voir, dans la remarque de Gœthe, la reconnaissance d’un travail préalable et acharné de celui-ci en amont de la production de ses chefs-d’œuvre. Le repos de l’artiste est donc la restitution de sa vie intérieure, qui est riche des expériences diverses (une longue pratique dans les arts, des échanges épistolaires ou une mutualisation des pratiques avec les pairs, réminiscences, etc.) qui ont forgé son style.

Cette devise ne convient donc pas aux acteurs politiques et aux hommes d’État qui, eux, sont le produit de leur engagement quotidien, de leurs conquêtes futures momifiées dans leurs ambitions. Par contre la célérité et le professionnalisme dans le traitement des dossiers à lui soumis, l’énergie, l’assurance et le dévouement dont il fait montre dans la conduite et l’exécution des projets dont son administrations a la charge, la volonté et le talent manifesté dans la conception d’une vision de la destination collective adossée sur un dessein noble, sont autant de qualités qui distinguent l’authentique administrateur du fonctionnaire budgétivore, l’homme d’État représentatif et l’imposteur qui parasite les circuits de décision étatiques.

Si, du bout des lèvres, de tels ministres reconnaissent le prince comme leur créateur, ils ne manquent pas de le maudire en pensée, comme l’archevêque mécréant et infidèle de Cambray, Dubois, dont Saint-Simon écrit : « Tous les vices combattaient en lui à qui en demeurerait le maître. Ils y faisaient un bruit et un combat continuel entre eux. L’avarice, la débauche, l’ambition, étaient ses dieux ; la perfidie, la flatterie, les servages, ses moyens ; l’impiété parfaite, son repos ; et l’opinion que la probité et l’honnêteté sont des chimères dont on se pare, et qui n’ont de réalité dans personne, son principe, en conséquence duquel tous moyens lui étaient bons. Il excellait en basses intrigues, il en vivait, il ne pouvait s’en passer, mais toujours avec un but où toutes ses démarches tendaient, avec une patience qui n’avait de terme que le succès, ou la démonstration réitérée de n’y pouvoir arriver, à moins que, cheminant ainsi dans la profondeur des ténèbres, il ne vit jour à mieux en ouvrant un autre boyau. Il passait ainsi sa vie dans les sapes.

Le mensonge le plus hardi lui était tourné en nature avec un air simple, droit, sincère, souvent honteux. Il aurait parlé avec grâce et facilité, si dans le dessein de pénétrer les autres en parlant, la crainte de s’avancer plus qu’il ne voulait, ne l’avait accoutumé à un bégaiement factice […]. Sans ses contours et le peu de naturel qu’il perçait malgré ses soins, sa conversation aurait été aimable. Il avait de l’esprit, assez de lettres, d’histoire et de lecture, beaucoup de monde, force envie de plaire et de s’insinuer, mais tout cela gâté par une fumée de fausseté qui sortait malgré lui de tous ses pores et jusque de sa gaîté qui attristait par là. Méchant d’ailleurs avec réflexion et par nature, et par raisonnement, traître et ingrat, maître expert aux compositions des plus grandes noirceurs, effronté à faire peur étant pris sur le fait ; désirant tout, enviant tout, et voulant toutes les dépouilles.

On connut après, dès qu’il osa ne plus se contraindre, à quel point il était intéressé, débauché ; inconséquent, ignorant en toute affaire, passionné toujours, emporté, blasphémateur et fou, et jusqu’à quel point il méprisa publiquement son maître et l’Etat, le monde sans exception et les affaires, pour les sacrifier à soi tous et toutes, à son crédit, à sa puissance, à son autorité absolue, à sa grandeur, à son avarice, à ses frayeurs, à ses vengeances » Je cite long. Il le faut. Car tel est, sous la plume de Fénélon, le portrait saisissant des ministres sans scrupule, qui savent provoquer la ruine d’une nation.

