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Avec une pointe de sarcasme, l’homme, plus connu sous la casquette d’analyste économique a rédigé un texte dans lequel il affirme entre autres que : La pression des Etats-Unis sur le  Gouvernement du Cameroun devient de plus en plus intense. Un mois après la suspension du Cameroun de l’AGOA, ils reviennent en force, comme une terrible piqûre de rappel…

 

« Le Sous-secrétaire d’Etat américain chargé des affaires de l’Afrique Tibor Nagy a expliqué que les gens qui entourent Biya et lui font miroiter une victoire militaire se trompent, car selon lui, il n’y aura aucune victoire militaire au NOSO. Il a également demandé que le Gouvernement engage de véritables négociations avec les forces sécessionnistes en prenant notamment une solution qui satisfassent les modérés anglophones. Demandant qu’on transfère le pouvoir aux Anglophones, il a implicitement menacé d’appuyer la Sécession, en rappelant que face à l’entêtement du régime, certains Anglophones qui se sentaient d’authentiques Camerounais préfèrent désormais la séparation.

Ce monsieur qu’on a vu en compagnie des Sécessionnistes n’est pas à sa première sortie contre le régime de Biya. A la suite de la chute d’Omar Béchir du Soudan, il avait dit que le suivant sur la liste était Biya.

Ce n’est pas bon quand une puissance comme les USA est contre toi ! Et quand les Américains insistent sur une affaire, cela signifie que les choses sérieuses peuvent commencer à tout moment. Car ce ne sont pas des bluffeurs! Et peu leur importe la morale des autres : ils obéissent à leur morale à eux et non à celle de leurs victimes. Et cette terrible morale, c’est le rapport de force, habillé de leurs « valeurs démocratiques ».

Ceux qui ont voulu jouer au petit malin avec ça l’ont senti dans leur chair : parmi les plus récents, Kadhafi avec une balle logée dans le crâne, Saddam Hussein pendu, et bien d’autres l’ont subi de la pire manière ! Le Sud Soudan et l’Erythrée sont devenus indépendants quand les USA l’ont décidé !

Et tout ceci, devant la Chine, la Russie et autres puissances sur lesquelles ils accrochaient leurs folles espérances ! Mais aussi devant les meutes de pseudo-patriotes qui poussaient leur Gouvernement à l’erreur, dénonçaient les vrais patriotes qui appelaient à la prudence et à la raison, plastronnaient sur les armes qu’ils vont prendre pour combattre les Américains, mais ont pris la jambe dans leur cou dès la première bombe, au moment même où on immolait les dirigeants qu’ils prétendaient soutenir ou qu’on partitionnait leur pays.

Depuis 1961, le Cameroun a toujours eu une saine attitude de prudence, évitant de se présenter comme un ennemi d’un pays étranger. C’était la bonne attitude, car un pot de terre évite soigneusement les terrains qu’écument les pots de fer. 

Mais depuis le problème anglophone, nous avons changé de paradigme pour entrer en confrontation directe avec les puissances qui comptent. 

Un problème interne que nous aurions pu résoudre en interne, avec un peu de modestie ! Mais poussés par des idéologues intégristes et des dirigeants obtus, nous avons dilapidé toutes les occasions qui se sont présentées pour faire la paix. Appliquant les techniques éculées d’un autre temps, nous avons cru pouvoir éviter les réformes nécessaires de notre propre Etat en imputant aux autres et notamment aux Américains la déstabilisation politique du Cameroun. 

D’aucuns ont tenté une diversion en disant : « les Américains sont derrière les terroristes Ambazoniens ! » 

Comme si c’était un argument ! 

 

Bien sûr que ce soutien est possible ! Il est même probable ! Mais quand vous avez dit ça, vous avez résolu quel problème ? Vous avez dissuadés les Américains de soutenir les Sécessionnistes? D’ailleurs, si les Américains sont avec eux, cela signifie clairement qu’ils sont plus intelligents que le Gouvernement ! Notre Gouvernement n’a tout simplement aucune intelligence, car comment peut-on, dans un monde darwinien, se mettre à dos une puissance comme les USA ? Cela reflète un manque de jugement !

D’autres espèrent que la France va les soutenir. Mais la France ne vaut même pas l’Etat de la Californie et elle ne fait pas le moindre poids devant les USA. Certes, les USA ont toujours ménagé la France dans ses anciennes possessions coloniales et l’ont toujours laissée agir à sa guise. Mais justement, les Anglophones ne sont pas une ancienne colonie française ! Il n’y a donc aucune espérance que les USA laissent la France imposer ses solutions dans une colonie qui n’était pas la sienne ! Tout ce que peut faire la France, c’est laisser partir les Anglophones qui ne font pas partie de son ancien empire colonial, et rester imposer son ordre sur le Cameroun francophone !

Depuis 3 ans, nous avons dit et redit que le Cameroun n’avait pas les moyens politiques, économiques, financiers et diplomatiques pour venir militairement à bout de la Sécession anglophone. Et nous avons recommandé avec insistance de proclamer la Fédération, seul moyen d’enlever à la Sécession le très puissant argument sur lequel ils s’appuient pour légitimer leur action : « ils sont venus aux Francophones sur la base d’un Etat fédéral. Cette fédération a été supprimée de façon dolosive. Ils ne veulent plus de l’Etat unitaire ! Le Gouvernement ayant refusé de rentrer à la Fédération, ils ont pris les armes ! »

Libellées sous cette forme, il est impossible au Gouvernement de faire valoir sa thèse aux yeux des puissances du monde. En effet, dans un environnement où les pays les plus stables et les plus puissants sont justement des pays fédéraux, à qui peut-il faire accepter sa thèse de l’Etat unitaire qui assurerait mieux l’unité nationale ? Les gens qu’ils tentent de convaincre sont justement les témoignages vivants de la puissance et de l’unité d’un Etat fédéral ! Il va donc convaincre qui avec son Etat unitaire?

Lire aussi : Sortie du Cameroun de l’Agoa : La réponse du gouvernement à Donald Trump

 

En second lieu, dans le monde actuel, toute suppression d’autonomie d’un peuple apparaît comme une violation des droits des peuples à se gérer eux-mêmes, et surtout, l’indicateur majeur des régimes répressifs et dictatoriaux. On ne voit donc pas très bien comment le Gouvernement du Cameroun peut passer pour un pays de droit de l’Homme et de liberté quand il tente d’empêcher le débat sur le fédéralisme et affirme que la forme de l’Etat n’est pas négociable !

