Lors de son discours de fin d’année, le Chef de l’Etat Cyril Ramaphosa, a fait des promesses fortes à ses concitoyens, afin de marquer la différence avec l’ère de Jacob Zuma.
C’est ainsi que depuis le 1er janvier, dernier, des millions de travailleurs sud-africains vont bénéficier à partir de l'entrée en vigueur d'un salaire minimum. Un engagement pris par le président, à cinq mois des élections générales que d’aucuns jugent délicates, dans un pays qui se débat avec une croissance molle et un chômage record.
«Des millions de travailleurs sud – africains en bénéficieront - C’est le résultat de nombreuses décennies de lutte sans relâche et une démonstration éclatante de la détermination commune à tous les partenaires sociaux à s’attaquer à la pauvreté et à l’inégalité », a précisé Cyril Ramaphosa. Le Congrès national africain ANC, au pouvoir, espère que cette mesure va séduire sa base électorale traditionnelle de pauvres des townships et des zones rurales.
Le salaire minimum, d’un montant de 20 rands l’heure (1,39 dollar, 1,21 euro), soit 3 500 rands par mois, devrait bénéficier à quelque 6 millions de travailleurs. Selon le gouvernement, il va profiter à 70 % des travailleurs agricoles et à 90% du personnel de maison. Les entreprises en difficulté financière seront dispensées de l’appliquer. Son instauration est une première en Afrique du Sud, qui possède l’économie la plus industrialisée du continent.
Critiques de l’opposition et de syndicats
L’instauration d’un salaire minimum a été vivement critiquée par l’opposition et plusieurs syndicats. Le principal parti d’opposition, l’Alliance démocratique (DA), avait voté contre le salaire minimum, estimant qu’il allait se traduire par « d’importantes pertes d’emplois ».
Le parti de gauche radicale des Combattants pour la liberté économique (EFF) avait quant à lui, comme plusieurs syndicats, estimé que son montant était insuffisant. La deuxième fédération syndicale du pays, la Saftu, a dénoncé « un salaire d’esclave ». Mais la plus grande centrale syndicale d’Afrique du Sud, la Cosatu, a salué « une injection importante d’argent dans les poches des travailleurs ».
Promesses de relance économique
Ancien syndicaliste reconverti en homme d’affaires à succès, Cyril Ramaphosa, qui a pris les rênes du pays en février après la démission du très controversé Jacob Zuma, avait promis de relancer l’économie. Les analystes économistes et autres experts en service à l’Institut national de la statistique (StatsSA), ont affirmé le 4 décembre 2018, que l’Afrique du Sud est officiellement sortie de la récession, après avoir enregistré une croissance de 2,2%, au troisième trimestre de cette année. Le produit intérieur brut (PIB) du pays avait reculé de respectivement 2,6 % et 0,7 % aux premier et deuxième trimestres, illustrant la mauvaise santé de son économie.
L’économie sud-africaine se débat depuis des années avec une croissance molle et un taux de chômage record de 27%. Elle a enregistré une croissance de 1,3% en 2017 (+0,6% en 2016) et les analystes anticipent un chiffre de 1,8% pour 2018.
Nicole Ricci Minyem