Alors que le Président malien se trouvait dans sa résidence de Sebenikoro à Bamako, il a été arrêté par des militaires mutins vers 16 heures 30 minutes, heure locale. Des informations concordantes filtrent qu’il était en compagnie son Premier ministre Boubou Cissé, et de son fils, le député Karim Keïta. Tous laissent ainsi à croire qu’il s’agirait d’un coup d’Etat dont les contours se précisent.
C’est par un message lu sur les antennes de la chaîne nationale (Ortm1) que celui qui est désormais comme ancien homme fort de cet Etat situé en Afrique de l’Ouest s’est adressé à ses compatriotes. Une sortie de 04 minutes 57 secondes au cours de laquelle il a annoncé son départ, la dissolution de l’Assemblée nationale ainsi que celle du gouvernement.
Le film des évènements tel que relayés par les médias ce 18 Août, ainsi que de l’avis des analystes politiques interrogés sur la situation sécuritaire au Mali, présageait d’une fin pareille pour celui qui a vécu en maître absolu au Mali depuis 2013.
Les appels au dialogue n’ont pas donné les résultats escomptés et, après la destitution d’Ibrahim Boubakar Keita, l’on annonce pour les prochaines heures, l’arrestation par les insurgés des plus proches collaborateurs du président déchu.
Un militaire ayant préféré de s’exprimer sous anonymat confie, « nous pouvons vous dire que le Président et le Premier ministre sont sous notre contrôle. Nous les avons arrêtés chez lui ». A en croire une autre source militaire dans le camp des mutins, « le Président Keïta et son Premier ministre sont dans un blindé en route pour Kati », camp militaire de la banlieue de Bamako, la capitale malienne où la mutinerie a débuté dans la matinée.
Rappelons que mardi, les Etats membres de la Cedeao s’étaient clairement opposé à l’idée d’un changement politique qui serait contraire à la loi fondamentale du pays. Ils ont eu à dénoncer une mutinerie « mutinerie » en cours à Bamako et appelé les militaires maliens à « regagner sans délai leurs casernes ». C’est ainsi que dans un communiqué la Cedeao rappelle « sa ferme opposition à tout changement politique anticonstitutionnel et invite les militaires à demeurer dans une posture républicaine ». L’organisation communautaire ouest africaine ajoute par ailleurs, « en tout état de cause, elle condamne vigoureusement la tentative en cours et prendra toutes les mesures et actions nécessaires à la restauration de l’ordre constitutionnel ».
L’émissaire américain pour le Sahel, Peter Phan a lui aussi indiqué que les Etats-Unis s’oppose à tout changement de gouvernement en dehors du cadre légal, y compris par l’armée. Rappelons que c’est depuis juin dernier que le Mali traverse une grave crise socio-politique. Cette mutinerie et arrestation viennent tout simplement rendre la situation plus complexe surtout quand on sait que le mouvement d’opposition du 05 juin réclame le départ du Président IBK au pouvoir depuis 2013.
L'intégralité du message d'Ibrahim Boubacar Keïta
« Officiers – Officiers supérieurs – Officiers généraux de l’armée malienne, pendant sept ans, j’ai eu le bonheur d’essayer de redresser ce pays, du mieux de mes efforts car, dès ma première mission de chef de gouvernement de ce pays, je suis convaincu, des efforts fabuleux qu’il fallait mettre en œuvre pour redonner corps et vie à l’armée malienne. D’où cette idée d’une programmation et d’une orientation militaire…
Je pense qu’à chaque moment, sa vérité. Si aujourd’hui, après des semaines de turbulence, les manifestations diverses qui ont fait hélas des victimes devant lesquelles je m’incline, que je n’ai jamais souhaité, chacun dans ce pays le sait mais lorsqu’on est dans la rue, on ne sait jamais ce qui peut en résulter, le bien ou le mal mais hélas, le pire en a résulté.