Ce phénomène s’aggrave avec la nature du régime en cours au Cameroun. Pour des raisons légitimes ou non, le pouvoir de Biya a déjà mis 37 ans avec un Chef d’Etat âgé officiellement de 86 ans. Ce n’est pas ce genre de régime que les pays Occidentaux écoutent avec aménité. Spontanément, avec de mauvais à priori, ils sont très mal disposés à écouter les arguments de tels régimes, aussi fondés soient-ils.

C’est dire que le Gouvernement a mal géré cette affaire. La suppression de la Fédération fut une faute, et même si on peut supputer que c’était pour de bonnes raisons, cela ne suffit pas à justifier la faute, car, comme on dit, l’enfer est pavé de bonnes intentions. L’intelligence aurait commandé de revenir à une Fédération rénovée, de manière  présenter l’épisode de l’Etat unitaire comme un passage transitoire entre la vieille fédération basée sur des référents coloniaux à une nouvelle fédération basée sur des référents culturels locaux. 

Le problème anglophone était résolu de manière définitive, et simultanément, le problème plus général de la diversité camerounaise qui entretient une tension intercommunautaire de plus en plus explosive. 

Mais au lieu de suivre cette solution l‘intelligente, le régime s’est arc-bouté dans des postures idéologiques et un patriotisme puéril qui n’ont fait qu’aggraver la situation. Refusant de prendre la vraie mesure du problème anglophone, symptôme de l’échec radical de son Etat unitaire et ses unités nationales décrétées, il a passé son temps à louvoyer, en croyant gagner du temps. D’abord, en niant le problème à coups de discours dans les médias officiels, avec une insolence qui frisait la provocation ! Ensuite, en tentant d’empêcher le débat sur le fédéralisme ! 

Tant qu’ils croyaient aux armes, il n’était même pas imaginable qu’ils puissent accepter la moindre concession. Mais cette concession, cette reconnaissance du problème anglophone, ils ont fini par la faire, sous la pression des armes ambazoniennes qu’ils espéraient naïvement réduire en une semaine avec une escouade de gendarmes, ainsi que de la communauté internationale.

Lire aussi : Exclusion du Cameroun de l’AGOA : Paul Atanga Nji répond à Donald Trump 

 

Mais le pire est devant ! Le fameux Grand Dialogue National sur lequel on a fondé toutes les espérances a accouché d’une souris. Les Sécessionnistes en ont rejeté les résolutions et poursuivent leurs attaques sanglantes de manière plus acharnée. Plus que jamais, Rentrées Mortes et Villes Mortes restent de rigueur. Et même à l’étranger, ce Dialogue n’a eu aucun écho favorable auprès des puissances qui comptent, et qui réclament de poursuivre le dialogue initié par la Suisse, où participent les Sécessionnistes qui bénéficient d’ailleurs d’une grande sympathie pour leur cause.

En réalité, le Cameroun va à une Confédération à deux Etats, et il n’existe presque plus rien qui puisse empêcher cette terrible évolution. Une Confédération dans laquelle le Président confédéral n‘aura pratiquement aucun pouvoir dans la Zone anglophone, avec une armée qui sera partagée en deux, un budget en deux, le pétrole qui soutient à 40% les recettes extérieures et à 25% le budget de l’Etat par 2.

C’est aussi cela le prix de l’entêtement. Le régime de Biya a fait 37 ans, et comme tous les régimes qui ont trop duré, il a perdu tout sens de la prudence et a fini par croire qu’il pourra échapper à toutes les adversités à coups de ruse, de pourrissement et de petits pas.

Il est possible que le problème anglophone soit la fin. Et qu’à force de s’arc-bouter dans leur logique, ils finissent par perdre le pouvoir, la liberté et même la vie… ».

 

N.R.M

 

Published in Tribune Libre

Tel est le point de vue donné par Dieudonné Essomba, alors que le débat suscite beaucoup de passion au sein de l’opinion nationale, à quelques jours de l’ouverture du Grand Dialogue National. 

 

 « Je ne sais pas pourquoi les gens s’attardent encore sur cette histoire de décentralisation !

La décentralisation administrative aurait pu marcher il y a 10 ans, avant le premier coup de feu de la Sécession ! Mais aujourd’hui, c’est terminé !

Certains nous en parlent avec arrogance, comme si le Gouvernement contrôlait encore tout et qu’il avait affaire à une population civile docile qui craint le moindre commandant de brigade !

Les Sécessionnistes sont armés, bon Dieu ! Ils se font tuer, mais ils tuent aussi !

Et en trois ans d’annonces triomphalistes au sujet d’un Etat qui est un monstre froid et tout-puissant auquel rien ne résiste, nous voyons bien que ce sont les Sécessionnistes qui montent en force ! C’est eux qui sont partis avec des mains nues, quand tout le monde croyait que l’Etat allait les mater en deux semaines !

Mais trois ans plus tard, ils sont toujours là, édictant leur loi ! Ils ont détruit les grands fleurons qui nous procuraient de très précieuses devises, la CDC et la PAMOL, déstabilisé les réseaux commerciaux, incendié les bâtiments publics, sans que ce fameux Etat puisse les en empêcher !

Ils ont pourchassé l’Etat, et il n’y a plus de sous-préfet et de commandant de brigade en dehors des grandes villes transformées en bunker, où les agents publics grelottent de terreur !

Ils perçoivent les impôts, contrôlent les routes et se sont installés dans des écoles construites par l’Etat qu’ils ont transformés en leur base, au vu et au su de tout le monde !

Et même dans les villes hyper sécurisées de Bamenda et Buea, c’est eux qui édictent le rythme de vie, en imposant les Villes Mortes, les Rentrées Mortes, sans qu’on puisse y faire quoi que ce soit, en dehors de stériles condamnations.

Sur le plan international, ils ont imposés leur cause comme une problématique majeure, contrairement aux pseudo-patriotes qui ont trompé le Gouvernement en lui faisant croire que c’était une simple affaire intérieure qui n’allait susciter aucune ingérence.

Et aujourd’hui, ce n’est pas eux qui souffrent, mais bien l’Etat du Cameroun! C’est l’Etat du Cameroun qui épuise ses ressources dans une guerre parfaitement inutile, c’est lui qui perd ses recettes c’est lui qui est dénoncé pour les violations des droits de l’Homme et qui se défend désespérément ! C’est lui que le monde entier regarde méchamment, avec un immense reproche !

A contrario, on n’a vu nulle part les Sécessionnistes demander le dialogue, mais plutôt dénoncer violemment l’archevêque émérite TUMI et tous les fédéralistes qui proposaient de négocier, impatients qu’ils sont de combattre et de chasser ce qu’ils appellent les forces d’occupation!

