Armand Leka Essomba, Sociologue, Laboratoire camerounais d’études et de recherches sur les sociétés contemporaines à l’Université de Yaoundé I nous replonge entre autres dans ce « sombre passé ».
« Ruben Um Nyobè, secrétaire général de l’Union des Populations du Cameroun, avait été abattu le 13 septembre 1958, en début d’après-midi, par les troupes françaises chargés de mettre fin à l’insurrection organisée dans la région de la Sanaga-Maritime depuis 1955 par le mouvement qu’il dirigeait.
C’était quelques secondes seulement après que la troupe eut tué un de ses aides, Pierre Yém Mback. En effet, en raison des indiscrétions de « ralliés », son campement avait été localisé au début du mois de septembre par le capitaine Agostini, officier de renseignements, et par l’inspecteur de la sureté, M. Conan. Au petit matin du samedi 13 septembre 1958, un détachement opérant par petites équipes de quatre à cinq hommes avait entrepris la fouille systématique des environs de Boumynébel, petite agglomération située sur la route Douala-Yaoundé. Un groupe parti du village de Libel li Ngoy comprenait en outre quelques « ralliés » et un certain nombre de prisonniers dont Esther Ngo Manguèlè, que l’on soupçonnait d’avoir travaillé comme agent de liaison du « grand maquis ».
Des renforts militaires étaient arrivés de Makai. D’autres avaient traversé la rivière Pugè, venant de Njok Nkong. La troupe, au complet, se retrouva au pied d’une colline située près du campement de Um. Après avoir bouclé l’ensemble de la zone, elle entreprit une chasse à l’homme, aidée des « pisteurs », des « ralliés » et des prisonniers. Elle ne mit pas longtemps avant de retrouver les traces des chaussures que portait Um.
Conscient du danger, et sur l’insistance de son entourage, ce dernier avait quitté son maquis, probablement la veille. Il se dirigeait alors vers un nouvel emplacement dont, prétendait-on, Alexandre Mbénd avait entrepris l’aménagement. Mais celui-ci traînait en longueur. Um et ses compagnons choisirent donc d’attendre près d’un rocher que jouxtait un marigot. Dans le maquis, ce matin-là, Mayi Matip avait procédé à une consultation oraculaire. Selon ses dires, aucun augure ne prévoyait de catastrophe.
La patrouille accéléra le pas. Très vite, elle repéra le groupe. En faisait partie Martha, la compagne de Um dans le maquis. Celle-ci portait un enfant, Daniel Ruben Um Nyobè. Il y avait aussi Um Ngos, le gardien du grand maquis, Pierre Yém Mback, le secrétaire, Yèmbèl Nyébél, l’agent administratif, Ruth Poha, la belle-mère de Um, et Ruben Um Nyobè lui-même. Aussitôt, les fusils se mirent à crépiter. Yém Mback fut atteint le premier. Les militaires, dont un conscrit tchadien, Sara Abdoulaye, tiraient dans tous les sens.
Les « pisteurs » n’avaient pas reconnu Um d’emblée. Dès que la fusillade éclata, Yém Mback tombant presque à ses pieds, Um s’efforça d’enjamber un tronc d’arbre qui l’empêchait de contourner le rocher et de s’enfuir. C’est alors qu’un des guides, Makon ma Bikat, le désigna à la troupe. Abdoulaye tira et l’atteignit de dos. Um s’écroula, laissant tomber non loin de là une serviette renfermant quelques documents et des carnets où il notait ses songes, puis mourut en râlant.
La profanation d’un cadavre
Le cadavre de Um fut transporté à l’hôpital public de la ville, où le médecin Ntimban effectua les examens nécessaires pour dresser un constat de décès. Puis on exposa le mort dans l’une des salles ordinairement prévues pour accueillir les malades.
Entre-temps, les autorités avaient procédé à la publication et à la diffusion d’un tract annonçant la chute du « Dieu qui s’était trompé ». Tiré à plusieurs milliers d’exemplaires, ce tract fut distribué dans la plupart des grands centres urbains du Sud-Cameroun situés le long du chemin de fer. Il représentait une photographie de Um vaincu par la mort et étendu au sol.