L’enflure de la suffisance, la fierté et la pompe du serviteur de l’État sans cœur ne peut être que cause de la perpétuation concomitante d’inepties, du faste dédaigneux, de la brimade et de l’usurpation ; ce qui ne conduit qu’à un odieux trépas et de l’agent public et de l’institution concernée.

À ce sujet, la question de la gestion des renseignements est centrale dans le dispositif de gouvernement en place. André Maurois, s’appesantissant sur la manière dont un chef doit gérer les renseignements qu’il reçoit, note : « Tous les renseignements sont faux. […] Presque tout est exagéré, déformé, supprimé. Le seul moyen de n’être pas trompé sur les faits, c’est d’aller de temps à autre voir soi-même. La menace de telles visites suffit à faire merveille. Soudain les rapports deviennent véridiques » Gouverner n’implique donc pas que l’on dirige par procuration, par épisode, par délégation de signature permanente.

 

D’un autre côté, puisqu’en démocratie le leadership n’est pas institué suivant les critères de primogéniture, il faut que le chef qui gouverne, surtout s’il est d’un certain âge, répugne à l’attrait du sentimentalisme dont sont attachées les affinités héréditaires et les options aristocratiques. En ce sens l’appartenance à une organisation mystique ou ésotérique ou l’origine familiale, fût-elle de grande réputation, ne devrait en aucun cas influencer ou conditionner la désignation à un poste de responsabilité. Et puisqu’il n’obéit pas aux vicissitudes des états d’âme et aux intempéries des humeurs, « un chef peut, et souvent doit être sévère ; il n’a pas le droit d’être méchant, ni cruel, ni rancunier. Il doit mépriser les ragots, mais, s’il le peut, diriger les courants d’opinion qui le portent ».

Malheureusement, au lieu de laisser agir et de se contenter de vérifier, on fait au contraire tout dépendre de la personne faillible du leader, de la petite âme du Chef ; au lieu d’imposer aux intérêts particuliers, irréductibles d’apparence, le respect de l’intérêt général, on laisse les lobbies, des castes de prébendiers et la mafia dépecer minutieusement l’État. Or, ce qui distingue vraiment un homme d’État, c’est d’une part sa patience alternée à une rapidité exécutive dans la démolition du gîte national de la misère, et d’autre part l’édification des poutres qui portent la prospérité de son peuple.

Ce qui exige une grande humilité, une détermination d’airain et beaucoup d’esprit qui s’accommode du péril de disparaître à tout moment et, donc, de se voir succéder à la tête de l’État par un membre de son entourage. Car, nul ne peut honorer les esprits s’il n’est capable de remplir correctement ses devoirs envers les hommes.

 

IV/ L’intelligence politique du Prince

De ce point de vue, celui qui aspire gouverner dans les règles de l’art le traduit d’abord par sa propension à s’effacer pour faire place à ses ministres et représentants, c’est-à-dire à ses potentiels remplaçants. C’est cela avoir le sens des possibles : d’un côté mettre toute sa force, ses compétences et ses espérances dans la balance du pouvoir pour impulser la transformation sociale exigible ; d’un autre côté, prévoir et anticiper son incapacité en tant qu’être humain originellement limité. Un chef avisé et intègre sait qu’il est à la tête d’une équipe ; il ne songe pas qu’il est le messie indispensable qui ne viendra plus. Se méfier de tous ses ministres, manquer totalement de confiance à l’égard de tous les collaborateurs, sans exception, être incapable d’identifier ou de produire un ou plusieurs membres de son équipe gouvernemental capables de prendre le relais après sa disparition, est un aveu cinglant d’échec de la part d’un Chef d’État.

Pis, pour un régime en place, dédaigner à constituer une classe dirigeante capable de prendre les rênes du pouvoir à la suite de son règne équivaut à rien de moins qu’à un acte de haute trahison.
C’est pourtant le propre des régimes autocratiques. Ici, le Chef n’est ni éclairé ni engagé véritablement. Au contraire, il se referme sur les flots de louanges médiatiques qui produisent au quotidien son rayonnement et sur les épanchements de la vanité que ses laudateurs les plus fervents oignent en permanence sur sa suffisance constitutive. Le protocole attaché à la fonction suprême ne sert dès lors plus qu’à entretenir les effluves d’une solennité de façade.