Si aujourd’hui, il a plu à certains éléments de mes forces armées de conclure que cela devait se terminer par leur intervention, ai-je réellement le choix ? Me soumettre car je ne souhaite qu’aucune goutte de sang ne soit versée, pour mon maintien aux affaires.
Pourquoi ?
Je voudrais, en ce moment précis, tout en remerciant le peuple malien de son accompagnement le long de ces dernières années, de la chaleur, de son affection vous dire de ma décision, de quitter mes fonctions, toutes mes fonctions à partir de ce moment. Et, avec toutes les conséquences de droit, la dissolution de l’Assemblée nationale et celle du gouvernement.
Qu’Allah aide et bénisse le Mali.
Je n’éprouve aucune haine vis-à-vis de personne. L’amour pour mon pays ne me le permet pas, que Dieu nous sauve ».
Innocent D H
C’est la recommandation faite à l’issue du sommet extraordinaire des chefs d’Etat et de gouvernement de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) tenu ce lundi, 27 juillet 2020 par visioconférence. La communauté a aussi pris d’autres décisions importantes parmi lesquelles, la création d’une commission d’enquête pour faire la lumière sur les récents cas de violence ayant émaillé la vie socio-politique malienne ces derniers jours.
Cette rencontre extraordinaire sur la situation sociopolitique au Mali a permis aux chefs d’Etats et de Gouvernement d’instruire, la mise en place d’un gouvernement d’union nationale au Mali avec la participation de l’opposition et de la société civile. L’information a été donnée par Mahamadou Issoufou, le président nigérien, par ailleurs président en exercice de la CEDEAO qui rapportait le communiqué final du sommet.
Outre cette principale recommandation, les Etats membres de cette institution ont décidé de la création d’une commission d’enquête pour situer les responsabilités dans les violences qui ont entraîné des décès, des blessés et des dégâts au Mali les 10, 11 et 12 juillet 2020. Il y a également, la recomposition de la Cour constitutionnelle, la démission immédiate des 31 députés dont l’élection est contestée et l’instauration d’un régime de sanction contre ceux qui seront auteurs d’actes contraires au règlement de cette crise sociopolitique.
Selon Mahamadou Issoufou, les chefs d’Etats de la CEDEAO prennent l’engament commun à promouvoir la paix et la stabilité sur l’ensemble du territoire malien. C’est dans cette optique que le président nigérien précise que la communauté « sera toujours présente aux côtés du Mali ». Les décisions de ce sommet devraient être mises œuvre au plus tard le 31 juillet prochain.
Rappelons que le Mali est depuis plusieurs mois en proie à une violente crise socio-politique où les adversaires du pouvoir font parler d’eux. Ceux-ci réclament de plus en plus la démission du Président Ibrahim Boubacar Keita, dit IBK au pouvoir depuis 2003.
Innocent D H
Mahamadou Issoufou, Président du Niger, par ailleurs président en exercice de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) a convoqué ce jeudi, un somment extraordinaire. Cette conclave aura pour toile de fond, la situation sociopolitique au Mali.
« Nous avons décidé de faire un compte rendu à l’ensemble des chefs d’Etat de la Cedeao dans le cadre d’un sommet extraordinaire qui est convoqué pour le lundi 27 juillet 2020 », a déclaré Mahamadou Issoufou à la presse. Selon le président en exercice de la CEDEAO, « des mesures fortes pour accompagner le Mali » seront prises lors de ce sommet qui va se tenir en visioconférence.
De sources concordantes, l’arrivée de cinq chefs d’Etat dans la capitale malienne ce jeudi, donnait de l’espoir pour un dénouement de la crise. Cependant, contre toute attente, le mouvement de contestation continue de réclamer la démission du Président Ibrahim Boubacar Kéita au pouvoir depuis 2003. Dans la foulée, pour essayer de calmer les ardeurs contradictoires, IBK a procédé à la dissolution de la Cour constitutionnelle et a proposé un gouvernement d’union nationale.
