D’après Jeune Afrique, les différents belligérants sont rarement unanimes sur les méthodes à adopter lorsqu’il s’agit des grandes questions politiques. Cette fois-ci pourtant, après une semaine d’intenses débats, un consensus a été trouvé entre les représentants des partis de la majorité présidentielle et ceux de l’opposition invités au dialogue initié par le chef de l’État, Roch Marc Christian Kaboré : Élections couplées de 2020, crises sécuritaire et inter communautaire, réconciliation et relance économique… la quasi-totalité des points ont fait l’objet d’un consensus.
« Sur le plan politique, c’est extrêmement important que les acteurs politiques se parlent. Très souvent, l’absence de dialogue et les malentendus font le lit des crises. On constate qu’un consensus a été trouvé sur la quasi-totalité des points. Cela remet désormais les pendules à l’heure et conforte la légitimité du chef de l’État », interprète Louis Armand Ouali, diplomate et homme politique.
Sur la question des élections, les participants au dialogue se sont accordés sur le maintien du calendrier électoral qui prévoit la tenue des élections couplées – législatives et présidentielle en 2020, conformément aux dispositions constitutionnelles. En revanche, le code électoral, lui, va subir de légères modifications, avant d’être relu en profondeur une fois la nouvelle Constitution en vigueur.
Un référendum avant 2020 ?
L’opposition politique a toutefois réfuté le couplage du référendum pour l’adoption de ce texte fondamental à toute autre élection : « Nous avons demandé au Chef de l’État de prendre garde et, de tout faire pour que ce ne soit pas couplé à une autre élection. L’opposition a bien fait comprendre qu’elle ne souhaitait pas qu’il y ait un triplage. Donc cela montre bien qu’il faut qu’on laisse le sujet en débat pour que nous puissions ensuite trouver une autre date », explique Zéphirin Diabré, patron de l’opposition burkinabè.
De fait, les acteurs politiques confient au président Roch Marc Christian Kaboré la responsabilité de déterminer la période de la tenue de ce référendum. Probablement avant les échéances de l’an prochain : « Techniquement, ce sera difficile. Mais politiquement, si le Chef de l’État parvient à organiser le référendum avant les échéances de 2020, ça sera un point en plus pour son mandat », précise un cadre de la majorité, qui rappelle que la nouvelle Constitution est une promesse électorale.
Alors que le vote des burkinabè de l’extérieur rencontre l’assentiment des acteurs, un désaccord est apparu concernant la carte consulaire biométrique, en cours, notamment en Côte d’Ivoire qui accueille plus de trois millions de personnes, utilisé comme document de votation. « L’opposition l’a rejetée pour des raisons politiques. Il fallait bien qu’elle reparte avec un point d’opposition », explique notre source issue de la majorité.
Vers une formation d’union nationale ?
D’autres restent plus mesurés sur la portée réelle de ce consensus. « Ce consensus général me paraît assez étonnant de prime abord dans la situation de clivages actuels [sécuritaire, fronde sociale, etc.]. La formulation des conclusions reste vague. Sur le quota en fonction du genre, par exemple, les recommandations du dialogue annoncent un positionnement alterné sur les listes de candidature et le maintien du quota de 30%, mais en même temps la suppression de la sanction en cas de non-respect de cette mesure. C’est un recul », fustige l’analyste politique burkinabè Siaka Coulibaly.
D’après nos informations, ce dialogue initié par le chef de l’État viserait à préparer le terrain pour mettre en place une formation d’union nationale. « J’ai entendu cette rumeur, mais je ne peux pas la confirmer », glisse l’entourage du président burkinabè. Interrogé par Jeune Afrique sur la question, Siaka Coulibaly évoque cette éventualité comme raison principale de ce dialogue: « C’est possible, d’autant plus que la classe politique n’a pas voulu exprimer publiquement les vraies raisons de ce dialogue qui pourraient porter sur la formation d’un gouvernement d’union nationale ou même les stratégies électorales de 2020 », conclut Siaka Coulibaly.
