Tanda Theophilus, chercheur pour l'ONG International Crisis Group (ICG), estime que ni le gouvernement, ni les groupes séparatistes n'ont l'intention de dialoguer aujourd'hui, une étape pourtant indispensable selon lui pour que la situation s'améliore.
«Nous sommes confrontés clairement à une multitude de groupes distincts, mais qui coopèrent de temps en temps. Depuis peu, ces groupes se battent entre eux, ce qui affaiblit davantage la partie séparatiste au profit de l’armée qui avance. Nous avons vu le gouvernement par intérim de l'Ambazonie donner l'ordre de kidnapper un chef combattant dans le département du Moungo qui a été retenu pendant des mois, ce qui a facilité l’avancement de l’armée camerounaise qui a pu tuer le général ambazonien, Amigo. Ce qui fait que nous sommes en face d’une multitude de groupes qui s’entretuent, qui ne parviennent pas s’entendre», explique-t-il dans une interview accordée àRFI.
Pour lui, le fait que les groupes sécessionnistes ont la maîtrise du terrain ne facilite pas la tâche aux forces de défense. «Ils ont des campements dans la forêt. Ils frappent et ils retournent dans la brousse ou dans la forêt. Le soutien de la population rend la tâche également difficile pour l’armée. Il aurait été profitable pour l’armée et l’Etat de façon générale d’engager des mesures d’apaisement et de séduction de la population. Mais jusqu’ici, c’est cette même population qui parvient à faire survivre les séparatistes».
Selon cet expert, le processus de désarmement-démobilisation-réinsertion (DDR) est une partie de la solution si c’est sincère. «Il faudrait que l’armée cesse les exactions sur les populations, surtout sur les populations civiles, pour bâtir un certain degré de confiance».
Dans les régions anglophones du Cameroun, beaucoup n'ont pas pu célébrer le passage à la nouvelle année comme ils l'auraient souhaité. Les violences liées à la crise y sont quasiment quotidiennes comme à Bamenda. En fin de semaine dernière, un caporal de l'armée a ainsi été enlevé et tué. Pas de foule dans les rues pour célébrer le Nouvel An ce 31 décembre à Bamenda, dans la région camerounaise et anglophone du Nord-Ouest. Même si le couvre-feu a été levé pour la période des fêtes, les habitants sont peu nombreux à se risquer dehors une fois la nuit tombée.
Les violences sont également quotidiennes dans l'autre région anglophone du Cameroun, le Sud-Ouest. Selon RFI, le groupe armé Socadef, actif dans cette zone, rappelle que la seule solution possible est politique. Mais son chef exige toujours de négocier en présence d'une instance internationale ou d'un pays étranger et tient à ce que les discussions aient lieu hors du Cameroun. Cette option n'est pas envisagée par les autorités de Yaoundé.
International Crisis Group estime qu'au moins 500 civils et plus de 200 membres des forces de sécurité ont été tués depuis le début des violences. L'ONG considère d'ailleurs que cette crise anglophone est l'un des dix conflits à surveiller en 2019 dans le monde. Cette crise a été largement évoquée le 31 décembre par le président dans son discours de voeux. Paul Biya s'est dit conscient des conséquences pour les populations et a de nouveau appelé les groupes séparatistes à déposer les armes.
Otric N.
Elle annonce que le riz indexés dans les vidéos qui circulent sur les réseaux sociaux n’est pas du riz en plastique.
Depuis plusieurs semaines, la polémique enfle au Cameroun sur du riz en plastique importé. Plusieurs internautes ont à leur manière démontré que le riz parfumé vendu dans les grandes surfaces serait impropre à la consommation. En réaction, la Ligue Camerounaise des consommateurs (LCC) rassure l’opinion sur la qualité du riz parfumé importé.
«Il y a des vidéos qui ont trompé des consommateurs. Nous avons pu vérifier ces vidéos-là et nous nous sommes rendus compte que ce que la vidéo montre ce n’est pas du riz en plastique. Mais c’est des granulés qui serviront de matière première aux industries qui transforment le plastique», a affirmé Delor Magellan Kamseu Kamgaing, le président exécutif de la LCC, ce jeudi matin sur les antennes de la radio nationale.
Au-delà de cela, informe-t-il, «nous avons mené une enquête sur le terrain. Nous avons acheté toutes les variétés de riz parfumé importé que nous avons trouvé dans les supermarchés et que nous avons testé pour voir leur degré en élasticité et voir même la présence des plastiques».
«Nous n’avons pas encore des résultats des laboratoires, mais lors des tests nous nous sommes rendu compte que le riz parfumé importé, quand il est cuit, lorsque vous faites des boules, c’est boules-là s’écrasent automatiquement quand ce riz est encore chaud. Mais quand ça prend du temps, l’amidon qui est contenu dans du riz produit un gel qui booste l’élasticité du riz, et ce riz-là rebondi quand il est refroidi», justifie-t-il.
En rapporte avec cette polémique, le ministre du Commerce, Luc Magloire Mbarga Atangana a convoqué ce jeudi une réunion de crise dans ses services. Le Patron des lieux convie impérativement à cette concertation les propriétaires des sociétés indexées, le ministère de L’Agriculture et du Développement rural, ainsi que l’Agence des Normes et de la qualité (ANOR).
