Sa sortie, depuis l’annonce de l’acquittement de l’ancien Chef de l’Etat ivoirien, est considérée comme l’une des plus fracassantes. Kandia Camara ancienne-secrétaire générale du Rassemblement des républicains (RDR) n’y est pas allée du dos de la cuillère, pour asséner ses vérités au président du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI-RDA), Henri Konan Bédié.
C’était lundi dernier, au Palais de la Culture de Treichville, l’ancienne secrétaire générale du défunt Rdr, a ouvertement tenu pour responsable des crises successives qu’a connues la Côte d’Ivoire depuis le décès d’Houphouët Boigny, Henri Konan Bédié, lui aussi ancien président ivoirien.
A l’entendre parler, le successeur de Feu Houphouët-Boigny, aurait mal géré l’héritage à lui confié par son prédécesseur. La Péré nationale lui aurait recommandé de marcher sur les pas d’Abdou Diouf.
Ce dernier selon elle aurait tenu avec brio l’héritage de son prédécesseur, premier président sénégalais, Léopold Sédar Senghor : « Je voudrais dire au président Henri Konan Bédié, d'aller demander conseil au président Abdou Diouf au Sénégal. Parce que s'il n'y a pas eu de coup d'État au Sénégal, s'il n’y'a pas eu de rébellion, s'il n'y a pas eu de guerre, c'est parce que le président Abdou Diouf a su gérer l'héritage du président Senghor. Si lui Bédié avait su gérer l'héritage d’Houphouët, il n'aurait pas eu de coup d'État en Côte d'Ivoire, il n'aurait pas eu de rébellion, il n'aurait pas eu de guerre, il n'aurait pas eu de réfugiés, il n'aurait pas eu d'ivoiriens à la CPI, il n'aurait pas eu de femmes violées. S'il y'a eu toutes ces crises, c'est parce que lui Bédié a mal géré l'héritage du père Houphouët-Boigny », a-t-elle craché au président du PDCI-RDA.
Le président Henri Konan Bédié, faut-il le rappeler fut président de la Côte d’Ivoire entre 1993 et 1999. Il fut éjecté du fauteuil présidentiel à la suite d’un coup d’Etat mené par des mutins en colère. Depuis lors, la Côte d’Ivoire connaîtra une succession de crises politico-sociales qui va déboucher sur la rébellion du 19 septembre 2002 sous Laurent Gbagbo. En 2010, après 8 années de crises politico-militaires, Bédié et Ouattara se mettent ensemble pour faire tomber Laurent Gbagbo, lors des élections présidentielles.
La crise post-électorale qui surviendra au lendemain de ce scrutin présidentiel fera officiellement 3 000 morts, de nombreux dégâts matériels. Plusieurs cadres favorables à Laurent Gbagbo sont contraints à l’exil. L’ancien président Laurent Gbagbo lui sera traduit devant la Cour pénale internationale. Après 7 années de détention, 2 années de procès, 82 témoins à charge, il sera acquitté le mardi 15 janvier 2019, des lourdes charges qui pesaient contre lui.
Pendant ce temps à Abidjan, les alliés d’hier s’entre-déchirent. Le torchon brûle entre les présidents Ouattara et Bédié. Guillaume Soro va devoir dire adieu à son poste de président de l’Assemblée nationale. Sa démission est attendue courant février.
Nicole Ricci Minyem
À la suite des arrestations arbitraires massives de manifestants dans plusieurs villes du Cameroun le 26 janvier, Samira Daoud, directrice adjointe du programme Afrique de l’Ouest et Afrique centrale à Amnesty International, a déclaré :
« Les autorités camerounaises doivent libérer immédiatement et sans condition les manifestants détenus uniquement pour avoir exercé leur droit de manifester sans violence pendant le week-end. Nul ne devrait être arrêté au seul motif qu’il s’est exprimé.
« La répression contre les manifestants pacifiques dans plusieurs villes sapent les droits à la liberté d’expression et de réunion pacifique au Cameroun. Les autorités doivent mettre fin à cette répression et respecter leurs obligations constitutionnelles et internationales en matière de droits humains.
« Les manifestations pacifiques sont systématiquement interdites au Cameroun dans le but d’étouffer toute dissidence ; plus de 100 manifestants ont été arrêtés au cours du week-end.
