C’est au lendemain de la visite du Premier ministre libyen Fayez al-Sarraj à Paris, mercredi 8 mai que le gouvernement de Tripoli a menacé de suspendre les activités d’une quarantaine d’entreprises. La société pétrolière française Total, est en tête des sociétés menacés d’être suspendues. Parmi les autres, figurent le groupe industriel allemand Siemens et l'entreprise de télécommunications, Alcatel-Lucent, filiale du finlandais Nokia.
En effet, ces sociétés n’auraient pas procédé au renouvellement de leurs autorisations pour poursuivre leurs activités en Libye selon le décret est signé par Ali Issaoui, le ministre libyen de l'Économie et de l'Industrie. Les autorités libyennes leur donnent ainsi trois mois pour renégocier leurs droits d’exploitation, faute de quoi leurs activités seront suspendues. Une façon pour Fayez al-Sarraj de mettre la pression sur les Européens, notamment sur Paris.
« Officiellement, ces 40 licences devaient arriver à expiration maintenant. En réalité, le décret est motivé par le désir de montrer aux pays européens que leur clémence envers la faction Est libyenne a des conséquences immédiates sur leur intérêts économiques. » A affirme, à France24, Jalel Harchaoui, chercheur au Clingendael Institute.
Des sources libyennes proches du GNA qui se sont confié au micro de RFI, il existe un lien direct entre la tournée européenne du Premier ministre et cette mesure. Selon elles, Fayez el-Sarraj n'est pas satisfait des résultats de ses rencontres à Berlin et Paris. Le gouvernement libyen reproche à Paris de soutenir le maréchal Khalifa Haftar, qui tient l'Est et le Sud du pays et dont les forces ont lancé en début avril une offensive en direction de Tripoli.
Notons que, Total est l'un des principaux groupes pétroliers présents en Libye, dont la production s'élève à plus d'un million de barils par jour. C'est par ailleurs la seule des 40 firmes visées à y avoir conclu des contrats importants.
Danielle Ngono Efondo
Selon un communiqué de la présidence égyptienne lundi 22 avril, le président Abdel Sissi recevra ses homologues Idriss Déby (Tchad), Ismaïl Omar Guelleh (Djibouti), Paul Kagame (Rwanda), Denis Sassou-Nguesso (Congo), Mohamed Abdullahi Mohamed (Somalie) et Cyril Ramaphosa (Afrique du Sud), pour le premier sommet qui portera sur la situation au Soudan où la contestation populaire se poursuit malgré la destitution du président Omar el-Béchir par l’armée. Toutefois, les manifestants toujours mobilisés réclament un gouvernement totalement civil et les militaires refusent de le faire jusqu'à présent.
Pour rappel, l'UA a menacé le 15 avril dernier de suspendre le Soudan si l'armée ne quittait pas le pouvoir d'ici 15 jours, au profit d'une « autorité politique civile. »
Par ailleurs, Le second sommet portera sur la situation en Libye où, le chef de l’Armée nationale libyenne, le maréchal Khalifa Haftar, a lancé depuis trois semaines une vaste offensive contre Tripoli tenue par le gouvernement d’union nationale, soutenu par la communauté internationale. Plus de 200 personnes dont des civils ont péri dans les violences, selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS).
Pour ce dernier, Sissi recevra les présidents d’Afrique du Sud, du Tchad, de la République démocratique du Congo, du Rwanda, de Djibouti et de Somalie, ainsi que de hauts responsables éthiopiens, sud-soudanais et le président de la commission de l’UA, Moussa Faki.
Toujours selon le même communiqué de la présidence, le sommet sur le Soudan « a pour objectif de discuter (…) des moyens les plus appropriés pour faire face à l‘évolution de la situation et de contribuer à la stabilité et à la paix. » Et la réunion sur la Libye « abordera les moyens d’endiguer la crise actuelle et de relancer le processus politique ainsi que l‘élimination du terrorisme », a-t-elle ajouté.