La réunion de crise du 03 janvier 2019 aura donc lieu pour faire la lumière sur cette affaire sordide. Il a été demandé aux propriétaires des sociétés concernées d’apporter lors de cette réunion de crise les documents exigibles pour l’importation et la mise en marché de leurs riz importés au Cameroun.
Il s’agit notamment des attestations de conformité d’expédition des marchandises délivrées par les organismes accrédités, du certificat de conformité à la norme délivré par l’ANOR et le procès-verbal d’inspection phytosanitaire à l’importation délivré par le poste de police phytosanitaire du Port autonome de Douala, entre autres.
Il convient toutefois de rappeler que selon la Loi No 2015/018 du 21 décembre 2015 régissant l’activité commerciale au Cameroun d’une part et de la Loi No 2016/004 du 18 avril 2016 régissant le Commerce Extérieur au Cameroun d’autre part, l’importation est libre et le ministère du commerce n’émet aucun document en ce sens. Le ministère du commerce n’offre pour seul service que l’inscription au fichier des importateurs et des exportateurs.
En rappel, le Cameroun a importé 728 443 tonnes de riz pour une valeur de 183,7 milliards de FCFA en 2017. Malgré l’application des droits de douane dans ce domaine, depuis janvier 2016, ces importations enregistrent une hausse de 18,6% en quantité et 27,9% en valeur par rapport à 2016. Les achats de cette denrée de grande consommation dans le pays proviennent en totalité de l’Asie (99,8%), principalement de la Thaïlande (85%), de l’Inde (7%) et du Myanmar (2%).
Otric N.
Lors de son discours de fin d’année, le Chef de l’Etat Cyril Ramaphosa, a fait des promesses fortes à ses concitoyens, afin de marquer la différence avec l’ère de Jacob Zuma.
C’est ainsi que depuis le 1er janvier, dernier, des millions de travailleurs sud-africains vont bénéficier à partir de l'entrée en vigueur d'un salaire minimum. Un engagement pris par le président, à cinq mois des élections générales que d’aucuns jugent délicates, dans un pays qui se débat avec une croissance molle et un chômage record.
«Des millions de travailleurs sud – africains en bénéficieront - C’est le résultat de nombreuses décennies de lutte sans relâche et une démonstration éclatante de la détermination commune à tous les partenaires sociaux à s’attaquer à la pauvreté et à l’inégalité », a précisé Cyril Ramaphosa. Le Congrès national africain ANC, au pouvoir, espère que cette mesure va séduire sa base électorale traditionnelle de pauvres des townships et des zones rurales.
Le salaire minimum, d’un montant de 20 rands l’heure (1,39 dollar, 1,21 euro), soit 3 500 rands par mois, devrait bénéficier à quelque 6 millions de travailleurs. Selon le gouvernement, il va profiter à 70 % des travailleurs agricoles et à 90% du personnel de maison. Les entreprises en difficulté financière seront dispensées de l’appliquer. Son instauration est une première en Afrique du Sud, qui possède l’économie la plus industrialisée du continent.
Critiques de l’opposition et de syndicats
L’instauration d’un salaire minimum a été vivement critiquée par l’opposition et plusieurs syndicats. Le principal parti d’opposition, l’Alliance démocratique (DA), avait voté contre le salaire minimum, estimant qu’il allait se traduire par « d’importantes pertes d’emplois ».
Le parti de gauche radicale des Combattants pour la liberté économique (EFF) avait quant à lui, comme plusieurs syndicats, estimé que son montant était insuffisant. La deuxième fédération syndicale du pays, la Saftu, a dénoncé « un salaire d’esclave ». Mais la plus grande centrale syndicale d’Afrique du Sud, la Cosatu, a salué « une injection importante d’argent dans les poches des travailleurs ».
Promesses de relance économique
Ancien syndicaliste reconverti en homme d’affaires à succès, Cyril Ramaphosa, qui a pris les rênes du pays en février après la démission du très controversé Jacob Zuma, avait promis de relancer l’économie. Les analystes économistes et autres experts en service à l’Institut national de la statistique (StatsSA), ont affirmé le 4 décembre 2018, que l’Afrique du Sud est officiellement sortie de la récession, après avoir enregistré une croissance de 2,2%, au troisième trimestre de cette année. Le produit intérieur brut (PIB) du pays avait reculé de respectivement 2,6 % et 0,7 % aux premier et deuxième trimestres, illustrant la mauvaise santé de son économie.
L’économie sud-africaine se débat depuis des années avec une croissance molle et un taux de chômage record de 27%. Elle a enregistré une croissance de 1,3% en 2017 (+0,6% en 2016) et les analystes anticipent un chiffre de 1,8% pour 2018.
Nicole Ricci Minyem
Au sein de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA), on se dit très préoccupé, par des rapports et des informations recueillies faisant état de la violence continue contre les civils qui se poursuit, dans le cercle de Bankass à travers la présence permanente des éléments d’auto-défense communautaires ainsi que des groupes armés dans certaines villages et localités.
