Dans cette localité, de nombreux jeunes ont exprimé leur profonde indignation contre les exactions des combattants séparatistes. C’était ce dimanche au cours des manifestations publiques sous la forme d’un mouvement d’humeur.
Ce dimanche 29 décembre 2019, le village Tole situé dans la région du Sud-Ouest était le théâtre d’un soulèvement populaire de jeunes en majorité. Une manifestation massive intervenue dans cette localité suite à l’enlèvement d’un vieil malade par les combattants séparatistes amazoniens. Un enlèvement parmi tant d’autres dont les populations en ont marre, raison de plus d’exprimer leur indignation.
Précisons que l’information a été relayée sur la toile par le compte Honneur et fidélité, proche de l’armée camerounaise. A en croire les faits dont fait mention cette source, c’est le « ras-le-bol » général qui aurait conduit 150 jeunes de Tole à s’armer de gourdins et de machettes pour dévaster deux camps appartenant à des combattants amazoniens.
Toutefois, ces informations restent à confirmer puisque jusqu’ici aucun témoignage n’est recueilli sur place.
Innocent D H
Herman Cohen estime, « les séparatistes anglophones du Cameroun ont raison de rejeter le statut spécial » unilatéralement accordé par le Parlement camerounais. Dans la foulée, il fait aussi savoir que les séparatistes ne peuvent aucunement forcer les anglophones à l’acceptation de l’indépendance.
Pour une sortie définitive de crise dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest du Cameroun (NOSO), le diplomate américain, suggère sur son compte twitter « un cessez-le-feu immédiat, et le début de négociations transparentes conduisant à une véritable autodétermination pour le peuple anglophone ».
Herman Cohen a écrit mardi dernier sur la toile que les séparatistes anglophones ont raison de s’opposer au statut spécial des régions anglophones initié par Paul Biya pour venir à bout de la crise anglophone.
Il convient de remarquer que les relations diplomatiques entre le Cameroun et les Etats-Unis se présentent comme tendues depuis quelques temps. Les récentes sanctions économiques américaines contre le Gouvernement camerounais est une illustration. Certaines indiscrétions font même clairement savoir que des responsables américains établis dans la capitale camerounaise seraient dans une logique de soutien des séparatistes anglophones dans les régions du NOSO. Ce qui fait donc croire à plus d’un que les Etats-Unis auraient un agenda caché au Cameroun.
Lire aussi : Meurtre d’un humanitaire dans le Nord-Ouest : Les Etats-Unis ménagent les terroristes et leurs leaders
Innocent D H
Mgr Christian Tumi pense que le contenu de ce projet de loi relatif au statut spécial à accorder aux régions anglophones, va contribuer pour le retour de la paix au Nord-Ouest et au Sud-Ouest.
C’est à contre-courant que le Cardinal Christian Tumi rame, en ce qui concerne le projet de loi sur les collectivités territoriales décentralisées. Il tient un discours contraire à celui des Députés du Social democratic front (Sdf). Les parlementaires du parti de la balance n’aiment pas ce texte parce que d’après eux, il pose un problème lié à leur identité, la tendance à l’assimilation par le système francophone des Camerounais d’expression anglaise. Ils pensent qu’il ne saurait conduire à l’apaisement et ramener la paix.
Pourtant du point de vue de Mgr Christian Tumi, le Code général des collectivités territoriales décentralisées dans sa disposition relative au statut spécial à accorder au Nord-Ouest et au Sud-Ouest (Noso), peut contribuer au retour de la paix dans les régions en crise. Ce qu’il faut, demande-t-il, c’est d’organiser une campagne d’explication à mener auprès des populations du Noso. Pour le Cardinal, il est important d’expliquer de fond en comble aux populations les textes adoptés pendant la session extraordinaire du Parlement. «C’est le statut spécial pour le Nord-Ouest et le Sud-Ouest qui m’intéresse beaucoup. Son contenu va nous aider en ce qui concerne la paix dans cette partie de notre pays », déclare-t-il.
Il faut rappeler qu’après la Conférence générale anglophone qui n’a jamais eu lieu, le Cardinal Tumi a conduit une caravane de paix dans les régions anglophones, juste après les assises du Grand dialogue national. Durant ladite caravane, le Cardinal Christian Tumi a échangé avec les populations du Noso. Il les a expliquées les recommandations issues du Grand dialogue national.
Liliane N.
Cette somme d’un peu plus de 40 milliards de FCFA représente en fait le reliquat du Contrat de désendettement, développement.