La société civile qui, elle, n’était pas conviée à cette rencontre attend le second dialogue politique ouvert à toutes les forces vives de la nation comme le suggèrent les conclusions: « Cette rencontre était un calcul politique. Ils l’ont voulu dans ce format et nous le respectons. Nous ne sommes pas contre le fait que certains acteurs discutent entre eux, avant un dialogue ouvert à tous », estime pour sa part Serge Bambara, encore surnommé Smockey, un des fondateurs du Balai citoyen. « Mais si cette rencontre a lieu comme promis, nous saisirons l’occasion pour donner notre avis et faire nos propositions », ajoute-t-il.
N.R.M
« Le procureur du Burkina Faso près le tribunal de grande instance de Ouagadougou a été informé, ce jour 15 juillet 2019, par la directrice de la police judiciaire de la police nationale de ce que onze personnes gardées à vue à l'Unité antidrogue (UAD) pour des infractions relatives à la législation des stupéfiants sont décédées dans la nuit du 14 au 15 juillet 2019 », a écrit Maiza Sérémé dans un communiqué.
Selon une source sécuritaire qui s’est confié au micro de RFI, ces personnes retrouvées mortes, faisaient partie d’un groupe d’individus interpellés vendredi, samedi et dimanche derniers dans le cadre d’une enquête sur le trafic et la consommation de drogue. Plusieurs personnes parmi lesquelles des clients, des revendeurs, des fournisseurs et consommateurs étaient ainsi tombés dans les filets de l’unité anti-drogue.
Le procureur du Faso a par ailleurs informé qu’une enquête a été immédiatement ouverte aux fins de déterminer les circonstances de ces décès qui sont encore inconnues. Et que des médecins légistes ont entamé les examens et autopsies des corps.
Par ailleurs, plusieurs autres suspects, interpellés dans le cadre de la même affaire, ont été admis dans des centres de santé pour des examens complémentaires, afin de savoir si leur vie n’est pas en danger. « On doit vite savoir si ces individus n’ont pas avalé des capsules de drogue ou d’autres substances dangereuses », a ajouté la même source sécuritaire.
Le Burkina Faso est une des plaques tournantes du trafic de drogue vers l'Europe. La drogue arrive dans ce pays en provenance des ports d'Afrique de l'Ouest et prend ensuite la direction du nord vers le désert malien et libyen, selon une source sécuritaire. En juin dernier, les autorités ont procédé à l'incinération de 35.300 tonnes de drogue, représentant le quart des saisies de l'année 2018, selon le secrétariat permanent du comité national de lutte contre la drogue.
Danielle Ngono Efondo
Ces sites, selon les historiens retracent l’histoire du développement et de l’intensification de la production de fer au pays des « Hommes intègres ».
Les examinateurs se sont appuyés sur trois critères pour opérer ce choix :
Les Sites de métallurgie ancienne du fer du Burkina Faso donnent un témoignage unique ou du moins exceptionnel sur une tradition culturelle ou une civilisation vivante ou disparue - Ils offrent un exemple éminent d'un type de construction ou d'ensemble architectural ou technologique ou de paysage illustrant une ou des périodes significatives de l'histoire humaine - Ils sont directement ou matériellement associés à des événements ou des traditions vivantes, des idées, des croyances ou des œuvres artistiques et littéraires ayant une signification universelle exceptionnelle.
Le Comité a considéré que ce dernier examen doit préférablement être utilisé en conjonction avec d'autres critères.
La nouvelle a été rendue publique, à l’issue de la phase des propositions d’inscription lors de la 43ème session du Comité du patrimoine mondial qui se tient depuis le 30 Juin dernier à Bakou en Azerbaïdjan. Les assises prennent fin ce mercredi.
En plus de ces Sites de métallurgie ancienne du fer, le Comité a inscrit un total vingt neuf (29) nouveaux sites sur la liste du patrimoine mondial (un en Afrique, deux dans les Etats arabes, 10 en Asie/Pacifique, 15 en Europe/Amérique du nord et un dans la région Amérique latine/Caraïbes). La liste des sites passe ainsi de 1092 à 1121, répartis dans 167 pays : 39 sont transfrontaliers, 53 en péril, 869 culturels, 213 naturels, et 39 mixes. L’Afrique quant à elle compte 96 sites inscrits : 53 culturels, 38 naturels, 5 mixes et 16 en péril.
