L’enlèvement de John Fru Ndi, Président du SDF est à mon sens un événement d’une gravité exceptionnelle qui signale une réorientation majeure de la sécession.
En effet, ce geste me paraît comme une sommation adressée aux fédéralistes anglophones de choisir leur camp : soit on est Camerounais, soit on est Ambazonien.
Pour les c, la lutte doit être intensifiée contre le Gouvernement du Cameroun, et la position des Anglophones qui promeuvent la forme fédérale de l’Etat tout en restant Camerounais est une trahison à leur cause.
Dans ce lot de traîtres, figurent évidemment les Anglophones plus ou moins liés au pouvoir, mais aussi les acteurs politiques anglophones qui continuent d’accepter d’être Camerounais, à l’instar de Fru Ndi ou Kah Wallah ou des Parlementaires du SDF, même si ceux-ci prônent l’Etat Fédéral.
Dans un premier temps, les Sécessionnistes ont considéré les Fédéralistes comme des alliés de circonstance et surtout un réservoir de partisans. Mais avec le temps, ils vont les attaquer franchement, puisque pour eux, le débat sur le fédéralisme est un simple thème de diversion.
Les Sécessionnistes sont d’autant plus impatients d’en finir avec les Fédéralistes qu’ils craignent que le Gouvernement ne finisse par retrouver la raison et consente au fédéralisme, ce qui leur couperait l’herbe sous les pieds en asséchant la séduction de leur cause auprès de la population anglophone.
Et c’est cela qu’indique clairement l’enlèvement de FRU NDI, mais aussi de la Sénatrice Emilia NZEKE du SDF et de bien d’autres encore. Il s’agit d’un message adressé aux Anglophones que la Sécession ne veut plus entendre tenir un discours de conciliation avec le Cameroun, fédéral ou non.
Un message extrêmement dangereux qui montre un durcissement du ton et une poussée vers plus de radicalisation ! Bien loin de déposer les armes, la Sécession signale qu’elle s’apprête à mener une lutte dure et implacable contre l’Etat.
En réalité, les Fédéralistes ont été affaiblis par le Gouvernement qui croyait que c’était son ennemi. Ils seront désormais anéantis par la Sécession qui les déteste !
Alors, le Cameroun va se retrouver avec deux frères Siamois que rien ne va plus séparer, puisque la population modérée des Fédéralistes aura disparu : d’un côté, un Gouvernement entêté et obtus qui n’écoute que lui-même, et de l’autre, une Sécession haineuse et plus entêtée encore !
Deux monstres belliqueux lancés dans un duel à mort, poussés par la même obstination, la même haine, le même amour du sang.
Dieudonné ESSOMBA