C’est en sa qualité de partenaire du Cameroun que la France a pris part hier 5 décembre 2019, à l’Immeuble étoile, à la rencontre initiée par Joseph Dion Ngute le Premier Ministre. Ladite rencontre avait comme objet la reconstruction des régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest (Noso). Dion Ngute le Chef du gouvernement a fait un point sur la situation qui prévaut au Noso depuis le début de la crise baptisée crise anglophone. Il a indiqué que le gouvernement en mis en place un certain nombre de mesures pour répondre aux besoins causés par les débordements de la crise. Parmi lesdites mesures, il a cité le Plan d'assistance humanitaire d'urgence.
Ayant bien suivi le point fait par le Premier Ministre, la France a affirmé être disposé à accompagner le Cameroun. Son accompagnement se veut financier. Philippe Larrieu, le Chargé d'Affaires de l’Ambassade de France au Cameroun a indiqué que la somme de 62 millions d’euros peut être mise à contribution pour la reconstruction des régions anglophones.
« Sur ce qui peut être attendu de la France, je l'ai dit devant le Premier ministre, ce à la suite de ce qui avait été dit par le Ministre français de l'Europe et des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian lors de sa visite au Cameroun, il y a sur le reliquat du Contrat de désendettement, développement, une somme de 62 millions d'euros (soit un peu plus de 40 milliards de F, Ndlr), et il appartient au gouvernement camerounais qui est co-gestionnaire de ce Contrat, de demander l'attribution de cette somme pour la reconstruction du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. J’ajoute qu'indépendamment de ce Contrat, il y a d'autres instruments que nous sommes en train de lister et qui sont à mesure d'apporter un appui à la reconstruction de ces deux régions, pour l'amélioration des conditions de vie des populations », a déclaré face à la presse Philippe Larrieu.
Il faut préciser qu’il n’y avait pas que la France à la rencontre suscitée. Il y a eu une quinzaine de membres du corps diplomatique et d'organisations internationales conduites par S.E Paul Patrick Biffot le Doyen du corps diplomatique, par ailleurs Ambassadeur du Gabon au Cameroun.
Liliane N.
Une mission conjointe de haut niveau de ces trois organisations internationales, conduites respectivement par le Président de la Commission de l’Union africaine, Moussa Faki Mahamat, la Secrétaire Générale de l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF), Louise Mushikiwabo, et la Secrétaire Générale du Commonwealth, Patricia Scotland, a été reçue en audience par le Chef de l’Etat au Palais de l’Unité, mercredi, 27 novembre 2019. Objectif : s’informer sur l’évolution de la situation dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest et sur la mise en œuvre des recommandations du Grand dialogue national organisé du 30 septembre au 4 octobre 2019, à l’initiative du Président Paul BIYA.
Selon le service communication de la présidence de la République, le Président de la République et les trois chefs d’organisation internationale ont eu des entretiens intenses qui ont duré soixante quinze minutes. Au sortir de ceux-ci, chacun d’eux s’est exprimé devant la presse.
Globalement, apprend-on, il ressort de leurs interventions que le Cameroun peut compter sur le soutien constant et l’accompagnement de l’Union africaine, de la Francophonie et du Commonwealth, dans ses efforts de résolution définitive de la crise dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest.
« Le Président de la République nous a exprimé une fois de plus sa disponibilité pour le dialogue et l’apaisement », a laissé entendre le Président de la Commission de l’Union africaine.
La Secrétaire Générale de l’OIF, Louise Mushikiwabo, a précisé que les organisations internationales n’ont pas de « solutions miracles » à apporter, la solution à cette crise viendra des Camerounais eux-mêmes. Néanmoins, « nous pensons que nous avons l’obligation de contribuer modestement par des conseils, des interventions dans des actions de médiation ou sur des sujets techniques comme le bilinguisme et le multiculturalisme », a-t-elle indiqué.
Madame Mushikiwabo a fait savoir en outre que « le Cameroun est un pays très important pour nos organisations, pour la sous-région et le continent ». Enfin, la Secrétaire Générale du Commonwealth, Patricia Scotland, faisant siens les propos de ses collègues, a déclaré que « nous sommes déterminés à faire tout ce qui est possible pour soutenir le processus de paix en cours » dans le cadre du Grand dialogue national.
Les trois chefs d’organisation internationale avaient déjà séjourné séparément au Cameroun en décembre 2017 pour la Secrétaire Générale du Commonwealth, juillet 2018 pour le Président de la Commission de l’Union africaine et mai 2019 pour la Secrétaire Générale de l’OIF.
Le premier vice-président du social democratic front (Sdf), député et candidat malheureux à la présidentielle de 2018 donne la position du parti de la balance en pleine ouverture de la session parlementaire et dans un climat de convocation du corps électoral pour les municipales et législatives de février 2020. Ses propos sont relayés par nos confrères de Le Messager.