Voilà la réalité sur le terrain !

 

Les gens qui continuent à fanfaronner à Yaoundé sur leur Cameroun unitaire veulent nous conduire où là ? Ils nous affirment qu’ils vont mater la Sécession, ils vont la mater quand ? Avec des mots ronflants ? Ils attendent quoi ? Un sifflet ?

Qui peut mater la Sécession sans l’adhésion franche de la population anglophone ? Personne !

Je l’avais dit il y a trois ans : le Cameroun n’a pas les moyens politiques, économiques, financiers et diplomatiques pour mater militairement la Sécession anglophone ! On m’a traité de traitre à la patrie !

Comment les gens de Yaoundé ont pu croire qu’on pouvait imposer les liens d’un Etat unitaire à une Communauté représentant 20% de la population, et qui plus est, a déjà vécu dans un système fédéral, et sous la supervision des Nations-Unies ?

L’Etat unitaire est clairement un faux projet qui ne peut aboutir qu’à l’horreur ! Il faut en sortir définitivement et immédiatement!

Sinon, nous allons connaître exactement le même sort les 3 autres pays qui sont nés fédéraux et se sont amusés à supprimer la Fédération : l’Ethiopie, le Soudan et la Somalie !

On ne supprime pas une Fédération ! On peut la modifier, mais on ne la supprime pas !

Il est impératif de rentre dans la Fédération et c’est cela qui doit être l’objet du Dialogue !

Sinon, cela risque d’être tard !

 

Allons à la Fédération au risque de porter une terrible responsabilité historique ! Les Anglophones ne reviendront plus jamais à l’Etat unitaire ! Ils l’on dit et redit, leurs Chefs traditionnels, tous membres du parti au pouvoir l’ont clairement dit ! Ne donnons aucun prétexte à la Sécession, car nous ne pouvons pas la battre militairement, en dépit des fanfarons !

Allons à la Fédération ! La Fédération ne tue pas !

Le Nigeria est fédéral ! L’Ethiopie est fédérale ! L’Afrique du sud est fédérale ! La Tanzanie est fédérale ! Le Soudan est fédéral !

Les gens sont morts là-bas ?

Bien au contraire, ce sont les pays les plus puissants d’Afrique du point de vue économique. Et ils alignent aussi 16 Universités sur les 20 premières dans toute l’Afrique ! »

 

Dieudonné Essomba 

 
 
 
 
Published in Tribune Libre

Quand s’est – il adressé à ses concitoyens, en dehors des dates prévues pour cet exercice : le 10 Février, le 31 Décembre et lors de la présentation des vœux. C’est peut être la raison pour laquelle le communiqué du cabinet civil suscite tant de conjecture, tout le monde y va de son analyse et de ses attentes.

C’est le cas de Dieudonné Essomba, économiste et analyste de la scène politique camerounaise qui, dans cette tribune parle de ce qui selon lui, sera dit ce mardi, dès 20h.

 

« Personne ne peut prédire ce que le Chef de l’Etat va dire à a Nation, mais on peut supputer sur les thèmes probables, au vu de l’actualité.

Et de ce point de vue, on peut exclure d’office sa démission : il n’y a aucun argument objectif en faveur de celle-ci, exception faite des désirs impatients des gens qui ne veulent plus le voir. Mais à la vérité, ceux-là doivent prendre leur mal en patience : Biya ne leur a pas dit qu’il va écourter son mandat, ni même que c’est son dernier mandat ! Car, aussi agaçant que cela puisse apparaître à quelques-uns, il est plus sage de se préparer à le revoir se présenter en 2025 et même de gagner !

Peut-être faudrait-il rappeler à ceux qui le voient déjà mort de vieillesse ce monsieur est issu d’une famille qui vit très longtemps ! Les gens qui atteignent 90 ans dans cette famille ne sont pas rares… Et quand on ajoute ses moyens…

Le pouvoir de Biya n’est donc nullement contesté, personne ne croyant sérieusement à la farce de la « victoire volée » d’une poignée d’agitateurs...

Par contre, le seul problème prégnant est la Sécession des Anglophones. C’est un mouvement armé qu’on a cru anéantir en deux semaines avec une escouade de gendarmes et de policiers, mais qui a résisté et qui a pu chasser l’Etat de zones rurales du NOSO. Toute l’activité politique, économique et sociale a été déstabilisée et il n’existe aucune perspective opérationnelle pour ramener l’ordre par la force.

Bien plus, toutes les initiatives prises par le Gouvernement se sont soldées par les échecs et on ne voit pas très bien comment on peut sortir de cette situation sans de véritables mesures politiques. Plus le temps passe, plus la situation se dégrade, car il faut bien en convenir, le temps joue leur faveur de la Sécession.

Du reste, le problème s’est internationalisé et le monde entier commence à s’y intéresser vivement. Et si personne n’accepte la Sécession au Cameroun, personne non plus ne soutient le Gouvernement avec son « Etat unitaire » et ses « unités nationales ». On lui demande de rentrer à la Fédération de 1961…

C’est cela le vrai et seul problème du Cameroun : nous n’avons pas une crise du pouvoir, mais nous avons une crise de l’Etat. Cela signifie que le pouvoir de Biya n’est pas contesté, comme l’était celui de Gbagbo. Par contre, c’est le modèle étatique dont les Anglophones, mais aussi d’autres Camerounais ne veulent plus.

 

Le discours de Biya ne peut donc porter que sur la forme de l’Etat, suivant deux hypothèses

Hypothèse 1 : S’il persiste dans sa logique de l’Etat unitaire, il va très probablement annoncer des Régionales, précédées d’une réforme qui élargit les prérogatives des Régions, tout en instaurant des droits spécifiques pour les Régions anglophones. Avec en prime l’élargissement des prisonniers anglophones et peut-être aussi l’instauration d’un Poste de vice-président, réservé naturellement aux Anglophones si un Francophone est Président, et vice-versa.

Cette hypothèse entre en droite ligne de la logique du pouvoir de Yaoundé, mais il est improbable qu’elle puisse résoudre le problème de fonds posé par la Sécession. Tout d’abord, c’est le mot « unitaire » lui-même qui est devenu le carburant de la guerre, puisqu’il représente, dans les schèmes des Anglophones, une absorption pure et simple. Et ceci, quel que soit la manière dont on pense le présenter.

Du reste, un attelage dans lequel on affecterait un poste spécifique à chacune des deux communautés linguistiques, ou alors, où les Régions anglophones auraient des dérogations spéciales risquerait d’amplifier l’exception anglophone, avec des risques récurrents des comportements sécessionnistes.