« Plusieurs manifestants, dont un avocat et un militant, ont été roués de coups et blessés par les tirs des forces de sécurité. Il faut mener dans les meilleurs délais une enquête rigoureuse, impartiale et indépendante sur les attaques visant les manifestants pacifiques et déférer à la justice tous les responsables présumés. »
Samedi 26 janvier, le Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC), parti d’opposition de Maurice Kamto, arrivé second lors de l’élection présidentielle d’octobre 2018, a appelé à manifester ou à organiser des « marches blanches » dans tout le pays pour contester les fraudes massives qui auraient entaché le processus électoral.
Les forces de sécurité, face à ces manifestations qui n’étaient pas autorisées, ont recouru à une force excessive contre les manifestants. Sept personnes ont été blessées par des coups de feu dans la ville de Douala, tandis que d’autres manifestants ont été roués de coups.
Plus d’une centaine de manifestants ont été arrêtés à Douala, Yaoundé, Dschang, Bafoussam et Bafang. Une cinquantaine ont été libérés le lendemain et les autres ont été placés en détention administrative.
René Emmanuel Sadi, porte-parole du gouvernement, a nié toute utilisation de balles réelles contre les manifestants. Cependant, on peut voir sur les réseaux sociaux des vidéos de tirs à l’arme automatique à Douala et un policier anti-émeutes tirer dans les jambes d’un manifestant.
Arrêtés à Douala le 28 janvier 2019, Maurice Kamto, le président du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC), ses soutiens, Albert Dzongang et Christian Penda Ekoka, ainsi que de Célestin Djamen secrétaire national aux droits de l’homme et à la gouvernance du même parti, ont été conduits à Yaoundé, sous forte escorte des éléments des forces de l’ordre.
Ils vont retrouver d’autres militants et sympathisants du MRC, déjà interpellés par la police, la veille et trois jours plus tôt. Il s’agit entre autres d’Alain Fogué Tedom, trésorier national du parti, le rappeur Valséro, Gaston Serval ABE de son vrai nom, et l’ancien maire de Njombé-Penja, Paul Éric Kingué.
Pour l’heure, les motifs des arrestations n’ont pas été notifiés à Maurice Kamto et ses partisans; à l’exception d’Alain Fogué, interpellé pour «insurrection et de destruction des biens ».
« Nous n’avons aucun motif en dehors de celui du Pr Alain Fogue Tedom. Pour le reste, c’est flou. Il s’agit en réalité, des arrestations à caractère politique qui visent à décapiter une force politique qui est née», commente Olivier Bibou Nissack, porte-parole de Maurice Kamto.
Otric N.
Depuis plusieurs semaines, un débat fait surface principalement à Yaoundé : "Est-ce que le prix exorbitant demandé par l’école américaine Asoy, dans le quartier du Lac, est justifié ?
Autre question : le lycée français Fustel de Coulanges, beaucoup moins onéreux, est-il à la hauteur des attentes des étudiants, qu’ils soient expatriés ou locaux ?"
Pour le savoir, nous avons enquêté sur le terrain, auprès des famille des étudiants, mais aussi en regardant de plus près les infrastructures et les membres du corps électoral.
Une année au lycée américain peut coûter jusqu’aux alentours de 30000 dollars par an et par étudiant. Pour ce prix là, les infrastructures sont parmi les meilleures du pays. Les bâtiments sont propres, il y a du matériel en suffisance, le gymnase paraît comme neuf et le système éducatif dit, à l’américaine, pourrait permettre aux étudiants d’envisager des études supérieures aux Etats-Unis. Voilà pour le positif.
Pour le négatif : les professeurs d’ASOY sont, comme l’on dit en français, des volontaires internationaux. En général ils ont à peine la vingtaine et sorte à peine de l’école. Ils viennent au Cameroun avant tout pour vivre une expérience « tropicale » et leur niveau d’enseignement ou de tenue de classe est souvent décrite comme « loin d’être excellente. » En conclusion: les infrastructures sont bonnes, l’encadrement éducatif l’est moins. Et le prix, largement sur-côté, semble avant tout être si élevé pour faire croire à l’excellence académique.
Quid du lycée Fustel de Coulanges ? Ici, c’est tout l’inverse de ce qui est proposé par les américains. Le lycée français est, techniquement, dans un sale état. Il n’est vraiment pas beau à voir à tel point que la France devrait en avoir honte. Les salles sont petites, parfois insalubres, et les conditions d’enseignements ne sont pas du meilleur niveau. Bien entendu, il faut relativiser ceci avec les autres écoles camerounaises qui sont encore largement en-deçà de cette réalité.
