C’est ce qui ressort du rapport d’activités de la Commission Nationale anti-corruption (Conac), rendu public ce 23 septembre 2021 à Yaoundé. C'était au cours d’une cérémonie présidée au Palais des congrès par Dieudonné Massi Gams, le président de cette institution.
La Commission nationale anti-corruption (Conac) vient de rendre public son 11ème rapport d’activités sur l’état de la corruption au Cameroun en 2020. Il ressort en substance de ce document de 225 pages que l’Etat du Cameroun a subi un préjudice financier de 17,611 milliards de FCFA pour des affaires de corruption et des infractions assimilées.
Il s’agit de 480,769 millions de FCFA, résultant d’une vingtaine d’actions par voie d’intervention rapide (AIR), caractérisées par des missions d’investigations à la suite des dénonciations relatives à la corruption dans la sélection des candidats à l’offre de bourses marocaines au ministère de l’Emploi et de la Formation professionnelle ; d’abandon de poste et de perception de salaires indus par certains enseignants du Lycée d’Elig-Essono à Yaoundé ; de la corruption au Centre des impôts des moyennes entreprises de Ngaoundéré ; de la corruption dans le suivi de l’exécution du marché de réfection de la résidence du ministre délégué à la présidence de la République chargé du contrôle supérieur de l’Etat ; de malversations financières dans la réfection et le renouvellement de certaines infrastructures de l’aéroport international de Garoua… Le préjudice pour des affaires relevant de la justice s’élève cependant à 16,982 milliards de F, révèlent les rapports d’investigations menées par la Conac et les décisions rendues par le Conseil de Discipline Budgétaire et financier (Cdbf) du Contrôle supérieur de l’Etat, et le Tribunal Criminel Spécial (TCS).
Les secteurs les plus corrompus
Dans son rapport, la Conac a également établi un quinté des secteurs les plus corrompus au Cameroun en 2020 sur la base de 2470 appels téléphoniques dénonçant les pratiques de corruptions. L'on apprend que le secteur du transport routier figure en tête, avec un taux de dénonciations se situant autour de 17%. Il est suivi du secteur des affaires foncières (14,60%), du corps des Forces de maintien de l’ordre (13,60%), de celui des finances (12,60%), et du secteur de la justice (11,30%).
La Conac indique qu’elle a reçu, dans le cadre de l’élaboration de ce rapport, 98 contributions externes de la part de 25 ministères, de 17 entreprises publiques, de 8 organisations de la société civile. L'institution en charge de la lutte contre la corruption déplore également une baisse des contributions de 33,67% en 2020, et souligne qu’à l’échelle des ministères, en plus du ministère de l’Administration Territoriale et du ministère de l’Agriculture et du développement rural qui n’avaient pas contribué à l’élaboration du rapport en 2019 et qui sont restés constants sur cette position, plusieurs autres leur ont emboité le pas. Il s’agit du ministère de l’Eau et de l’Energie, du ministère des Postes et Télécommunications, du ministère de la Décentralisation et du Développement local, du ministère des Enseignements secondaires, du ministère de l’Enseignement Supérieur etc.
Innocent D H
Pour les députés de la Nation, les aspects comme la décentralisation et la prise en compte des Droits fonciers coutumiers des populations autochtones doivent entre autres être revus afin que prennent fin la corruption, les trafics d’influence, la décadence morale dont se rendent coupables ceux qui ont le pouvoir de signature.
Assurer la pleine participation des communautés à la gestion des terres relatives aux projets de cession de droits et les ressources les concernant ;
Procéder à la révision de l’Ordonnance du 06 juillet 1974 portant Régime Foncier et Domanial ;
Adopter une disposition relative à l’exonération ou un mécanisme de compensation relatif au paiement des frais de cession pour l’immatriculation des forêts domaniales par le Ministère de la Forêt et de la Faune
Alléger la procédure d’immatriculation et en assurer large diffusion pour supprimer les nombreux intervenants de la chaine qui alourdissent la procédure et créent un surcoût des frais pour les usagers ;
Institutionnaliser le dialogue multi-acteurs pour prévenir les conflits fonciers;
Sensibiliser les jeunes et les femmes sur les droits fonciers et successoraux modernes relatifs à l’accès à la terre ;
Institutionnaliser la préservation des droits des populations autochtones dans toutes opérations de cession des terres ;
Améliorer l’efficacité de l’administration foncière en veillant à ce que les Communes soient pleinement intégrées dans la gestion foncière et qu’un cadastre unique soit instauré pour répertorier tous les droits sur la terre afin d’en assurer la cohérence ;
Revoir le régime des cessions de terres à grande échelle en instaurant un moratoire sur la cession des terres jusqu’à ce que la nouvelle législation foncière entre en vigueur ;
Informatiser le fichier cadastral pour une meilleure sécurisation des titres fonciers ;
Faire une cartographie accessible des réserves foncières sur le plan national ;
Dresser une cartographie accessible des zones impropres à l’habitat ;
Poursuivre les consultations pour l’achèvement à brève échéance de la réforme foncière et domaniale en cours, prescrite par le Président de la République et relayée dans la Stratégie Nationale de Développement SND 30 ;
Redynamiser le projet Land-cam pour une participation efficace des citoyens à la réforme foncière et pour une amélioration des droits coutumiers et officiels liés à la terre et aux ressources naturelles ;
Accélérer le Programme de modernisation des domaines et des affaires foncières, ainsi que la digitalisation du cadastre, aux de fins de limiter les dérives et conflits fonciers et domaniaux qui perturbent fortement ce secteur d’activité ;
Poursuivre l'amélioration de la gouvernance foncière, en renforçant le chantier de l’assainissement des comportements des acteurs du foncier ;
Renforcer les synergies d’action entre les différents acteurs du foncier à travers la mise en place du Dialogue Parlement-Gouvernement/Société Civile ;
Organiser l’accès à l’information des populations locales et autochtones et des organisations de la société civile ;
Réduire les coûts de la procédure d’immatriculation des terres, et simplifier davantage la procédure d’obtention du Titre Foncier en supprimant les nombreux intervenants de la chaine qui alourdissent la procédure et créent un surcoût des frais ;
Améliorer le fonctionnement des guichets uniques existants ;
Instruire la formalisation des droits fonciers coutumiers afin de reconnaitre les droits de propriété formelle aux occupants sans titre du domaine national, et leur permettre de devenir propriétaire par une possession incontestée de longue durée ;
Limiter au maximum la superficie maximale des terres pouvant faire l’objet d’immatriculation directe au bénéfice d’un seul et même individu dans le domaine national, sur toute l’étendue du territoire ;
Accélérer le processus de mise en œuvre de la copropriété :
Garantir et sécuriser les droits fonciers à tous les acteurs sociaux et spécifiquement aux femmes et aux jeunes dont l’accès à la terre reste entaché de certains préjugés et des barrières économiques;
Encourager les jeunes et les femmes à accéder à la terre par voie de concession ;
Mettre en place des dispositifs qui permettent de sécuriser les terres communautaires pour les générations futures ;
Reconnaitre le droit d’accès aux terres des peuples autochtones des forêts et éleveurs nomades ;
Réduire les pesanteurs sociales susceptibles de créer des inégalités pour l’accès à la terre (droit successoral qui discrimine les femmes, conflits autochtones/allogènes) ;
Renforcer la lutte contre la spéculation foncière et l’accaparement des terres à des fins monopolistiques, en mettant en avant le rôle régalien de l’Etat dans l’administration et l’allocation des terres du territoire national;
Aménager dans le dispositif juridique national, des mécanismes d’urgence pour faire face aux besoins en terres des populations obligées de se déplacer du fait des catastrophes naturelles ou des conflits;
Œuvrer à la prévention des conflits liés à la terre et aux ressources naturelles entre les réfugiés et déplacés internes d’une part, et les communautés hôtes d’autre part.