Alors que le cadavre était exposé à l’hôpital, Jacques Bitjoka-un des principaux chefs des milices dites d’auto-défense que l’administration avait organisées et financées pour contrer l’U.P.C. tenta de le profaner. Il l’abreuva d’insultes, frappa le front du mort de son index droit, et mit ce dernier au défi de se mettre debout et de se mesurer à lui dans un duel dont, assurait-il, lui, Bitjoka ne pouvait que sortir vainqueur. Certes, on ne pouvait pas faire disparaître entièrement le corps. Mais l’idée de lui trancher la tête et d’en retirer le cerveau afin de l’examiner fut avancée. Le cérémonial de l’enterrement fut à l’image des reprouvés. Les familles ne furent pas invitées. On exigea des gens qu’ils s’abstiennent de toutes lamentations, même si la consigne ne fut point totalement respectée.
Le pasteur Song Nlend (de la mission presbytérienne américaine) assura une brève cérémonie. Les rites appropriés pour le genre de mort auquel Um avait succombé (nyèmb matjel) ne furent cependant pas respectées. L’on ne questionna point le mort. On n’offrit pas de repas. Rien ne fut expliqué. Il ne fut certes pas privé de sépulture.
Mais, sur recommandation formelle des autorités de l’Etat, on immergea son corps dans un bloc massif de béton enfoui dans le sol. Pour mesurer l’ampleur du drame symbolique que constitua l’enterrement de Um, il importe de rappeler qu’il fut assassiné pour s’être opposé sans compromis au régime colonial et pour avoir résisté à la corruption à laquelle recourait l’administration pour vaincre moralement les africains qui osaient se dresser contre elle. Il échappa aussi à l’exécution publique à laquelle l’Etat colonial avait coutume de condamner les dissidents (cas de Douala Manga Bell et de Martin-Paul Samba en 1914).
Compte tenu du fait qu’il avait, de son vivant, attenté à la vie à l’ordre, l’Etat voulu organiser son enterrement comme une tentative de réparation de ce même ordre (…). En jouant sur les images de l’ordre et du désordre à travers la manière même de l’enterrer, l’on cherchait à retirer à cette mort ce qui qui la rendait parlante. L’Etat colonial voulu donc faire taire le mort. Et il s’y prit de plusieurs façons.
D’abord, de la brousse où il fut abattu jusqu’au village de Liyong où les paysans l’identifièrent, on traina le cadavre dans la boue. Cela le défigura, sa peau, sa tête, ses cheveux et son visage ayant été profondément déchirés. Um perdit donc sa figure singulière, la netteté de ses traits, ses formes distinctives, bref, son aspect humain. En défigurant le cadavre, on voulut détruire l’individualité de son corps et le ramener à une masse informe et méconnaissable. Il eut ensuite l’outrage perpétré par Bitjoka. Cet outrage répondait à un souci. Puisque nul n’avait réussi à humilier ce mort de son vivant, il fallait déshonorer sa dépouille, en lui barrant physiquement l’accès au statut de mort glorieux que sa vie, son témoignage et le drame de sa fin lui avaient mérité. C’est dans le même esprit qu’on ne lui accorda qu’une tombe misérable et anonyme. Aucune épitaphe, aucun signalement particulier n’y furent inscrits. Puisqu’il fallait nier tout ce dont sa vie témoignait en en faisant un mort sans visage, rien ne devait subsister qui fit briller sur ce cadavre, un dernier reflet de vie.
Comme pour atteindre le comble, on l’enterra immergé dans un bloc de massif de béton. L’Etat colonial cherchait ainsi à brouiller définitivement les liens de Um avec le sol où il reposait, et où, selon le principe de l’autochtonie propre à la société dont il descendait, se perpétuaient ses rapports avec sa lignée, sa descendance. Il s’agissait, au total, d’effacer Um de la mémoire des hommes en le renvoyant au chaos où il ne serait plus strictement personne.
Lorsqu’en 1960 l’indépendance pour laquelle il avait milité et pour laquelle il fut tué échut finalement aux forces qui en avaient combattu le principe, l’Etat postcolonial veilla à ce que qu’aucun dispositif de mémorisation ne rappelle ce mort ».
Testament post mortem
Que retenir à la lecture de ce récit épique, et surtout quelles conséquences pourrions-nous en tirer ?