 

Hypothèse 2 : si le Président a changé de cap, il pourra annoncer une réforme constitutionnelle portant sur une fédéralisation généralisée, ce qui serait une bonne manière de résoudre une fois pour toutes le problème de la diversité du Cameroun. 

Mais peut-il aller jusque-là ?

 

Ce sont juste des supputations… ».

 

N.R.M

 
 
 
 
 
Published in Institutionnel

Revenant sur l’information donnée par le Gicam, l’économiste camerounais  dans une sortie qu’il qualifie lui-même de « coups de gueule », a une fois de plus apporté quelques clarifications, face à cette actualité qui fait couler beaucoup d’encres et de salive

 

« Manque des devises : Où sont mes détracteurs ?

 

Depuis que j’avais mis en garde contre l’érosion des devises, liées à une politique folle et schizophrène consistant à mettre e système productif au service de ‘étranger, j’ai été l‘objet d’un haro sur le baudet, aussi bien de la part du Gouvernement que je croyais aider que de la société civile et des milieux des Economistes.

 

Pourtant, les choses sont claires : l’Humanité que Dieu a créée n’est pas très généreuse et n’accepte pas les parasites qui mangent les biens des gens sans payer. Vous ne pouvez acheter qu’à concurrence de ce que vous vendez. Le pays qui s’avise à accumuler les déficits commerciaux n‘est pas différent d’un individu qui boit à crédit dans tous les bars, sans jamais être capable de rembourser : il s’expose alors aux légitimes réactions hostiles de ses créanciers qui saisiront les huissiers et les gendarmes pour le mettre en cellule et saisir ses maigres biens.

 

Que voulez-vous ? C’est comme cela que le monde marche ! Et c’est l‘étrange politique économique qu’on a prétendu appliquer au Cameroun : celle consistant non seulement à importer des turbines, des avions et les bulldozers pour ses investissements, mais aussi, à importer le riz, les œufs, le lait, les assiettes, les habits, les cartables scolaires et les cure-dents, tous produits de technologie élémentaire que fabriquaient nos ancêtres il y a des siècles !

 

Oui, dans cette étrange Economie, nous pouvions renoncer à toutes les productions, puisque nous n’avions qu’à aller puiser chez les autres !

 

Incroyable ! Comment a-t-on pu croire à la possibilité d’un système aussi fou ?

 

J’ai parlé au Gouvernement. Mais loin d’écouter mes nobles conseils de sagesse, les Ministres ont continué à m‘opposer les félicitations du FMI et de la Banque Mondiale à qui ils vouent un culte magique ! De vrais toutous qui frétillent la queue de plaisir et mendient l’approbation de ces soi-disant experts internationaux !

 

J’ai parlé aux Economistes universitaires, mais que dire à des individus qui vous parlent des courbes putty-putty et des boîtes d’Ergheworth, ou vous citent Balassa et Schumpeter quand on leur parle des menaces qui pèsent directement sur leurs propres salaires?

 

J’ai parlé aux Economistes administratifs, mais leur préoccupation est ailleurs : faire leur carrière en gagnant les postes les plus juteux.

 

J’ai parlé aux hommes d’affaires, mais comment expliquer le rationnement des devises à des gens pour qui l‘Economie se réduit à des licences d’importation ?

 

J’ai paré à la Société civile, mais celle-ci m‘a accusé de sinistrose ! Bien plus, après un article qui s’intitulait « la crise du Cameroun sera pire que celle de la Grèce », c’est la police qui s’est inquiété de me voir perturber la quiétude des Camerounais qui attendaient l’Emergence !

 

Bon ! Et maintenant, nous sommes où ?

 

Quel Camerounais peut dire qu’il n’a été averti ?

 

Les Camerounais peuvent encore se bercer d’illusion, cela ne changera absolument rien à la réalité, et encore moins à mes analyses ! Je l’avais annoncé : le Cameroun connaître une terrible crise économique, avec dévaluation du CFA et baisse des salaires. 
Imparablement.

Je ne suis pas là pour vous demander votre avis, mais pour vous dire ce qui va vous arriver !

 

Et vous, Camerounais, vous subirez le prix de la têtutesse et de l’insolence !

 

Quoi ? Que moi-même, Nti Dieudonné ESSOMA, Economiste Assermenté et Fier Patriote, je prends mon stylo et je vous dis ce qu’il faut faire, vous refusez de me suivre ?

 

Du matin jusqu’au soir, du soir jusqu’au matin, pendant de longues année, je vous ai rabattu les oreilles en vous enjoignant de créer un Système d’Echange Local, sous la forme de monnaie binaire.

 

Mais au lieu de suivre ces sages conseils, vous avez préféré faire confiance aux discours fielleux des imposteurs et aux fanfaronnades des charlatans !

 

Et vous vous attendez à quoi ?

Vous pleurez déjà ?

Vous n’avez encore rien vu !

Préparez-vous à la bastonnade, un point c’est tout !

 

Nti Dieudonné ESSOMBA… ».

 

Published in Tribune Libre

L’économiste camerounais estime qu’en l’état actuel des choses, le Chef de l’Etat est le seul capable de conserver la stabilité au Cameroun.

 

« A Ceux  qui croient profiter de la déstabilisation de l‘Etat

 

Certains croient qu’en déstabilisant l’Etat, ils peuvent tirer leur épingle du jeu et s’emparer du pouvoir qui est devenu pour eux une obsession. Que ce soit ceux qui le font ouvertement à travers une opposition insurrectionnelle, ou ceux qui le font sournoisement en espérant capturer secrètement le pouvoir autour de Biya, ils doivent comprendre une chose : le chaos n’est pas contrôlable.

 

Entre les plans qu’on fait dans sa tête et les événements tels qu‘ils se déroulent, il y a souvent un abîme et les expectatives se résolvent souvent en cauchemar. S’il arrive quelquefois que des pyromanes réussissent leur projet, la règle générale est qu’ils y succombent. Par la prison, la mort violente ou l’exil.

 

Certains naïvement, espèrent qu’en déstabilisant l’Etat, ils vont créer un système qui va leur ménager les avantages qu’ils avaient avant, auxquels s‘ajouteront les avantages qu’ils auront acquis. Or, la déstabilisation de l’Etat débouche toujours sur un nouvel équilibre qui remodèle le paysage institutionnel, avec des nouvelles règles qui peuvent présenter un avantage par ici ou un inconvénient par là. Mais il n’est pas toujours possible d’anticiper sur ce qui va arriver, et ce d’autant plus que cette relaxation du système vers un nouvel équilibre se réalise après d’interminables et sanglantes guerres civiles.