Rappelons que, le Soudan est secoué par des manifestations d'une ampleur inédite depuis le 19 décembre 2018 ce qui a provoqué le renversement du président déchu Béchir le 11 avril 2019. La Libye, pays du nord de l'Afrique, riche en pétrole, est plongée dans le chaos depuis la chute en 2011 du régime de Mouammar Kadhafi renversé par une révolte populaire qui a provoqué sa mort.
Danielle Ngono Efondo
Les combats font rage dans la banlieue-sud de la capitale, mais ils ne se font pas encore entendre dans le centre-ville où les Tripolitains vaquent à leurs occupations habituelles, un quotidien rythmé par les embouteillages et les files d'attente devant les banques ou les stations-services.
Il y’a quelques jours, les forces fidèles au maréchal Haftar avaient lancé une offensive pour prendre la capitale Tripoli, où siège le Gouvernement d'union nationale (GNA) reconnu par la communauté internationale. Ce lundi encore, les combats entre les deux entités rivales ont repris pour le cinquième jour consécutif dans la banlieue-sud, faisant au moins 35 morts et une quarantaine de blessées depuis le début de l'offensive sur Tripoli, selon un nouveau bilan du ministère de la Santé du GNA.
Les habitants de ce pays, riche en pétrole subissent de plein fouet le chaos qui frappe la Libye depuis la chute en 2011 du régime de Mouammar Kadhafi. Leur vie est marquée depuis plusieurs années par des pénuries de liquidités, d'essence, d'électricité et une hausse vertigineuse des prix, mais également par des combats réguliers qui illustrent les profondes divisions qui minent le pays.
A l'image du reste du pays, les Tripolitains sont aujourd'hui partagés entre ceux qui soutiennent l'offensive de Haftar, perçu comme un libérateur et, ceux qui lui sont hostiles et voient en lui un futur dictateur. Walid Bouras, un Tripolitain de 31 ans, affiche clairement son soutien au maréchal : « Je soutiens l'entrée des forces de l'armée de Haftar à Tripoli, parce que les habitants de Tripoli sont fatigués de l'humiliation subie par les milices. Mais mon jeune frère combat dans les rangs des groupes armés (pro-GNA) contre l'ANL ».
Aucune présence armée n'est visible à Tripoli. Les services de l'administration fonctionnent, les écoles et les commerces sont ouverts, selon des sources présentes sur place.
Les habitants ont cependant déjà commencé à faire des provisions, craignant des pénuries si les combats atteignent Tripoli. Farida fait partie de ceux qui craignent le pire. Dans un supermarché de Tripoli, cette mère de famille pousse devant elle un chariot plein à craquer. Eau minérale, lait, farine, pâtes, riz, huile, conserves... des produits de base en prévision de jours difficiles : « Par précaution, on doit stocker tout le nécessaire pour la famille, surtout lorsqu'on a des enfants en bas âge car on ne sait jamais combien de temps ça va durer », dit-elle.
A la pharmacie, c'est la même chose: « Pour la première fois, des clients viennent m'acheter des grandes quantités de sirops pour enfants, des antibiotiques, en vente sans ordonnance en Libye, et du paracétamol », remarque Souhayla Ali, une pharmacienne.
Pour d'autres Tripolitains, les récents combats entre GNA et ANL provoquent surtout une grande lassitude : « Que Haftar rentre dans Tripoli et qu'on en finisse », lance un client du supermarché où Farida fait ses courses.
« On commence à avoir l'habitude des violences, mais nous sommes fatigués de toutes leurs querelles », poursuit un autre client qui refuse lui aussi de donner son nom.
Aux stations-services, les files d'attente s'allongent chaque jour davantage, surtout en matinée. Certains Tripolitains viennent à pied pour remplir de pétrole des bidons et de grosses bonbonnes en plastique : « C'est pour le groupe électrogène en cas de coupure de courant », explique un jeune homme.
Chez un grossiste de produits alimentaires à Tripoli, Mariam al-Hadi, veuve et mère de quatre enfants fait des provisions elle aussi. Elle est terrorisée à la vue des forces de Haftar à la télévision, avoue-t-elle. Surtout, elle craint que les combats atteignent le centre de la capitale, où vivent plus de deux millions d'habitants.