Le 01 janvier 2019, aux environs de 5 heures du matin, alors que l’heure était à la célébration de la nouvelle année, des dizaines de personnes auraient été tuées, lors d’une attaque dirigée contre le village de Koulogon Peul (village située dans la commune de Koulogon Habé, cercle de Bankass), par des éléments armés non encore identifiés portant des tenues des chasseurs traditionnelles (Dozos). Parmi les victimes, l’on compte des femmes, des enfants, des personnes handicapées et âgées ont perdu la vie ; plusieurs autres sont portées disparues et quelques unes sont blessées. Des maisons, hameaux et greniers auraient été volontairement incendiés.
Bien que les circonstances précises de cette attaque ainsi que les tueries de ces personnes ne soient pas encore déterminées, les premières informations à la disposition de la MINUSMA indiquent que les victimes auraient été exécutées dans leurs domiciles. Des meurtres et exactions de trop qui ont incité les responsables de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali de faire une sortie : « Je condamne fermement ces attaques contre les civils dans le village de Koulogon Peul et demande à ce que les auteurs puissent en répondre. Il devient de plus en plus important de mettre un terme au cycle de violence dans la région de Mopti et de Segou. Il faut intensifier les efforts pour trouver des solutions judiciaires et politiques », a déclaré Mme Joanne Adamson, Représentante spéciale adjointe du Secrétaire général des Nations Unies au Mali.
Les responsables de cet organisme des Nations Unies saluent aussi les efforts du Gouvernement qui a rapidement déployé un détachement des forces armées Maliennes (FAMa) dans la zone après l’incident et la gendarmerie de Bankass qui a ouvert une enquête pour faire la lumière sur cette attaque.
Dans les prochains jours, la MINUSMA entend déployer une équipe de chargés des droits de l’homme qui va soutenir les efforts déjà entrepris par le Gouvernement. Les travaux organisés à cet effet, vont permettre de mener une enquête dans la zone où l’attaque a eu lieu et, de compléter les premiers éléments déjà recueillis ex situ, ainsi que d’établir les circonstances de cet incident et situer les responsabilités.
La Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali va continuer à suivre et à documenter les abus et violations des droits de l’Homme dans la région du centre et, partout où des exactions seront commises. Des dispositions vont être prises et vont permettre à la mission onusienne de contribuer aux efforts du gouvernement aux besoins humanitaires générés par ces affrontements.
Nicole Ricci Minyem
L’Affaire Benalla et les gilets jaunes, l’ont tellement absorbé au cours des dernières semaines qu’il a décidé qu’il en avait assez donné et, avait rempli les tâches qui lui incombaient à l’Elysée.
En plus de son poste de conseiller à la communication, Sylvain Fort, était par ailleurs chargé des discours auprès d’Emmanuel Macron. C’est ce mercredi qu’il a fait part de son intention de quitter l’Elysée à la fin de ce mois, parce qu’il entend s’orienter vers d’autres projets professionnels mais aussi, se consacrer à sa famille.
« Je quitterai à la fin du mois de janvier mes fonctions de Conseiller Communication et Discours à la Présidence », a-t-il indiqué en confirmant des informations du journal le Parisien. L’homme, âgé de 46 ans, fidèle d’Emmanuel Macron depuis la campagne électorale a indiqué en avoir informé le président « il y a plusieurs semaines ».
Sylvain Fort avait vu son rôle se renforcer ces derniers mois à l’Elysée : plume du président, il avait aussi pris en charge la communication à la fin de l’été dans le cadre de la réorganisation des services à la suite de l’affaire Benalla, révélatrice de « dysfonctionnements » à l’Elysée. « J’ai tout quitté pour rejoindre Emmanuel Macron en août 2016, en sachant que mon engagement serait total à condition d’être temporaire », explique-t-il. « Après deux ans et demi de travail sans relâche au service du candidat puis de notre président, je souhaite m’orienter vers d’autres projets professionnels et personnels, et surtout consacrer du temps à ma famille».
« Le sens de l’Etat d’Emmanuel Macron et son engagement absolu au service de la France sont ce dont le pays a besoin en ces temps de doute sur notre destin collectif. Je suis fier de l’avoir servi et l’ai assuré, en lui annonçant la décision voici plusieurs semaines, de ma totale fidélité », ajoute-t-il.
Spécialiste d’opéra
Spécialiste d’opéra, normalien, Sylvain Fort a été professeur, éditeur, auteur de plusieurs ouvrages notamment sur Puccini et dirigeant d’une agence de communication après être passé par BNP - Paribas et Scor. Il avait rejoint l’équipe de campagne du candidat français en 2016 comme conseiller à la communication. A l’Elysée, Sylvain Fort est actuellement secondé par la conseillère presse et communication Sibeth Ndiaye, en fonction depuis l’élection d’Emmanuel Macron au printemps 2017.
Sibeth Ndiaye
Après avoir été conseillère presse et communication d’Arnaud Montebourg au ministère de l’Economie et du Redressement productif, la jeune sénégalaise, âgée de trente neuf ans intègre la garde rapprochée du Président français dès sa nomination à Bercy en 2014. En avril 2016, elle rejoint le mouvement en marche et prend part à la campagne présidentielle. Elle assure d’ailleurs les mêmes fonctions auprès du candidat Macron, qu’elle suit à l’Elysée en 2017.