À l’occasion des grandes parades. Le Chef oublie de se retrouver avec soi, dans le silence rythmé de l’auto-évaluation du degré d’estime que lui porte le peuple, ou pour inspecter les réalisations produites sous son leadership. Il s’attache plutôt à mieux ses soustraire à ses devoirs, à se dissimuler de soi. D’où son incapacité à se retrouver avec soi, en remettant en question des orientations politiques et économiques inopérantes et contre-productives sur lesquelles les citoyens pestent et qui carburent leur ressentiment à son égard.

Dans ce cas, ce n’est pas tant les qualités personnelles intrinsèques du Chef d’État qui sont remises en cause, mais sa disponibilité à se ressourcer auprès de la pensée critique. Jean-Bedel Bokassa, autoproclamé Empereur à vie en République centrafricaine, s’est révélé être trop immature, trop amoureux des valeurs factices, des honneurs prématurés ; il s’est dévoilé sous les traits d’un sujet parvenu et trop anti-patriotique, anormalement nombriliste. Sa chute fut retentissante, et ses turpides politiques, mémorables.

Pour prévenir de tels anachronismes, l’État doit, entre autres, concevoir une politique de formation des entrepreneurs et des cadres supérieurs, bâtir une société performante et démocratique, et avoir de grandes ambitions au plan international. En effet, un pays qui veut satisfaire les besoins de ses citoyens ne peut s’empêcher de mettre sur pied des institutions défiées à la tâche d’élever la conscience politique des jeunes, non seulement en stimulant leur capacité à prendre des initiatives personnelles dans leur vie, mais aussi en les préparant à l’exercice des hautes fonctions publiques, formation au cours de laquelle ils devront progressivement adopter, dès la plus tendre enfance, des comportements éthiques et républicains.

Par ailleurs, les autorités publiques doivent entreprendre de moderniser l’organisation sociale, restaurer la culture nationale et restructurer le droit constitutionnel et la juridiction pénale. Gouverner, dès lors, se résume à une certaine intelligence du monde ; ce qui implique, à ce niveau supérieur de responsabilités, aussi bien une connaissance approfondie de la stupidité des hommes et une pratique exercée et patiente de leurs intrigues, qu’un effort pour contenir l’imprévisibilité du hasard à sa portion congrue, ainsi qu’une expérience dans la gestion des intérêts vitaux des États.

C’est pourquoi, à la question de savoir ce qui est attendu du Prince pour que son peuple le respecte et lui soit fidèle et loyal, le Sage répond :
« Que le Prince montre de la dignité, et il sera respecté ; qu’il honore ses parents et soit bon envers ses sujets, et ses sujets lui seront fidèles ; qu’il élève aux charges les hommes de mérite et forme les incompétents, et il excitera le peuple à cultiver la vertu ».

On comprend donc que le choix du leader, son degré de prise de conscience de ses devoirs, son courage moral en un mot, et son honnêteté financière qui garantit après coup sa respectabilité, soient déterminants, tout comme son caractère même, qui, d’ailleurs, prend corps dans sa passion de réussir son œuvre, à savoir, rendre son pays riche et puissant. À cet égard, c’est un singulier paradoxe politique s’il est démontré que le Prince est malhonnête et fourbe ; s’il s’avère qu’il est frivole, lâche, impie, cruel et débauché ; s’il est établi qu’il a trahi son serment et violé les lois qu’il était censé appliquer.

 

V/ Gouverner, c’est prendre en charge la destination historique d’un peuple
Les peuples qui réussissent la transformation qualitative de leurs structures mentales, sociales et infrastructurelles sont ceux qui refondent en permanence leur édifice philosophico-idéologique.