Œuvrer à la prévention des conflits liés à la terre et aux ressources naturelles entre les réfugiés et déplacés internes d’une part, et les communautés hôtes d’autre part ;
Mettre en place un dispositif pour améliorer la diffusion des coûts et des textes en vigueur en matière foncière, domaniale et cadastrale, notamment en ce qui concerne l’accès à la terre pour les jeunes et les femmes ;
Instituer une politique foncière et domaniale rationnelle axée sur un cadre juridique moderne au service de la bonne gouvernance ;
Réduire les pesanteurs sociales susceptibles de créer des inégalités pour l’accès à la terre;
Fixer dans le cadre des opérations d’aménagement du territoire et de zonage, l’obligation légale d’identifier et de protéger les terroirs communautaires ;
Préciser les modalités de la gestion et de la protection du domaine public afin d’éviter les utilisations privatives auxquelles il est exposé.
Élaborer un plan d’affectation des sols à long terme et le rendre accessible à tous les citoyens ;
Mettre en place une politique d’urbanisation à très long terme et faire une large diffusion des projets immobiliers de l’État dans les préfectures pour une meilleure information des populations;
Identifier et protéger les terres communautaires et recadrer le régime de cessions de terres à grande échelle à l’instar des UEFA ;
Adopter une disposition relative à l’exonération ou un mécanisme de compensation relatif au paiement des frais de cession pour l’immatriculation des forêts domaniales par le Ministère de la Forêt et de la Faune
Reconnaitre et tenir compte des régimes fonciers coutumiers et des réalités locales dans les procédures de cession des terres et assurer la pleine participation des communautés à la gestion des terres en ce qui concerne les projets de cession de droits sur leurs terres et les ressources qu’ils disposent;
Améliorer le tissus urbain des agglomérations et la gestion des espaces marchands et non marchands et mettre un terme à la construction et l’occupation anarchique des sols ;
Faire une cartographie accessible des réserves foncières sur le plan national ;
Dresser une cartographie accessible des zones impropres à l’habitat.
Institutionnaliser un dispositif de gestion décentralisée du foncier dans l’optique de rapprocher davantage l’administration des populations afin de faciliter la réalisation des projets de grande envergure,
Définir le rôle des collectivités territoriales décentralisées dans la gestion des terres au niveau local ;
Assurer la pleine participation des communautés à la gestion des terres ;
Reconnaitre et sécuriser la propriété foncière coutumière des communautés autochtones à travers la délivrance des attestations de propriété;
Reconnaitre aux villages un droit de propriété collective sur leurs terres traditionnelles sans aucune formalité préalable;
Reconnaitre la validité du droit coutumier dans la gestion des terres du village et délivrer un titre foncier collectif à chaque village, y compris sur les portions ne faisant pas l’objet d’une mise en valeur ;
Appliquer la reconnaissance du Consentement Libre, Préalable et Eclairé des populations autochtones comme une obligation légale indispensable pour toutes les initiatives pouvant affecter leurs droits, y compris les projets commerciaux et de développement.
La consécration juridique du droit de jouissance sur les terres rurales par un acte administratif formel, délivré par les responsables des structures décentralisées et les autorités traditionnelles ;
L’initiation d’une réflexion sur la possibilité d’admettre en milieu rural, les transactions foncières sous seing privé et portant sur des terres non immatriculées;
La reconnaissance officielle et la protection des droits fonciers coutumiers, telles que recommandées par les Directives volontaires pour une gouvernance responsable des régimes fonciers applicables aux terres, aux pêches et aux forêts, élaborées par l’Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture ;
La réduction des délais de délivrance des actes de propriété au profit des promoteurs agricoles, qu’il s’agisse des agro-industries ou de petits exploitants ;
La sécurisation et la crédibilité des titres de propriété permettant un accès au crédit hypothécaire et autres mécanismes de financement reposant sur une garantie immobilière ;
La mise sur pied d’un mécanisme d’information préalable des communautés autochtones, dont les terres ou les ressources sont ou risquent d’être affectées par un investissement agricole à grande échelle;
L’instauration au niveau local, des modes de règlement alternatifs de conflits fonciers ruraux;
La réduction des expulsions forcées des exploitants agricoles des terres rurales, qui ne sont pas compatibles avec l’utilité publique, et le payement des indemnisations justes et rapides en cas de privation de droits fonciers consécutive à une expropriation de la terre et aux ressources foncières pour tous les utilisateurs de la terre, notamment les jeunes et autres groupes vulnérables et sans terre tels que les personnes déplacées.
