« Le Dialogue a pour thème principal le statut des Anglophones et donc, nécessairement, la forme de l’Etat. Tout refus de débat sur ce thème signalera la fin du dialogue et entérinera la Sécession anglophone… ».
« Le discours du Chef de l’Etat a été un terrible coup de massue à tous ceux qui ont espéré qu’il résiste jusqu’au bout aux réformes fondamentales rendues nécessaires et urgentes d’un système périmé et devenu dangereux pour la stabilité du pays. L’Etat unitaire était devenu une véritable abomination qui nous conduisait tout droit à l’abîme. Le discours présidentiel est un retour au bon sens, au réalisme et à l’efficacité. Les Anglophones viendront avec une position extrêmement claire : « on rentre à la Fédération de 1961 ou ils s’en vont, par notre volonté ou par les armes ». La seule attitude raisonnable à leur opposer une fédéralisation généralisée, ce à quoi adhèrent par ailleurs la haute élite anglophone actuelle, comme l’a montré le vieux Chef Mukete, un fidèle parmi les fidèles du Président Biya. C’est cette voie-là qu’il faut suivre, car c’est la seule voie de sagesse. Pourtant, il y a des gens qui combattent cette inéluctable évolution, et croient retrouver dans le discours du Chef de l’Etat des mots qui les confortent dans leur folie, quitte à leur en donner des sens qu’ils n’ont pas. Deux exemples emblématiques montrent cette dérive. La première est la notion de « Cameroun un et indivisible ». On ne voit pas très bien le lien entre cette notion et le concept d’Etat unitaire. Même l’Allemagne et une et indivisible ! Le Canada est un et indivisible ! Le Nigeria à côté est un et indivisible ! Les UAS constitue un pays un et indivisible ! La Russie est une et indivisible ! La Suisse est une et indivisible !
« Le Cameroun un et indivisible » ne signifie pas que l’Etat est unitaire ! Il signifie tout simplement que le Cameroun est un pays unique et que ce pays ne peut pas donner lieu à deux pays différents ! C’est une manière de rejeter de manière définitive et irréversible la Sécession, mais sans fermer la voie à une forme d’organisation consensuelle de type fédéral. D’ailleurs, si le Chef de l’Etat avait voulu assimiler ces deux concepts, il aurait tout simplement évoqué le terme « unitaire » qui figure dans la Constitution, au lieu de se limiter à l’expression « un et indivisible ». En outre, il se serait appuyé tout simplement sur son Parti le RDPC ou sur le Parlement qu’il contrôle. Pourtant, il a ouvert le débat à tout le monde, y compris les combattants sécessionnistes.
Enfin, cette interprétation vient plutôt conforter le message qu’il avait fait tenir par son Premier Ministre, à savoir que « tout est négociable, sauf la Sécession».
Un autre point sur lequel ces désespérés s’accrochent est le renvoi incessant des réformes à prendre dans le cadre de la Constitution. Pour quelques-uns, cela signifie qu’one ne peut pas débattre des problèmes constitutionnels comme la forme de l’Etat. Les gens qui ont déjà conduit des travaux de Planification savent ce que cela veut dire. Par exemple, le Minepat a été chargé de rédiger la Vision du Cameroun Emergent et la DSCE qui en est sa déclinaison opérationnelle.
Naturellement, ces travaux se passent dans le cadre de la Constitution et de la législation en cours. Toutefois, au cours des travaux, il arrive qu’un décret en vigueur, une loi, une disposition constitutionnelle ou une convention internationale soit contraire aux objectifs de développement. L’équipe technique va donc proposer la modification de ce texte et formuler éventuellement des orientations pour la modifier. Cela ne signifie pas que c’est l’équipe technique du Minepat qui modifie le texte, mais il le propose, quitte aux instances de le faire effectivement si cela leur convient.
C’est exactement ce qui va se passer lors du Dialogue. Les participants vont proposer des réformes sur la loi ou la Constitution, mais ces réformes ne seront pas adoptées par eux ! Par « cadre de la Constitution », le Chef de l’Etat veut tout simplement dire que le Dialogue n’est pas une Assemblée Constituante, une sorte de « Conférence Nationale Souveraine » telle qu’on en a vue. Ils peuvent donc parfaitement proposer la modification de la forme de l’Etat, mais comme une proposition qui sera ou non adoptée par les instances chargées de le faire ! Voilà comment j‘ai compris le message du chef de l’Etat : il faut lui proposer un modèle consensuel, sans des prétentions à lui imposer quoi que ce soit. Lui-même avisera avec les instances chargées d’adopter les textes de la République. Le Dialogue a pour thème principal le statut des Anglophones et donc, nécessairement, la forme de l’Etat. Tout refus de débat sur ce thème signalera la fin du dialogue et entérinera la Sécession anglophone.
En définitive, je mets les uns et les autres en garde contre les diversions qui nous font perdre du temps. L’Etat unitaire est mort définitivement. Il faut en prendre acte et passer à autre chose, avant qu’il ne s’écroule et nos écrase comme des insectes. Ne perdez pas le temps ! N’écoutez pas ces imposteurs arc-boutés à un modèle dépassé.
Organisez-vous, faute de quoi cette Fédération se fera sur votre dos… ».
N.R.M