Au lycée français, donc, rien de nouveau: ni les infrastructures… Ni les professeurs ! Et c’est d’ailleurs là le point fort de ce système d’enseignement !
Les professeurs du lycée français sont de vrais professionnels. Certains sont français, d’autres des camerounais ayant faits leurs études en France, tous ayant un niveau de transmission éducative de très bonne qualité. Et les résultats scolaires s’en ressentent: que ce soit les enfants d’expatriés ou les camerounais: le taux de réussite scolaire est excellent.
Le tout, pour un tarif annuel bien moins prohibitif que le lycée américain: il faut compter dans les 3000 euros l’année scolaire, soit 10 fois moins qu’à l’école américaine.
Enfin, cet article serait incomplet si nous ne citions pas l’école Rainforest International qui, elle, offre une éducation 100% britannique. Les frais de scolarité peuvent y atteindre les 15.000 dollars. Ses infrastructures ne sont pas toutes neuves (mais restent acceptables) et le niveau scolaire n’est pas des plus mauvais non plus. Notons que c’est une école chrétienne totalement anglophone.
Au final : une seule question se pose aux parents… que vaut-il mieux pour l’éducation de vos enfants: une école moderne et chère avec un système éducatif de très faible qualité… Où une école vieillotte à prix abordable, pour un enseignement d’excellence ? Le débat est ouvert.
Le Ministre des Relations extérieures a reçu en audience le lundi, 28 Janvier 2019, S.E. Gilles THIBAULT, Ambassadeur de la République Française au Cameroun avec qui, il s‘est entretenu sur les graves incidents survenus à l’Ambassade de la République du Cameroun en France.
Il a tenu à exprimer à l’Ambassadeur Gilles THIBAULT, les vives préoccupations du gouvernement camerounais par rapport à la protection de ses immeubles diplomatiques sur le territoire français et l’a chargé de transmettre les vives protestations, l’émoi et l’incompréhension du gouvernement et du peuple camerounais sur la survenance de ces incidents, malgré la saisine le 22 janvier dernier du ministère français de l’Europe et des Affaires Etrangères. Par la suite, il a remercié les autorités françaises pour les dispositions prises en vue de l’évacuation des casseurs de l’enceinte des locaux diplomatiques du Cameroun à Paris et a réitéré les sollicitations des hautes autorités camerounaises pour une protection plus accentuée des chancelleries diplomatiques et consulaires camerounaises en France.
Lors des échanges, l’Ambassadeur de la République Française a fourni des explications utiles sur le dispositif initialement mis en place pour la protection des missions diplomatiques, les mesures prises ce jour-là et sur le retard observé dans l’intervention des forces françaises de maintien de l’ordre lesquelles, étaient engagées dans des opérations similaires dans le cadre des manifestations organisées par les « Gilets jaunes ». A cet égard, il a fermement condamné les actes de violence enregistrés à l’Ambassade du Cameroun et a indiqué que les autorités françaises ont dorénavant mis en place un dispositif renforcé pour assurer la sécurité des dits immeubles diplomatiques.
Enfin, il a souligné que la France ne soutient pas les organisateurs de ces actions, encore moins leur leader et a promis d’œuvrer de concert avec les autorités camerounaises compétentes, pour que les procédures judiciaires y relatives puissent se dérouler sans encombre. Cette situation ne doit en aucun cas affecter les excellentes relations de coopération existant entre nos deux pays.
L’audience s’est déroulée en présence de Son Excellence Félix MBAYU, Ministre Délégué chargé de la coopération avec le Commonwealth, des Directeurs en charge des Affaires d’Europe, de la Communication, de la Documentation et des Archives Diplomatiques.
En lieu et place de la plaidoirie des avocats annoncée pour le compte de la 27è journée du procès ICC-Services, c’est à un renvoi que nous avons eu droit ce Mardi 29 Janvier 2019, suite à une correspondance des avocats de la partie civile demandant la comparution de certaines personnalités ayant agi dans le dossier pour le compte de l’Etat.
C’est Me Anani Kassa qui revient à la charge suite aux protestations formulées par les avocats des accusés et de l’Etat. Pour lui, la demande de comparution de l’Etat est fondée : « L’Etat béninois qui fait office de partie civile dans ce procès n’a pas daigné comparaître devant la cour pour déposer », a-t-il déploré.