Simplement, que l’on peut sans doute assassiner un homme et profaner un cadavre, mais que nul ne peut ni censurer, ni emprisonner, encore moins assassiner l’imaginaire et profaner durablement la mémoire. Um Nyobè fut un patriote sincère ainsi qu’un nationaliste intègre. La haute idée qu’il avait du destin de son pays est appelée à inspirer encore pour longtemps ses descendants. Par descendants, je ne parle point du petit groupe de comédiens qui, depuis une vingtaine d’années, se disputent bruyamment et sans remord, sa dépouille politique, au risque de faire croire à la multitude que ce patriote africain serait la propriété privée d’un village.
Je parle de tous les citoyens camerounais d’abord, auxquels il enseigna que notre destin dans le monde n’était point de vivre courbé.
L’auteur de ces lignes demeure fasciné par la vive et précoce intelligence de cet homme. Au panthéon des héros africains, sa préséance ne fait pas de doute à mes yeux. Il nous faudra toutefois se garder d’établir complètement avec cette figure, cette sorte de relation quasiment religieuse, qui nous empêcherait d’approfondir les raisons pour lesquelles, l’utopie qu’il porta si intensément jusqu’en septembre 1958, échoua à s’accomplir, au-delà de la cruauté idiote d’un colonialisme criminel que la France incarna de la manière la plus grotesque et la plus inhumaine… ».
N.R.M
La nouvelle de la création de l'aéroport de Kribi en 1998 a été un grand moment de développement pour les populations du département de l’Océan. Mais 21 ans plus tard, le projet est au point mort et les résidents se demandent s'il va changer un jour.
Un projet conçu pour stimuler le tourisme et faciliter les déplacements entre Douala et Kribi (un site touristique privilégié au Cameroun), a vu des milliards de francs CFA investis dès son lancement, de nombreux villageois perdant des terrains pour créer des espaces pour l'aéroport.
Aujourd'hui, l'aéroport est touffu et l'on peut à peine voir l'enseigne qui indique qu'un voyageur est dans la zone de l'aéroport. Le champ est entièrement occupé par l'herbe, au grand désarroi de ces habitants qui sont principalement des fermiers/chasseurs, et qui auraient souhaité poursuivre leurs activités quotidiennes pour assurer leur subsistance.
En septembre 2011, lorsque le Président Paul Biya s'est rendu à Kribi pour poser la première pierre du port maritime, les attentes étaient grandes que l'aéroport soit enfin achevé pour accueillir le chef de l'Etat. Les habitants ont été consternés lorsque le président est arrivé dans un hélicoptère.
Les espoirs de la population ont de nouveau été renouvelés en 2013 dans le cadre du plan d'urgence 2035, lorsque des études ont été menées sur la zone et qu'un accord a été conclu entre le ministre des Transports de l'époque, Robert Nkili, et une société chinoise, sur la construction et la réhabilitation de l'aéroport. Le contrat a été signé le 23 décembre 2013 mais rien n'en est ressorti.
Trois ans plus tard, la population nourrissait l'espoir de voir le projet mené à terme, lorsque le ministre des Transports de l'époque, Edgar Alain Mebe Ngo'o, a effectué une visite de travail de deux jours dans la région Sud en janvier 2016. Pourtant, le ministre n'a pas visité le projet.
Certains membres de la communauté se disent fatigués d'attendre et préfèrent que les terres prises pour le projet de l'aéroport leur soient rendues à des fins agricoles. Kribi est devenue l'une des villes les plus visitées du Cameroun, avec ses belles plages et autres sites touristiques.
Otric N.
« Le Dialogue a pour thème principal le statut des Anglophones et donc, nécessairement, la forme de l’Etat. Tout refus de débat sur ce thème signalera la fin du dialogue et entérinera la Sécession anglophone… ».