Simplifier et unifier la législation foncière et domaniale ;
Moderniser les problématiques foncières liées au développement durables ;
Sécuriser davantage le titre foncier et améliorer la tenue du fichier cadastral;
S’assurer de la cohérence des textes juridiques relatif au foncier dont l’éparpillement est préjudiciable aux justiciables ;
Améliorer la gouvernance foncière et assurer la sécurité foncière de tous les détenteurs de droits, promouvoir la paix sociale et contribuer au développement économique et social ;
Garantir les droits fonciers sécurisés à tous les acteurs sociaux ; notamment aux femmes et aux jeunes dont l’accès à la terre reste entaché de certains préjugés et des barrières économiques;
Mettre en place un outil juridique ou des mécanismes sociaux favorisant l’émancipation des jeunes en matière d’accès à la terre ;
Adopter une réforme foncière inclusive qui met en cohérence les lois, les politiques et tous les acteurs sectoriels;
Identifier et protéger les terres communautaires et recadrer le régime de cessions de terres à grande échelle à l’instar des UEFA ;
Améliorer le régime des expropriations et compensations et redéfinir le concept d’utilité publique dans la nouvelle législation foncière ;
Faciliter l’accès à la justice en matière foncière ;
Protéger les terres communautaires pour les générations futures
Formaliser une politique foncière et adopter une loi unique régissant le foncier au Cameroun afin de disposer d’un document unique.
Introduire des enseignements relatifs à la gestion des litiges fonciers dans les écoles de formation ;
Simplifier et réduire les coûts de la procédure de recours dans le cadre des litiges fonciers ;
Définir clairement la place et le rôle des chefs traditionnels et accroître leur responsabilités dans la gestion et l’administration des terres et des ressources ;
Instaurer la gratuité de la saisine et des prestations des commissions consultatives et affecter des moyens logistiques et financiers à ces commissions ;
Mettre en place un dispositif juridique visant à lutter contre l’insécurité foncière et punir sévèrement les actes de double vente et d’occupation illégale de la propriété d’autrui ;
Redéfinir les compétences des juges administratif et judiciaire en matière de conflit foncier, notamment en ce qui concerne le vide juridique relatif à la rétrocession ou la préemption;
Faciliter l’accès à la justice en matière foncière.
Nicole Ricci Minyem
La question foncière était au centre des débats ce lundi au sein de l’hémicycle du Palais des Congrès. Les députés ont durci le ton devant les membres du gouvernement, en relevant avec exemples que cette problématique est une véritable source de conflits, tant au niveau familial que public.
Au cours des différentes prises de parole, les élus du Peuple ont axé leurs dénonciations et leurs plaidoyers autour de l’aspect social et, pour l’honorable Rolande Ngo Issi, député Pcrn du Nyong et Kelle, « C’est ce volet qui conditionne l'encadrement de tous les autres domaines visés au cours de cette plénière… » ; Car, de son point de vue, « Tout l'habillage juridique, économique et financier n'aura de pertinence que si tout cela profite à l'Humain ».
Et pourtant, il est avéré que les terres au Cameroun sont à peine immatriculées mais, pour avoir le « précieux sésame », la procédure est longue étant donné que tous ceux qui interviennent dans la chaîne font preuve de « machiavélisme », vis-à-vis notamment des couches les plus vulnérables de la Société.
Il ne se passe pas un jour, une semaine, un mois sans qu’on entende parler d’expropriation abusive d’une famille, d’une communauté aux sordides motifs que « La terre est une propriété de l’Etat ».
La corruption, l’avilissement des « sans voix », les outrages de toutes sortes se vivent en permanence surtout au sein des Communautés riveraines qui se voient spoliées de leurs héritages, au profit des grandes industries qui possèdent un passe droit qui se résume en ces quelques mots : « Nous avons tout payé à Yaoundé, allez vous plaindre là bas ».
« La prédation des terres par les riches »
Un groupe de mots lâché ce 5Juillet devant le ministre des Domaines, du Cadastre et des Affaires Foncières et de ses collègues membres du Gouvernement car, du point de vue de l’honorable Rolande Ngo Issi « La plupart des camerounais vivent sur les terres qui en réalité ressortissent du bon vouloir de l'État du fait de l'incapacité financière et relationnelle d'obtenir une immatriculation… C'est à dire qu'un matin, vous pouvez voir quelqu'un vous demander de libérer les lieux parce qu'étant devenu propriétaire après les démarches entreprises auprès des pouvoirs publics… » ;
Allant plus loin, la Députée, comme tous les autres élus avant elle, a transmis les questions des Populations Camerounaises :
« Quelles sont les mesures sociales prises pour que ces personnes qui sont nées à ces endroits, qui n'ont là que pour seul biotope de leur vie, ne soient plus chassées comme des vulgaires malpropres?
L'État prévoit-il qu'en cas de sollicitation d'immatriculation par un tiers d'une surface, que ceux qui l'occupent de fait soient informés à l'avance avec la possibilité par exemple, aux coûts différents, d'obtenir la priorité ?
Ne peut-on pas scinder la procédure d'immatriculation en deux c'est-à-dire, plus accessible et réservée à ceux qui occupent de fait l'espace et l'autre, plus complexe car réservée généralement à ceux qui ont un peu de moyens financiers?
Que pensez-vous de la possibilité de fixer les quotas d'immatriculation ?
Ne doit on pas procéder avant toute reforme, à une sorte d'États généraux du foncier camerounais ?
Et même aux audits ou alors si le mot est fort, au recensement des terres avec noms de propriétaires ?
Quelles sont les dispositions juridiques qui peuvent être prises afin de limiter la gloutonnerie foncière de certains individus qui n’hésitent pas à acquérir tout seul, un village tout entier ?
Mise en place d’une Loi qui punit durement les corrupteurs
Car, au - delà des discours et des résolutions qui à peine prises, sont gardées dans les placards, il est plus que temps de mettre en place, des mécanismes juridiques qui déterminent les sanctions qui peuvent être prises contre les responsables de l’Administration pris en situation de flagrance de surenchères dans la procédure, parce que rien ne justifie le vol de l’argent dont ils se rendent coupables auprès des Populations ;
Il est tout aussi important que s’arrêtent les trafics d’influence, matérialisés par les descentes au-delà des heures de service, dans les villages et autres communautés avec des escouades de policiers et gendarmes ;
L’Etat a l’obligation de faire respecter les clauses contenus dans les cahiers de charge que signent les responsables des grosses sociétés industrielles qui s’implantent au petit bonheur la chance sur l’ensemble du triangle national, arrachant allégrement l’héritage des pauvres populations, avec la complicité des fonctionnaires corrompues…
Des solutions concrètes qui vont participer et construire la cohésion sociale.
Nicole Ricci Minyem
Sur sa page Facebook, Dieudonné Essomba, économiste, à travers une analyse, a ressorti les trois mécanismes qui depuis des lustres ont été mis en place afin de soutenir tous les hommes et femmes d’affaire qui se lancent dans l’entrepreneuriat : la Diplomatie – la Corruption - la Violence Armée.