Les cinq chefs d’Etats oust-africains arrivés à Bamako pour tenter une médiation sont : Alassane Ouattara de la Côte d’Ivoire, Macky Sall du Sénégal, Hahamadou Issoufou du Niger, Muhammadu Buhari du Nigéria et Nana Akufo-Ado du Ghana. Selon l’Imam malien Mahmoud Dicko, leader de la contestation, ces efforts de médiation n’ont pas permis de faire bouger les lignes. Après une rencontre d’une trentaine de minutes entre les dirigeants de la contestation, dont ceux du mouvement M5-RFP, et les présidents ouest-africains réunis, l’influent chef religieux a déclaré à la presse, « rien n’a bougé pour le moment, on ne nous a rien dit que je puisse comprendre ». « Si vraiment c’est à cause de cela qu’ils se sont réunis, je pense que rien n’a été fait pour le moment », a ajouté l’imam Mahmoud Dicko.
La convocation d’un sommet extraordinaire par la Cedeao sur la situation socio-politique malienne pour le 27 juillet prochain n’est donc pas fortuite. Il sera donc question pour les Etats membres de la Communauté de tenter une fois de plus de trouver des voies moyennes pour une sortie définitive de la crise au Mali.
Innocent D H
Le leader du Mouvement pour l'Emancipation et l'Intégration Monétaire de l'Afrique (MEIMA) fustige, dénonce une entourloupe engagée par la France et ses affidées pour poursuivre son entreprise de spoliation de l’Afrique par l’utilisation des mécanismes monétaires mafieux. Au lieu de quitter complètement la souveraineté monétaire des pays africains, le pays de Charles de GAULE semble « laisses aller la chèvre, mais tient fermement la corde ».
Olivier BILE est clair, la France veut ni plus ni moins renouveler les accords coloniaux. L’homme politique et défenseur des principes évoquées par le Pr Tchundjang Pouemi. Le Dr Olivier BILE rappelle le contexte dans lequel l’appareil français fait semblant de lâcher du lest.
« Au moment où des concerts d'indignation se font entendre partout en Afrique et à travers la planète entière sur la problématique de la servitude monétaire de l'Afrique, au moment où les accords coloniaux encadrant ce subtil esclavage contemporain arrivent à expiration, M Macron et Ouattara, en catimini, se retrouvent à Abidjan pour annoncer la mutation du FCFA en ÉCO. »
L’intention des patrons actuels de la françafrique est dévoilée « cette manœuvre (a pour objectif) de perpétuer la prédation et l'oppression exercées sur nos États » Olivier BILE y voit une stratégie d’assujettissement. Ce qui l’amène à mener une réflexion huit points.
1. L'annonce de la mutation est entreprise par Macron et Ouattara, en l'absence des autres chefs d'État de l’UEMOA. Bien étrange pour une réforme dite historique.
2. La convention monétaire liant la France à L’UEMOA demeure. La réforme ne postule pas le démantèlement des accords néocoloniaux mais simplement, une réforme de surface éliminant les clauses les plus scandaleuses. Notamment celle des contraintes du dépôt de 50% des réserves de change dans un compte d'opérations auprès du trésor français. Ou encore celle de la présence d'officiels français au sein du conseil d'administration de le BCEAO, de la BEAC et de la BCC.
3. La clause de fixité de la parité entre EURO et ÉCO demeure. Celle de la prétendue garantie de convertibilité, véritable postulat vide, demeure également. Toutes choses qui perpétuent le principe selon lequel l’ECO va rester un sous multiple de L’EURO-FRANC. Cela n'aura d'effet que celui de perpétuer le contrôle de cette nouvelle dénomination monétaire par la métropole française.