La liste du patrimoine mondial en péril est « une liste des biens figurant sur la liste du patrimoine mondial pour la sauvegarde desquels de grands travaux sont nécessaires et pour lesquels une assistance à été demandée aux termes de la présente convention ».
Le Cameroun va lui aussi, dans un avenir proche, proposer de nouveaux biens à inscrire sur la liste du patrimoine mondial comme l’a promis lors de ses interventions de Pierre Ismaël Bidoung Mkpatt, le ministre des Arts et de la Culture. Cependant, aucune indication n’a été donnée concernant leurs natures.
Nicole Ricci Minyem
Dimanche 26 mai, quatre personnes ont été tuées et deux gravement blessées dans l'attaque d'une église catholique du village de Toulfé, dans la région du Nord du Burkina.
« La communauté chrétienne de Toulfé a été la cible d'une attaque terroriste, alors qu'elle était réunie pour la prière dominicale. L'attaque a causé la mort de quatre fidèles », a annoncé l'évêque d’Ouahigouya, Justin Kientega, dans un communiqué. Comme au cours des précédents cas, c'est pendant le culte dominical que l’attaque a eu lieu.
Un précédent bilan de source sécuritaire avait fait état d'au moins trois morts. Selon cette source, « des individus lourdement armés ont attaqué l'église du village au moment où les fidèles célébraient la messe du dimanche. L'attaque a eu lieu aux environs de 09h00, faisant au moins trois morts et des blessés légers ». Des renforts ont été déployés sur les lieux. Précise la source. Après leur forfait, les assaillants sont repartis avec deux motos appartenant aux fidèles chrétiens.
Selon un habitant de Toulfé, joint au téléphone par l’AFP, cette attaque à « occasionné une panique dans le village où de nombreux habitants se sont réfugiés chez eux ou dans la brousse ».
Notons que, Toulfé est située à une vingtaine de kilomètres de Titao, chef-lieu de la province du Loroum. Il a déjà été visé par des assaillants. Fin avril, des individus armés avaient incendié un maquis (bar ou restaurant) et emporté trois motocyclettes. Quelques mois auparavant, des hommes armés avaient effectué une descente musclée dans les écoles de la localité, exigeant leur fermeture, a expliqué cet habitant.
En effet, le 13 mai, quatre catholiques ont été tués lors d'une procession religieuse en honneur de la Vierge Marie à Zimtenga, dans le nord du Burkina Faso. La veille, six personnes dont un prêtre, avaient été tuées lors d'une attaque pendant la messe dans une église catholique à Dablo, une commune de la province du Sanmatenga, également dans le nord du pays.
Le 29 avril, six personnes avaient été tuées lors de l'attaque de l'église protestante de Silgadji, toujours dans le nord. Ces attaques sont attribuées à une douzaine de groupes jihadistes, dont Ansarul Islam, le Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans (GSIM) et l'organisation État islamique au grand Sahara (EIGS). Elles ont déjà fait plus de 400 morts depuis 2015, selon un comptage de l'AFP.
Danielle Ngono Efondo
Les premiers mots de l'ex-otage Laurent Lassimouillas visiblement éprouvé, ont été pour les soldats français tués lors de l'opération de libération: « Toutes nos pensées vont aux familles des soldats et aux soldats qui ont perdu la vie pour nous libérer de cet enfer. On voulait présenter nos condoléances tout de suite ».
Patrick Picque et Laurent Lassimouillas avaient été enlevés le 1er mai, pendant un séjour touristique au Bénin, pays jusque-là épargné par l'insécurité en Afrique de l'Ouest, mais dans une zone déconseillée par le ministère des Affaires étrangères français. Ils ont été libérés dans la nuit de jeudi à vendredi en même temps qu'une Sud-Coréenne et une Américaine qui étaient captives depuis 28 jours.
« On voulait remercier les autorités françaises et celles du Burkina d'avoir participé à notre libération pour que nous soyons loin de tout cet enfer », a poursuivi M. Lassimouillas.