Ceci s’est vérifié avec les pays européens, l’Amérique du Nord, les pays d’Asie du Sud-Est, la Chine, l’Inde, etc. Pour conduire cette tâche de refondation politique systématique, trois conditions sont requise : d’une part, le Chef doit avoir la légitimité nécessaire qui fonde son autorité, en somme, il doit se présenter sous les traits d’un visionnaire appliqué et intègre ; ses ministres et lui doivent avoir une haute idée de leurs fonctions et des compétences managériales requises pour ces charges publiques exigeantes ; le peuple doit être mobilisé pour l’entreprise gigantesque de développement économique, dans la discipline, la paix et la justice sociale.

Dans le cas du Cameroun, ce que Marcien Towa redoutait, à savoir, l’institution d’une société privilèges, d’oppression et d’exploitation, s’est finalement matérialisé dans notre pays sous les traits les plus abjects. Nous sommes donc en crise. Et en temps de crise, les cadres de la normalité politique sont éclatés. « Que les hommes politiques, gâtés par des années d’intrigues, que les journalistes, déséquilibrés par toutes les compromissions du métier, puissent accepter les plus impudents mensonges, se boucher les yeux à d’aveuglantes clartés, cela s’explique, se comprend », explique Émile Zola dans sa Lettre à la jeunesse. Mais faire la politique ne revient pas à embrasser la carrière du crime, ni à aménager dans le no man’s land de la pauvreté des oasis de la prévarication et de l’assassinat économique.

L’arène politique n’est ni un repère pour brigands en costumes ni un sanctuaire pour les criminels en cravates. Le champ politique n’est pas l’occasion offerte aux festivaliers de l’ordure pour répandre dans l’espace public la nausée et les vomissures qui l’accompagnent, ni non plus le festin des ogres assoiffées de l’avenir des jeunes et de la tranquillité des vieux respectables.
Certes, les traîtres ne manqueront pas à l’appel : les Verrès, les Catalina, les Vargunteius et les Céthégus sont citoyens du monde…. Mais le gouvernant ne doit point manquer à l’obligation de communiquer la douceur de la patrie au peuple à travers sa voix.

La démocratie, c’est le nom qu’on donne au travail qu’un peuple fait pour atteindre sa destination historique. Pour ce faire, chaque citoyen doit apprendre à mesurer ses responsabilités (comprendre, assumer ses devoirs et défendre ses droits) et se rendre utile à la communauté. Être d’utilité publique, c’est se constituer républicain. Et Wolff définit la république comme « un certain nombre d’hommes occupés à l’avancement du Bien public », le Bien public étant entendu comme ce qui « renferme la plus grande félicité dont chaque homme puisse jouir sur la terre, comme conformément à son état ».

Or, s’il est admis que dans la République, les citoyens agissent selon les lois, il faut convenir que pour gouverner, même à la plus petite échelle d’une commune, il faut remplir deux conditions au moins : 1/ d’abord, être instruit des ingrédients qui rentrent dans la recette du bonheur de ses administrés ; 2/ ensuite, cultiver la force de sa volonté en vue d’accomplir fidèlement la mission du développement et d’épanouissement qui nous échoit, et ainsi impulser les changements nécessaires à la félicité de la communauté entière.
C’est aussi dans cette optique que s’inscrit le processus de décentralisation.

Elle consiste en une grande rationalisation du développement au plan local. Elle impose une nouvelle grammaire de l’action publique. Dans cette approche, tout raisonnement porte sur une difficulté donnée à vaincre et préfigure une action à entreprendre. Or, quoique le bonheur soit générique à l’espèce humaine en général, ses modalités divergent suivant qu’il s’agit d’un enfant, d’une femme ou d’un homme. On comprend donc que, quelles que soient la qualité de son instruction, ses compétences et sa probité, l’élu suprême ne puisse conduire seul le chantier de l’épanouissement de tous.

Gouverner, ce n’est pas l’affaire d’un homme ; c’est le dispositif d’un Conseil, d’une Collégialité, d’une mobilisation générale de tous les villageois, de tous les chômeurs, de tous les fonctionnaires, de tout le peuple qui, en cœur, entonnent le refrain de l’exorcisation collective, brisent les chaînes de l’enlisement et se saisissent de leur destination historique en pleines mains.