« La vraie question est de savoir si ces élections doivent se tenir dans les conditions actuelles. Vous ne pouvez pas prétendre organiser une élection dans des territoires où mêmes les autorités n’existent pas. Notre position fondamentale est que la paix revienne au Cameroun afin que les activités politiques aussi se tiennent.
Nous ne sommes pas dans une logique électoraliste,il faut d’abord ramener la paix dans le Nord-ouest et le Sud-ouest.Pour l’instant il y a deux parties en conflit, le régime de Yaoundé et les sécessionnistes qui doivent tout faire pour cesser la violence. Et là les choses sérieuses comme les élections pourront avoir lieu.
Je me demande combien de bureau d’Elecam sont ouverts au Noso. Il est par exemple impossible pour les originaires de ces deux régions d’établir des casiers judiciaires ou tout autre pièce parce que l’administration est inexistante. Il faut-ne comprendre que la situation est grave sur le terrain. Les différents rapports que nous avons font croire qu’il est impossible d’organiser les élections dans un tel climat ».
« Nous voulons le retour de la paix. Les autres’considérations sont secondaires. Le code électoral doit impérativement être revu voir sécuriser. Un des problèmes que nous avons au Cameroun et le Chairman depuis le 25 mai 1992 le dit est le code électoral qui ne permet pas une saine compétition. Du coup tant que celui-ci n’est pas correct le jeu électoral ne serapas accepté. »
Rappelons que le Social democratic party a pris la décision selon laquelle, ses députés ne participeront pas à la session parlementaire de novembre si le Gouvernement ne propose pas des solutions concrètes pour une sortie de crise sociopolitique dans les régions Nord-Ouest et Sud-ouest.
Cette décision a été prise à l’issue de la réunion du Comité exécutif national (NEC) du SDF. Selon Le président national du parti, Ni John Fru Ndi, il était important que les enfants puissent retourner à l’école en toute sécurité après que le Gouvernement ait mis un terme à la guerre civile.
N.O
C’est du moins la lecture que l’on pourrait faire, en lisant le bilan présenté par Charles Mongue – Mouyeme, Consultant en marketing et communication qui affirme entre autres que : « Ceux qui conteront l’histoire de notre époque nous traiteront de zombies, et, malheureusement, ils auront raison… ».
Merci d’avoir accepté de répondre à nos questions. Comme cela est de coutume, avant de rentrer dans le vif du sujet, je vous invite à vous présenter
Je suis Charles MONGUE - MOUYEME, camerounais. Consultant en marketing et communication. Promoteur du site Internet cameroonfairview.com. Observateur attentif de la société camerounaise.
06 Novembre 1982–06 Novembre 2019 : 37 ans de pouvoir pour le Président Paul Biya, de prime abord, qu’est-ce que cela suscite en vous ?
J’éprouve le même sentiment qu’un individu qui est victime de tromperie sur la marchandise. Car on dit « République du Cameroun », alors qu’en réalité nous sommes dans un royaume avec à sa tête un souverain tout puissant, et des populations qui ne sont que ses sujets. Cela suscite en moi de la honte parce que dans quelques siècles, je serai compté dans une génération de camerounais qui a laissé une poignée d’individus les abêtir, spolier le pays, et le conduire vers le chaos. Ceux qui conteront l’histoire de notre époque nous traiteront de zombies, et, malheureusement, ils auront raison.
Je ressens en moi une grosse frustration, celle de l’élève aux portes de l’enseignement supérieur que j’étais en 1982, qui rêvait d’une vie radieuse dans un pays rayonnant, mais qui avance vers l’âge de la retraite dans un Cameroun en lambeaux, en ayant mené une pauvre vie à subir l’arrogance et les démonstrations ostentatoires de richesse des égocentriques et des malhonnêtes.
Les 37 ans de pouvoir du Président Paul Biya suscitent également en moi un mélange de colère et de dépit, quand je vois un pays avec un peuple si travailleur, si inventif, à qui Dieu a offert un environnement naturel des plus généreux, être ravalé au rang de pays pauvre très endetté et champion de la corruption. Quel gâchis !
Pouvez–vous faire une brève lecture des axes clés de cette gouvernance ? Economie–Justice-Social–Défense–Diplomatie–Politique ?
L’économie camerounaise n’a pas cessé de régresser depuis 37 ans : l’énergie s’est raréfiée, obligeant des industries importantes à quitter le Cameroun ; les privatisations des entreprises publiques ont quasiment toutes échoué ; les secteurs stratégiques et sensibles (eau, électricité, téléphonie, etc.) sont passés aux mains des étrangers ; le sous-emploi et le chômage ont battu des records ; de nombreuses entreprises ont fermé du fait de la pression fiscale et de l’insolvabilité des consommateurs (dont l’Etat !) ; malgré une conférence y consacrée, le pays n’est plus attractif pour les investisseurs ; l’infrastructure de transport est en ruine, etc. Le tableau est vraiment sombre, et les perspectives de relance sont floues, ce d’autant plus que le Cameroun est en train de rater le train de l’économie numérique. Bref, en 37 ans, nous avons réussi à bâtir une grande économie de l’informel, avec les motos-taxis, la brocante et le « made in China » de bas de gamme comme fleurons.