Il a également déclaré avoir une pensée pour leur chauffeur-guide béninois, qui a perdu la vie au tout début de notre leur enlèvement. Ça a été très difficile aussi. Le corps du guide a été découvert le 4 mai dans le parc national de la Pendjari où ils effectuaient un safari.
Les deux Français et l'ex-otage sud-coréenne sont arrivés samedi matin au Palais présidentiel de Ouagadougou, sans l'ex-otage américaine.
Visages fermés, vêtus de bas de survêtements noirs et de T-shirts sombres, ils n'ont pas fait d'autres déclarations. Ils sont ensuite partis vers l'aéroport de Ouagadougou et sont attendus à 18H00 sur la base de Villacoublay, près de Paris. Ils seront accueillis par le président Emmanuel Macron.
Le ministre des Affaires étrangères burkinabè Alpha Barry, qui a précisé que l'ex-otage américaine se trouvait avec les Américains, a mis l'accent sur la coopération entre le Burkina et la France, notamment sur les questions de sécurité au Sahel : « La libération des otages est la preuve que cette coopération marche assez bien. Les forces françaises qui sont des forces alliées dans notre pays peuvent mener des opérations en collaboration et en coopération avec les forces burkinabé. Une quinzaine de militaire burkinabé a participé à cette opération… ».
« L'opération de libération des otages a été rendue possible par la mobilisation des moyens de la force antijihadiste française au Sahel Barkhane, le soutien logistique des forces burkinabè et le soutien américain en renseignement », a déclaré le chef d'état-major français, le général François Lecointre.
Qui a ajouté que : « Quant aux deux autres otages libérés, l'Américaine et la Sud-Coréenne, personne n'avait connaissance de leur présence au Burkina Faso… ».
Les Français suivaient l'évolution des ravisseurs depuis plusieurs jours et ont saisi l'opportunité d'agir en raison du risque de transfèrement de ces otages à une autre organisation terroriste qui agit au Mali. La Katiba Macina du prédicateur Amadou Koufa, ce qui aurait dès lors "rendu impossible d'organiser une quelconque opération de libération", a-t-il détaillé.
L'identité des preneurs d'otages est encore inconnue : « Ce que l'on peut dire, c'est qu'il y a deux mouvements terroristes principaux qui opèrent dans cette zone et qui sont affiliés pour l'un à Al Qaïda, pour l'autre à l'EIGS (État islamique au Grand Sahara) », a déclaré la ministre française des Armées, Florence Parly.
Les attaques djihadistes, concentrées initialement dans le nord du Mali, se sont étendues vers le centre du pays puis vers le Burkina Faso et menacent désormais les pays côtiers du Golfe de Guinée, jusque-là épargnés : « Il faut maintenir la pression sur ces groupes », a estimé ce samedi sur la radio Europe 1, le chef de la diplomatie française Jean-Yves Le Drian, jugeant l'action de la force française Barkhane "tout à fait essentielle" dans ce contexte.
Cette force antijihadiste compte 4.500 soldats sur cinq pays du Sahel (Mali, Niger, Burkina Faso, Tchad et Mauritanie). M. Le Drian a rappelé que « la zone où étaient nos deux compatriotes était considérée depuis déjà pas mal de temps comme une zone rouge, c'est-à-dire une zone où il ne faut pas aller, où on prend des risques majeurs si on y va ».
Hommage national
« Un hommage national sera rendu mardi prochain à Paris, aux deux militaires français tués au cours cette intervention d'une très grande complexité », selon les mots de la ministre des Armées Florence Parly.
Membres du commando Hubert, unité d'élite de la Marine française, le maître Cédric de Pierrepont et le maître Alain Bertoncello ont été salués comme des héros par l'ensemble de la classe politique française : « Ils ont donné leur vie pour en libérer d'autres », a écrit Emmanuel Macron sur Twitter.