 

La situation peut se compliquer quand une Nation est aussi hétérogène et clivée comme l’est le Cameroun, et prendre un caractère explosif lorsqu’un régime aura mis trop de temps et aura accumulé trop rigidités structurelles.

 

De ce point de vue, le cas du Cameroun est très inquiétant. Le régime de Biya qui relaie celui d’Ahidjo a mis trop de temps et a accumulé trop de contraintes, pour n’avoir jamais su ou voulu s’ajuster avec le temps. Son modèle d’un Cameroun unitaire, où le Gouvernement a décrété une unité nationale administrative qu’il a plaquée sur des populations, sans tenir compte des comportements réels, a débouché sur des tensions intercommunautaires qui prennent une tournure de plus en plus ouverte.

 

En réalité, c’est l’Etat lui-même qui, à travers ses emplois publics, ses positions de pouvoir, ses infrastructures et ses rentes est devenu un lieu de compétition intercommunautaire violente et croissante qui, loin de favoriser l’unité nationale, exaspère plutôt les clivages et les haines.

 

Sur le plan économique, le système productif a été étouffé par une bureaucratie tentaculaire, incontrôlable et corrompue qui parasite la Nation et la ponctionne à mort. Nonobstant les programmes économiques, le système productif est totalement paralysé, écrasé par une bureaucratie soviétomorphe.

 

Pourtant, ce Biya reste le dernier pilier de ce système tiraillé par de puissantes forces centripètes que lui seul, en l’état actuel des choses, peut contrôler. S’il partait brusquement sans avoir mis de l’ordre dans ce système que lui et son prédécesseur ont bâti pendant 60 ans, il sera très difficile de le maintenir dans un état de stabilité.

 

Il lui revient donc d’apporter les réformes requises pour réduire les graves tensions accumulées par le système, en entreprenant des réformes fondamentales, la plus importantes étant la forme de l’Etat.

 

L’unité nationale, telle que lui et son mentir Ahidjo l’avaient envisagée, sous la forme d’une Nation qui devait supplanter les Communautés primaires était clairement une erreur. On peut les comprendre, eu égard à l’enthousiasme des après-Indépendances et ce désir d’empêcher les irrédentismes tribaux, mais il est clair que les lois de l’Anthropologie condamnait ce projet.

 

On le voit aujourd’hui, les Communautés lèvent leur vilaine tête, pas pour rire, mais pour arracher leur autonomie, y compris par la force. Les Anglophones ont commencé et personne ne peut savoir ce que demain sera fait.

 

A la vérité, personne ne veut plus de cette unité nationale qui s’incarne désormais en une élite ratatinée au sommet de l’Etat, une élite parasitaire et impotente qui prétend développer le Cameroun à la place des Camerounais.

 

Ce qu’il faut maintenant, ce n’est pas de demander à Biya de quitter le pouvoir, mais c‘est de le pousser par la prière, le raisonnement, la pression à fédéraliser le pays.

 

Car ceux qui pensent qu’à son départ, ils viendront entrer au Palais d’Etoudi en récupérant comme par magie son autorité et son empreinte n’ont pas conscience de leur folie ! C’est une pure diversion dont la seule conséquence sera la déstabilisation de l’Etat.

 

Et un Etat déstabilisé signifie tout simplement la fin de la logique unitaire et de son principe du « Camerounais chez lui partout sur le territoire » se terminera brutalement. Car précisément, cette logique ne survit que parce l’Etat est là, fort et debout.

 

Ce ne sont pas nécessairement ceux qui soutiennent Biya aujourd’hui qui vont le regretter. Bien au contraire, tout indique que ce sont ceux qui le contestent violemment aujourd’hui qui le pleureront de toutes leurs larmes !

 

Que tout le monde se méfie de l’avenir !

 

Il n’est pas prudent de prendre des hypothèques sur l’avenir !

 

Dieudonné Essomba »

 

Published in Tribune Libre

C’est le point de vue de l’économise camerounais Dieudonné Essomba, économiste camerounais. Il décrit pourquoi...

 

Manifestement, il y en a qui croient qu’en déstabilisant l’Etat, ils peuvent tirer leur épingle du jeu et s’emparer du pouvoir qui est devenu pour eux une obsession. Que ce soit ceux qui le font ouvertement à travers une opposition insurrectionnelle, ou ceux qui le font sournoisement en espérant capturer secrètement le pouvoir autour de Biya, ils doivent comprendre une chose : le chaos n’est pas contrôlable.

 

Certains naïvement, espèrent qu’en déstabilisant l’Etat, ils vont créer un système qui va leur ménager les avantages qu’ils avaient avant, auxquels s‘ajouteront les avantages qu’ils auront acquis. Or, la déstabilisation de l’Etat débouche toujours sur un nouvel équilibre qui remodèle le paysage institutionnel, avec des nouvelles règles qui peuvent présenter un avantage par ici ou un inconvénient par là. Mais il n’est pas toujours possible d’anticiper sur ce qui va arriver, et ce d’autant plus que cette relaxation du système vers un nouvel équilibre se réalise après d’interminables et sanglantes guerres civiles.

 

Pour Dieudonné Essomba, « La situation peut se compliquer quand une Nation est aussi hétérogène et clivée comme l’est le Cameroun, et prendre un caractère explosif lorsqu’un régime aura mis trop de temps et aura accumulé trop rigidités structurelles. De ce point de vue, le cas du Cameroun est très inquiétant. Le régime de Biya qui relaie celui d’Ahidjo a mis trop de temps et a accumulé trop de contraintes, pour n’avoir jamais su ou voulu s’ajuster avec le temps. Son modèle d’un Cameroun unitaire, où le Gouvernement a décrété une unité nationale administrative qu’il a plaquée sur des populations, sans tenir compte des comportements réels, a débouché sur des tensions inter communautaires qui prennent une tournure de plus en plus ouverte ».

 

Le départ de Paul Biya ne résoudra aucun problème, au contraire.

En s’adressant aux militants de la brigade anti sardinards (BAS) et à tous ceux qui veulent à tous les prix faire partir Paul BIYA, l’économiste invite au bon sens.

 

Lire aussi : Crise sociopolitique : Intégralité du point de vue de Dieudonné Essomba sur la déstabilisation de l'Etat 

 

« Ce qu’il faut maintenant, ce n’est pas de demander à Biya de quitter le pouvoir, mais c‘est de le pousser par la prière, le raisonnement, la pression à fédéraliser le pays.