Sibeth Ndiaye est née le 13 décembre 1979 à Dakar au Sénégal. Son enfance est marquée par l'engagement politique de ses parents, son père a notamment milité au sein du Parti démocratique sénégalais. En 1995, l'adolescente arrive en France pour poursuivre sa scolarité au lycée Montaigne à Paris. Après l'obtention de son bac scientifique, elle poursuit ses études supérieures à l'université Denis Diderot (philosophie politique), puis à l'université Panthéon-Sorbonne où elle obtient un DESS en économie de la santé.
Parallèlement, Sibeth Ndiaye s'investit dans un syndicat étudiant, l'UNEF, dès la fin des années 90, puis au sein de La mutuelle des étudiants (LMDE). Peu à peu, elle s'engage sur le terrain politique et adhère au Parti Socialiste en 2002. En mars 2008, elle participe à la campagne électorale du socialiste Mathieu Hanotin pour les cantonales. Il est élu conseiller général du canton de Saint-Denis et Claude Bartolone est nommé président du Conseil général de la Seine-Saint-Denis. Sibeth Ndiaye est alors propulsée chef du service presse du cabinet de Claude Bartolone. Elle y fait ses armes pendant deux ans, puis, devient chargée de mission auprès de Claude Bartolone en juin 2010.
En 2011, elle opère un tournant dans sa carrière, s'éloigne de la politique et rejoint le secteur privé pour devenir consultante en communication. En décembre 2013, elle accepte cependant de revenir en politique et intègre le cabinet d'Arnaud Montebourg, ministre de l'Economie, où elle s'occupe des relations presse. En août 2014, après le départ d'Arnaud Montebourg, elle conserve les mêmes fonctions auprès du nouveau ministre, Emmanuel Macron.
Nicole Ricci Minyem
Les manifestations s’enchaînent et, même si la cause est pareille, les actes posés par les populations sont différents d’une ville à une autre, à l’Est de l’Allemagne. En début de semaine, dans la localité de Chemnitz (Saxe), environ 65.000 personnes ont assisté à un concert rock contre le racisme.
Deux jours plus tôt, dans cette ville devenue l’épicentre de la contestation contre les migrants, des violences avaient fait 18 blessés, en marge d’une manifestation à l’appel de l’extrême droite ayant rassemblé 8.000 personnes et d’un rassemblement de gauche.
Chemnitz a connu récemment d’autres débordements illustrés notamment par des chasses à l’étranger, après le meurtre d’un Allemand à l’arme blanche dont un demandeur d’asile irakien est soupçonné. Un meurtre dont l’extrême droite, portée par le parti Alternative pour l’Allemagne (AfD), première force d’opposition à la chambre des députés à Berlin, s’est saisie.
Personnes manifestants contre les migrants en Allemagne
Dans ces manifestations, l’extrême – droite dure est représentée mais il y a aussi des citoyens mécontents et qui ne sont pas forcément d’extrême droite. Ces derniers jugent nécessaire de se joindre à ce genre de manifestations car ils disent être inquiets de l’arrivée de migrants, du rôle que l’islam joue dans la société allemande, ce genre de choses. Mais il est très difficile de dire où se situe la limite entre ces gens-là et l’extrême droite.
Un défi pour la chancelière Angela Merkel ?
C’est un défi pour tous les partis allemands, pour l’Allemagne, mais particulièrement pour elle. Les discours tenus dans ce contexte pointent le fait que c’est la chancelière qui a ouvert les frontières et qui cause tous les problèmes de l’Allemagne. C’est sa politique et sa personne qui sont en jeu.
L’AfD a été créé au moment de la crise de l’euro. Mais avec le temps, il avait fini par s’essouffler un peu, d’autant qu’il y avait aussi des querelles au niveau de la direction. Mais en 2015, l’arrivée de réfugiés a représenté pour les militants de ce parti, un vrai cadeau. Ils ont tourné tout leur discours autour de la question migratoire et ils n’ont rien d’autre dans leur programme. Ils activent des peurs et des craintes.
Aux dernières élections nationales, les membres de l’AFD ont eu des voies pour faire partie du parlement. Un grand succès puisqu’ils sont le principal parti d’opposition et jouent donc un rôle par définition très important. C’est difficile de prédire ce qu’il se passera aux prochaines élections, il est encore trop tôt. Mais ce qui est sûr, c’est qu’ils sont parvenus à orienter le débat politique allemand, un peu comme le Front National en France : « même s’ils ne sont pas au pouvoir, ce sont leurs positions qui sont discutées. Ils ont énormément d’influence indirecte et ils ne vont pas disparaître du jour au lendemain ».
