Le 11 mars 2019, les enseignants Judicael Ouedraogo et Al-hassane Cheickna Sana ont été kidnappés par des individus armés sur l’axe Kongoussi- Djibo, d’après un communiqué publié mardi 19 mars par le ministère de l’éducation nationale.
Les deux hommes avaient été enlevés, alors qu'ils rentraient à Djibo, après avoir passé le week-end du 8 à Kongoussi, leur village d'origine. Ils auraient été « emmenés à bord d'un véhicule de Médecins sans frontières, dérobé quelques heures avant », indique une source sécuritaire. Les corps sans vie, criblés de balles des deux enseignants ont été retrouvés à l'entrée de la ville de Koutoukou, à environ 120km de Djibo.
« D'ordinaire, les personnes enlevées sont relâchées, cette fois, elles ont été exécutées », regrette cette même source pour qui le message semble clair puisque le gouvernement a annoncé un vaste programme de réouvertures d'écoles. Depuis 2016, plus d'un millier d'écoles ont fermé, affectant près de 150 000 enfants.
« Les enseignants vivent dans la peur. L'objectif des ravisseurs est de les traumatiser. C'est indéniablement un coup porté à ce programme », fait observer le ministre de l'éducation nationale. Un enseignant qui connaissait bien les deux hommes témoigne du climat de psychose qui règne actuellement dans la ville : « Nous vivons la peur au ventre. Je ne peux pas vous parler », explique l'instituteur.
Les autorités locales sont également sans nouvelles d'un chauffeur de médecins sans frontières enlevé et d'un prêtre catholique, disparu depuis dimanche.
Longtemps épargné par les groupes armés actifs au Sahel, le Burkina Faso, pays frontalier du Mali instable et du Niger, est confronté depuis trois ans à des attaques djihadistes de plus en plus fréquentes et meurtrières.
Le Groupe état islamique dans le grand Sahara (EIGS), organisation dirigée par Abou Walid Al-Sahraoui, est le groupe terroriste le plus actif du Burkina Faso. Il consolide de plus en plus son assise dans la zone des trois frontières Mali, Niger et Burkina Faso, terrorisant les populations civiles et s'attaquant aux représentants de l’État.
Danielle Ngono Efondo