 

Fridolin Nke,
Expert du discernement
Université de Yaoundé I
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Le souverain pontife continue de prier sans cesse afin que le dialogue national puisse connaître un succès au Cameroun.

 

En effet, le pape a émis le vœu de succès des assises prévues à compter de ce lundi au palais des congrès de Yaoundé. Avant de dire la traditionnelle prière de l'ANGELUS hier dimanche 29 septembre 2019 à Rome, le patron du saint-siège a dit : "s'associer aux souffrances et aux espérances du peuple Camerounais " à l'occasion du dialogue national, avant d'invité les fidèles " à prier pour que ces échanges puissent se révéler fructueux et conduisent à des résolutions pour une paix juste et durable au bénéfice de tous". 

 

À titre de rappel, la cérémonie solennelle d’ouverture du Grand dialogue national a eu lieu ce lundi en fin de matinée, au Palais des Congrès de Yaoundé. Organisés pour trouver des solutions à la crise sociopolitique et sécuritaire dans les Régions anglophones et ailleurs,les travaux iront jusqu'à vendredi prochain sous la présidence du premier ministre chef du gouvernement Joseph DION NGUTE. La Cérémonie de ce matin a connu la présence d'un millier de participants au palais de congrès de Yaoundé. La session d'ouverture a été marquée par la prise de parole d'une vingtaine d'ex combattants séparatistes. Lesquels ont expliqué que leur engagement auprès des insurgés était lié à leurs conditions économiques défavorables. Pendant 5 jours, les participants au dialogue national doivent débattre du système judiciaire, éducatif, de la diversité culturelle, du développement local etc. Principal enjeu, la fin des tensions dans le nord-ouest et le Sud Ouest.

 

Marcel Ndi 

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L’ex Premier ministre Philemon Yang aurait préalablement eu à recevoir un avertissement de deux mois, le temps de libérer sa résidence. Des sources bien informées, il s'agit d'une  des bâtisses située au bord du Lac municipal à Yaoundé qui serait construite sur un terrain destiné à accueillir un « projet géant » dans la ville aux sept collines.

 

Le journal The Guardian Post fait savoir que l’ultimatum porte la signature du Ministre des Domaines et des Affaires Foncières, Henri Eyebe Ayissi. Selon la teneur du document transmettant cet avertissement, il est demandé à l’ancien Premier ministre Philemon Yang de quitter la maison qu’il a construite, il y a des années.

 

Est-ce que Paul Biya a donné l'ordre?

L'on observe que Le journal The Guadian Post cite des passages de l’avis dont la lecture se décline comme suit : « …vous avez reçu l’ordre, sur ordre ferme du chef de l’Etat, de quitter votre résidence privée actuelle, située aux abords du lac municipal de Yaoundé. Dans un délai maximum de deux mois… ».

L'on apprend que la zone concernée  qui accueille la résidence privée de l’ancien Premier Ministre est retenue pour abriter un projet d’envergure. Les lieux vont accueillir l’un des sites d'un projet de construction d’un hôtel cinq étoiles. Il pourrait ainsi transformer le Lac municipal en site touristique dans la ville aux sept collines, capitale du Cameroun.

Pour l'instant aucune autre information ne fait savoir si dans le même temps d’autres bâtiments autour dudit Lac municipal seront également touchés. Dans la note du Ministre des Domaines et des Affaires Foncières, il n'est cependant non plus indiqué si l’ancien Premier Ministre Philemon Yang bénéficiera ou pas d'une indemnisation dans le cadre d'une expropriation pour cause d'utilité publique. 

 

Innocent D H

 

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Dès les premières heures de ce mardi, les employés de la Société Hygiène et Salubrité du Cameroun ont engagé un sit-in devant les locaux de la direction générale à Yaoundé. Ils réclamaient le paiement de leurs arriérés de salaire.