« Il faut toujours expliquer aux Camerounais comment le monde marche. Quand on parle de secteur privé, c’est d’abord et avant tout l’Etat.
Tout d’abord, il y a les autorisations et les licences que l’Etat fournit à tel opérateur économique, plutôt qu’à tel autre. L’Etat peut fabriquer qui il veut comme un grand entrepreneur, instantanément, en lui octroyant une licence et en lui assurant une garantie souveraine dans une institution de finance.
Il suffit que l’Etat me donne le monopole de l’importation des motos chinoises, avec une garantie à la Banque qui me prête 100 Milliards de FCFA pour que je devienne instantanément l’un des hommes les plus riches du Cameroun.
L’Etat du Cameroun appuie son secteur privé par un grand nombre de privilèges. Outre les licences et autres autorisations, on peut citer les exonérations, l’appui au crédit, les appuis directs, les marchés publics, etc.
Tenez ! Qui sait au Cameroun que l’Etat distribue chaque année 160 Milliards d’argent frais et sans la moindre contrepartie aux entreprises camerounaises ? Toutes ces entreprises que vous voyez-là, portant le nom d’un Camerounais, allez dans les Ministères et vous allez voir comment leurs patrons larmoyants gémissent auprès de l’administration pour des avantages divers.
Il n’existe aucun Camerounais propriétaire d’une entreprise qui peut broncher quand l’Etat parle, car, toutes sont accrochées à la mamelle de la puissance publique. D’ailleurs, tous ces hommes d’affaires font des mains et des pieds pour être proches des centres de décision pour mieux acquérir ces avantages.
Il y a une dizaine d’années, quand le Nigérian Dangote arrive au Cameroun et est reçu par le Président Biya, les entrepreneurs Camerounais se plaignent qu’il ne les a jamais reçus. Le Président Biya leur demande ce qu’il peut bien faire avec des mendiants et ce qu’ils peuvent bien lui apporter ! Il sait très bien qu’ils viendront lui apporter une interminable liste de doléances dont la satisfaction exige que l’Etat prenne des ressources sur les impôts payés par les capitaux étrangers.
Certes, notre privé n’a pas le monopole du soutien de l’Etat. Dans tous les pays du monde, l’Etat vient toujours au secours du secteur privé par diverses méthodes.
Sur le plan intérieur, l’Etat casse certaines contraintes, afin que le secteur privé puisse de développer. Par exemple, pour faire de grandes exploitations agricoles, l’Etat doit d’abord exproprier de force les populations et mettre la terre expropriée au service du privé.
Aux USA par exemple, ce sont les privés qui construisaient les chemins de fer. Mais c’est l’armée qui chassait et massacrait les Indiens, tout en imposant le travail d’esclave aux Noirs, le tout sous le contrôle du Gouvernement.
Même aujourd’hui où on n’utilise pas la force brute, l’Etat est toujours derrière le privé.
Ainsi, lorsque la crise des supprimés éclate dans les années 2000 aux USA, le Président Obama recourt à la planche à billets pour sauver IBM, Général Motors et les Banques sinistrées. L’Union Européenne fera également la même chose.
De même sur, le plan international, le secteur privé ne prospère que pour autant qu’il y a l’Etat derrière lui. Et c’est normal, car une entreprise nationale qui agit à l’étranger joue un rôle fondamental pour l’équilibre de l’Economie nationale. Ce sont ces entreprises qui approvisionnent la nation en matières premières et assurent les débouchés extérieurs de la production nationale. Elles ont aussi pour mission stratégique de véhiculer la technologie et la culture de leur pays.
L’Etat va alors agir de trois manières en leur faveur :
En définitive, il n’existe pas un secteur privé sans l’Etat. Et c’est l’Etat qui définit qui doit prospérer ou non dans le secteur privé. Cela n’exclut pas les aptitudes et les qualités des hommes d’affaires, car il faut bien que les bénéficiaires de ces avantages puissent effectivement les valoriser. Mais en définitive, c’est l’Etat qui décide qui doit être ceci ou cela.
Au Cameroun, le soutien au secteur privé a obéi à 2 orientations politiques.
Sous Ahmadou Ahidjo, la préoccupation était davantage économique, à savoir la création d’un secteur privé qui devait se substituer aux Blancs. Fidèle à sa politique des équilibres sociologiques, il appuyait les gens les plus compétents, mais avec le souci de l’équilibre régional. Sur le plan politique, le secteur privé était un appendice du parti unique dont il devait respecter les prescriptions.
Avec Biya, les choses changent radicalement, puisque les appuis de l’Etat ont une finalité purement politique, celle de la préservation du pouvoir. Dans ces conditions, les bénéficiaires des appuis publics sont des obligés du régime qu’ils doivent soutenir. Ils n’ont pas des missions économiques de création des richesses ou des emplois, mais des missions politiques de financement des opérations politiques.
Evidemment que face à cette évolution, toutes les Communautés ne présentent pas la même capacité de réponses. Certaines savent recycler cet argent dans des investissements rentables et remboursent au régime quand le régime en a besoin. Ils savent respecter leurs engagements et sont très utiles au régime qui les chouchoute.
D’autres, par contre, dilapide cet argent dans des opérations somptuaires et improductives pour des besoins d’affichage et de vanité. Incapables d’aider financièrement l’Etat, ils disparaissent et cessent d’être intéressants.
La configuration actuelle du système productif du Cameroun n’est donc pas un hasard.
On comprend donc les résistances qui s’opposent au départ de Biya, malgré son grand âge avance et surtout, le projet de reconduire son fils.
Le départ de Biya entrainerait un bouleversement général et des effondrements d’empires commerciaux dont personne ne veut ! A la vérité, les Camerounais seraient tétanisés s’ils pouvaient imaginer les soutiens du petit Frank » !
N.R.M
Ayant constaté que ses services ploient sous le poids des recommandations et autres actes d’influence visant à faire admettre des Camerounais n’ayant aucun mérite dans les rangs des Forces de Défense et de Sécurité, Ministre Délégué à la Présidence chargé de la Défense indique dans un communiqué rendu public ce lundi que de tels comportements sont inacceptables, inconcevables, inadmissibles…
Le communiqué du Mindef
« Le Ministre Délégué à la Présidence chargé de la Défense a l’honneur de communiquer ce qui suit : Depuis la publication des avis de lancement des concours d’entrée à l’Emia et à la Gendarmerie Nationale ainsi que ceux des recrutements dans les Armées, ses services croulent sous des demandes et des recommandations, assorties de récépissés de dépôts de dossiers pour tenter d’obtenir l’admission de certains candidats au mépris du principe du mérite.