La crédibilité de la justice est allée en s’effritant au fil des ans, malgré des réformes importantes comme celle du Code de Procédures Pénales. Le fait est que l’indépendance de la justice est sujette à caution au Cameroun, à cause des ingérences du pouvoir exécutif dans le judiciaire. Les violations des lois et des droits par l’Etat ont gagné en ampleur, et l’impunité a contribué à affaiblir chaque jour un peu plus notre Justice. L’une des causes de la non-attractivité de l’économie camerounaise pour les investisseurs étrangers est d’ailleurs cette insécurité judiciaire.
Sur le plan social, la dégénérescence a été progressive depuis 37 ans, et on peut affirmer aujourd’hui que le Cameroun est un pays socialement sinistré. Le système de santé n’est fiable ni en quantité, ni en qualité : le petit peuple est obligé de s’en contenter quand il y a accès, tandis que l’élite se fait soigner à l’étranger. « Santé pour tous en l’an 2000 » slogan largement propagé dans les années 90, s’est avéré creux, et la nouvelle trouvaille « Couverture Santé Universelle » est en train d’emprunter le même chemin de la vacuité. L’insécurité est allée crescendo avec la pauvreté et le désœuvrement, qui ont exposé les populations fragilisées aux méfaits des églises et sectes sataniques. Les guerres s’y sont ajoutées (Boko Haram, NOSO), et avec la montée du tribalisme, le pays est à 2 doigts de basculer dans l’horreur. Les catastrophes se sont enchaînées (Nyos, Nsam, Mbanga Pongo, Eseka, Gouache, etc.) avec des suites mal maîtrisées et souvent confuses.
Que dire du système éducatif qui s’emmêle les pinceaux depuis plusieurs années à force de changer d’approches pédagogiques et de dénomination des diplômes pour obéir aux mutations imposées par l’Occident ? Les conditions dans lesquelles de nombreux élèves et étudiants suivent les cours sont souvent inacceptables et honteuses. Les enseignants sont clochardisés. Bref, alors qu’elle est à la base de tout développement durable, l’éducation est l’un des parents pauvres du Renouveau.
Du point de vue de la défense, vue du civil profane que je suis, la gouvernance du Président Biya a semblé plutôt bonne, si on exclut la stupide guerre fratricide du NOSO. Que ce soit dans le cadre du conflit de Bakassi qui a connu quelques affrontements armés, ou dans la guerre contre Boko Haram, l’armée camerounaise a fait preuve de bravoure et d’une relative efficacité.
Sur le plan diplomatique, il me semble que depuis 37 ans, elle est en conformité avec la situation de notre pays qui n’est pas tout à fait libre de ses mouvements à l’international : timide, prudente, peu offensive. L’influence de la France sur notre diplomatie est demeurée très forte, et chaque fois que notre pays a été en difficulté vis-à-vis des organisations internationales, nos dirigeants sont allés se lover sous les ailes supposées protectrices de ceux de la France. Il est évident qu’avec les mauvaises notes du Cameroun dans les domaines de l’économie, du respect des règles de la démocratie et des droits de l’homme, notre diplomatie ne peut pas vraiment être fière et conquérante.
En politique, si on devait trouver un seul mot pour la qualifier ces 37 dernières années, ce serait « fourberie ». Au point où, quand une vieille grand-mère du Cameroun vous dit « ne me fais pas la politique », cela signifie : « n’essaye pas de me tromper ». On a laissé créer une multitude de partis politiques pour mieux diluer les idéologies. On a laissé fleurir pléthore de médias (sous « tolérance administrative ») pour mieux les caporaliser et torpiller ainsi la liberté d’expression. Les fraudes et la corruption bloquent toute perspective d’alternance. Les partis d’opposition sont infiltrés par le pouvoir, et les autorités administratives se chargent de les museler, en usant souvent de la violence. Tant du côté de l’opposition que du pouvoir, on instrumentalise le tribalisme et on incite à la haine. La politique sous le Renouveau est un gros échec, le pays étant considéré comme un grand gâteau dont on veut la meilleure part pour soi.
Dans l’un de vos récents post, vous avez écrit : « C’est un exploit de faire regretter le Président Ahmadou Ahidjo » Qu’entendez–vous par là ?