Un mouvement de gauche à la tonalité anti-migrant a été lancé mardi en Allemagne. Il est initié par Sahra Wagenknecht, une égérie de la gauche radicale (Die Linke). On voit que l’extrême gauche essaie de récupérer des voix de l’extrême droite. C’est une démarche populiste. L’extrême gauche anti-immigration n’existait pas en Allemagne, Die Linke s’inscrit dans une ligne de gauche classique. Or, des gens se disent qu’ils sont au chômage et ont l’impression que les étrangers passent devant eux. C’est un discours qui touche à beaucoup de questions sociales, et c’est ça qui rend la question intéressante pour l’extrême gauche
Nicole Ricci Minyem
Entre Muhammadu Buhari et Atiku Abubakar, la bataille s’annonce très rude
L’élection présidentielle du 16 février s’annonce aussi incertaine que serrée. D'un côté, le chef de l'État, Muhammadu Buhari, présente un bilan mitigé, de l'autre, la réussite de son principal adversaire, l'homme d'affaires Atiku Abubakar, fascine autant qu'elle rebute.
Sa silhouette est frêle, ses gestes restent ceux d’un homme fragile et son visage est marqué par la maladie. Mais Muhammadu Buhari n’est pas mort. « C’est bien moi - Je ne suis pas un clone », a t’il assuré d’une voix timide en Décembre dernier, lorsqu’il en a eu assez des rumeurs annonçant son décès ou tout au moins, son invalidité. Des informations véhiculées par Nnamdi Kanu, le leader indépendantiste biafrais. Selon elles, le chef de l’État serait mort depuis des mois et un sosie originaire du Soudan, prénommé Jibril, aurait pris sa place.
Une élection incertaine
Avant d’évoquer la fin clinique du président, nombreux étaient ceux qui pariaient sur sa disparition politique. Fatigué et en difficulté, il ne se battrait pas pour un second mandat, racontait-on dans les quartiers cossus d’Abuja. Et pourtant… Buhari est là, prêt à se jeter de toutes ses forces dans la bataille et à défier Atiku Abubakar, son principal challenger.
Sur les 78 prétendants qui rêvent de conquérir Aso Rock Villa, seul le candidat du Peoples Democratic Party (PDP) semble en mesure de ravir le pouvoir à l’All Progressives Congress (APC). Au Nigeria, il faut, pour mener une campagne électorale, disposer de solides relais locaux et d’énormes moyens financiers.
Septuagénaire, originaire du Nord et musulman comme Buhari, Atiku, comme le surnomment ses compatriotes, est lui aussi est un vieux routier de la politique. La comparaison s’arrête là. Visage replet, silhouette arrondie, il enchaîne les meetings avec vigueur et hargne. Après avoir tout tenté, pendant vingt-cinq ans, pour accéder à la magistrature suprême, l’ancien vice-président est enfin parvenu, début octobre, à être intronisé candidat du principal parti d’opposition. « Je vais remettre le Nigeria au travail ! », scande-t-il, reprenant un slogan qui a permis à Donald Trump d’accéder à la Maison-Blanche.
Surfant sur sa carrière de businessman et insistant sur l’un des points noirs du bilan du président sortant, il promet de créer 3 millions d’emplois par an et de sortir 50 millions de Nigérians de la misère. Qu’importe si ces promesses paraissent peu réalistes. Pays des extrêmes et des superlatifs, où les yachts rutilants côtoient les tentaculaires bidonvilles de Lagos, la première puissance ouest-africaine est devenue cette année le pays au monde où vivent le plus grand nombre (87 millions) de personnes très pauvres.
S’il a fini par sortir de la récession qui l’a fortement touché en 2016, le Nigeria reste très affecté par la chute du prix du pétrole. « Les Nigérians ont le sentiment de vivre moins bien qu’il y a cinq ans. Avec la baisse des cours de l’or noir, les dotations aux États ont diminué. Résultat, dans la plupart d’entre eux, les impôts n’ont cessé d’augmenter, explique Laurent Fourchard, spécialiste du Nigeria au sein du Ceri, le centre de recherche de Sciences-Po. La question de la croissance économique sera au cœur de la campagne électorale. Atiku fera valoir son expérience en la matière. »
Soupçon de corruption
Vice-président de 1999 à 2007, ce libéral avait notamment dirigé le Conseil national pour la privatisation, supervisant la cession de nombreuses entreprises publiques. Surtout, ce membre fondateur du PDP n’a cessé, tout au long de sa carrière politique, de faire prospérer ses affaires. Agent des douanes pendant vingt ans jusqu’à en devenir le directeur adjoint, il a créé en parallèle un vaste empire, présent dans le secteur du pétrole, de l’agriculture, des boissons…
Multimillionnaire, il est aujourd’hui l’un des hommes les plus riches du pays. Un succès qui séduit autant qu’il rebute. « S’il a réussi, Atiku n’incarne pas pour autant le self-made-man. Il a acquis sa fortune durant les années qu’il a passées aux douanes, ce qui entretient un fort soupçon de corruption et de conflits d’intérêts », explique Marc-Antoine Pérouse de Montclos, directeur de recherches à l’Institut de recherche pour le développement (IRD). Ses détracteurs soulignent le drôle de mélange des genres, entre politique et affaires, dans lequel excelle le candidat. L’intéressé rétorque qu’il n’a jamais été condamné.
Bilan mitigé
Face à lui, l’austère président fait plus que jamais figure d’homme intègre. Pas bling-bling pour un sou et tout en retenue, l’ancien général continue à incarner l’ordre et la rectitude, malgré des résultats peu convaincants. S’il avait fait de la lutte de la corruption l’une de ses promesses phare en 2015, Muhammadu Buhari n’a pas réussi à s’attaquer en profondeur à ce mal persistant. Selon l’ONG Transparency International, la corruption n’a pas diminué ces cinq dernières années.