Car ceux qui pensent qu’à son départ, ils viendront entrer au Palais d’Etoudi en récupérant comme par magie son autorité et son empreinte n’ont pas conscience de leur folie ! C’est une pure diversion dont la seule conséquence sera la déstabilisation de l’Etat.

Et un Etat déstabilisé signifie tout simplement la fin de la logique unitaire et de son principe du « Camerounais chez lui partout sur le territoire » se terminera brutalement. Car précisément, cette logique ne survit que parce l’Etat est là, fort et debout.

Ce ne sont pas nécessairement ceux qui soutiennent Biya aujourd’hui qui vont le regretter. Bien au contraire, tout indique que ce sont ceux qui le contestent violemment aujourd’hui qui le pleureront de toutes leurs larmes ! »

 

A bon entendeur, ... !

 

Stéphane NZESSEU

 

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L’enlèvement de John Fru Ndi, Président du SDF est à mon sens un événement d’une gravité exceptionnelle qui signale une réorientation majeure de la sécession.

 

En effet, ce geste me paraît comme une sommation adressée aux fédéralistes anglophones de choisir leur camp : soit on est Camerounais, soit on est Ambazonien.

Pour les c, la lutte doit être intensifiée contre le Gouvernement du Cameroun, et la position des Anglophones qui promeuvent la forme fédérale de l’Etat tout en restant Camerounais est une trahison à leur cause.

Dans ce lot de traîtres, figurent évidemment les Anglophones plus ou moins liés au pouvoir, mais aussi les acteurs politiques anglophones qui continuent d’accepter d’être Camerounais, à l’instar de Fru Ndi ou Kah Wallah ou des Parlementaires du SDF, même si ceux-ci prônent l’Etat Fédéral.

Dans un premier temps, les Sécessionnistes ont considéré les Fédéralistes comme des alliés de circonstance et surtout un réservoir de partisans. Mais avec le temps, ils vont les attaquer franchement, puisque pour eux, le débat sur le fédéralisme est un simple thème de diversion.

Les Sécessionnistes sont d’autant plus impatients d’en finir avec les Fédéralistes qu’ils craignent que le Gouvernement ne finisse par retrouver la raison et consente au fédéralisme, ce qui leur couperait l’herbe sous les pieds en asséchant la séduction de leur cause auprès de la population anglophone.

Et c’est cela qu’indique clairement l’enlèvement de FRU NDI, mais aussi de la Sénatrice Emilia NZEKE du SDF et de bien d’autres encore. Il s’agit d’un message adressé aux Anglophones que la Sécession ne veut plus entendre tenir un discours de conciliation avec le Cameroun, fédéral ou non.

Un message extrêmement dangereux qui montre un durcissement du ton et une poussée vers plus de radicalisation ! Bien loin de déposer les armes, la Sécession signale qu’elle s’apprête à mener une lutte dure et implacable contre l’Etat.

En réalité, les Fédéralistes ont été affaiblis par le Gouvernement qui croyait que c’était son ennemi. Ils seront désormais anéantis par la Sécession qui les déteste !

Alors, le Cameroun va se retrouver avec deux frères Siamois que rien ne va plus séparer, puisque la population modérée des Fédéralistes aura disparu : d’un côté, un Gouvernement entêté et obtus qui n’écoute que lui-même, et de l’autre, une Sécession haineuse et plus entêtée encore !

Deux monstres belliqueux lancés dans un duel à mort, poussés par la même obstination, la même haine, le même amour du sang.

 

Dieudonné ESSOMBA

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« Le Cameroun va à la confédération, hélas ! »

 

Les Nations-Unies, comme d’habitude, ont laissé entendre qu’elles peuvent intervenir au Cameroun au sujet de la crise anglophone. Ce discours sibyllins traduit une rupture fondamentale et met surtout en évidence les risques d’une gestion fondée sur les principes rigides, l’entêtement et le tout sécuritaire.

 

L’ONU va venir au Cameroun, et ce n’est certainement pas pour combattre les Sécessionnistes au profit du gouvernement, Mais pour s’interposer et imposer les conditions d’une négociation entre deux camps ennemis !

 

Deux camps ennemis ! Autrement dit, deux groupes armés dotés de la même légitimité et à qui il faut imposer la paix, de gré ou de force. Hélas ! Le Gouvernement a réussi à transformer un mouvement larvaire en une Armée rebelle à qui la Communauté internationale attribue maintenant une légitimité analogue à celle de l’Armée Nationale Camerounaise !

En moins de deux ans !

 

Je ne sais pas comment sont nos dirigeants ! Du haut de leurs postes, ils n’écoutent personne ! Bien pire, ils assimilent toute analyse objective qui pourrait guider une action publique intelligente en un acte d’antipatriotisme !

Quelqu’un vous dit que si vous buvez cette source, vous aurez le choléra, et au lieu de l’écouter pour au moins bouillir l’eau, vous l’accusez de vouloir votre mort ! Et quand maintenant vous êtes malade, au lieu de vos en prendre à votre entêtement, vous l’accusez de vous avoir jeté un mauvais sort !

C’est exactement cela nos dirigeants !

 

Pourtant, il suffisant d’une simple analyse pour comprendre ce qu’il fallait faire avec le problème anglophone dès le départ, en partant d’un certain nombre de principes :

 

  1. Il n’existe aucun cas dans l’Humanité où on ait maintenu de force une communauté représentant 20% d’une population dans les liens d’un Etat unitaire. Les raisons sont économiques : c’est comme si vous aviez 5 frères dont l’un veut quitter le groupe. Au lieu de l’amadouer en négociant avec lui un fonctionnement qui lui permet de rester dans le groupe, vous le ligotez et vous commettez un autre frère à sa surveillance. 

Conséquence, vous vous retrouvez avec seulement 3 frères qui doivent nourrir les 5, ce qui est insupportable. Pour le cas anglophone, cela signifie que la démarche de contrainte exerce une contrainte économique qui ne laisse les capacités utiles du Cameroun qu’à 60% de ses capacités.

Il n’existe donc aucun mécanisme humain qui peut conduire à maintenir de force les Anglophones dans les liens d’un Etat unitaire. En poursuivant dans cette voie sans issue, le Gouvernement conduit l’Etat du Cameroun à la perdition. Les pays les plus solides du monde, puissamment industrialisés et qui fabriquent les armes, comme la France avec la corse, la Grande-Bretagne avec l’Irlande du Nord, la Russie de Poutine avec la petite Tchétchénie, et la grande Chine avec le Tibet ont rampé à genoux devant les Sécessions et n’ont eu leur salut qu’en leur accordant un statut fédéral. 