« Le discours du Chef de l’Etat a été un terrible coup de massue à tous ceux qui ont espéré qu’il résiste jusqu’au bout aux réformes fondamentales rendues nécessaires et urgentes d’un système périmé et devenu dangereux pour la stabilité du pays. L’Etat unitaire était devenu une véritable abomination qui nous conduisait tout droit à l’abîme. Le discours présidentiel est un retour au bon sens, au réalisme et à l’efficacité. Les Anglophones viendront avec une position extrêmement claire : « on rentre à la Fédération de 1961 ou ils s’en vont, par notre volonté ou par les armes ». La seule attitude raisonnable à leur opposer une fédéralisation généralisée, ce à quoi adhèrent par ailleurs la haute élite anglophone actuelle, comme l’a montré le vieux Chef Mukete, un fidèle parmi les fidèles du Président Biya. C’est cette voie-là qu’il faut suivre, car c’est la seule voie de sagesse. Pourtant, il y a des gens qui combattent cette inéluctable évolution, et croient retrouver dans le discours du Chef de l’Etat des mots qui les confortent dans leur folie, quitte à leur en donner des sens qu’ils n’ont pas. Deux exemples emblématiques montrent cette dérive. La première est la notion de « Cameroun un et indivisible ». On ne voit pas très bien le lien entre cette notion et le concept d’Etat unitaire. Même l’Allemagne et une et indivisible ! Le Canada est un et indivisible ! Le Nigeria à côté est un et indivisible ! Les UAS constitue un pays un et indivisible ! La Russie est une et indivisible ! La Suisse est une et indivisible !
« Le Cameroun un et indivisible » ne signifie pas que l’Etat est unitaire ! Il signifie tout simplement que le Cameroun est un pays unique et que ce pays ne peut pas donner lieu à deux pays différents ! C’est une manière de rejeter de manière définitive et irréversible la Sécession, mais sans fermer la voie à une forme d’organisation consensuelle de type fédéral. D’ailleurs, si le Chef de l’Etat avait voulu assimiler ces deux concepts, il aurait tout simplement évoqué le terme « unitaire » qui figure dans la Constitution, au lieu de se limiter à l’expression « un et indivisible ». En outre, il se serait appuyé tout simplement sur son Parti le RDPC ou sur le Parlement qu’il contrôle. Pourtant, il a ouvert le débat à tout le monde, y compris les combattants sécessionnistes.
Enfin, cette interprétation vient plutôt conforter le message qu’il avait fait tenir par son Premier Ministre, à savoir que « tout est négociable, sauf la Sécession».
Un autre point sur lequel ces désespérés s’accrochent est le renvoi incessant des réformes à prendre dans le cadre de la Constitution. Pour quelques-uns, cela signifie qu’one ne peut pas débattre des problèmes constitutionnels comme la forme de l’Etat. Les gens qui ont déjà conduit des travaux de Planification savent ce que cela veut dire. Par exemple, le Minepat a été chargé de rédiger la Vision du Cameroun Emergent et la DSCE qui en est sa déclinaison opérationnelle.
Naturellement, ces travaux se passent dans le cadre de la Constitution et de la législation en cours. Toutefois, au cours des travaux, il arrive qu’un décret en vigueur, une loi, une disposition constitutionnelle ou une convention internationale soit contraire aux objectifs de développement. L’équipe technique va donc proposer la modification de ce texte et formuler éventuellement des orientations pour la modifier. Cela ne signifie pas que c’est l’équipe technique du Minepat qui modifie le texte, mais il le propose, quitte aux instances de le faire effectivement si cela leur convient.
C’est exactement ce qui va se passer lors du Dialogue. Les participants vont proposer des réformes sur la loi ou la Constitution, mais ces réformes ne seront pas adoptées par eux ! Par « cadre de la Constitution », le Chef de l’Etat veut tout simplement dire que le Dialogue n’est pas une Assemblée Constituante, une sorte de « Conférence Nationale Souveraine » telle qu’on en a vue. Ils peuvent donc parfaitement proposer la modification de la forme de l’Etat, mais comme une proposition qui sera ou non adoptée par les instances chargées de le faire ! Voilà comment j‘ai compris le message du chef de l’Etat : il faut lui proposer un modèle consensuel, sans des prétentions à lui imposer quoi que ce soit. Lui-même avisera avec les instances chargées d’adopter les textes de la République. Le Dialogue a pour thème principal le statut des Anglophones et donc, nécessairement, la forme de l’Etat. Tout refus de débat sur ce thème signalera la fin du dialogue et entérinera la Sécession anglophone.
En définitive, je mets les uns et les autres en garde contre les diversions qui nous font perdre du temps. L’Etat unitaire est mort définitivement. Il faut en prendre acte et passer à autre chose, avant qu’il ne s’écroule et nos écrase comme des insectes. Ne perdez pas le temps ! N’écoutez pas ces imposteurs arc-boutés à un modèle dépassé.