Je constate de plus en plus, en suivant les débats dans les médias, que des gens vantent la gestion du pays par le Président Ahidjo pour montrer à quel point la gouvernance du Président Biya est mauvaise. Or, en 1982, la ferveur qu’il y avait autour du Président Biya était surtout due à la joie de voir son prédécesseur quitter le pouvoir, tellement le peuple se sentait opprimé. Il y avait beaucoup d’injustices, des abus incroyables, et de la corruption à grande échelle. C’est pour cela que le slogan « rigueur et moralisation » du Renouveau naissant avait suscité beaucoup d’espoirs. Vous comprenez donc que, si au bout de 37 ans de règne du Président Biya, des gens regrettent Ahidjo, c’est qu’ils estiment que notre actuel Chef d’Etat est pire que le premier. Et pour qui a vécu les affres de la gouvernance d’Ahidjo, c’est un terrible exploit de réussir à le faire regretter.
Pensez-vous qu’on puisse attribuer les crises en zone anglophone à la mauvaise gouvernance de l’Homme du 06 Novembre 1982 ?
Bien sûr, il ne peut en être autrement, sauf si on ignore le contenu du mot « responsabilité ». L’homme du 06 novembre 1982 comme vous l’appelez, a un peu trop manipulé la Constitution du Cameroun sans rechercher le consensus avec le peuple qui est le vrai détenteur du pouvoir. Le passage de « République Unie du Cameroun » à « République du Cameroun » sans recourir à un référendum sincère était un précédent qui allait nous rattraper tôt ou tard, puisqu'il y a eu des contestations qui ont été ignorées. Et la gestion va-t’en guerre de la grève de la corporation des avocats du NOSO en 2016, après le déni de l’existence d’un problème anglophone au Cameroun, aura été une très mauvaise option prise par le Chef de l’Etat et son gouvernement. Et pendant 03 ans, nos gouvernants ont fait la sourde oreille aux appels à un dialogue inclusif sur la crise au NOSO, privilégiant ainsi une option militaire qui s’est avérée extrêmement meurtrière, pour consentir, plusieurs milliers de morts après, à organiser à Yaoundé un Grand Dialogue National qui n’était pas sincère. Dans ces conditions, à qui d’autre voulez-vous attribuer la responsabilité de la crise au NOSO ? Serions-nous arrivés au désastre actuel si le pouvoir en place avait accepté l’option du dialogue dès la fin d’année 2016, quand il n’y avait encore aucun mort ?
06 Novembre 2018 – 06 Novembre 2019, cela fait un an que le Chef de l’Etat a prêté serment. Pensez–vous qu’après un bilan que nombreux jugent mitigés, il a emprunté la voie de l’émergence du pays dont il a la charge ?
Pour moi, un régime qui n’a pas réussi à organiser une élection présidentielle transparente et juste pour ne pas provoquer de crise post-électorale ; qui n’a pas pu organiser une CAN 2019 qui lui a été attribuée 05 ans plus tôt ; qui ne réussit pas à arrêter une sale guerre fratricide au NOSO ; qui n’arrive plus à conduire aucun chantier sans emprunter de l’argent à l’extérieur ; qui évacue à l’étranger toutes ses personnalités malades ; qui couve des détournements massifs de deniers publics par salaires fictifs interposés ; un tel régime dis-je, n’a pas un bilan mitigé, mais bel et bien négatif.
Personnellement, je n’ai jamais trouvé le concept d’émergence pour les pays très pertinent, mais même en le prenant en considération tel qu’on semble le concevoir chez nous, nous n’avons même pas encore commencé à faire les études du sol et les relevés topographiques de la voie qui mènerait le Cameroun vers l’émergence. Et je doute fort que nous y arriveront sous la gouvernance du Président Biya. Vivement que je me trompe !
Dans la même logique, est ce à lui qu’on doit attribuer la montée du tribalisme, du repli identitaire qui gangrènent de plus en plus ce pays ?
Non, je ne pense pas qu’on doit attribuer la montée du tribalisme et du repli identitaire au seul Président Biya. Je trouve que ce problème est abordé avec beaucoup de légèreté au Cameroun en ce moment, alors qu’il me paraît d’une très grande complexité. Ce que je reprocherais au régime en place, c’est de manquer de courage pour poser véritablement la question du tribalisme sur la table, à travers une assise nationale y consacrée. Nos gouvernants font comme ces juges qui doivent statuer sur un procès en sorcellerie, et qui reportent les audiences jusqu’à leur affectation, pour laisser la patate chaude à leurs successeurs. En 37 ans, le régime du Président Biya a largement eu le temps de traiter le problème du tribalisme au Cameroun, mais il fait du ponce-pilatisme sur la question.
Des propositions pour que le Cameroun soit différemment perçu, en faisant justement référence sur ce qui n’a pas donné les résultats escomptés, au cours des dernières années ?