C’est sur invitation de la cour, précise-t-il, que certains fonctionnaires qui ont commis des actes au nom de l’Etat sont venus déposer. Lors des dépositions, il y a eu un rapport du comité de suivi qui est déposé et non signé. La cour a demandé que diligence soit faite pour lui apporter un rapport signé. Mais depuis, rien, s’indigne-t-il. Il sera soutenu par Me Agathe Afougnon, qui martèle que l’Etat doit s’expliquer dans ce dossier dans lequel, il a failli.
Me Alain Orounla viendra en renfort, qui estime qu’il n’est pas question d’écouter les autres comités mis en place dans le cadre de la gestion de ce dossier sans écouter la commission spéciale d’enquête qui est au cœur de la procédure. J’ajoute qu’il est apparu au cours du procès, la perte d’une bagatelle somme de 27 Milliards de FCFA, et dont, seule la commission autonome d’enquête judiciaire est responsable puisqu’il y a eu des perquisitions avec procès verbaux non signés avec la présence inopportune du DGPN et d’autres hauts gradés de l’armée qui étaient venus perturber les perquisitions soutient-il : « Je crois que l’Etat est interpellé parce que l’activité des promoteurs de ICC-Services est délictueuse au regard des taux promis. Et si l’Etat tente de les aider à obtenir l’agrément, c’est donc clair que la responsabilité de l’Etat est engagée » a-t-il laissé entendre.
Après une courte suspension pour se concerter, la cour de répression des infractions économiques et du terrorisme a cédé à la requête des avocats de la partie civile en demandant la convocation des personnes physiques exigées par la partie civile. Le procès fut alors suspendu pour reprendre le Jeudi 31 Janvier 2019.
Les déposants de la structure illégale de collecte de fonds et de placement ICC-Services sont à considérer comme des victimes du système mis en place par Guy Akplogan et consorts. C’est du moins la thèse soutenue le 24 Janvier 2019, par Hermann Meton, l’une des victimes d’ICC-Services accueilli à la barre.
Balayant du revers de la main, l’idée selon laquelle, les déposants de cette structure illégale sont victimes de leur cupidité, Hermann Meton, affirme que si les populations avaient été mises en garde par les autorités de la fragilité du système, elles n’auraient jamais déposé leur argent dans cette structure.
Nicole Ricci Minyem
Depuis sa création en 2016, l’Observatoire national de la jeunesse (ONJ) a enregistré seulement 771 056 jeunes âgés entre 15 et 35 ans. Des milliers de projets notamment dans l’agriculture, l’élevage, l’économie numérique, etc., ont bénéficié d’un apport du plan triennal jeunes par la voie de l’Onj.
Au sortir du 3ème comité de pilotage de l’Onj présidé par Mounouna Foussou, le ministre de la Jeunesse, ce 28 janvier à Yaoundé, une trentaine de membres, représentants des administrations ministérielles et organismes en faveur de l’emploi des jeunes, se sont accordés en plénière sur la nécessité pour l’observatoire de se positionner véritablement comme un instrument de veille stratégique sur les questions de jeunesse.
L’Onj devra aussi être, un cadre de contrôle, de coordination et de facilitation de l’accès des jeunes aux institutions, programmes et projets dont l’action aurait une incidence sur l’éducation, leur insertion sociale, leur promotion économique.
Armand Dominique Mveme Atangana, coordonnateur national de l’Onj, explique la faiblesse de ces chiffres par de nombreux problèmes rencontrés au cours de l’exercice 2018. Il note entre autres:
Le climat socio-politique instable dans les régions du Nord et du Sud-Ouest; Le retard dans la mise à disposition des financements du plan triennal « spécial jeunes »; L’insuffisance des ressources financières, techniques et humaines de fonctionnement pour la réalisation des projets; La faible remontée des données sur la mobilisation et le référencement au niveau de la coordination nationale; Le faible engouement des partenaires, etc.
Les domaines les plus prisés par les jeunes chercheurs d’emploi sont l’agriculture, l’élevage et l’économie numérique.
Avec pour principale mission, l’organisation des rencontres entre les demandes d’emploi jeunes et les offres de services en leur faveur, l’Observatoire National de la Jeunesse (Onj) a du mal à se faire connaitre. Et pourtant, chaque année, elle offre la possibilité aux jeunes camerounais de : Bénéficier du financement pour leurs projets; Trouver un emploi ; Bénéficier d’une formation professionnelle, etc.
En 2018, alors que la barre était fixée à 500 000 jeunes, 136 642 jeunes se sont faits enregistrés et redirigés vers les différents programmes auxquels ils avaient souscrit. Soit un taux de réalisation de 27,32%.