Le Ministre Délégué à la Présidence chargé de la Défense demande aux candidats, à leurs parents et relations d’arrêter ces tentatives pernicieuses qui n’ont du reste aucune chance d’être prises en compte.
Tous les responsables du ministère de la Défense, membres de la chaîne de conduite de ces opérations, ont été invités à la stricte vigilance, la probité morale et la fermeté face à ces pratiques répréhensibles ».
Une pratique courante
Et utilisée par de nombreux responsables en charge des concours au Cameroun qui, font un « marketing » permanent, n’hésitant pas à se rendre au sein des familles, afin de leur promettre l’admission de leur progéniture dans les grandes écoles.
Ils surfent en outre sur la conviction que certains entretiennent : « C’est uniquement grâce aux réseaux qu’on peut accéder à certaines écoles, aux hautes fonctions et bien d’autres milieux considéré comme élitistes ».
Au-delà de l’oncle, du parrain, du tuteur, de l’ami, de l’amant, très bien placé et disposé à faire tout ce qu’il faut pour voir son protégé admis, l’on a pu se rendre compte au fil des ans que c’est pendant ces périodes que de grosses enveloppes contenant de fortes sommes d’argent circulent. Les scandales qui en découlent sont légions et chaque année, il y en a eu un bon nombre à l’issue de la publication de la liste de ceux qui sont définitivement retenus.
Cependant, il existe encore des parents qui refusent de s’adonner à ces actes de corruption malsains, convaincus que seul le mérite compte. Ce sont ceux-à qui poussent leurs enfants à fournir des efforts permanents s’ils veulent atteindre les objectifs voulus.
Ils ne peuvent que se réjouir de la position de Joseph Beti Assomo, ministre de la Défense et, formuler le vœu de voir d’autres s’inscrire dans cette dynamique. Cela va permettre d’avoir les personnes qu’il faut, à la place qu’il faut.
Nicole Ricci Minyem
Caroline Doris Meva est écrivaine et épouse de l’ancien ministre des finances du Cameroun, Polycarpe Abah Abah. Diplômée d’études supérieures de littérature et de philosophie, elle déploie sa plume pour fustiger le dialogue annoncé entre l’actuel président français et le politologue Achille Mbembe.
Un sommet France - Afrique se tiendra à Montpellier du 08 au 10 juillet 2021. Cette fois, ce ne sont pas des Chefs d'État africains qui y sont conviés, mais un panel d'intellectuels africains, conduits par Achille Mbembe, qu'on ne présente plus. Il s'agit de personnalités connues pour leur engagement en faveur de l'Afrique, leurs prises de position franches et parfois critiques vis-à-vis de la politique africaine de la France.
Cette rencontre est consécutive à un constat : le sentiment de rejet de plus en plus marqué des jeunes générations africaines vis-à-vis de la France. Cette dernière est progressivement supplantée dans son pré carré africain (sa chasse gardée jusqu'ici) par d'autres États, notamment la Russie, la Chine, l'Allemagne, la Turquie, le Brésil, le Japon, etc ...
L'enjeu de ce sommet est capital pour la France ; c'est l'avenir des relations entre la France et l'Afrique qui se joue ici. Macron souhaite instaurer une relation équitable et un véritable partenariat avec les africains ; mettre en avant les jeunes (plus de la moitié de la population de l'Afrique) qui incarnent le renouvellement générationnel, sur les plans politique, économique et social ; ces jeunes qui seront amenés à bâtir l'Afrique de demain.
Bien que constituant la majorité de la population, les jeunes se considèrent comme des laissés-pour-compte ; ils jouent un rôle de second plan, quand ils ne sont pas tout simplement oubliés, ignorés par les dirigeants de leur pays. Cette jeunesse sans espoir, sans perspectives d'avenir, va grossir les rangs des migrants qui frappent aux portes de l'Europe, en quête d'une vie meilleure. Ne vous y trompez pas, ces jeunes ne sont ni insensés, ni ignorants : leur fuite vers l'Europe est un geste de désespoir, par instinct de survie, une tentative ultime pour ne pas mourir à petit feu et sombrer définitivement dans leur pays d'origine.
Nombreux sont ceux qui réussissent en fin de compte, à l'exemple du boxeur camerounais Ngannou, qui a remporté récemment un trophée mondial. Ces jeunes migrants font fi de de tous les dangers, parce qu'ils se considèrent comme étant déjà "morts". Si ces jeunes trouvaient les conditions idoines pour mener une vie décente dans leur pays d'origine, nul doute que le nombre des candidats à l'émigration se réduirait comme peau de chagrin.
La jeunesse africaine subit de plein fouet le chômage, la paupérisation, la corruption, le manque de considération et le non-respect des libertés fondamentales dans leur pays d'origine. Ils estiment que la France, complice de leurs dirigeants africains, est le principal responsable de leurs malheurs. Le dernier exemple en date qui illustre le rejet de la France par la jeunesse africaine, c'est lors des émeutes qui ont suivi l'arrestation de l'opposant Ousmane Sonko au Sénégal le 03 mars 2021 ; lors de ces manifestations, les intérêts français ont particulièrement été visés par les saccages et les pillages, notamment 14 supermarchés Auchan, des boutiques de l'opérateur de téléphonie Orange, et les stations Total. Les populations africaines, et surtout les jeunes sont les principales victimes des conséquences du joug économique et politique que la France fait peser sur les pays africains.
PAR REFERENCE A L'AFFAIRE GEORGE FLOYD, LE "GENOU" DE LA FRANCE EST POSE SUR LE "COU" DE L'AFRIQUE
Le constat est clair : les pays africains du pré carré français et de la Françafrique ne connaissent que des indépendances de façade, et n'ont jamais cessé d'être sous la domination de la France, malgré les discours "politiquement corrects", et les dénégations véhémentes de la France. La réalité incontournable est que la jeunesse africaine se meurt, asphyxiée peu à peu par le poids des relations déséquilibrées entre la France et les pays africains, dans tous les domaines.
De manière métaphorique, en évoquant l'affaire George Floyd aux États-Unis, qui a embrasé le monde en mai 2020, nous sommes portés à penser que, tout comme le genou du policier Derek Chauvin, a causé la mort par strangulation de George Floyd, de même, le 'genou" de la France est posé sur le 'cou" des pays africains et les tue à petit feu.