Organisez-vous, faute de quoi cette Fédération se fera sur votre dos… ».
N.R.M
Moins de 24 heures, après le discours prononcé par Paul Biya le Président de la République, Joseph Dion Ngute a débuté avec des consultations, qui doivent produire des fruits pour le grand dialogue national.
En s’adressant à ses concitoyens le mardi 10 septembre 2019, le Président de la République a passé deux informations essentielles au sujet du grand dialogue national. La première de ces informations est que ledit dialogue va se tenir à la fin du mois en cours. La deuxième information est qu’il sera conduit par Joseph Dion Ngute le Premier Ministre. Etant donc conscient de la charge qui repose sur lui, Dion Ngute a ouvert avec les consultations relatives audit dialogue, le 11 septembre 2019.
Ces premières consultations se sont déroulées à huis clos. Et les premières personnes qui ont été conviées à y prendre part, sont les Ministres et des hauts fonctionnaires des régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. Les informations ayant été filtrées de ces assises, font état de ce que le Premier Ministre avait convoqué les personnalités suscitées, pour évaluer et analyser le message à la nation, du Chef de l'État. D’après le quotidien gouvernemental Cameroon tribune qui parle aussi de ces consultations, Joseph Dion Ngute a émis le souhait que le travail commence immédiatement. Il a de ce fait, chargé les responsables des régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest de s'entretenir avec les gouverneurs des régions.
On a également appris que le Premier Ministre, donnera des instructions quotidiennes aux gouverneurs afin qu'ils sachent ce qu'il convient de faire. Et les gouverneurs seront chargés d'envoyer des invitations et de transmettre à Yaoundé ceux qui seront invités par le Premier ministre aux consultations. Le Premier ministre mettra par ailleurs à la disposition du public un site Web et une adresse de courrier électronique, afin que les personnes ayant des contributions au niveau des régions et ne pouvant se rendre à Yaoundé puissent commencer à les envoyer.
D’après des indiscrétions, Paul Biya aurait demandé au chef du gouvernement de mener de vastes consultations. Le but étant d’obtenir à la fin un large éventail de points de vue qui serviraient de source d'inspiration pour la conduite du grand dialogue national.
Liliane N.
Le parti de Maurice Kamto est à ce jour un acteur incontournable dans la mise en œuvre du dialogue annoncé par le Chef de l’Etat. Mais pour y prendre part, les leaders de ce parti demandent au gouvernement de satisfaire quelques préalables.
Maurice Kamto est arrivé deuxième à la dernière élection présidentielle au Cameroun. De ce point de vue, il est la deuxième personnalité politique du Cameroun. Malheureusement, depuis le 28 janvier 2019, il est dans les mailles de la justice pour avoir, en compagnie de ses alliés, revendiquer sa victoire volée à ladite élection. Au moment où le grand dialogue est annoncé, difficile de savoir à si Maurice Kamto sera physiquement au Palais des Congrès pour prendre part aux discussions.
La présence de leur président et de ses alliés en prison est la principale réserve posée par le MRC quant à sa participation à ce dialogue qui se veut inclusif. Il est complexe de se dire qu’on ira vers un dialogue politique inclusif en excluant certains acteurs politiques majeurs. Comment aller dialoguer en laissant d’autres acteurs dudit dialogue en prison ?
De même, le parti de la renaissance est fortement préoccupé par l’esquive d’un certain nombre de sujets cruciaux par le Chef de l’Etat à l’annonce du grand dialogue. Paul BIYA aurait fermé la voie aux discussions sur la forme de l’Etat en précisant que les discussions se feront dans le cadre de la constitution en vigueur, de plus il a vite fait de dire que le Cameroun restera un et indivisible. Or, cette question est la principale question que pose le problème anglophone. Selon le parti de Maurice Kamto, Paul BIYA a déjà dit la conclusion du dialogue avant même qu’il n’ait lieu.
Le MRC se dit également préoccupé par les délais de la tenue de ce grand dialogue. Pour ce parti, il n’est pas possible d’organiser en si peu de temps une rencontre d’un aussi grand sérieux.