Nicole Ricci Minyem
Si d'autres localités plus au sud, dont Koumbri (30km au sud d’Ouahigouya) et Tangaye (40km) ont déjà été visées, il s'agit de la première attaque contre Ouahigouya, troisième ville du pays et centre névralgique du nord du pays. Selon une source sécuritaire, au moins cinq hommes armés ont ouvert le feu sur le poste de péage à 12 km de la ville sur l’axe Ouahigouya-Ouagadougou autour de 3h du matin. C’est alors grâce à la riposte de la police que ces derniers ont pris la fuite.
« Un groupe de terroristes en motocyclette a attaqué vers 3h du matin le poste de péage situé à une dizaine de km à la sortie de Ouahigouya, chef-lieu de la région du nord, sur l’axe menant à Ouagadougou », a indiqué à l’AFP une source sécuritaire.
« L’un des péagistes a été tué et l’autre blessé. Un policier qui assurait la garde à ce poste de péage a également été blessé », a précisé la même source. Conduites au centre hospitalier universitaire régional d’Ouahigouya, leur vie ne serait plus en danger. « Le procureur du Faso a ouvert une enquête après avoir procédé aux constats d’usage », a souligné un officier de police.
Il y a quelques mois déjà, plusieurs localités de la région du Nord avaient subi des attaques de la part d’hommes armés. Ce qui avait conduit les forces de défense et de sécurité intérieure à mener des opérations et mis aux arrêts un présumé complice de terroristes. Selon RFI, ce dernier est soupçonné d’avoir hébergé plusieurs individus membres de groupes armés dans le village de Goutla, à une vingtaine de kilomètres d’Ouayigouya. Plusieurs autres individus qualifiés de « radicaux » avaient également été arrêtés dans la localité de Thiou durant la même période, faisant craindre des attaques contre Ouahigouya.
Sur la carte du Burkina sur le site du ministère des Affaires étrangères français, Ouahigouya est à la limite entre la zone orange et la zone rouge située au nord et « formellement déconseillée ». Cette région frontalière du Mali est constamment sous la pression des groupes djihadistes. Des centaines d'écoles ont été fermées. Les services de l’État ainsi que des centres de santé sont aussi absents, fonctionnaires et notamment enseignants étant menacés par les djihadistes.
Pour rappel, le Burkina Faso est confronté depuis quatre ans à des attaques de plus en plus fréquentes et meurtrières, attribuées à des groupes djihadistes, dont Ansarul Islam, le Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans (GSIM) et l'Etat islamique au grand Sahara (EIGS). D'abord concentrées dans le nord du pays, ces attaques ont ensuite visé la capitale et d'autres régions, notamment l'Est, et fait depuis 2015 quelque 360 morts, selon un comptage de l'AFP.
Danielle Ngono Efondo
« Des individus armés non identifiés ont attaqué l’église protestante de Silgadji tuant quatre fidèles et le pasteur principal. Au moins deux autres personnes sont portées disparues », vient d’indiquer aux médias, une source sécuritaire.
« L’attaque a eu lieu vers 13h00, au moment où les fidèles quittaient l'église à la fin de l’office religieux. Les assaillants étaient à motos. Ils ont tiré des coups de feu en l’air avant de viser les fidèles », a précisé un membre de l’église, sous couvert d’anonymat.
Le Burkina Faso est confronté depuis quatre ans, à des attaques de plus en plus fréquentes et meurtrières, attribuées à des groupes djihadistes, dont Ansarul Islam, le Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans (GSIM) et l'Etat islamique au grand Sahara (EIGS).
D'abord concentrées dans le nord du pays, ces attaques ont ensuite visé la capitale et d'autres régions, notamment l'Est, et fait depuis 2015 quelque 350 morts, selon un comptage de l'AFP.
Vendredi déjà, six personnes dont cinq enseignants ont été tuées à Maïtaougou, localité située dans la province du Koulpélogo, dans la région de l’est. Les attaques ciblent régulièrement des responsables religieux, principalement dans le nord du pays. A la mi-mars, l’abbé Joël Yougbaré, curé de Djibo, dans le nord du pays, a été enlevé par des individus armés et son cadavre a été retrouvé quelques jours plus tard, selon des habitants de la ville, même si l’église catholique qui avait pourtant signalée sa disparition ne confirme cette information.