 

Habillés en combinaisons orange, certains étaient assis à même le sol, sans tenir compte des gouttelettes de pluie qui arrosaient la ville aux sept collines. D’autres, se tenaient appuyés contre le mur de la canalisation de la rivière Mfoundi, qui ondoie derrière la clôture de la direction générale.

Aucune pancarte, aucun bruit, juste le silence. Mais, celui-ci était encore plus parlant, que tout autre bruit qui aurait été fait, par ces parents, responsables de familles qui n’ont pu envoyer leurs enfants à l’école alors que nous sommes rendus à la troisième semaine des classes maintenant. La raison principale de ce mouvement d’humeur, comme le révèlent ces quelques témoignages recueillis de façon anonyme : « Ce n’est plus supportable. Trois mois sans le moindre salaire, est ce que ces gens se préoccupent de savoir comment nous vivons, nous et nos familles ? Mes enfants, comme la plupart des enfants de mes collègues, sont encore à la maison ».

Un autre se pose lui aussi des questions : « Comment pouvons-nous nous les envoyer à l’école ? Avec quels moyens pouvons-nous les inscrire, alors que nous sortons chaque jour et leur disons que nous nous rendons au travail et pourtant, nous rentrons chaque jour, la queue entre les jambes ? »

En face d’eux, les responsables de cette entreprise se tiennent coït. Dans les deux camps, on se regarde avec méfiance. Devant ce qui ressemble à un garage, l’on note la présence d’une dizaine de camions garés sans aucun conducteur dans les cabines. Un peu plus loin, ce sont les bacs à ordures et des balaies jetés de manière éparse.

 

Des fonds déboursés pour l’achat du matériel

C’est ce que croient savoir ces employés qui ont résolu ce jour de faire part de leur colère à la direction générale de la société Hygiène et Salubrité du Cameroun, puisque de ce côté, « ils n’ont pas trouvé opportun d’apporter une solution après avoir été saisi par, la plateforme des syndicats départementaux du secteur de l’assainissement du Mfoundi.

« Ils n’hésitent pas à débourser 150.000.000 Fcfa pour l’achat d’un simple camion et, sans tenir compte de la situation traumatisante que le chauffeur traverse, on le lui confie.  Et lorsque surviennent les accidents, les gens sont surpris. Ce n’est pas pour justifier quoi que ce soit, mais, je veux expliquer qu’un chauffeur ne peut avoir l’esprit tranquille, lorsque chez lui, il ne peut pas assurer… ».  

Du côté du staff administratif, on veut présenter les employés comme des menteurs. Le responsable de la communication Joel Olomo Ndo assure que « les salaires sont payés chaque 25 du mois. Mais par souci d’humanisme, le top management a promis à ses collaborateurs de payer le salaire du mois d’août, courant semaine du 23 septembre. Mais il se trouve malheureusement que beaucoup n’ont pas bien saisi la nuance et ont cru qu’ils recevront leurs le 23 septembreQuelques heures après, ils se sont mis à manifester. Toutefois, la situation sera régularisée dans les prochaines heures… ».

 

Nicole Ricci Minyem

 

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Ils reprennent le chemin des salles d'audience après cinq journées de suspension du port de la robe.

 

Au terme de la grève de vendredi 20 septembre 2019, une réunion s'est tenue à Yaoundé entre les membres du Conseil de l'ordre et le ministre de la Justice (Minjustice) en vue de trouver une solution aux préoccupations des avocats qui ont «grevé» pendant cinq jours [16 au 20 septembre 2019].

Pour prêter une oreille attentive à leurs revendications, une autre réunion a été prévue après le « Grand dialogue national programmé du 30 septembre au 04 octobre prochain, afin qu’également toutes les propositions des avocats soient rassemblées et consignées dans un document », a confié un membre du conseil dans les colonnes de Mutations.

Ladite réunion qui aura lieu le 10 octobre prochains sera présidée par le Minjustice. Tout en espérant, que la suspension du port de la robe et la non fréquentation des cours et tribunaux vont porter des fruits, ils devront être présents dans les tribunaux dès ce matin.

