La question foncière était au centre des débats ce lundi au sein de l’hémicycle du Palais des Congrès. Les députés ont durci le ton devant les membres du gouvernement, en relevant avec exemples que cette problématique est une véritable source de conflits, tant au niveau familial que public.
Au cours des différentes prises de parole, les élus du Peuple ont axé leurs dénonciations et leurs plaidoyers autour de l’aspect social et, pour l’honorable Rolande Ngo Issi, député Pcrn du Nyong et Kelle, « C’est ce volet qui conditionne l'encadrement de tous les autres domaines visés au cours de cette plénière… » ; Car, de son point de vue, « Tout l'habillage juridique, économique et financier n'aura de pertinence que si tout cela profite à l'Humain ».
Et pourtant, il est avéré que les terres au Cameroun sont à peine immatriculées mais, pour avoir le « précieux sésame », la procédure est longue étant donné que tous ceux qui interviennent dans la chaîne font preuve de « machiavélisme », vis-à-vis notamment des couches les plus vulnérables de la Société.
Il ne se passe pas un jour, une semaine, un mois sans qu’on entende parler d’expropriation abusive d’une famille, d’une communauté aux sordides motifs que « La terre est une propriété de l’Etat ».
La corruption, l’avilissement des « sans voix », les outrages de toutes sortes se vivent en permanence surtout au sein des Communautés riveraines qui se voient spoliées de leurs héritages, au profit des grandes industries qui possèdent un passe droit qui se résume en ces quelques mots : « Nous avons tout payé à Yaoundé, allez vous plaindre là bas ».
« La prédation des terres par les riches »
Un groupe de mots lâché ce 5Juillet devant le ministre des Domaines, du Cadastre et des Affaires Foncières et de ses collègues membres du Gouvernement car, du point de vue de l’honorable Rolande Ngo Issi « La plupart des camerounais vivent sur les terres qui en réalité ressortissent du bon vouloir de l'État du fait de l'incapacité financière et relationnelle d'obtenir une immatriculation… C'est à dire qu'un matin, vous pouvez voir quelqu'un vous demander de libérer les lieux parce qu'étant devenu propriétaire après les démarches entreprises auprès des pouvoirs publics… » ;
Allant plus loin, la Députée, comme tous les autres élus avant elle, a transmis les questions des Populations Camerounaises :
« Quelles sont les mesures sociales prises pour que ces personnes qui sont nées à ces endroits, qui n'ont là que pour seul biotope de leur vie, ne soient plus chassées comme des vulgaires malpropres?
L'État prévoit-il qu'en cas de sollicitation d'immatriculation par un tiers d'une surface, que ceux qui l'occupent de fait soient informés à l'avance avec la possibilité par exemple, aux coûts différents, d'obtenir la priorité ?
Ne peut-on pas scinder la procédure d'immatriculation en deux c'est-à-dire, plus accessible et réservée à ceux qui occupent de fait l'espace et l'autre, plus complexe car réservée généralement à ceux qui ont un peu de moyens financiers?
Que pensez-vous de la possibilité de fixer les quotas d'immatriculation ?
Ne doit on pas procéder avant toute reforme, à une sorte d'États généraux du foncier camerounais ?
Et même aux audits ou alors si le mot est fort, au recensement des terres avec noms de propriétaires ?
Quelles sont les dispositions juridiques qui peuvent être prises afin de limiter la gloutonnerie foncière de certains individus qui n’hésitent pas à acquérir tout seul, un village tout entier ?
Mise en place d’une Loi qui punit durement les corrupteurs
Car, au - delà des discours et des résolutions qui à peine prises, sont gardées dans les placards, il est plus que temps de mettre en place, des mécanismes juridiques qui déterminent les sanctions qui peuvent être prises contre les responsables de l’Administration pris en situation de flagrance de surenchères dans la procédure, parce que rien ne justifie le vol de l’argent dont ils se rendent coupables auprès des Populations ;
Il est tout aussi important que s’arrêtent les trafics d’influence, matérialisés par les descentes au-delà des heures de service, dans les villages et autres communautés avec des escouades de policiers et gendarmes ;
L’Etat a l’obligation de faire respecter les clauses contenus dans les cahiers de charge que signent les responsables des grosses sociétés industrielles qui s’implantent au petit bonheur la chance sur l’ensemble du triangle national, arrachant allégrement l’héritage des pauvres populations, avec la complicité des fonctionnaires corrompues…
Des solutions concrètes qui vont participer et construire la cohésion sociale.
Nicole Ricci Minyem