En accédant au pouvoir à la faveur de la première alternance pacifique depuis le retour à la démocratie, Buhari a inspiré autant d’espoir lors de son arrivée qu’il suscite de déception aujourd’hui. Même dans le combat contre Boko Haram, le bilan de ce haut gradé est médiocre. Face au groupe jihadiste, le putschiste, qui avait tenu son pays d’une main de fer entre 1983 et 1985, avait paru être l’homme de la situation. Même divisée et affaiblie, Boko Haram n’en poursuit pas moins attaques et enlèvements.
Et puis, en cinq ans, la machine APC, qui avait mené Buhari au pouvoir, s’est grippée. Ces derniers mois, de nombreux barons de la politique ont déserté cette large coalition : députés, gouverneurs, présidents du Sénat et de l’Assemblée nationale, anciens chefs de l’État et même Atiku Abubakar ont fait défection pour rallier le camp adverse.
Grogne sociale
Adepte de la transhumance électorale, le candidat du PDP peut, en revanche, compter sur quelques soutiens de poids. Dont celui de deux anciens présidents : Ibrahim Babangida et, plus surprenant, Olusegun Obasanjo, qui, après des années de brouille et de haine, lui a tendu la main.
S’il a perdu du terrain, Muhammadu Buhari est néanmoins loin d’être vaincu. « Le jeu est très ouvert. Certes, les électeurs critiquent Buhari, mais ils n’ont pas oublié qu’à l’époque où le PDP était au pouvoir, la situation n’était pas meilleure. Et puis, la présidentielle se joue aussi sur le plan local : il faut obtenir au moins 25 % des voix dans au moins 24 des 36 États. De ce point de vue, le président semble mieux ancré dans le pays », décrypte Laurent Fourchard.
Membre de l’aristocratie du Nord, haoussa et musulman, il bénéficie toujours d’un soutien quasi inconditionnel dans le septentrion. « On a coutume de dire que pour l’emporter, il faut au moins gagner deux des trois États clés que sont Lagos, Kano et le Rivers. Le Rivers devrait revenir à Atiku Abubakar, et Kano, à Muhammadu Buhari. Reste Lagos, où règne une certaine incertitude », analyse Marc-Antoine Pérouse de Montclos. Alors que le candidat du PDP est traditionnellement majoritaire dans les États du Sud, le sud-ouest igbo devrait une fois encore être le faiseur de roi.
Que ce soit Atiku ou Buhari, le futur président risque d’être mal élu, avec un faible taux de participation et sans majorité claire. Beaucoup d’observateurs craignent un certain immobilisme
À deux mois de l’élection, les sondages donnent des résultats contradictoires. Pour beaucoup, une seule chose paraît certaine : à 72 et 76 ans, ces deux figures historiques de la politique nigériane incarnent la continuité. « Il faut chasser “Butiku” ! », s’est ainsi exclamée Obiageli Ezekwesili. Cette ancienne ministre, chantre de la lutte anticorruption et elle aussi candidate à la présidentielle, semble avoir peu de chances d’obtenir un score significatif, mais se fait l’écho d’une certaine grogne sociale dans un pays où la majorité de la population a moins de 30 ans.
« Que ce soit Atiku ou Buhari, le futur président risque d’être mal élu, avec un faible taux de participation et sans majorité claire. Beaucoup d’observateurs craignent que les quatre prochaines années soient marquées par un certain immobilisme », estime Pérouse de Montclos. « La partie promet d’être serrée, conclut un diplomate en poste à Abuja. Bien malin celui qui se risque à faire des pronostics. Au Nigeria, on se trompe toujours ! ».
Nicole Ricci Minyem
L'Union africaine (UA) souhaite que les résultats officiels des scrutins de dimanche en RD Congo soient «conformes au vote» des Congolais, a indiqué mercredi à Kinshasa l'organisation qui a mobilisé 80 observateurs pour suivre et évaluer le processus électoral.
L’ancien président malien Dioncounda Traoré, chef de la mission d’observation de l’Union africaine (UA) en RDC, a dit souhaiter «fortement» que «les résultats qui seront proclamés soient conformes au vote du people congolais». Sa «déclaration préliminaire» a été faite à Kinshasa le 2 janvier, alors que le pays attend fiévreusement les premiers résultats de la Ceni.
L’ancien président malien Dioncounda Traoré, chef de la mission d’observation de l’Union africaine (UA) en RDC, a dit souhaiter « fortement » que « les résultats qui seront proclamés soient conformes au vote du people congolais ». Sa « déclaration préliminaire » a été faite à Kinshasa le 2 janvier, alors que le pays attend fiévreusement les premiers résultats de la Ceni.
C’est une petite phrase, lâchée par Dioncouda Traoré au bout d’un discours long de huit pages, à Kinshasa, le 2 janvier. Mais elle pourrait produire d’importants remous.