Je pense que ceux qui ont la charge nous gouverner doivent travailler à ce que le Cameroun soit bien perçu par le peuple camerounais. Pour cela, ils doivent s’assurer que leur gouvernance et eux-mêmes sont bien perçus par ce peuple. D'où la nécessité d’organiser des élections transparentes et justes pour avoir la réelle perception du peuple. Autrement, nous allons tourner en rond, et nous mentir à nous-mêmes pour être faussement bien perçu à l’étranger.
Nicole Ricci Minyem
Dans un communiqué qui vient d’être rendu public, Alice Sadjo, présidente nationale de l'Alliance des Forces progressistes (AFP) donne les raisons pour lesquelles elle trouve que les jeux sont biaisés.
J'y ai finalement pris part pour le compte de l'AFP après moult péripéties.
Témoin de l'intérieur, c'est le cœur contrit que je me résous à dire aux camerounais, en ce matin du 01er octobre 2019, qu'il y'a peu de chance que l'intérêt général l'emporte aux sortir de ce qui nous a été servi en lieu et place du dialogue, après 59 ans de règne d'un seul système. Et pour cause :
Dans la forme:
- Les commissions et les thématiques y afférentes étaient créées à l'avance suivant l'orientation unilatérale du Chef de l'État et président du Rdpc dont l'appréciation de la crise notamment au NoSo est comme on le sait, en déphasage total avec la réalité du terrain.
- Les présidents, vices présidents, rapporteurs et membres desdites commissions sont choisis à l'avance et affectés sans aucune concertations préalable,
- Seul l'agenda du régime en place, très fortement représenté par les militants du Rdpc a prévalu.
- La représentativité numérique davantage partisane (à forte coloration rdpciste) plutôt que nationale est loin de refléter les différents courants idéologiques en présence au Cameroun. Les salves d'applaudissements ou de chahuts selon qu'on est pro ou contre la thèse du régime en ont largement attesté.
- Le président du Dialogue, par ailleurs Premier ministre et militant du Rdpc est le "master dixit" tant sur la composition du Bureau du Dialogue, le choix des intervenants que sur les des thématiques des commissions. Nous autres n'avons donc pas pu impulser quoi que ce soit de nouveau.
Sur le fond:
- Le premier ministre dans sa modération a fait plus d'une fois un rappel à l'ordre exhortant les uns et les autres à ne s'en tenir qu'au cadre défini par le Chef de l'État et à la Constitution.
Par conséquent, nous sommes au regret de signifier au peuple camerounais que notre parti n'a plus rien à faire dans ce Grand Monologue Hypocrite.
L'histoire retiendra que par soucis de cohérence nous tenions à apporter notre modeste pierre à la consolidation de la Nouvelle République à travers ce Dialogue.
Jusqu'à hier, nous avons voulu y croire. Hélas, nous avons été les témoins impuissants d'une grande farce.
Par ces temps de grand tumulte, ce régime n'a hélas manifesté aucune volonté de placer le Cameroun et l'intérêt général au dessus de ses calculs bassement pouvoiristes.
Dieu protège le Cameroun.
Patriotiquement !
Alice Sadio
Présidente Nationale /AFP
Alors que les assises s’ouvrent sur les collines de Nkol Nyada, Cabral Libii choisit de s’adresser au Père de la Nation, à ce Président qui est considéré par ses pairs comme l’un des sages en Afrique Centrale
« Monsieur le Président de la République,
Au nom du Parti Camerounais pour la Réconciliation Nationale que j’ai l’honneur de conduire, je salue une fois de plus l’annonce du Grand Dialogue National, convoqué après un long moment d’attente, même si l’on peut regretter le nombre de vies perdues depuis Novembre 2016.
Ce dialogue que le PCRN et d’autres acteurs politiques ont appelé de tous leurs vœux, au même titre que des organisations de la société civile, les populations, nos partenaires extérieurs, représente pour notre pays, le nouveau départ, qui devra nous permettre de corriger les erreurs du passé, en réécrivant un contrat social qui engera nous-mêmes, ainsi que les générations futures.
Néanmoins, permettez-moi d’exprimer mes plus vives inquiétudes, concernant l’issue de ce rendez-vous que le Cameroun a pris avec son histoire, sur deux points particuliers :
L’accaparement du Grand Dialogue National par les cadres de votre parti politique le RDPC, et l’absence des leaders charismatiques et légitimes anglophones nommément MANCHO Bibixy et NGALIM Felix.
En effet, dans l’esprit de votre discours du 10 Septembre dernier, cette convocation est nationale s’adresse certes à tous les enfants du Cameroun, sans distinction d’appartenance politique, de classe sociale, et autres considérations sectaires, mais principalement aux compatriotes du NOSO.