Il faut d’abord rappeler que la mission de la plateforme de l’Observatoire National de la Jeunesse est de mobiliser les jeunes et de mettre à leur disposition des informations utiles à leur insertion sociale et économique. L’Onj est en fait une cartographie nominale de médiation et d’intermédiation en faveur des jeunes. Cet Observatoire est une réponse à la difficulté de coordonner et d’harmoniser l’offre des projets et programmes gouvernementaux à destination des jeunes et la demande des jeunes.
C’est pourquoi, après la très haute prescription du Plan Triennal « Spécial-Jeunes » par le Chef de l’Etat, le ministre de la Jeunesse et de l’Education Civique a pensé à mettre en place un outil qui devrait faciliter la gestion des questions relatives à l’insertion socio-économique des jeunes. Il s’agit d’un outil d’aide, non seulement pour les décideurs mais aussi un outil de visibilité et de lisibilité de l’ensemble des actions des acteurs qui travaillent sur les questions de jeunesse.
Otric N.
Le président du Soudan Omar el-Béchir a prolongé ce lundi un cessez-le-feu unilatéral décrété dans les Etats en conflit du Nil Bleu et du Kordofan-Sud, a rapporté un média d'État et d’autres organes de presse, alors que le pays est secoué par une vague de manifestations contre son pouvoir.
Cette décision du chef de l’État soudanais intervient au moment où les organisateurs de la contestation ont appelé à des manifestations dans les zones de conflit dont celles comprises dans ces deux États : « Notre priorité est de ramener la paix dans cette région et nous engagerons tous les efforts pour le faire », a déclaré Omar el-Béchir, en uniforme militaire en s’adressant à ses partisans à Kadougli, capitale du Kordofan-Sud, un Etat ravagé depuis 2011 par un conflit entre des rebelles et les forces gouvernementales.
Outre au Kordofan-Sud, le président soudanais a décidé de prolonger le cessez-le-feu dans l’État du Nil Bleu au sud-est, selon l’agence de presse officielle soudanaise Suna. Depuis le mois de juin 2016, le régime soudanais avait décrété des trêves dans ces deux régions, où des combats entre forces gouvernementales et rebelles ont fait des dizaines de milliers de morts et poussé à la fuite des millions de personnes. Ces rébellions se sont produites après la sécession du Soudan du Sud en 2011.
Même s’il continue de diriger son pays, le Président Omar el- Béchir est sous le coup de deux mandats d’arrêt, de la Cour pénale internationale, pour crimes de guerre, crimes contre l’humanité en 2009 et génocide (2010) au Darfour.
Le conflit dans cette région de l’ouest du Soudan, qui a diminué en intensité ces dernières années, a fait plus de 300 000 morts et 2,5 millions de déplacés selon l’Organisation des Nations Unies.
Crise économique et pénuries
Miné par une crise économique et des pénuries, le Soudan est secoué depuis le 19 Décembre par des manifestations quasi quotidiennes, déclenchées par la décision du gouvernement de tripler le prix du pain.
L’association des professionnels soudanais, fer de lance de la contestation contre le président soudanais, a appelé aussi à des manifestations au Darfour, au Nil-Bleu au Kordofan-Sud et dans d’autres États et camps de déplacés.
Ces manifestations doivent « montrer que notre peuple rejette la dictature », a indiqué dimanche cette organisation dans un communiqué.
Selon un bilan officiel, 30 personnes ont trouvé la mort lors de ces manifestations, les ONG de défense des droits humains évoquant de leur côté au moins 40 morts.
Omar el-Béchir a toujours rejeté toute responsabilité des forces de sécurité dans la mort de manifestants, imputant les violences à des « conspirateurs » et dimanche au Caire, il a accusé « les médias » d’exagérer l’ampleur de la contestation au Soudan.
En rappel, les manifestants à travers leurs revendications, ont brandi le drapeau soudanais et des banderoles sur lesquelles était écrit « paix, justice, liberté », un des slogans du mouvement qui a éclaté le 19 décembre, après la décision du gouvernement de tripler le prix du pain.
Nicole Ricci Minyem
Le Parlement grec a validé vendredi le nouveau nom de la Macédoine, mettant un terme à près de 30 ans de dispute avec ce petit pays voisin et lui ouvrant les portes de l'Union européenne et de l'Otan.