4. Ce contrôle est le problème fondamental. La question des réserves de change n'étant que secondaire. Les mécanismes restants, qui continueront à gouverner les accords de coopération monétaire, impacteront toujours négativement l'élément fondamental qui est celui de la détermination de la masse monétaire, et en conséquence, celle du niveau d'emploi en zone ÉCO ou Franc.
Là, se situe le nœud du problème.
5. La zone CEMAC est tenue à l'écart de ces annonces. Il y'a mépris pour ses dirigeants ainsi que les autres parties prenantes d'Afrique de l'Ouest considérées comme incultes en matière de sciences économiques. Ces derniers n'auront d'autre choix que d'obtempérer et de s'arrimer à cette réforme qui, à mon sens, n'est que supercherie et entourloupe. Sinon pourquoi tous ces mystères et ces décisions à géométrie variable ?
6. Les États anglophones de la CEDEAO ne sont manifestement pas partant pour l'Eco. Ce qui signifie que l'opération de charme de Macron vers Akoufo Ado du Ghana n'a point prospéré. L'élargissement de l'influence géopolitique française en Afrique par l'instrument monétaire n'aura pas lieu. Les anglophones eux ne sont pas des marionnettes.
7. Visiblement, Ouattara a cessé de proclamer que le Fr CFA est la meilleure chose qui soit arrivée aux Africains. Bientôt, il nous dira que c'est l’ECO. Et puis quoi ensuite. Il aura suffi que Macron arrive à Abidjan et décide sans que quiconque ne puisse broncher de ce côté. On peut imaginer ce que ce sera chez nos non-initiés à l'économie de la CEMAC ..
8. Enfin, ce n'est pas d'une réformette superficielle dont il est question aujourd'hui en 2020, 75 ans après l'avènement du Franc des colonies Françaises d'Afrique (Fr CFA), où cet accord colonial est arrivé à expiration et que la se meut à reformuler afin de perpétuer son entreprise coloniale en Afrique. Il s'agit, pour nos États, de l'accès à une autodétermination pleine et entière sur le plan monétaire, condition sine qua non de leur véritable Emancipation économique, sociale et politique.
« Africains, réveillons - nous enfin ! »
La France décide de la fin du FCFA dans la zone UEMOA
Par Stéphane NZESSEU
Ce mercredi 29 avril 2020, les chefs d’Etat et de Gouvernement de l’Union africaine ont tenu par visioconférence un sommet extraordinaire. Objectif affiché, mutualiser leurs énergies afin de vaincre la pandémie de coronavirus sur l’ensemble du continent africain.
C’est un conclave extraordinaire axé sur la riposte à la crise sanitaire due au Covid-19 auquel vient de prendre part par visioconférence, les Chefs d’Etats et de Gouvernement africain. Cette communication à distance, sous les auspices de Cyril Ramaphosa, président en exercice de l’Union africaine (UA), a permis aux participants d’échanger sur l’expérience de la gestion de la pandémie dans les différents pays membres ainsi que sur les approches communes de sortie de crise à adopter.
Mahamadou Isoufou, le président nigérien et chef d’Etat en exercice de la Cédéao dans son intervention écrit, « nous réaffirmons notre détermination et notre volonté de tout mettre en œuvre afin de protéger nos populations et trouver une solution durable au Covid-19 ». Le Président Gabonais, Ali Bongo, sur Facebook indiquait pour sa part, « pour combattre ce virus et atténuer ses effets sur le plan sanitaire comme social et économique, nous devons être solidaire ».
Indiquons que cette session extraordinaire du sommet des chefs d’Etat et de Gouvernement africains intervient dans un contexte particulier. En effet, les économies africaines subissent les méfaits de cette crise sanitaire. Pour faire face à cette situation pouvant mener à leur paupérisation, les dirigeants du continent appellent sans cesse à l’annulation de la dette africaine. Seule option salvatrice selon eux, dans la mesure où elle leur permettra de disposer des moyens financiers nécessaires pour faire face au Covid-19.