Si la désignation du premier ministre chef du gouvernement a fait une relative unanimité, c’est sans doute du fait de la nature affable qu’on lui prête, du fait qu’il est lui-même originaire du Sud-Ouest et parce que c’est le Chef du gouvernement. Mais seulement, nous notons que les hauts cadres de votre parti politique le RDPC, s’imposent avec des quotas de participation pléthoriques, ce qui confère en l’état une allure de congrès du parti à cette rencontre. Cette dénaturation manifeste du Grand Dialogue National par vos militants remet sérieusement en cause le caractère consensuel de ces assises et pourrait entacher considérablement le déroulé.
Aussi, je vous invite à prendre des mesures urgentes pour que la participation des différents acteurs se fassent de manière équitable et juste, afin d’éviter tout amalgame. C’est en qualité de président de la République et non de Président National du RDPC que vous avez convoqué le Grand Dialogue National. Les organisations concernées sauront quant à elles privilégier les compatriotes originaires des régions du NOSO en particulier, et la diversité en général, en leurs seins respectifs.
D’autre part Monsieur le président, lors de ma rencontre avec le premier ministre, je lui ai fait remarquer la nécessité de libérer les prisonniers de cette crise, en donnant la priorité à ceux qui se sont dits prêts à travailler au retour à la paix. Je lui ai fait la même proposition concernant les prisonniers de la crise post-électorale, dans la mesure où ceux-ci s’engageraient à mettre un terme à des démarches de nature à exacerber les tensions sociales. De telles mesures s’inscriraient dans le cadre de la l’apaisement et de l’inclusion, en prélude à la concertation annoncée.
Je ne saurais donc cacher ma surprise et mon incompréhension concernant le maintien en détention des compatriotes Mancho Bibixy et Felix Ngalim au moment où des revendications qu’ils furent parmi les premiers à porter seront discutées. Ces deux leaders sont à l’aube de la crise qui secoue aujourd’hui les régions du Nord-Ouest et du Sud- Ouest. Ils ont l’avantage d’avoir conservé la légitimité auprès des populations, mais aussi d’appartenir à la branche dite modérée de la crise anglophone.
Par ailleurs, ils sont des rares acteurs majeurs de cette crise, à avoir soutenu le retour à l'école en zone anglophone, ils ont répondu expressément à votre appel au dialogue et ont fait savoir par des lettres ouvertes qu’ils saluent votre initiative et sont disposés à travailler à vos côtés pour que des solutions optimales soient trouvées à l’issue de ces assises pour un retour effectif de la paix dans ces deux régions.
Monsieur le Président de la République, vous avez convié tous les enfants du Cameroun à ce dialogue, y compris les sécessionnistes qui ont posé des actes d’une rare cruauté dans le cadre de la « guerre ». Par la bouche du porte-parole du Grand Dialogue National, vous leur avez offert des garantis de « non poursuites » à ceux qui sont disposés à sortir de la brousse pour s’asseoir à la table de discussion, ils ne courent aucun risque. Vous avez d’ailleurs créé depuis quelques mois une commission de désarment et de réinsertion sociale pour ceux-là. Mais comment comprendre que Mancho et Ngalim qui vous tendent officiellement la main demeurent exclus de ce dialogue ? Quels que soient les griefs qui de votre point de vue pourraient justifier cette mise à l’écart, je vous suggère Monsieur Le Président de La République, au nom de l’intérêt supérieur de l’Etat, de mettre en œuvre au moins le pardon que vous avez évoqué dans votre discours, concernant ces compatriotes.
Vous avez le pouvoir de suspendre ou d’éteindre l’action publique contre ces compatriotes en votre qualité de patron de l’exécutif dont dépend le ministère public. Ce sera un message fort, rassurant et en droite ligne avec votre discours du 10 Septembre. Traiter les modérés qui vous tendent la main sans indulgence, tout en coopérant avec ceux qui ont abordé les extrêmes pourraient dévoyer le message d’apaisement que vous portez.
Le Cameroun est au-dessus de nous tous, nous avons là une occasion là de lui donner la priorité.
Le monde entier nous observe, nous avons la responsabilité de prouver à ceux là que nous sommes capables de résoudre nos différents « en famille »
Salutations patriotiques
Cabral Libii
Président National du Parti Camerounais pour la Réconciliation Nationale (PCRN) »
Réunis dans le cadre d’un Comité Directeur ce mercredi, les membres de cette tendance de l’Union des Population du Cameroun saluent la victoire des forces qui ont fini par imposer l’exigence du Dialogue national.