D’un autre côté, le parti de la renaissance reconnait plusieurs points positifs dans le discours de Paul BIYA. Notamment, l’ouverture faite par le gouvernement de donner la parole aux autres camerounais de la diaspora. Aussi, il salue la participation annoncée des partenaires internationaux du Cameroun pour un accompagnement dans ce processus de dialogue. Le MRC apprécie que le dialogue puisse enfin se faire autour de la question des crises qui secouent les régions du Nord Ouest et du Sud Ouest, même s’il a fallu attendre trois ans de drames pour y parvenir.
Stéphane NZESSEU
Un communiqué signé de Jean Nkuete le Secrétaire général (Sg) du Comité central du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc), vient d’être rendue publique.
Le Rdpc entend prendre une part active au grand dialogue national, prévu pour fin septembre 2019. Jean Nkuete le Sg du parti au pouvoir, l’affirme dans un communiqué parvenu à notre rédaction. Par sa voix, il fait savoir à l’opinion nationale et internationale que l’ensemble des militants et militantes du Rdpc saluent la récente sortie du Président de la République, qui a porté une attention particulière sur les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest en proie à la crise anglophone.
« Ils sont particulièrement heureux d'exprimer au Chef de l'Etat leurs remerciements déférents et leurs encouragements enthousiastes pour cette prise de parole historique, de très haute facture et d'apaisement. Celle-ci confirme sa stature d'homme de paix et d'homme d'Etat exceptionnel, ayant une parfaite connaissance de son pays et de ses compatriotes. Le message à la nation du Chef de l'Etat confirme également sa détermination à ne rien ménager pour que le Cameroun demeure maître de son destin dans un Etat de droit porté par des institutions solides, une terre de paix et de dialogue, où le vivre ensemble se bâtit quotidiennement pour le bien de tous, à l'aune du respect mutuel et de la prise en considération permanente des exigences de sa diversité humaine et culturelle », peut-on lire dans le communiqué qui date du 11 septembre 2019.
Jean Nkuete indique que le Rdpc est particulièrement content du fait que le Président Paul Biya ait convoqué le grand dialogue national. Un moment durant lequel la crise dans les régions anglophones sera débattue mais aussi des questions relatives à la qualité du vivre-ensemble du Cameroun. « Le parti se félicite de cette heureuse initiative d'autant qu’elle s'inscrit en droite ligne des préconisations récurrentes du RDPC sur le règlement de cette crise suivant les orientations du président national du parti », a-t-il écrit.
Aussi et en fin de compte, en indiquant que le Rdpc prendra une part très active au grand dialogue national, le Sg du Comité central «invite l'ensemble des militants à s'approprier le message du président de la République si riche et si fécond, et s'en faire un large écho auprès de tous nos compatriotes, à travers les différentes structures de base du parti, sous la responsabilité agissante et partagée des chefs des Délégations permanentes régionales et départementales du Comité central et des présidents de section RDPC, OFRDPC, OJRDPC ».
Liliane N.
La Secrétaire générale de la Francophonie, Louise Mushikiwabo, a salué l’annonce par le Président de la République du Cameroun, Paul Biya, de sa décision de convoquer un grand dialogue national, notamment sur la situation dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest du pays, dès la fin de ce mois de septembre.
« Je salue cette importante annonce du Président Paul Biya qui ouvre la voie à une résolution consensuelle et pacifique de la crise en cours dans ces deux régions du Cameroun », a déclaré la Secrétaire générale de la Francophonie, Louise Mushikiwabo après le discours du Président de la République du Cameroun, Paul Biya. En effet, Paul Biya a annoncé mardi 10 septembre dernier, lors de son discours radiotélévisé à la nation, la tenue d’un « Grand dialogue national » dès la fin de ce mois de septembre, dédié à la crise anglophone qui sévit dans les régions du Nord-Ouest et Sud-Ouest depuis 2016. « J’ai décidé de convoquer, dès la fin du mois en cours, un grand dialogue national qui nous permettra, dans le cadre de notre Constitution, d’examiner les voies et moyens de répondre aux aspirations profondes des populations », a déclaré le Président camerounais.