Les soubresauts de la jeunesse africaine pour échapper à une mort certaine à terme, ont amené la France à prendre conscience de la gravité de la situation. L'organisation du sommet de juillet prochain résonne comme une tentative de lever le pied (le genou) afin d'éviter la mort par asphyxie de ses partenaires africains ; de ne pas tuer la poule aux œufs d'or, ou de voir celle-ci s'envoler vers des cieux plus cléments. Mais cette initiative est-elle appropriée ? Le remède proposé est-il à la hauteur de la gravité du mal ?
UN DIALOGUE SANS OBJET
Le dialogue proposé par Macron me semble inapproprié pour deux raisons :
1) - Le choix des intellectuels comme interlocuteurs pose un problèmes d'écoute et de représentativité de ceux-ci auprès des jeunes, pauvres, sans emploi et sans perspectives d'avenir. La plupart des intellectuels africains sont perçus comme des privilégiés, proches et complices des dirigeants africains, rejetés pour la plupart par ces jeunes générations. Ils sont coupés du bas peuple et ne connaissent pas les mêmes préoccupations que lui.
2) - Macron et les intellectuels africains SAVENT pertinemment quels sont les problèmes que subit la jeunesse africaine. Nul n'est besoin d'organiser un sommet dont on connaît les résultats d'avance : l'on prononcerait de beaux discours ; l'on fera des promesses et des recommandations qui resteront des vœux pieux rangés dans les tiroirs, et qui ne seront pas suivis d'actes concrets. Brefs on remuera du vent, au son des vuvuzelas des médias internationaux. L'organisation de ce sommet est comme une diversion, destinée à gagner du temps, et à retarder l'échéance fatidique d'une prise de décisions douloureuses mais salvatrice, tant pour la France, que pour les pays africains. Ce sommet est comme un pansement que l'on appose sur une plaie purulente, dont l'effet, à terme, sera d'aggraver le mal. Monsieur Macron doit prendre son courage à deux mains, enlever le pansement, curer la plaie, afin qu'elle ait une chance de guérir. Il devrait réinstaurer une relation de confiance réelle avec la jeunesse africaine, et pour cela il devrait ôter le "genou" de la France qui pèse lourdement sur le "cou" des relations françafricaines, en prenant les décisions courageuses suivantes, sans hypocrisie, sans langue de bois, sans complaisance :
- Supprimer la taxe coloniale.
- Revoir les conditions injustes et abusives de la dette bilatérale, sous laquelle ploient les pays africains ; ce qui leur permettrait de disposer d'un complément de ressources pour financer leurs projets de développement.
- Décoloniser la monnaie, notamment le franc des colonies françaises d'Afrique (CFA), contrôlé par la France.
- Dépoussiérer des accords de coopération vieux de plus de 50 ans, établis essentiellement en faveur de la France, au détriment des pays africains.
- Remplacer le système d'exploitation de la Françafrique par une relation égalitaire, fondée sur le respect mutuel entre les partenaires.
- Lever la main-mise de la France sur le contrôle de la politique et des économies africaines.
Un changement radical de stratégie, l'implémentation d'un logiciel nouveau pour la gestion des relations entre la France et ses partenaires africains s'impose, sinon celle-ci perdra progressivement et irrémédiablement son influence en Afrique.
Ce sujet est l’un des axes majeurs abordé lors de l’interview que le président de l’Alliance pour la Démocratie et le Développement a accordé au quotidien « Mutations », dans sa parution de ce lundi. Au-delà de ce sujet, l’homme politique a répondu aux questions portant notamment sur la mise en œuvre effective de la Loi promulguée en 1996 portant déclaration des biens ; les qualités que doit avoir un candidat qui aspire à gouverner le Cameroun…
- Le Cameroun a fêté, le 18 janvier dernier, le 25e anniversaire de la Constitution en vigueur. Quelle évaluation faites-vous de la mise en œuvre de cette loi fondamentale promulguée en 1996 ?
Pour que vous ayez une idée d’une telle évaluation, il faudrait un élément de comparaison. Faudrait-il pour ce faire remonter aux Constitutions antérieures à celle de 1996 ? A celle du 4 mars 1960 ou du 20 mai 1972 par exemple ?
Entre celles-ci et la Constitution de 1996, ou depuis cette dernière à nos jours, quelles sont les réussites ou les carences qu’aurait enregistrées notre pays ? Je pourrais alors parcourir au moins trois filières constitutives de la souveraineté nationale. Au plan sécuritaire, en 1960 nous assistions à la fin du maquis, même si le dernier combattant n’avait été exécuté qu’en janvier 1971.
Depuis lors, bon an mal an, le Cameroun a traversé une période de paix et de développement jusqu’en 2016. C’est alors que s’est déclenchée une forme de terrorisme fondée sur des revendications à fond sécessionniste.
Alors que de 1955 à 1960 le maquis se justifiait pour l’accession à l’indépendance, depuis 2016 c’est plutôt une partie de Camerounais devenus « indépendants » qui cherchent à se séparer de l’autre partie de la fratrie.
Comment donc comprendre que ceux-là même qui avaient choisi de se réunir au prix du sang en soient arrivés à se battre entre frères et non plus contre les colons, pour que les uns se séparent des autres.
Voici ce qui me semble être un premier élément paradoxal de comparaison. Le second élément de comparaison tire sa source de la manière de structurer l’Etat dans la répartition des responsabilités entre ses composantes. Jusque-là, cela semble avoir marché.
Mais la Constitution de 1996 a semblé avoir inopportunément oublié les effets historiques de l’évolution politique du Cameroun, en y substituant tout simplement la décentralisation (administrative) qui n’est qu’un mode administratif de gestion alors que le fédéralisme consiste quant- à-lui en la responsabilisation autonome exclusive des citoyens de leur entité territoriale propre.
Ainsi, a-t-on détruit un idéal par ici sans en créer un espoir par-là. Toutes ces divergences ont mis sous l’éteignoir les fondements basiques négociés de la réunification du « Cameroun Oriental et du Cameroon Occidental », lesquels étaient à même d’empêcher que l’un ne phagocyte l’autre, ni sur le plan culturel, ou traditionnel, ni sur le plan politique et du vivre ensemble.
- La corruption et les détournements de fonds demeurent des fléaux préoccupants au Cameroun. Comment comprendre la non application de l’article 66 de la Constitution qui consacre la déclaration des biens pour tout gestionnaire au début et à la fin de son mandat, 25 ans après la codification de cette disposition ?