Communiqué du Secrétaire Général
Le Secrétariat fait constater que le Dialogue national dont l’objectif, selon le pouvoir, est de mettre fin à la guerre dans le NOSO ne peut pas s’ouvrir dans un contexte où de nombreux compatriotes du NOSO sont derrière les barreaux à cause de leurs revendications. Si l’on veut avancer dans la sincérité, il y a lieu de déclarer préalablement la libération de près de 200 prisonniers politiques des régions du Noso.
D’autre part, le pays vit depuis l’élection présidentielle une crise post-électorale qui a conduit à l’incarcération de nombreux prisonniers politiques. Afin que le Dialogue national soit en mesure de préparer à l’apaisement et à la contribution de tous, l’UPC-MANIDEM demande une fois encore la libération de nos compatriotes en détention depuis l’élection présidentielle.
Le Secrétariat fait constater en outre que le Dialogue national ne peut pas avoir lieu alors que les armes continuent à tonner dans le NOSO. Il y a donc lieu de décréter le cessez-le-feu qui montrera la bonne volonté du gouvernement. A quoi doit répondre la proclamation d’un cessez-le-feu des sécessionnistes que leurs leaders actuellement incarcérés devraient pouvoir garantir après leur libération.
Le Secrétariat insiste sur le fait que les engagements pour la paix doivent être faits de part et d’autre : et par le gouvernement et par les sécessionnistes.
Le Secrétariat rappelle que si la crise dans le NOSO est la plus dramatique du moment, nous ne pouvons pas faire semblant d’oublier que le pays est aussi dans une crise post-électorale après le scrutin présidentiel de 2018 et que celle-ci conduit lentement mais sûrement dans l’incohérence et l’instabilité ; nous ne pouvons pas non plus faire semblant d’oublier toutes les crises causées par la mauvaise gouvernance et dont l’échec récent de la Can est l’illustration la plus retentissante et la plus honteuse pour notre pays.
Un Dialogue national doit pouvoir traiter des « questions d’intérêt national » comme le Président l’a enfin reconnu dans son discours ; il doit nous permettre de mettre fin à toutes les crises.
Les Kamerunais doivent donc imposer que le Dialogue national ait mission de nettoyer en profondeur les écuries d’Augias, de sorte qu’à l’issue de ce Dialogue nous ayons de nouveaux textes fondamentaux, de nouveaux modes de scrutin, de nouvelles méthodes de gouvernance, qui installeront de manière irréversible le Kamerun sur la voie de la démocratie, du mieux-vivre ensemble et du progrès économique et social.
Le Secrétariat appelle les démocrates et les patriotes kamerunais à rester vigilants pour faire échec à deux écueils :
Premier écueil : un Dialogue national ne doit pas être mené par le pouvoir et selon ses seuls critères.
Autrement dit : le Dialogue national pour qu’il soit vraiment national doit d’abord être souverain et en particulier sur quatre choses :
a. Le calendrier : Biya ne peut pas unilatéralement fixer la date du début du Dialogue ; il faut confier cela à un comité préparatoire qui émane des forces démocratiques et patriotiques
b. La liste des sujets que le dialogue devra traiter
c. La composition des forces qui y participeront et la direction du Dialogue qui ne peut pas être confiée au Premier Ministre
d. Les décisions devront s’imposer à tous.
Deuxième écueil : des tentatives opportunistes qui consisteraient pour certaines forces de l’opposition à vouloir s’ériger en interlocuteurs exclusifs ou privilégiés du pouvoir en vue du Dialogue national.
L’Upc-Manidem appelle toutes les forces de progrès à poursuivre leurs concertations, entre autres le Stand Up For Cameroon, le Cameroon Patriotic Diaspora, le Front Citoyen, et à avancer ensemble afin que le Dialogue national qu’elles réclament depuis de longs mois aboutisse enfin.
Mobilisons-nous pour éviter à notre pays de retomber dans la même gesticulation que lors de la Tripartite de 1991, sinon nous aurons au bout du compte la même déception.
Quoique décriée et ostracisée par le pouvoir de Biya depuis le début, l’Upc-Manidem, l’Upc de Um, Moumié et Ouandié, l’Upc immortelle, se tient constamment aux côtés des populations kamerunaises, et à ce titre travaillera pour que le Dialogue national puisse en être un effectivement, et dénoncera toute tromperie qui voudrait imposer un pseudo dialogue du pouvoir RDPC à l’exemple de la Tripartite de 1991 !
Un autre Kamerun est possible, d’autres choix sont nécessaires ! »
Pour le Secrétariat du Comité Directeur
Moutoudou Albert - Président de l’UPC-MANIDEM
Chumchoua Penda - Secrétaire général de l’UPC-MANIDEM
Batoum Emmanuel - Vice-Président à l’Organisation de l’UPC-MANIDEM
Leukam Ghislain - Trésorier Général