Une concertation vivement attendue par l’ensemble de l’opinion publique national et internationale, afin de mettre fin aux violences qui paralysent les deux régions anglophones. Comme la plupart des organisations internationales, la Secrétaire générale de la Francophonie, Louise Mushikiwabo, a non seulement salué cette annonce du Président de la République du Cameroun, mais a également souhaité qu’il soit un moment de cohésion nationale. « Je souhaite que ce dialogue soit également un moment de consolidation de la cohésion nationale et du vivre-ensemble dans cet important Etat membre de la Francophonie », a souligné la Secrétaire générale de la Francophonie qui encourage toutes les parties prenantes camerounaises, y compris la diaspora, à s’impliquer de manière constructive à toutes les étapes de ce dialogue. Louise Mushikiwabo réitère également la disponibilité de la Francophonie à apporter son appui dans la préparation et le déroulement de ce dialogue.
Selon Paul Biya, cette concertation qui portera sur « des questions d’intérêt national », dont entre autres, « l’unité nationale », « l’intégration nationale », « le vivre-ensemble » sera menée par le Premier ministre, chef du gouvernement, Joseph Dion Ngute.
Marie MGUE
La question fait l’objet de discussions au sein de la classe politique. Les observateurs et les éventuels participants à la grande concertation convoquée par le Chef de l’Etat trouvent très juste les délais annoncés par le Président de la République lors de son adresse à la nation du 10 septembre dernier. Qu’en est-il au juste ?
Paul BIYA n’a pas donné de date pour la tenue de ce grand dialogue national. Le Chef de l’Etat a juste indiqué que celui-ci se fera avant la fin du mois en cours. Calcul fait, on se rend compte qu’à ce jour il reste environ 17 jours pour l’organisation et la tenue dudit dialogue. Selon des informations à notre disposition, la grande conférence nationale pourrait se dérouler sur trois jours, ce qui nous donne de croire qu’il ne reste plus que 14 jours au gouvernement pour procéder aux différentes consultations et aux autres acteurs de la société pour se préparer.
Est-il évident de préparer une rencontre d’une telle importance en 14 jours ?
A moins qu’il y ait des glissements de dates, tous les acteurs pressentis vont préparer leurs propositions et leurs arguments en moins de 14 jours. Pour des acteurs politiques à l’instar du MRC, c’est très juste pour ne pas dire très court de tenir ce pari. Les sujets sont importants, ils sont nombreux et délicats. Il faut pouvoir mettre tout en œuvre pour qu’aucune problématique majeure ne soit oubliée. Selon les tenants de ce point de vue, il faudrait nécessairement reporté pour une date ultérieure, mais proche, la tenue dudit dialogue. Ce d’autant plus qu’il y a un certain nombre de préalables à remplir.
D’un autre point de vue, plusieurs autres acteurs de la société civile estiment qu’il est possible de tenir le cap. En effet, les différents acteurs de la société, les partis politiques et les autres maillons de la société se plaignent depuis de nombreuses années. Par ailleurs, à l’occasion des échéances électorales ces partis politiques ont émis des propositions de résolution des crises que connait notre pays. Depuis des années, les problèmes sont évoqués et les propositions sont faites. Il est donc question de venir sur la table des discussions avec toutes ces propositions existantes pour une concertation nationale. Il n’est pas question de créer d’autres problématiques qui ne sont pas la réalité du vécu quotidien des camerounais.
Dans cet ordre d’idées, il semble évident que les délais soient tenables.
Stéphane NZESSEU
Les Nations Unies ont rejeté une requête des leaders séparatistes qui sollicitaient une intervention armée au Cameroun.
L’Organisation des Nations Unies (ONU), à travers son Conseil des droits de l’homme, a récemment indiqué qu’il n’y aurait pas d’envoi de forces multinationales dans les régions anglophones, comme le souhaitaient les leaders séparatistes.
L’organe onusien avait été saisi, début août 2019, d’une requête introduite par le Southern Cameroons Community d’Allemagne. Le groupe de travail des Nations Unies commis à cet effet, après examen de la plainte, a décidé de son rejet.
Le Secrétaire Général de l’ONU, Antonio Guterres, a annoncé le 5 septembre dernier que «pour avoir montré ses preuves dans la gestion des crises internes et externes (Boko Haram, crise anglophone, gestion des réfugiés nigérians, protection des réfugiés centrafricains, maintien de la paix en Centrafrique), le Cameroun, a été nommé au Fonds des Nations Unies pour la consolidation de la paix ».