L’initiation de l’article 66 n’est pas partie de néant ; c’est parce que l’on a constaté que la corruption régnait en maître dans ce pays. Il suffit d’aller à Kondengui et de compter les prédateurs présumés qui y sont.
Aussi longtemps que nous n’aurons pas une autre conception du pouvoir que le vol, nous n’irons nulle part. On ne peut pas avoir prévu l’article 66 pour ne pas l’appliquer. Il y a certainement des hics qui empêchent son application.
Comment un fonctionnaire ou un opérateur « économique » peut-il quant à lui, partir de rien pour subitement devenir milliardaire sinon par le vol ou le détournement de biens publics ?
Et si l’application de l’article 66 de la Constitution de 1996 tarde à être effective, c’est qu’il existe dans le système des "Personnalités" bien placées pour en bloquer la réalisation. Rien ne devrait empêcher de créer et de mettre en place des commissions chargées de finaliser cette volonté supposée être politique.
En vérité, la non-application de l’article 66 de la Constitution est une preuve par neuf que notre pays est pourri. C’est une honte, assimilable à un crime contre l’humanité.
- Dans une interview accordée à la BBC avant la présidentielle 2018, vous déclariez : personne n’est plus compétent que moi pour diriger le Cameroun. Votre conviction reste-t-elle intacte ?
Je l’ai bien dit et je le maintiens. Car pour ce qui est de la maîtrise des rouages de l’Etat et de la gestion des affaires aussi bien publiques que privées, personne au Cameroun ne réunit plus d’expériences heureuses que moi. J’ai tenu avec succès de hautes fonctions de direction et d’audit, de secrétaire général de ministère, d’administrateur Directeur général de Banque, de ministre d’un département de souveraineté.
Mes stages à Electricité de France, à la Caisse centrale de coopération économique, etc., à la Banque de Boston en disent long. Je crois avoir convaincu tous mes patrons par ma compétence, mon dévouement et mon intégrité à toute épreuve.
N.R.M
Un avis émis après la découverte ces derniers jours, de nombreuses usines de fabrication de vins et spiritueux. Des distilleries qui naissent sous le nez et la barbe de ceux qui sont chargés de se rassurer de la qualité des produits proposés à la consommation des Camerounais mais qui, malheureusement se laissent quelquefois aller à des actes de corruption.
« Lorsqu'on observe le secteur d'activités économiques au Cameroun, on est à se demander s'il n'existe pas un cadre réglementaire normatif pour ces activités.
C'est chacun qui est « roitelet » dans son royaume ; c'est chaque acteur de la chaîne : opérateur économique, producteur, commerçant, cadre de l'administration, qui fait les beaux et mauvais jours des pauvres consommateurs. Quel gâchis !
Savez vous que le consommateur est Roi ? Et que si vous existez c'est grâce à lui ? Dans le cycle des fondements de l'économie quelle théorie peut-on assumer en excluant le Consommateur ?
Pourquoi voulez vous Assassiner celui qui vous fait exister ? Pourquoi voulez vous tuer l'économie nationale ?
Que chaque acteur se mire pour tirer les conséquences de sa stupidité car, ce n'est que chez nous qu'on peut importer et mettre un produit sur le marché sans aucune fiabilité, n'ayant aucun laboratoire qui peut attester de la qualité de ce dernier.
On se réfère juste au document délivré par les structures d'importation et Dieu seul sait les mécanismes de contournements qui ont fait ou font prospérer la corruption et que sais je encore ?
Oui ce n'est que chez nous que les auxiliaires de l'administration territoriale sont des complices avec les vendeurs de maladies aux consommateurs. Citons en quelques unes: cancers de tous ordres maux gastriques, démence, troubles psychiatriques et affectifs. En fait je me demande qu'avons nous fait pour mériter ça ?
Comment expliquer que l'on retrouve dans un domicile une usine de fabrication des spiritueux dangereux à la consommation humaine et qui sont vendus dans les lieux de plaisirs nocturnes, pire que la brigade de répression de fraude du ministère du commerce commence à se mouvoir dans les boîtes de nuit et cabaret de Yaoundé comme si le problème se limitait seulement dans cette cité capitale.
Je pense que Non, le mal est partout peut être pire ailleurs, car si vos collègues du ministère des Mines et du Développement Technologie continuent à laisser (les entreprises) clandestines nous produire de l'eau conditionnée dans les sachets ( hors norme) et vendus à presque rien ou les whisky en sachet pourtant interdit, ou encore de l'huile en vrac très prisée par les ménagères qui ignorent le tueur silencieux qu'elles utilisent pour les repas de la famille.
Dois-je encore rappeler qu'il existe au Cameroun une Agence des normes créée par décret présidentiel suite à loi de 2016 sur la normalisation au Cameroun ?
Et qui, visiblement est dépassée par le génie novateur de certains compatriotes qui ont même pu falsifier l'estampillation qui nous faisait avoir une bribe d'espoir sur la qualité du produit que nous allons consommer. J'ai envie de rappeler ici que 64% des produits que nous consommons au Cameroun sont de qualités douteuses.
Arrêtez donc de nous Assassiner et respectez les textes en vigueur chacun dans son domaine car, qu'on le veuille ou non, la santé d'un État est de celle de ses populations.
Ceux que vous avez remplacés ont travaillé pour que vous continuez l'œuvre et à votre tour que voulez vous faire de nous »?
N.R.M
Le numéro vert 1517 a été mis en place pour la dénonciation de cas de fraudes et de corruption.
La Commission nationale anti-corruption (CONAC) s’est dotée d’une «Cellule de veille » électorale, par rapport aux élections régionales du 6 décembre 2020. Ladite Cellule va fonctionner avec un numéro vert : le 1517. Le Révérend Dieudonné Massi Gams, président de la Conac indique que cette Cellule à travers ledit numéro, aura comme rôle recueillir, centraliser et exploiter les appels ayant trait à d’éventuels pratiques de fraudes électorales sur toute l’étendue du Cameroun. Il ajoute qu’il sera question pour « tous les acteurs du processus électoral à dénoncer tout acte ou tentative de corruption, qu’elle soit morale ou financière ».
En rapport avec les élections régionales qui vont se dérouler le 6 décembre prochain, la CONAC a sorti un communiqué dans lequel, elle parle d’un faisceau d’actions visant à lutter contre les pratiques illégales et immorales. Les actions concernent les émissions de sensibilisation radio et télé et vont jusqu’aux équipes mobiles de sensibilisation et de mobilisation qui sillonnent les grandes villes du pays depuis le 30 novembre. Cela se fera jusqu’au 7 décembre 2020.