L’ancien président malien, qui dirige la mission d’observation électorale de l’UA pour les élections générales du 30 décembre en RDC (MOEUA), a dit «souhaiter fortement que les résultats qui seront proclamés soient conformes au vote du people congolais». Il l’a dit dans le cadre de la «déclaration préliminaire» de la mission. Elle intervient après que le pays attend, fiévreusement et sans Internet, l’annonce des premiers résultats par la Commission électorale nationale indépendante (Ceni).
Les élections présidentielle, législatives et provinciales de dimanche en RDC se sont déroulées dans un «climat apaisé et serein, malgré les ingérences et tous les défis organisationnels, politiques et sécuritaires», estime l'UA.
Mais «le dysfonctionnement de la machine à voter (écran tactile permettant de choisir son candidat, ndlr), la disponibilité tardive des listes électorales et des formulaires de procès-verbaux de dépouillement et des résultats ont affecté le bon déroulement des opérations dans certains bureaux de vote dans les villes de Kinshasa et Kalemie», poursuit l'organisation.
«L'affichage des listes électorales à l'entrée des bureaux de vote n'a pas été systématique», indique l'UA. «La suppression de plusieurs bureaux de vote à Kinshasa a entraîné l'augmentation du nombre d'électeurs dans les bureaux existants. L'insuffisance de communication sur cette question a entravé la localisation des bureaux par les électeurs réaffectés».
L'UA estime néanmoins que la tenue de ces élections, trois fois reportées, «constituent en soi une première grande victoire du peuple congolais». La Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC) a également observé que les élections «ont été relativement bien gérées et le processus électoral s'est relativement bien déroulé, permettant à la majorité du peuple congolais d'exercer son droit de vote».
Avec ses 73 observateurs dans 16 provinces sur 26, la SADC a constaté que «59% des bureaux de vote» qu'elle a observés «ont ouvert à l'heure». «En moyenne les autres ont ouvert avec un retard de 45 minutes à cinq heures». Les scrutins ont été organisés sur l'ensemble de la RDC, hormis les territoires de Beni, Butembo (est) et Yumbi (ouest) où ils ont été reportés officiellement pour des raisons sanitaires et sécuritaires.
Lundi, la mission d'observation électorale de la puissante Église catholique, qui affirme avoir déployé près de 40.000 observateurs, a fait part d'anomalies dans le déroulement du dépouillement. La Commission électorale a indiqué qu'elle publierait les résultats provisoires au plus tard dimanche 6 janvier. La présidentielle doit désigner le successeur du président Joseph Kabila, contraint par la Constitution à ne pas se représenter après 18 ans au pouvoir.
Otric N.
Le nouveau président de la Fédération camerounaise de football (Fecafoot) vient de convoquer une réunion de travail avec le président de la ligue, Pierre Semengue, afin de trouver une issue à la crise qui hante l’institution.
Seidou Mbombo Njoya est déjà au travail. Le président de la fédération camerounaise de football est préoccupé par la crise qui perdure au sein de la ligue de football professionnel du Cameroun (LFPC). C’est dans cet ordre d’idée qu’il a adressé une correspondance le 26 décembre 2018 à Pierre Semengue président de la Ligue de Football Professionnel du Cameroun (LFPC), pour une rencontre de travail le 03 janvier 2019. Une séance de travail élargie aux présidents des clubs des championnats Elite One et Two à ladite réunion»,
«Il se trouve que la Ligue de football professionnel du Cameroun connait des problèmes. Ce sera l’occasion d’échanger sur lesdits problèmes et de faire une prise de contact», a indiqué le nouveau président de la Fédération Camerounaise de Football (FECAFOOT) à Yaoundé, après s’être entretenu avec le président du Comité National Olympique et Sportif du Cameroun, Hamad Kalkaba Malboum.
Reste maintenant à espérer que définitivement la crise soit résolue et que la ligue de football professionnel du Cameroun (LFPC) reprenne sa marche vers l’avant.
Seidou Mbombo Njoya est devenu le nouveau président de l’instance faîtière du football camerounais, après environ un an et demi de normalisation. L’homme ambitionne de reprendre le flambeau d’un mandat qu’il a placé sous le signe de la «modernisation du football camerounais». Ses prises de parole sont rares, tout comme ses apparitions publiques. Il ne s’est officiellement exprimé qu’à deux reprises depuis l’annonce de sa candidature le 30 novembre dernier.
Mais si les médias se sont peu délectés des déclarations de ce quinquagénaire, son retour à la Fécafoot était cependant un secret de polichinelle, tant la rumeur bruissait dans les couloirs. Car si son nom n’évoque pas grand-chose dans l’histoire du football camerounais, Seidou Mbombo Njoya n’a jamais été très loin des cercles de décision. «Il a grandi dans le sport en général et le football en particulier», commente un cadre de la Fécafoot, interrogé par Jeune Afrique.
C’est en effet dans le cercle familial que l’ancien promoteur de la Loterie nationale du Cameroun (Lonacam) a fait ses premiers pas dans le milieu du football. Notamment grâce à son père, Ibrahim Mbombo Njoya, l’influent sultan des Bamouns, ancien ministre de la Jeunesse et des Sports nommé dans trois gouvernements différents par Paul Biya.