Comment a-t-on pu croire qu’un petit pays, aussi pauvre et sous ajustement comme le Cameroun pouvait se payer le luxe d’une Sécession représentant 20% de sa population !

C’est hallucinant d’irresponsabilité!

 

  1. Les Anglophones étaient venus sous l’égide des Nations-Unies. Ils ne faisaient pas partie du Cameroun francophone au moment de l’Indépendance. Ils ont eu leur indépendance plus tard, et cela compte dans leur statu au moins symbolique ! C’est une région qui aurait pu être un Etat, et cela n’aurait jamais été contesté. Mais l’ONU a décidé de les rattacher, soit au Nigéria, soit au Cameroun. Le Southerns Cameroon a accepté le Cameroun sous forme fédérale. Tout cela se passait sous l’autorité de l’ONU.

Comment a-t-on pu croire un seul instant que l’ONU pouvait laisser passer cette situation sans intervenir rapidement, alors même que sa responsabilité dans cette situation était engagée ? Déjà, sans cette responsabilité, elle intervient sans demander l’avis des protagonistes. Elle l’a fait par exemple au Soudan et a piloté la sécession du Sud-Soudan. Comment a-t-on pu imaginer un instant qu’elle allait rester insensible à cette situation dont elle se sentait elle-même responsable ? 

C’était un non-sens absolu !

 

  1. Enfin, les Anglophones constituent une communauté spécifique marquée par des référents coloniaux différents du reste comme la langue et des modes d’organisation fondés sur l’Indirect Rule. Comment a-ton pensé qu’en bricolant une sorte de syncrétisme fortement mâtiné de jacobinisme français, on pouvait faire avaler cette pilule à cette Communauté, simplement parce qu’on a affirmé le bilinguisme ?

Peut-être que l’objectif de l’Etat unitaire était très beau, mais la valeur d’un projet ne se limite pas à ses objectifs, aussi beaux soient-ils, mais tient aussi et surtout d’ailleurs de sa faisabilité opérationnelle. Du point de vue anthropologique, le projet n’était pas faisable.

 

Malheureusement, le Gouvernement est resté aveuglé par son dogme d’Etat unitaire et ses « unité nationale », perdant ainsi toutes les belles occasions qui se sont présentés à lui pour mettre fin à cette dynamique infernale.

En 1991, lors de la Tripartite, deux groupes s’étaient violemment opposés : les partisans de l’Etat unitaire avec un pouvoir fort et centralisé, et les partisans d’un Etat Fédéral. Pour couper la poire en deux, la Tripartite avait opté pour un Etat unitaire décentralisé. La formule fut adoptée dans la Constitution de 1996.

L’écrasante majorité de la population camerounaise apprécia cette solution, soit pour des motifs idéologiques de préférence d’un Etat unique tut en donnant aux Régions une autonomes, soit pour des raisons tactiques, dans le but d’essayer la décentralisation avant d’envisager plus tard une éventuelle fédération.

Malheureusement, avec ses atermoiements, ses diversions, le Gouvernement se comportera comme s’il ne l’avait accepté que pour gagner du temps. Au point où, il finira par agacer même les Anglophones les mieux disposés à son égard, amplifiant par le fait même la séduction à la fédéralisation immédiate.

Et il aggravera la situation en étouffant par la violence le mouvement fédéraliste, autrement dit, des Camerounais qui aiment leur pays, mais demandent qu’on change de modèle.

Erreur tragique qui nourrira le Monstre Absolu, l’Immonde Sécession ! Ce mouvement déjà très vieux, mais qui avait vécu jusque-là de manière larvaire y trouvera un terrain propice pour se développer et imposer sa légitimité non seulement aux populations anglophones, mais sur le plan international.

Aux Fédéralistes qui négociaient dans les institutions et craignaient l’Etat, l’action du Gouvernement a suscité et amplifié des Sécessionnistes qui ont déclaré l’Etat hors la loi, comme puissance occupante et qu’ils combattent par le feu et le sang.

L’expérience de l’Armée camerounaise très aguerrie, les arrestations, les extraditions des Chefs politiques et les descentes des élites locales ont nourri quelques espérances, mais loin de s’apaiser, la Sécession a plutôt tendance à se cancériser, multipliant des métastases sous forme de groupes armés plus ou moins politisés et en tout cas, incontrôlables.

Un tabou a été brisé, un mythe est tombé : l’Etat que les dirigeants avaient cru invincible se retrouve incapable de neutraliser une Sécession qui est en train de le détruire publiquement, ouvertement, sans qu’il puisse y faire quoi que ce soit, réduit à des dénonciations impuissantes pendant que les rebelles font régner leur loi!

Quel était le besoin d’aller éprouver l’Etat dans un tel bourbier ? Une Sécession ? 

C’est vraiment terrible !

Maintenant, les Nations vont venir ! C’était également prévisible. Mais ce ne sera pas pour prendre le côté du Gouvernement, mais pour écouter deux parties : le Gouvernement, assimilé au Cameroun Francophone, et les Forces Sécessionnistes, assimilées aux Anglophones.

Et qu’on ne se fasse aucune illusion. L’élite anglophone civile sur laquelle le Gouvernement ou des Francophones comptent n’aura pas grand-chose à dire, car ce n’est pas elle qui est armée, et donc, ce n’est pas elle qui crée les problèmes. Ce sont des chefs militaires et politiques de la Sécession, car c’est eux qui ont un pouvoir de nuisance qu’’ils prouvent chaque jour et qui, de ce fait même, s’imposent de plus en plus à l’imaginaire des populations anglophones comme des vrais défenseurs, car eux ne pleurnichent pas comme les Fédéralistes, mais agissent et font mal.

L’ONU sera donc là. Elle n’acceptera pas la Sécession anglophone, mais elle n’acceptera non plus l’Etat unitaire du Gouvernement. Elle ne pourra que demander le retour à a Fédération de 1961 comme base de discussion, puisque c’est la seule forme institutionnelle du Cameroun qu’elle connaît. Les autres évolutions ultérieures ne l’intéresseront pas, c e d’autant plus que ce sont es évolutions qui sont à la source des contestations.

Les négociations se feront donc sur la base de la Fédération de 1961, dont les termes seront revus. Ce qui signifie en clair qu’on va vers une Confédération à deux Etats, avec tout ce que cela implique des droits symétriques :

 

  1. Le pouvoir de Yaoundé n’aura plus la mainmise sur la Zone anglophone et limitera à l’action diplomatique, encore que les Anglophones auront le droit de créer des consulats ;
  2. Les ressources seront partagées entre les deux Etats et Yaoundé ne contrôlera plus entièrement le pétrole et les autres ressources de cette Zone
  3. Le pouvoir d’Etat sera partagé. On se retrouvera avec une rotation au sommet de l’Etat, l’insertion des rebelles dans l’armée avec leurs grades respectifs, le partage des postes avec une armée composée de 40% d’Anglophones et 60% de Francophones, ainsi que d’autres formes de partage analogues.