Innocent D H
Ce professeur ivoirien spécialiste du FCFA a au cours d’un entretien avec le Point Afrique a réagi à propos de la réforme du FCFA au sein de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Il a qualifié le Président Alassane Ouattara d’un « traître ».
Selon Mamadou Koulibaly, « Ouattara a trahi les peuples ouest-africaines qui voulaient s’offrir une bonne monnaie, l’Eco, dans la Cedeao et auxquels il vient de voler leur rêve d’intégration monétaire, en sacrifiant cet espoir à un vestige de l’esclavage qui, a pris les avatars de la colonisation et qui, moribond, cherchait une source vivifiante pour rebondir. Je me suis demandé si Ouattara avait l’aval des autres pays membres de l’UEMOA (…) va lui donner sa garantie avec une parité fixe contre l’euro ».
Les conséquences de la réforme sur les statuts
Poursuivant le développement de ses propos, le spécialiste ivoirien du FCFA relève les conséquences de la réforme sur les statuts, « dans les univers d’Etat de droit, une telle réforme ne se serait pas contentée de la signature de deux ministres. Car, ce qui semble avoir été modifié par les Ouattara et Macron à Abidjan, c’est la convention du compte d’opérations qui gère la domiciliation des réserves de change des pays membres de la BCEAO, la parité du FCFA, les garanties de convertibilité (…). Or, remettre en cause ce dispositif change les statuts de la BCEAO qui doivent être modifiés pour définir où et comment détenir les réserves de change et d’or des pays. Toucher à ces statuts remet en cause le traité de coopération monétaire entre la France et l’UEMOA. Qui dit traité, dit signature par les chefs d’Etat et de gouvernement et ratifications par référendum ou par les parlements. Ce que je veux dire, c’est que, si on n’a pas jugé utile de faire intervenir les chefs d’Etat et de gouvernement et les parlements nationaux, c’est parce que, en définitive, rien ne change ».
Les surprises
Mamadou Koulibaly n’oublie pas de mentionner qu’il y a des non-dits dans cette réforme, pour ce faire des surprises sont attendues. « Les jours qui viennent nous diront pourquoi cette précipitation et quel est l’agenda caché de telles annonces qui ne changent en définitive que les soi-disant 0,75% de taux d’intérêt que la France versait à la BCEAO comme rémunération des réserves qui y étaient déposées. Mais en attendant, la France, inquiète de la montée de la clameur publique contre le FCFA, a peut-être pensé désamorcer cette pression ? », s’interroge-t-il.
Innocent D H
Voici ce qui va changer et ce qui ne va pas changer pour le franc CFA utilisé par huit pays d’Afrique de l’Ouest, avec la réforme annoncée samedi par les présidents français et ivoirien à Abidjan.
Les six pays d’Afrique centrale utilisant également le franc CFA, mais qui forment une zone monétaire distincte, ne sont pas concernés par cette réforme.
Ce qui change : le Nom
A sa création en 1945, franc CFA signifiait « franc des colonies françaises d’Afrique ». Après les indépendances des années 1960, le nom avait déjà évolué pour devenir « franc de la Communauté financière africaine », pour les huit pays d’Afrique de l’Ouest (Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Guinée-Bissau, Mali, Niger, Sénégal et Togo). Mais ce nom restait perçu comme un symbole post-colonial.
Le FCFA va devenir l’ « Eco », qui est en fait le nom choisi pour la future monnaie unique des 15 pays de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao).
Fin du dépôt des réserves de change en France
Deuxième point majeur de la réforme : La Banque centrale des Etats d’Afrique de l’Ouest (BCEAO) ne devra plus déposer la moitié de ses réserves de change auprès de la Banque de France, une obligation qui était perçue comme une dépendance humiliante vis-à-vis de la France par les détracteurs du FCFA.
La BCEAO « n’aura à l’avenir plus d’obligation particulière concernant le placement de ses réserves de change. Elle sera libre de placer ses avoirs dans les actifs de son choix », selon la présidence française.