Une carrière dédiée au sport qu’il démarra lui aussi par un passage à la Fécafoot, qu’il dirigea entre 1961 et 1964. À ce poste, il avait alors désigné un certain Issa Hayatou comme secrétaire général, illustre inconnu à cette époque qui deviendra plus tard le président de la Confédération africaine de football (CAF).
Le nouveau président de la Fécafoot se défend cependant d’être un parachuté. Il en veut pour preuve sa longue carrière dans le milieu du football camerounais. Un passage à la tête de l’équipe du Fédéral Sporting FC du Noun à Foumban, avant de devenir responsable de la commission internationale de la Fécafoot, deuxième vice-président du conseil d’administration de l’instance en 2011, puis premier vice-président de Mohammed Iya en 2013. « Il a fait toutes ses classes. Il maîtrise la gestion de ces affaires », confie un proche.
Otric N.
Le gouvernement somalien a ordonné à l'émissaire des Nations unies pour la Somalie de quitter le territoire, en l'accusant d' «ingérence délibéré» dans sa souveraineté.
Cette décision survient quelques jours après que ce responsable, Nicholas Haysom, eut exprimé son inquiétude face aux agissements des forces de l'ordre, qui bénéficient du soutien de l'ONU, dans des violences récentes ayant fait plusieurs morts. «Le représentant spécial du secrétaire général de l'ONU pour la Somalie, Nicholas Haysom, n'est plus le bienvenu en Somalie et ne peut plus travailler dans le pays», a déclaré mardi soir le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué relayé par l’AFP.
La mission de l'ONU en Somalie n'a pas réagi dans l'immédiat à cette décision. M. Haysom, avocat sud-africain et diplomate expérimenté, a été nommé à ce poste en septembre 2018. Il était auparavant émissaire des Nations unies pour le Soudan et le Soudan du Sud. Du 13 au 15 décembre, les forces de sécurité somaliennes ont employé la manière forte pour mettre fin à trois jours de manifestations dans la ville de Baïdoa (sud-ouest), au cours desquelles quinze personnes ont été tuées et quelque 300 autres arrêtées, selon l'ONU.
Les manifestants protestaient contre l'arrestation d'un ancien haut responsable des islamistes radicaux somaliens shebab, Muktar Robow, briguant la présidence de leur Etat du Sud-Ouest (South West State). Actuellement, la Somalie compte cinq États fédérés, sans parler du Somaliland (nord) qui a proclamé son indépendance et ne reconnaît pas le gouvernement central. Les relations entre ces Etats fédérés et le gouvernement central sont souvent tendues, les premiers, réclamant plus d'autonomie tandis que le second est soucieux de ne pas voir son pouvoir se diluer.
Muktar Robow avait publiquement fait défection des shebab en août 2017. Mais à une semaine de l'élection régionale, le gouvernement fédéral l'avait arrêté, l'accusant d'avoir organisé une milice à Baïdoa et de n'avoir jamais renoncé à ses idéologies extrémistes. C'est finalement un ex-ministre proche de l'actuel gouvernement, Abdiaziz Hassan Mohamed, qui a remporté l'élection, en l'absence de Muktar Robow, toujours en détention provisoire à Mogadiscio.
La mission de l'ONU en Somalie est chargée notamment de soutenir les efforts de paix et de renforcer les institutions gouvernementales dans ce pays ravagé par des décennies de guerre civile. A ce titre, les Nations unies aident les forces de police, notamment en finançant leur logistique, leurs uniformes, leur formation et même une partie de leur salaire.
Dans un courrier adressé au gouvernement somalien le 30 décembre, M. Haysom demandait des explications sur la légalité de l'arrestation de Muktar Robow et appelait à une enquête sur la répression policière. M. Haysom y rappelait que le soutien de l'ONU à toute force de police était conditionné au respect des droits de l'Homme. La mission de l'ONU avait auparavant pu visionner une vidéo dans laquelle le chef de la police régionale menaçait toute personne désireuse de manifester sans autorisation d'être visée par balle dans les fesses.
Le chef de la mission avait joint des annexes à son courrier, notamment une note de l'Union européenne, la Grande-Bretagne et l'Allemagne annonçant la suspension de leur aide à l'Etat du Sud-Ouest. Les bailleurs de fonds y appellent à une réunion pour discuter, entre autres, «de la manière d'améliorer le comportement de la police et le respect des droits humains».
La mission de l'ONU en Somalie, tout comme celle de l'Union africaine (Amisom) et les nombreuses ONG à pied d'oeuvre dans le pays travaillent dans un environnement sécuritaire compliqué.
Mardi, trois personnes ont été blessées, dont deux employées de l'ONU, dans l'explosion d'un obus de mortier sur leur base de Mogadiscio. Chassés de Mogadiscio en 2011, les shebab ont ensuite perdu l'essentiel de leurs bastions. Mais ils contrôlent toujours de vastes zones rurales d'où ils mènent des opérations de guérilla et des attentats-suicides y compris dans la capitale, contre des objectifs gouvernementaux, sécuritaires ou civils. Ils ont juré la perte du gouvernement somalien, soutenu par la communauté internationale et par les 20.000 hommes de l'Amisom.
Otric N.