Le 15 février dernier, le père César Fernandez, missionnaire salésien d’origine espagnole a été tué lors d’une attaque armée attribuée à des djihadistes à Nohao, dans le centre-est du Burkina.
En mai 2018, le catéchiste Mathieu Sawadogo et son épouse avaient été enlevés à Arbinda puis relâchés le 14 septembre. Avant eux, Pierre Boena, pasteur de l’église protestante de Béléhouro avait également été enlevé puis remis en liberté, en juin 2018.
Plusieurs imams ont également été assassinés par les djihadistes dans le Nord. Selon des sources sécuritaires, ceux-ci étaient "considérés comme pas assez radicaux" par les djihadistes ou "accusés de collaborer avec les autorités".
Les statistiques démontrent que les prélats chrétiens et musulmans sont les principales cibles des attaques djihadistes, pourtant, il s'agit de la première attaque d'une église depuis 2015, date des premières attaques djihadistes.
Nicole Ricci Minyem
Par ailleurs, dans la même région, à Dioura, où une attaque jihadiste le 17 mars avait fait 26 morts parmi les militaires maliens, au moins un civil a été tué et plusieurs été blessés lundi par des tirs de soldats après une explosion accidentelle qui a fait croire à un nouvel attentat, a-t-on appris de sources concordantes.
L'armée malienne n'a mentionné ni la localisation de l'opération, encore moins la participation de Barkhane. Mais des sources militaires maliennes ont affirmé que l'opération avait été conduite avec la force française à la frontière burkinabè, à l'est de la capitale régionale, Mopti. Le butin de guerre est important : quatorze motos, des armes, du matériel explosif, des munitions…
L'état-major français n'a pas fait état de cette opération mais a récemment annoncé l'extension depuis le début de l'année, de l'action de Barkhane au Gourma (centre). La force française a notamment établi une base avancée à Gossi pour rayonner sur cette zone, à cheval sur trois régions maliennes (Gao, Tombouctou et Mopti).
A Dioura, dans la même région mais au nord-ouest de Mopti, une explosion d'origine initialement inconnue a provoqué des tirs de militaires maliens sur des civils lundi, jour de foire hebdomadaire, selon l'armée et des habitants.
Dans la matinée, un détachement de l'armée venu chercher de l'eau dans la localité a été surpris par un tir d'essai ami au mortier au retour vers la base, croyant à une attaque ennemie lorsque l'obus est tombé juste à proximité, selon un communiqué de l'armée. Les soldats ont alors ouvert le feu sur un groupe de populations malheureusement présentes là à ce moment, tuant un civil et en blessant quatre, selon le texte. Allaye Touré, un notable explique que « la foire hebdomadaire s'est vidée de son monde habituel. Les militaires pensaient que c'est une attaque contre eux ».
Le nord du Mali était tombé en mars-avril 2012 sous la coupe de groupes jihadistes, en grande partie dispersés par une intervention militaire lancée en janvier 2013 à l'initiative de la France, qui se poursuit avec Barkhane. Mais des zones entières échappent au contrôle des forces maliennes, françaises et de l'ONU, malgré la signature en 2015 d'un accord de paix censé isoler définitivement les jihadistes, dont l'application accumule les retards.
Depuis 2015, ces violences se sont propagées du nord au centre du pays, se mêlant très souvent à des conflits inter communautaires, un phénomène que connaissent également le Burkina Faso et le Niger voisins.
Nicole Ricci Minyem
Selon Jeune Afrique, la décision a été prise à l’issue du conseil des ministres qui s’est déroulé le 27 mars. A la fin des travaux, le président burkinabé Roch Marc Christian Kabore a porté son choix sur son ancien chef du gouvernement.
Paul Kaba Thieba aura pour principale mission de mobiliser des ressources pour financer sur le long terme, les projets structurants. L’ancien haut fonctionnaire de la BCEAO, âgé de 59 ans revient aux affaires, deux mois seulement après son départ du gouvernement.