La Conac demande donc aux différents acteurs engagés dans le processus électoral à observer et à respecter scrupuleusement les lois de la République et les prescriptions du Code électoral.
Il convient de rappeler qu’au Cameroun les fraudes ainsi que la corruption en matière électorale sont punis par la loi, notamment par les articles 122 et 123 du Code pénal en vigueur au Cameroun.
« Est puni d'un emprisonnement de trois (03) mois à deux (02) ans et d'une amende de dix mille (10 000) a cent mille (100 000) francs ou de l'une de ces deux peines seulement, celui qui : par dons, libéralités, faveurs, promesses d'octroi d'emplois publics ou privés ou d'autres avantages particuliers faits en vue d'influencer le vote d'un ou de plusieurs lecteurs, obtient leur suffrage soit directement, soit par l'entremise d'un tiers », stipule l’article 123.
Liliane N.
Le débat a été mis sur la place publique par l’honorable François Biba – Député Pcrn du Nyong et Kelle après le drame qui s’est déroulé le 10 Novembre dernier, au palais de justice de Douala – Bonanjo entre les Hommes sensés reflétés le respect de la Loi et du Droit …
« L'asticot est bel et bien installé dans le fruit et y fait sa loi. En 2018, dans une correspondance adressée à son excellence monsieur le Président de la République, le président de la Commission Nationale Anti Corruption (Conac) sonnait l'alarme sur cette gangrène qui mine la justice camerounaise.
"Le versement des dessous de table, le monnayage des décisions de justice et des actes administratifs, les lenteurs judiciaires et l’embourgeoisement des magistrats sont quelques-uns des griefs qui caractérisent le malaise actuel », dénonçait le président de la Conac, Dieudonné Massi Gams.
Et comme par hasard dans cette correspondance les magistrats de Douala étaient installés sur la première marche du podium, avec comme porte-drapeau le procureur de la République près le tribunal de première instance (TPI) de Douala-Bonanjo, « dont les accusations de corruption, d’enrichissement ostentatoire et d’abus divers proviennent de diverses sources ».
Malgré cet état des lieux, nous notons le silence inquiétant et peut-être même complice du gouvernement quant à la suite à donner à ce phénomène.
À ce jour, les populations n'ont plus aucune confiance en la justice qui comme elles le disent est "réservée aux riches" car n'ayant pas les moyens financiers pour soudoyer les magistrats.
Combien d'innocents se retrouvent dans nos prisons à cause de la complaisance des magistrats ?
Combien de décisions sont entachées d'irrégularités à cause du penchant malsain des hommes de loi pour le pécuniaire ?
Combien de plaignants se sont vus déboutés parce qu’incapables de "mouiller la barbe" du magistrat ?
Le mal ne sévit pas uniquement dans les couloirs des palais de justice, mais est bien installé dans toutes les sphères de la société camerounaise.
Cela va de la secrétaire entretenant des relations avec son chef et/ou patron l'une pour sauvegarder son emploi, l'autre pour ses intérêts financiers et personnels, en passant par la "promotion canapé" devenue un usage commun dans nos entreprises privées, et publiques, pour enfin débouler dans la pratique quotidienne de la rançon des missions et devoirs assignés à certains responsables.
Que dire d'un pays où l'obtention du titre foncier est un véritable parcours du combattant avec des centaines de milliers de FCFA perdus en chemin? Que penser des réseaux qui foisonnent lors des examens et concours? Des réseaux d'attribution de notes dans nos lycées et universités?
Que dire du pot de vin de rigueur pour obtenir un emploi dans une entreprise publique, parapublique ou privée ? Combien de familles se sont-elles endettées à cette fin, combien de familles se sont-elles séparées de leur héritage pour satisfaire à ce rituel?
Le service public n'est pas en reste. Pour obtenir un avancement, il faut monnayer. Pour voir aboutir son dossier dans quelque ministère que ce soit, il faut encore monnayer. Pour légaliser un document, il faut "payer l'encre" et le "droit de signature". La corruption dans le corps de maintien de l'ordre, le contrôle routier, un véritable nid à serpents.
Cette corruption atteint également la scène politique où l'on assiste quasi impuissant à la corruption des mentalités pour l'obtention des votes.
Au vu de tous ces faits, Rien de surprenant à ce que le Cameroun, selon un rapport de Transparency International, soit classé 28e pays le plus corrompu dans un classement comprenant 180 pays.
Le 14/12/2011, la loi instituait la création du Tribunal Criminel Spécial (TCS) dont l'objectif était de « mettre en place un dispositif de répression plus efficace et plus rapide pour donner plus de visibilité à l’action des pouvoirs publics » dans la lutte contre la corruption et les détournements publics.
09 années plus tard, les actions de ce tribunal demeurent invisibles. Les procédures prennent toujours autant de temps, la corruption est plus que jamais "la reine de la cour".
Le nouveau code pénal de 2016, quoique prenant désormais en compte certaines infractions de la convention des Nations Unies contre la corruption n'a pas éclairci l'horizon sombre de la société camerounaise. Du chemin reste à faire afin de sortir de cette nasse qui étouffe l'économie nationale et la bonne gouvernance.
De ce fait, il est urgent de penser :
● La réforme du système judiciaire qui doit être de mise afin de permettre la sanction des magistrats véreux. Déjà prévue par le code pénal en ses articles 134 et 134 bis portant corruption; article 161 portant trafic d'influence, une application doit être faite de ces dispositions
● La mise en application stricte de l'article 184 du code pénal portant détournement ;
● La mise en application stricte de l'article 312 du code pénal portant corruption de l'employé ;
● L'adoption d'une loi anticorruption ;
● La ratification de la convention de l'Union Africaine contre la corruption enfermée bien au chaud dans les tiroirs des gouvernants ;
● L'application stricte et sévère de l'article 66 de la constitution portant déclaration des biens et avoirs ;
● La sanction et incrimination de l'enrichissement illicite ;
● La revalorisation salariale des fonctionnaires devrait être envisagée ;
● L'affectation des magistrats et des responsables toute administration confondue doit être régulière afin de ne pas laisser le temps de mettre en place un réseau de corruption ;
● La spécialisation des magistrats ;
● Le recrutement des magistrats afin de faire face aux lenteurs ;
● Les autorités administratives, en vertu de l'article 135 du code de procédure pénale, informées d'actes de corruption doivent sans délai porter les faits à la connaissance du Procureur de la République. De même, l'auteur de la dénonciation doit être mis sous protection ».
N.R.M