Me Tchakounté Patie Charles, bâtonnier de l'ordre des avocats au barreau du Cameroun dénonce et condamne les actes de remise en cause de l'autorité de l'État.
La position du bureau de l'ordre est ambiguë. Dès l'entame de son communiqué, le président de l'ordre des avocats rappelle que cette dernière n'est que la suite de celle rendue publique au soir des manifestations du MRC dans les villes du Cameroun et dans certains pays occidentaux.
On se souvient que Me Tchakounté Patie fustigeait les actions de répression dirigées à l'endroit des avocats au cours des derniers mois dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest par des personnes restées non identifiées. On pouvait alors lire dans le communiqué de Me Tchakounté : "En raison de son statut, le Bâtonnier est préoccupé par la situation de tout avocat dont il est le garant de la protection. Depuis quelques mois, les avocats (dont il préfère taire les noms) font l’objet d’une attaque particulière en l’occurrence d’enlèvements par des individus non identifiés dans les régions du Nord-Ouest et Sud-Ouest. Ces actes, contraires à la légalité sont inadmissibles.
Au nom du Barreau du Cameroun, le Bâtonnier les condamne sans réserve. La réprobation du Barreau du Cameroun se veut d’autant plus prononcée, que les actes sont dirigés contre les défenseurs naturels des droits et libertés. Puisse les autorités compétentes mettre tout en œuvre pour faire cesser ces actes et tous autres de même nature contre tout citoyen".
Dans la foulée, Me Tchakounté Patie demandait la libération immédiate des avocats arrêtés au cours de la marche du MRC,
"Par ailleurs, j’apprends ce jour qu’à l’occasion de manifestations publiques pacifiques, trois avocats Me Tassa André Marie, Me Simth Emmanuel et Me Ngaliembou Alphonse sont provisoirement privés de leur liberté respectivement à Bafoussam, Dschang et Bafang et qu’une avocate Me Ndoki Michèle a été grièvement blessée à Douala. Le Bâtonnier au nom du Barreau du Cameroun dénonce et condamne tout usage disproportionné de la force publique à l’égard d’une population civile, fût-ce dans la prévention ou la proportion de l’ordre public, tout en restant attaché au respect de la légalité républicaine. Le Bâtonnier exhorte les autorités à libérer les avocats arrêtés, la détention étant une mesure d’exception"
Après avoir adopté un ton aussi offensif lors de sa dernière communication, tout donné à croire que le président de l'ordre des avocats a mis de l'eau dans son vin avec cette dernière sortie. Comme pour créer la démarcation, le bâtonnier rappelle le professionnalisme et son attachement au service public de la justice, "observateur avisé de la société, et habité à la fois par le soucis de protection de ses membres et l'exigence du respect de la légalité républicaine, y compris par ces derniers". Des propos qui laissent clairement comprendre que le barreau n'est pas prêt à soutenir certains de ses membres qui seraient coupables d'avoir violé le respect de la légalité républicaine. Mais de quelle légalité s'agit il ici ?
Il s'agit bien évidemment des casses perpétrées dans les représentations diplomatiques du Cameroun à Paris et à Berlin par des soi disant partisan du parti politique dans lequel les collègues de Me Tchakounté sont embastillés. Le bâtonnier veut de cette manière se désolidariser de ses confrères et les livrer à la justice politique qui s'abattra sur eux.
Dans la suite de son communiqué, le président du barreau affirme " c'est le lieu pour le Barreau du Cameroun de dénoncer et de condamner fermement et sans réserve, toute velléité de remise en cause de l'autorité de l'État et des personnes qui l'incarnent, la mise à sac de certaines représentations diplomatiques à l'étranger. Il s'agit d'actes de vandalisme inadmissible dont les autorités compétentes sauront tirer telles conséquences de droit".
Ajouté à la série de nuances apportées plus haut, il semble évident que le président de l'ordre des avocats a choisi son camp et semble reconnaître implicitement, la responsabilité de ceux qu'il défendait hier dans cet autre affaire des casses dans les ambassades du Cameroun. Comment pourrait-il en être autrement quand on apprécie le timing de cet autre communiqué qui intervient quelques heures après l'arrestation de Maurice Kamto. Tout en précisant qu'au soir du 26 janvier dernier, lorsque le bâtonnier soutenait publiquement les avocats violentes au cours des activités du MRC, ces actes que nous condamnons tous avaient déjà été commis. La suite nous édifiera certainement.
Stéphane Nzesseu