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International Crisis Group considère la crise anglophone comme l'un des dix conflits à surveiller en 2019 dans le monde

vendredi, 04 janvier 2019 21:23 Mfoungo

Tanda Theophilus, chercheur pour l'ONG International Crisis Group (ICG), estime que ni le gouvernement, ni les groupes séparatistes n'ont l'intention de dialoguer aujourd'hui, une étape pourtant indispensable selon lui pour que la situation s'améliore.

«Nous sommes confrontés clairement à une multitude de groupes distincts, mais qui coopèrent de temps en temps. Depuis peu, ces groupes se battent entre eux, ce qui affaiblit davantage la partie séparatiste au profit de l’armée qui avance. Nous avons vu le gouvernement par intérim de l'Ambazonie donner l'ordre de kidnapper un chef combattant dans le département du Moungo qui a été retenu pendant des mois, ce qui a facilité l’avancement de l’armée camerounaise qui a pu tuer le général ambazonien, Amigo. Ce qui fait que nous sommes en face d’une multitude de groupes qui s’entretuent, qui ne parviennent pas s’entendre», explique-t-il dans une interview accordée àRFI.

Pour lui, le fait que les groupes sécessionnistes ont la maîtrise du terrain ne facilite pas la tâche aux forces de défense. «Ils ont des campements dans la forêt. Ils frappent et ils retournent dans la brousse ou dans la forêt. Le soutien de la population rend la tâche également difficile pour l’armée. Il aurait été profitable pour l’armée et l’Etat de façon générale d’engager des mesures d’apaisement et de séduction de la population. Mais jusqu’ici, c’est cette même population qui parvient à faire survivre les séparatistes».

Selon cet expert, le processus de désarmement-démobilisation-réinsertion (DDR) est une partie de la solution si c’est sincère. «Il faudrait que l’armée cesse les exactions sur les populations, surtout sur les populations civiles, pour bâtir un certain degré de confiance».

Dans les régions anglophones du Cameroun, beaucoup n'ont pas pu célébrer le passage à la nouvelle année comme ils l'auraient souhaité. Les violences liées à la crise y sont quasiment quotidiennes comme à Bamenda. En fin de semaine dernière, un caporal de l'armée a ainsi été enlevé et tué. Pas de foule dans les rues pour célébrer le Nouvel An ce 31 décembre à Bamenda, dans la région camerounaise et anglophone du Nord-Ouest. Même si le couvre-feu a été levé pour la période des fêtes, les habitants sont peu nombreux à se risquer dehors une fois la nuit tombée.

Les violences sont également quotidiennes dans l'autre région anglophone du Cameroun, le Sud-Ouest. Selon RFI, le groupe armé Socadef, actif dans cette zone, rappelle que la seule solution possible est politique. Mais son chef exige toujours de négocier en présence d'une instance internationale ou d'un pays étranger et tient à ce que les discussions aient lieu hors du Cameroun. Cette option n'est pas envisagée par les autorités de Yaoundé.

International Crisis Group estime qu'au moins 500 civils et plus de 200 membres des forces de sécurité ont été tués depuis le début des violences. L'ONG considère d'ailleurs que cette crise anglophone est l'un des dix conflits à surveiller en 2019 dans le monde. Cette crise a été largement évoquée le 31 décembre par le président dans son discours de voeux. Paul Biya s'est dit conscient des conséquences pour les populations et a de nouveau appelé les groupes séparatistes à déposer les armes.

Otric N.

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