Gouvernance : Plus de représentants français
Troisième changement : La France va se retirer des instances de gouvernance de l’Union monétaire ouest africaine (UMOA) où elle était présente.
« La France ne nommera plus aucun représentant au Conseil d’administration et au Comité de politique monétaire de la BCEAO, ni à la Commission bancaire de l’UMOA », a expliqué l’Elysée.
Il s’agit de désamorcer les critiques, selon lesquelles la France continuait de dicter ses décisions dans ces instances via ses représentants, selon l’Elysée.
Ce qui ne change pas la partie fixe avec l’Euro
La parité fixe avec l’euro du franc CFA, futur Eco, est maintenue (1 euro = 655,96 francs CFA). Il s’agit d‘éviter les risques d’inflation (présente dans d’autres pays d’Afrique) a expliqué le président ivoirien Alassane Ouattara.
Cette parité fixe est pourtant l’une des caractéristiques du FCFA les plus critiquées par des économistes africains, selon lesquels l’arrimage à l’euro, monnaie forte, pose problème pour les économies de la région, beaucoup moins compétitives, qui ont besoin de donner la priorité à la croissance économique et à l’emploi plutôt que de lutter contre l’inflation.
Ces économistes plaident pour la fin de la parité fixe avec l’euro et l’indexation sur un panier des principales devises mondiales, le dollar, l’euro et le yuan chinois, correspondant aux principaux partenaires économiques de l’Afrique.
La garantie de la France
Paris conservera son rôle de garant financier pour les huit pays de l’UEMOA.
« Si la BCEAO fait face à un manque de disponibilités pour couvrir ses engagements en devises, elle pourra se procurer les euros nécessaires auprès de la France”, explique l’Elysée. Cette garantie prendra la forme d’une “ligne de crédit ».
« Avec le maintien de cette garantie, en attendant l’Eco, nous voulons éviter la spéculation et la fuite des capitaux », a justifié Alassane Ouattara.
Les incertitudes sur l’Eco
La réforme du FCFA est « une étape préalable dans la feuille de route du projet de monnaie unique de la CEDEAO », selon la présidence française.
Mais quand sera vraiment lancée cette monnaie unique ?
Les pays de la CEDEAO ont évoqué l’année 2020, mais sans fixer de calendrier précis.
Au sommet de la CEDEAO qui s’est tenu ce samedi à Abuja, Zainab Shamsuna Ahmed, la ministre des Finances du Nigeria – poids lourd économique régional a estimé que « la mise en œuvre de l’Eco en 2020 n‘était pas certaine », jugeant qu’il restait « encore du travail à faire pour répondre aux critères de convergence ».
Les pays de l’UEMOA, qui respectent dans l’ensemble ces critères (contrairement aux autres pays de la CEDEAO), pourraient constituer l’avant-garde de l’Eco.
La réforme du FCFA devrait satisfaire le Nigeria, qui exigeait qu’une monnaie commune ouest-africaine soit déconnectée du Trésor français.
N.R.M
L’information est relayée par nos confrères de l’AFP ce dimanche et, elle arrive une dizaine de jours après la spectaculaire attaque dans l’Est, d’un convoi de la société minière canadienne Semafo, attribuée à des jihadistes et qui a fait au moins 38 morts.
Vendredi, une patrouille militaire a été attaquée par des hommes armés, près de Yorsala (province de Loroum) : « La vigoureuse réaction de l’unité, suivie d’un vaste ratissage de la forêt de Yorsala, a occasionné d’intenses combats qui ont duré plusieurs heures. Au cours de ces affrontements, 24 terroristes ont été neutralisés et divers matériels ont été récupérés” et “un soldat a malheureusement perdu la vie », a affirmé l‘état-major burkinabè dans un communiqué diffusé dimanche.
