C’est le point de vue de l’économise camerounais Dieudonné Essomba, économiste camerounais. Il décrit pourquoi...
Manifestement, il y en a qui croient qu’en déstabilisant l’Etat, ils peuvent tirer leur épingle du jeu et s’emparer du pouvoir qui est devenu pour eux une obsession. Que ce soit ceux qui le font ouvertement à travers une opposition insurrectionnelle, ou ceux qui le font sournoisement en espérant capturer secrètement le pouvoir autour de Biya, ils doivent comprendre une chose : le chaos n’est pas contrôlable.
Certains naïvement, espèrent qu’en déstabilisant l’Etat, ils vont créer un système qui va leur ménager les avantages qu’ils avaient avant, auxquels s‘ajouteront les avantages qu’ils auront acquis. Or, la déstabilisation de l’Etat débouche toujours sur un nouvel équilibre qui remodèle le paysage institutionnel, avec des nouvelles règles qui peuvent présenter un avantage par ici ou un inconvénient par là. Mais il n’est pas toujours possible d’anticiper sur ce qui va arriver, et ce d’autant plus que cette relaxation du système vers un nouvel équilibre se réalise après d’interminables et sanglantes guerres civiles.
Pour Dieudonné Essomba, « La situation peut se compliquer quand une Nation est aussi hétérogène et clivée comme l’est le Cameroun, et prendre un caractère explosif lorsqu’un régime aura mis trop de temps et aura accumulé trop rigidités structurelles. De ce point de vue, le cas du Cameroun est très inquiétant. Le régime de Biya qui relaie celui d’Ahidjo a mis trop de temps et a accumulé trop de contraintes, pour n’avoir jamais su ou voulu s’ajuster avec le temps. Son modèle d’un Cameroun unitaire, où le Gouvernement a décrété une unité nationale administrative qu’il a plaquée sur des populations, sans tenir compte des comportements réels, a débouché sur des tensions inter communautaires qui prennent une tournure de plus en plus ouverte ».
Le départ de Paul Biya ne résoudra aucun problème, au contraire.
En s’adressant aux militants de la brigade anti sardinards (BAS) et à tous ceux qui veulent à tous les prix faire partir Paul BIYA, l’économiste invite au bon sens.
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« Ce qu’il faut maintenant, ce n’est pas de demander à Biya de quitter le pouvoir, mais c‘est de le pousser par la prière, le raisonnement, la pression à fédéraliser le pays.
Car ceux qui pensent qu’à son départ, ils viendront entrer au Palais d’Etoudi en récupérant comme par magie son autorité et son empreinte n’ont pas conscience de leur folie ! C’est une pure diversion dont la seule conséquence sera la déstabilisation de l’Etat.
Et un Etat déstabilisé signifie tout simplement la fin de la logique unitaire et de son principe du « Camerounais chez lui partout sur le territoire » se terminera brutalement. Car précisément, cette logique ne survit que parce l’Etat est là, fort et debout.
Ce ne sont pas nécessairement ceux qui soutiennent Biya aujourd’hui qui vont le regretter. Bien au contraire, tout indique que ce sont ceux qui le contestent violemment aujourd’hui qui le pleureront de toutes leurs larmes ! »
A bon entendeur, ... !
Stéphane NZESSEU