153 députés sur 300 ont voté en faveur de l'accord conclu en juin entre Athènes et Skopje, qui rebaptise l'«Ancienne république yougoslave de Macédoine» (ARYM) en République de Macédoine du Nord. 146 se sont prononcés contre.
L'accord a été salué par plusieurs responsables de l'Union européenne et de l'Otan, tandis que le Premier ministre grec Alexis Tsipras parlait d'un «jour historique» ouvrant «une nouvelle page» pour les Balkans. Il est, avec son homologue macédonien Zoran Zaev, le principal artisan de cet accord qui œuvre selon lui «pour l'amitié, la coopération et la paix».
Une victoire historique
Le chef du gouvernement macédonien a également salué une «victoire historique», et a félicité son «ami» Alexis Tsipras. «Ensemble avec nos peuples, nous avons remporté une victoire historique. Vive l'accord de Prespa ! Pour une paix éternelle et le progrès des Balkans et en Europe», a-t-il tweeté.
Validé le 11 janvier par le Parlement macédonien, le texte a été adopté par la chambre grecque après 40 heures de débats houleux. Un élu d'extrême droite a crié «Non à la trahison !» en votant «non». L'annonce des résultats par le président de la chambre, Nikos Voutsis, a en revanche été applaudie par les députés du parti de gauche Syriza d'Alexis Tsipras.
Au-delà de la question du nom, l'accord dit de Prespes permet de lever un obstacle de taille à l'entrée dans l'UE et l'Otan de cette ancienne république yougoslave, coincée entre l'Albanie, le Kosovo, la Serbie, la Bulgarie et la Grèce. Athènes avait mis son veto à ces adhésions tant que l'accord ne serait pas ratifié.
Mission impossible accomplie
Saluant une étape cruciale, le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, s'est félicité que «les deux pays (aient) saisi cette occasion unique qui (...) impulsera un nouvel élan à la perspective européenne dans la région». «Mission impossible accomplie», a tweeté Donald Tusk, le président du Conseil européen. Dans un tweet, le président français Emmanuel Macron «salue le vote, un exemple de courage et d'unité pour l'Europe».
Le secrétaire général de l'Otan, Jens Stoltenberg, a déclaré «attendre avec impatience l'adhésion à l'Otan de la future République de Macédoine du Nord», saluant la «contribution importante» d'Athènes à la stabilité et à la prospérité de toute la région. La mise en œuvre de l'accord (...) renforcera la paix et la sécurité dans la région et donnera un nouvel élan aux efforts de réconciliation en Europe et au-delà», s'est réjoui le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres.
«Les Etats-Unis soutiennent cette réussite marquante qui va promouvoir la stabilité et la prospérité dans les Balkans», s'est également félicité John Bolton, le conseiller à la sécurité nationale de la Maison Blanche. La Grèce devra dans les prochaines semaines approuver le protocole d'adhésion de Skopje à l'Otan, avant ratification par les Etats membres, selon l'analyste Maximilien Lambertson de l'Economic Intelligence Unit.
Une forte opposition
Mais le texte gréco-macédonien, signé le 17 juin sous l'égide de l'ONU, est loin d'être anodin pour la population en Grèce, où la mobilisation n'a pas faibli contre le nouveau nom de la Macédoine. «L'accord n'est pas passé pour les Grecs, il est illégal, il n'a pas eu suffisamment de voix au Parlement», s'est insurgée Konstantina Farmaki, une historienne grecque venue d'Autriche pour manifester vendredi.
Dimanche, de violents incidents avaient éclaté au cours d'un rassemblement de 60.000 à 100.000 protestataires sur la place Syntagma, devant le Parlement. Le gouvernement avait pointé du doigt des extrémistes du parti néonazi Aube Dorée. Pour les Grecs, le terme Macédoine n'appartient qu'à leur patrimoine historique et à la province éponyme du nord de leur pays, terre natale d'Alexandre le Grand. Certains redoutent même que le petit état balkanique voisin n'ait des velléités d'annexer cette région grecque qui ouvre sur la mer Egée, un accès dont il est privé.L'accord suscite en Grèce l'opposition de 62% des personnes interrogées, selon un sondage Pulse SKAI TV publié jeudi. La majorité des partis politiques étaient farouchement opposés à l'accord, de l'extrême droite aux socialistes du Kinal et aux communistes du KKE, en passant par la grande formation de droite Nouvelle-Démocratie. Le principal leader de l'opposition Kyriakos Mitsotakis a parlé d'un «recul national».