C’est un retour dans une maison dans laquelle il avait déjà travaillé, avant de poser ses valises à banque centrale au début années 1990. L’on se souvient de son long plaidoyer, afin que la mise en place d’une institution de même envergure soit présente au Burkina Faso, comme c’est le cas en Côte d’Ivoire et au Sénégal.
Selon ses textes fondateurs, élaborés en 2017, la Caisse de dépôts et consignations (CDC) du Burkina Faso est dotée d’un capital d’au moins 20 milliards de F FCFA (30,5 millions d’euros), apporté par l’État. Sa mission est de faire face aux besoins d’investissements prioritaires en disposant de ressources mobilisées à moyen et long terme, alors que les actifs des banques commerciales ne comportent que très peu de financements à moyen terme.
Or, ces financements de long terme sont indispensables pour les projets structurants tels que les routes, les chemins de fer, les énergies vertes, l’habitat social ou encore la construction des universités, estime le gouvernement burkinabè, qui souhaite aussi voir le nouvel organisme se positionner dans l’appui aux petites et moyennes entreprises.
Méfiance des acteurs bancaires
La nomination de Paul Kaba Thieba pour un mandat de cinq ans renouvelable une fois à la tête de la CDC donne un coup d’accélérateur à la mise en place et au démarrage effectif des activités de cette entité, malgré la défiance des acteurs du secteur bancaire, qui voient en elle une source de tarissement d’une partie de leurs ressources habituelles.
Une fois opérationnelle, la CDC devrait en effet gérer les sommes versées par des institutions comme la Société nationale des postes du Burkina (Sonapost) ou encore les avoirs des organismes de retraite des agents de l’État, du privé et des collectivités territoriales – CNSS et Carfo.
Outre la gestion des ressources de placement, elle sera également responsable des dépôts de garanties constitués par les usagers de grands concessionnaires de service public, à l’instar de la Société publique d’eau ou de la Société nationale burkinabè d’électricité qu’elle pourrait transformer en investissements de long terme.
Nicole Ricci Minyem
Le 11 mars 2019, les enseignants Judicael Ouedraogo et Al-hassane Cheickna Sana ont été kidnappés par des individus armés sur l’axe Kongoussi- Djibo, d’après un communiqué publié mardi 19 mars par le ministère de l’éducation nationale.
Les deux hommes avaient été enlevés, alors qu'ils rentraient à Djibo, après avoir passé le week-end du 8 à Kongoussi, leur village d'origine. Ils auraient été « emmenés à bord d'un véhicule de Médecins sans frontières, dérobé quelques heures avant », indique une source sécuritaire. Les corps sans vie, criblés de balles des deux enseignants ont été retrouvés à l'entrée de la ville de Koutoukou, à environ 120km de Djibo.
« D'ordinaire, les personnes enlevées sont relâchées, cette fois, elles ont été exécutées », regrette cette même source pour qui le message semble clair puisque le gouvernement a annoncé un vaste programme de réouvertures d'écoles. Depuis 2016, plus d'un millier d'écoles ont fermé, affectant près de 150 000 enfants.
« Les enseignants vivent dans la peur. L'objectif des ravisseurs est de les traumatiser. C'est indéniablement un coup porté à ce programme », fait observer le ministre de l'éducation nationale. Un enseignant qui connaissait bien les deux hommes témoigne du climat de psychose qui règne actuellement dans la ville : « Nous vivons la peur au ventre. Je ne peux pas vous parler », explique l'instituteur.
Les autorités locales sont également sans nouvelles d'un chauffeur de médecins sans frontières enlevé et d'un prêtre catholique, disparu depuis dimanche.
Longtemps épargné par les groupes armés actifs au Sahel, le Burkina Faso, pays frontalier du Mali instable et du Niger, est confronté depuis trois ans à des attaques djihadistes de plus en plus fréquentes et meurtrières.
Le Groupe état islamique dans le grand Sahara (EIGS), organisation dirigée par Abou Walid Al-Sahraoui, est le groupe terroriste le plus actif du Burkina Faso. Il consolide de plus en plus son assise dans la zone des trois frontières Mali, Niger et Burkina Faso, terrorisant les populations civiles et s'attaquant aux représentants de l’État.
Danielle Ngono Efondo