Le 31 août 2019, les membres du Conseil de l'ordre des avocats avaient instaurés cinq jours de suspension du port de la robe et la non-fréquentation des cours et des tribunaux sur toute l’étendue du territoire national. Bien que le mot d'ordre ait été respecté, ils continuaient à exercer une partie de leur travail. Notamment faire des consultations et assister des justiciables dans les cabinets.

Il est à noter que cette absence a eu un impact négatif sur des clients qui n’ont pas été informés de cette grève, car quasiment impossible de se défendre seuls, ils étaient anéantis. Le volet positif de la grève sur d'autres est qu’ils ont pris la peine de dialoguer avec leurs avocats, et ces derniers leurs donnaient des directives à suivre pour minimiser les conséquences négatives.

La grève des avocats notamment paralysé le procès des 07 militaires accusés d’exécution sommaires dans la région de l’Extrême-Nord. L’audience devait se tenir le 16 septembre. Une audience pourtant primordiale, car censé ouvrir la phase des débats et faire comparaître les premiers témoins.

Ce 16 septembre, au Tribunal militaire, l’audience n’a duré qu’une dizaine de minutes. La présidente de la collégialité le colonel Abéga a procédé néanmoins à l’identification des parties avant de suspendre l’audience pour la renvoyer au 21 octobre prochain pour ouverture des débats en présence des avocats des prévenus. A cette audience également, il n’est plus question de disposer d’une quelconque autorisation pour couvrir le procès. Chacun peut entrer librement.

 

Liliane N.

 

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Peter Mafany Musonge affirme avoir été marqué parfois positivement parfois négativement lors de ces descentes.

 

La Commission nationale pour la promotion du bilinguisme et du multiculturalisme, revendique 37 descentes effectuées dans les Ministères du pays et 28 visites dans des établissements et entreprises publics situés dans la ville de Yaoundé. En sa qualité de président de cette Commission, Peter Mafany Musonge après lesdites descentes et visites, précise que l’on parle de l’établissement du bilinguisme, du multiculturalisme ou du vivre-ensemble, il faut savoir qu’on est dans une construction permanente.

Peter Mafany révèle dans une interview accordée au quotidien gouvernemental Cameroon Tribune, que les descentes effectuées par les membres de son équipe ont marqué, lorsqu’il s’est agi d’évaluer la pratique des deux langues officielles dans les transactions officielles des Ministères et établissements publics ainsi que dans le service qu'ils rendent au public.

« Aussi bien dans les Ministères que dans les établissements publics, nous avons fait comprendre aux chefs des structures respectives que notre option nationale pour le bilinguisme n'est pas, conformément à notre Constitution, négociable. Nous avons appelé ceux qui traînent les pieds à faire désormais des efforts pour intensifier la pratique du bilinguisme au sein de leurs entités dans le respect strict des dispositions constitutionnelles y relatives. Bien sûr, conformément à nos règles de base, nous avons transmis au président de la République un rapport sur ce que nous avons constaté et formulé des propositions sur la façon d'améliorer la situation », déclare Peter Mafany Musonge.

La Commission nationale pour la promotion du bilinguisme et du multiculturalisme indique qu’en plus des descentes sus mentionnées, avoir effectué des missions d'écoute des populations dans les Régions du Sud-Ouest et du Nord-Ouest.

« Il s'agissait d'une sortie majeure pour la Commission, compte tenu de la crise sociopolitique et sécuritaire qui secoue ces deux Régions. Au cours de ces missions, les populations ont donné leurs points de vue et formulé des propositions sur la situation du bilinguisme dans les deux Régions. Elles ont fait des commentaires sur le multiculturalisme et le vivre ensemble, et sur la façon dont elles pensaient qu'ils pourraient être améliorés dans le pays. Puis, concernant la crise qui secoue les deux Régions, elles ont fait un ensemble de suggestions sur la façon dont elles souhaiteraient qu'elle soit pacifiquement résolue », ajoute Peter Mafany Musonge.

 

Liliane N.

 

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Sunday, 05 June 2022 11:01