Dans le même document, il est relevé que « cette opération a également permis de libérer plusieurs femmes qui étaient retenues par les terroristes et utilisées comme esclaves sexuelles... ».
L’Etat major de l’armée Burkinabé apporte plus de détails : « A la suite de ces affrontements et sur la base de renseignements précis, nous avons mené samedi une action offensive dans les environs de Bourzanga (province du Bam), qui a permis de neutraliser huit terroristes et de récupérer un important lot d’armement, de munitions et de matériels divers.
Maintenir la dynamique
En début d’année, l’armée burkinabè avait annoncé avoir neutralisé 146 terroristes lors d’une vaste opération dans le Nord, mais ce bilan avait alors été jugé peu crédible par de nombreux observateurs : « Sous-équipées et mal entraînées, l’armée, la police et la gendarmerie sont incapables d’enrayer les attaques djihadistes, qui se sont intensifiées en 2019 jusqu‘à devenir quasi quotidiennes…».
L’armée française est présente au Burkina avec une base de 200 hommes des forces spéciales à Kamboinsin, en banlieue de Ouagadougou. Quelques 4.500 militaires français sont aussi déployés dans le Sahel, dans le cadre de l’opération Barkhane, et ils interviennent de plus en plus régulièrement au Burkina.
En septembre, lors d’un sommet extraordinaire à Ouagadougou, les pays de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) ont promis un plan d’un milliard de dollars sur 4 ans pour combattre le jihadisme. Ces sommes devaient notamment servir à renforcer les armées nationales luttant contre les groupes jihadistes (Mali, Niger et Burkina) et ainsi empêcher la contagion des attaques vers les pays voisins.
Nicole Ricci Minyem
Selon Jeune Afrique, près de trois mille étrangers et Ivoiriens se sont rassemblés samedi à Gagnoa (centre-sud) où vivent beaucoup d’Ouest-Africains, pour un meeting pour la paix, à un an de l'élection présidentielle qui s'annonce tendue 10 ans après la crise post-électorale qui avait fait 3 000 morts.
« Quitte dans leur affaire! » (Ne pas se mêler), c’est le slogan de cette manifestation dont un des buts était de demander à la forte communauté ouest-africaine en Côte d’Ivoire, de ne pas se laisser instrumentaliser par les politiciens lors de l’élection de 2020.
« Si tu es un ressortissant Cedeao (Communauté économique de États de l’Afrique de l’Ouest), ne te mêles pas de la politique ivoirienne, cela peut éviter beaucoup d’ennuis ! « La Côte d’Ivoire est une plaque tournante de la sous-région et nous allons vers les élections de 2020 et cela fait peur aux ressortissants des pays de la Cedeao. En 2009, 2010, 2011, on a pensé que les Maliens, Burkinabè… étaient pour Pierre ou pour Paul, il y a eu beaucoup d’exactions. C’est ce que nous voulons éviter » a déclaré l’Ivoiro-Burkinabè Emile Kima, figure de la communauté burkinabè.
À sa suite, Alcide Djédjé, l’ex-ministre ivoirien des Affaires étrangères, passé dans la majorité présidentielle du président Alassane Ouattara, a fustigé des discours violents : « On fait comme si on est amnésique et on est en train de retomber petit à petit dans la guerre par les invectives, les querelles intestines », a-t-il regretté, dénonçant « une classe politique qui n’a pas pris conscience huit ans après ».
Gagnoa, une importante ville, à 250 km au nord-ouest d’Abidjan, a été choisie pour abriter cette rencontre en raison de sa situation de porte d’entrée dans l’Ouest ivoirien, qui concentre les plus fortes populations de la Cedeao, engagées dans la culture du cacao, dont la Côte d’Ivoire est le premier producteur mondial.
C’est aussi la ville natale de l’ancien Président Ivoirien Laurent Gbagbo, acquitté en Janvier 2019 par la Cour pénale internationale de crimes contre l’humanité prétendument commis entre 2010 et 2011 et qui attend en Belgique en liberté sous conditions la décision de la CPI sur l’appel de la procureure.