Le Cameroun a aussi intégré le Fonds central d’intervention d’urgence des Nations Unies. Cela lui donne accès comme à sept autres pays, aux 75 millions de dollars (plus de 45 milliards de FCFA) dédiés à l’aide humanitaire dans les nations en proie à diverses crises.
Dans son discours à la nation le 10 septembre 2019, Paul Biya n’a pas manqué d’énumérer les actions qu’il a entreprises pour un retour à la paix dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest :
« Depuis la survenance de cette crise, je n’ai ménagé aucun effort, avec l’aide de Camerounaises et de Camerounais de bonne volonté, pour rechercher les voies et moyens d’une résolution pacifique de celle-ci.
Dans un souci d’apaisement, j’ai même décidé de l’arrêt des poursuites judiciaires pendantes devant les tribunaux militaires contre 289 personnes arrêtées pour des délits commis dans le cadre de cette crise.
Dans le même ordre d’idées, j’ai adressé une offre de paix aux membres des groupes armés, en les invitant à déposer les armes et à bénéficier d’un processus de réintégration dans la société. A cet effet, un Comité National de Désarmement, de Démobilisation et de Réintégration a été créé. Les Centres Régionaux de Désarmement accueillent progressivement de nombreux ex-combattants qui acceptent volontairement de déposer les armes. Nous allons continuer à déployer les efforts nécessaires pour que ce processus soit pleinement opérationnel.
Au plan humanitaire, j’ai décidé du lancement d’un vaste plan d’assistance à nos compatriotes éprouvés des régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. J’ai également créé un Centre de coordination de l’action humanitaire chargé de mettre ledit plan en œuvre. Je voudrais à cet égard, dire merci aux partenaires internationaux qui nous accompagnent dans cette initiative ».
Otric N.
Le groupe de travail des femmes du Sud-Ouest et du Nord-Ouest (SNWOT en anglais) demande au gouvernement d'inclure des représentantes des deux régions anglophones dans le dialogue national, appelé par le Président Paul Biya.
En réaction à l'appel au dialogue lancé par le chef de l'Etat à la fin du mois de septembre, les femmes des régions du Sud-Ouest et du Nord-Ouest ont salué le discours du Président Paul Biya et le rôle que le gouvernement a joué pour calmer les esprits. Elles regrettent cependant que malgré tout cela, la guerre dure depuis trois ans, raison pour laquelle elles estiment que les femmes sont mieux placées pour trouver des solutions à l'escalade des problèmes.
“Pour atteindre cet objectif, le SNWOT plaide pour l'inclusion de toutes les parties prenantes, y compris les femmes de différents horizons et en particulier les organisations de base dirigées par des femmes qui travaillent dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest du Cameroun", peut-on lire dans le document adressé au gouvernement.
L'année dernière, le groupe a organisé un processus pacifique à Bamenda et Buea, réunissant plus de 1000 femmes, qui se sont infiltrées et ont supplié les forces militaires et non étatiques de lâcher leurs armes et d'opter pour le dialogue. Il a également effectué des visites dans divers bureaux gouvernementaux, demandant l'inclusion des femmes dans les commissions créées par le Président Paul Biya, dans le cadre des solutions au conflit.
"Nous voulons rappeler à l'Etat que les femmes représentent plus de 50% de la population et qu'elles ont des compétences dans tous les domaines de la vie, de la base au niveau administratif supérieur. Nous tenons également à noter que bien qu'elles soient sous-représentées dans les partis politiques, les autorités traditionnelles ou les postes administratifs, les expériences et les besoins des femmes sont primordiaux pour un dialogue juste, efficace et durable", a déclaré le groupe.
Le SNWOT note que pour que le dialogue soit transparent, il doit être inclusif, se dérouler dans un environnement sûr et sécurisé et en présence d'observateurs internationaux. "La couverture médiatique en direct par le biais de différents médias et enfin des femmes, y compris des femmes du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, représentées dans toutes les commissions et délibérations", a-t-il insisté.
Dans son discours le 10 septembre 2019, Paul Biya a indiqué que ce dialogue aura vocation à « réunir, sans exclusive, les filles et les fils de notre cher et beau pays, le Cameroun, autour de valeurs qui nous sont chères : la paix, la sécurité, la concorde nationale et le progrès ».
Otric N.