 

Voilà en clair ce qui attend le Cameroun. C’est comme au football que nous voyons maintenant au Mondial. Quand une équipe perd toutes ses occasions, l’équipe adverse finit par renverser la vapeur.

Et c’est exactement cela qu’on vit : si les Nations Nations-Unies mettent pied au Cameroun, nous allons immédiatement à la Confédération.

Il nous reste encore peu une espérance : que Dieu éclaire l’esprit des gens qui nous commandent et qu’ils proclament immédiatement la Fédération à 10 Etats.

Pour la dernière fois, il faut proclamer la Fédération Camerounaise en 10 Etats et il faut le faire immédiatement !

Malheur à nous si l’ONU met ses pieds sans que le Cameroun soit déjà fédéral ! Nous serons perdus !

 

 

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Dans une tribune libre  l’économiste pense « être un pays fédéral, c’est être en excellente compagnie ».

  

Ce qui va détruire le Cameroun, c’est l’orgueil, la cupidité et l’entêtement. On veut nous dire que le Cameroun a réalisé de grandes prouesses en partant de l’Etat Fédéral à l’Etat unitaire. Comment peut-on appeler cela prouesse ? Normalement, on réalise une prouesse quand on part d’une situation dégradée à une situation meilleure. Mais depuis quand l’Etat fédéral représente une régression par rapport à l’Etat unitaire ?

Etre Fédéral, c’est être en très bonne compagnie. Puisqu’on côtoie les vrais grands du monde : les Etats-Unis, l’Allemagne, le Canada, le Brésil, la Suisse, la Russie, l’Inde. Et en Afrique, on se satisfait d’être ensemble avec le Nigeria, l’Afrique du Sud, l’Ethiopie et le Soudan qui sont précisément les Nations les plus puissantes au Sud du Sahara.

D’ailleurs, même les autres puissances que sont la Chine, la Grande-Bretagne, les Pays-Bas, l’Italie ou l’Espagne sont des Fédérations de Facto, autrement dit, des modèles composés d’Etats régionaux autonomes disposant de la même autonomie que les Etats fédérés, avec la seule différence qu’ils n’ont pas de Constitutions propres.

On veut nous dire que l’Etat unitaire réalise l’unité : quelle unité ? Comment un Etat qui oppose ses propres communautés pour le contrôle des emplois publics, des positions de pouvoirs, des infrastructures collectives et des rentes telles que les marchés publics peut réaliser l’unité ? C’est impossible ! Les guerres tribales et les purifications ethniques, c’est essentiellement le fait des Etats unitaires : RDC, Centrafrique, Tchad, RDC, Congo, Sierra-Leone, Liberia, Côte d’Ivoire, etc.

L’Etat unitaire porte la guerre tribale dans son sang. Et le Cameroun n’y échappera pas.

On veut nous dire que l’Etat unitaire réalise le développement : quel développement ? Quel développement peut-on obtenir avec une administration tentaculaire qui veut tout contrôler et ne contrôle rien, qui entretient une jungle touffue et opaque de bureaucrates corrompus, incontrôlables et dont on n’arrive jamais à saisir ni le nombre, ni la masse salariale ? Quel développement peut-on obtenir avec un système qui épuise toutes ses ressources à bâtir sa fictive unité nationale ?

On veut nous dire l’Etat unitaire est rationnel : quelle rationalité peut-on avoir un Etat qui se disperse partout, s’occupe aussi bien des barrages de 400 Milliards que des tables-bancs de 200.000 FCFA, soit un rapport de 1 sur 2 Millions ?

On veut nous dire que l’Etat unitaire est fort : quelle force peut avoir un Chef d’Etat qui prétend s’occuper de tout alors qu’il n’en a pas les moyens ? Comment peut-on être fort quand on est harcelé de tous les côtés ? La seule chose qu’un tel Chef d’Etat peut faire, c’est de tenter d’échapper au harcèlement à travers des brimades et des mensonges à sa population.

Les vrais Chef d’Etat forts, c’est dans les fédérations. Et on le voit tous les jours : ce sont les Présidents des Fédérations qui imposent leur ordre dans le monde.

Il faut le dire très clairement, nous avons fait une erreur en supprimant la Fédération. Si on avait été plus sages, on l’aurait plutôt élargie en 6 ou 7 Etats. Sans doute que cette suppression fut inspirée par de bons sentiments, mais les bons sentiments ne font pas des choix judicieux et, comme on dit, l’enfer est pavé de bonnes intentions.

L’Etat unitaire nous a conduits au gouffre :

-une gouvernance glauque, irréformable, avec des emprisonnements en chapelets qui n’apportent absolument rien ;

-une évolution économique totalement atone, presque paralysée ;

-un tribalisme à outrance, où chaque communauté aiguise ses armes pour s’emparer du pouvoir d’Etat ou le confisquer ;

-une terrible guerre de sécession qui n’en est qu’à ses débuts et qui va saigner le Cameroun à blanc, en dépit de fausses espérance.

Ce modèle n’est plus viable et doit être immédiatement aboli. Certains s’y accrochent par pur intérêt, c’est compréhensible. Mais d’autres le font par idéologie, caressant le rêve dépassé de bâtir une Nation camerounaise ! C’est une vision éculée de la Nation : aujourd’hui, la perception des institutions est une logique de cercles concentriques, où les anciens Etats se délestent de leur pouvoir au profit des entités subétatiques (décentralisation de plus en plus poussée) et au profit des entités supra étatiques (regroupement des pays).

Ce modèle place l’individu au centre de cercles concentriques comprenant :
-la Commune
-le Canton
-l’Etat Régional
-l’Etat fédéral
-la Confédération Régionale ou Continentale (comme la CEAC ou l’Union Européenne)

C’est chaque niveau qui a son champ d’action et c’est cette dynamique que prennent les Etats modernes. Ainsi, on devient de moins en moins citoyen français, mais de plus en plus citoyen européen et citoyen corse.

La construction d’une Nation camerounaise sur l’ancien modèle est une vieille chimère qui ne correspond plus à rien des dynamiques modernes de l’Humanité.

Propos transcrits par Félix Swaboka

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Sunday, 05 June 2022 11:01