Réconciliation
Début juin 2019, l’ex président ivoirien Henri Konan Bédié (1993-99), ancien allié de Ouattara passé dans l’opposition, avait lancé, après des récentes violences meurtrières intercommunautaires dans le centre du pays : « On fait en sorte que l’Ivoirien soit étranger chez lui. Mais les Ivoiriens n’accepteront jamais cela ». Il évoquait aussi d’autres étrangers qu’on fait venir clandestinement et à qui on fait faire des papiers, possiblement pour fausser la présidentielle de 2020.
Ces déclarations avaient soulevé une vive controverse. Le gouvernement avait condamné des propos d’une extrême gravité, appelant à la haine de l’étranger.
La question de la réconciliation reste sensible en Côte d’Ivoire, après les douze années de crise politico-militaire dans le pays de 1999 à 2011. La Côte d’Ivoire abrite 25 millions d’habitants, dont plus de six millions d’étrangers, surtout des Ouest-Africains, notamment des Burkinabè, selon des statistiques non officielles. Le meeting de Gagnoa s’est achevé dans le calme, les organisateurs promettant de parcourir de nombreuses villes ivoiriennes pour lutter pour la paix.
N.R.M
La composante nationale du Projet régional d'électrification hors réseau (ROGEP) contribuera à faire passer la part des énergies renouvelables dans le mix électrique de 1 à 25% d'ici 2035.
Un projet de plusieurs milliards de dollars visant à accroître la part des énergies renouvelables dans le mix électrique national a pris de l'ampleur. La composante camerounaise du Fonds pour les technologies propres et du projet financé par la Banque mondiale - Projet régional d'électrification hors réseau (ROGEP) - devrait entrer dans sa phase de mise en œuvre après la restitution d'une étude du marché de l'énergie solaire au Cameroun.
Lors d'un atelier de validation à Yaoundé, le jeudi 10 octobre 2019, le Secrétaire Général du Ministère des Ressources en Eau et de l'Energie, Adolphe Njouke Tome a déclaré que l'accès à une énergie viable, abordable et durable constitue un enjeu majeur dans le pays. « Malgré l'important potentiel du Cameroun, le secteur des énergies renouvelables reste encore peu développé. Sa contribution à l'approvisionnement en électricité reste minime - moins de 1 %. Pour inverser cette tendance, le Président Paul Biya, lors de la CdP21 à Paris, a fixé la contribution du secteur des énergies renouvelables au mix électrique à 25 pour cent d'ici 2035. La contribution de l'énergie solaire devrait être de 6% », a-t-il dit.
Selon Nouhou Amadou Seini, spécialiste technique au Centre de la CEDEAO pour les énergies renouvelables et l'efficacité énergétique (ECREEE), la phase de préparation de deux ans du projet est terminée. Il a indiqué qu'ils entrent maintenant dans la phase de mise en œuvre, après avoir fait une évaluation du marché dans chacun des 19 pays connectés au projet, dont le Cameroun. Le spécialiste technique a révélé que le projet créera un environnement favorable, fournira un soutien technique et financier aux entrepreneurs et éliminera les obstacles dans le secteur.
Les experts affirment que l'accès à l'électricité est indéniablement un facteur important dans le développement des communautés et, par extension, des pays. C'est dans cette optique que ROGEP cherche principalement à promouvoir un marché régional harmonisé qui encourage la prolifération des équipements solaires autonomes, notamment les lanternes solaires, les systèmes solaires domestiques, les pompes à eau solaires, l'équipement de broyage solaire, entre autres, aux foyers, aux entreprises et aux communautés sans accès aux infrastructures électriques. Le projet de 224,7 millions d'USD est réalisé par ECREEE dans 15 pays de la CEDEAO et quatre pays sahéliens.
Otric N.