Pour Walid Mohamad, un employé de banque depuis 38 ans, il est devenu insupportable de vivre dans une ville où des milices font la loi depuis 2011. « En mieux ou en pire, il faut que la situation change », estime-t-il.
Nicole Ricci Minyem
C’est ce jeudi 04 avril 2019 dans un message sonore publié en ligne, que le commandant de l'Armée nationale libyenne (ANL) Khalifa Haftar a ordonné à ses troupes d'entamer la marche vers la capitale Tripoli, siège du gouvernement d'union national ; celui-là même soutenu par la communauté dite internationale.
« L'heure a sonné », a-t-il lancé dans ladite déclaration diffusée sur la page Facebook du « bureau des médias » de l'ANL. Moins de 24 heures après, diverses sources font état de la prise par les hommes du maréchal, de plusieurs quartiers sud-ouest de Tripoli.
Selon la source du média russe, jusqu’ici il n y’aurait pas eu d’affrontements, « seulement quelques attaques mineures de gangs ». Cependant, ces derniers sont à prévoir. A Tripoli ce jeudi, Fathi Bashagha, le ministre de l’Intérieur a déclaré « l’état d’alerte maximale » et ordonné à toutes ses unités de « faire face avec force et fermeté à toute tentative susceptible de menacer la sécurité de la capitale ».
Que vise le Maréchal Khalifa Haftar
Selon certains observateurs, l'actuelle percée de l'ANL est censée faire pression sur Fayez el-Sarraj le chef du gouvernement d'union nationale (GNA) basé à Tripoli afin qu'il accepte un accord de partage du pouvoir permettant à Haftar de prendre la tête de l'armée nationale.
Le député libyen à la Chambre de représentants de Tobrouk, Said Imghib Interviewé par le quotidien Asharq Al-Awsat, soutient pour sa part que « l’avancée des troupes du maréchal vise l’objectif de mettre fin au contrôle de la ville de Tripoli par des milices ».
La situation en Libye
La Libye est plongée dans le chaos depuis le renversement du gouvernement et le meurtre de Mouammar Kadhafi en 2011. Le pays est divisé entre plusieurs entités rivales, avec notamment la présence à Tripoli d'un gouvernement d'union nationale (GNA) de Fayez el-Sarraj, soutenu par l'Onu et l'UE, et dans l'est, d'un parlement élu par le peuple et appuyé par l'Armée nationale libyenne (ANL) du maréchal Haftar.
Mise en garde internationale
Face à la situation qui prévaut en Libye, António Guterres, le secrétaire général des Nations unies avait mis en garde contre un « risque de confrontation militaire ». Il avait également appelé à « l’accalmie de la situation, les conditions actuelles ne permettant pas la tenue de la conférence nationale » qui devait être organisée mi-avril et établir une « feuille de route » à même de sortir le pays de la crise.
Deux séries de dépistage nutritionnel ont été menés dans le centre de Sabaa par l'Organisation Non Gouvernementale et, les résultats indiquent que près du quart des personnes incarcérées dans ce centre souffrent de malnutrition : « Les enfants sont beaucoup plus touchés que les adultes par cette malnutrition sévère et modérée », précise MSF dans un communiqué.
Des conclusions qui cadrent avec les témoignages recueillis sur le terrain, auprès des détenus qui attestent qu’ils ne reçoivent qu'un repas tous les deux, voire trois jours. Quant aux nouveaux arrivants, il leur arrive d’attendre jusqu'à quatre jours avant de recevoir de la nourriture.
Pour Kees Keus, conseiller santé de MSF pour la Libye : « Les migrants sont soumis à de nombreux problèmes, qui peuvent aller au-delà du rejet dont ils ne font pas toujours cas, mais, la situation est extrêmement préoccupante. La nourriture est systématiquement identifiée comme la principale cause d'anxiété dans ce centre, ce qui cause de nombreuses maladies ».
Les membres de cette Organisation Non Gouvernementale rapporte que quelques semaines auparavant, plus précisément le 21 Février, près d’une quarantaine de personnes enfermées dans une petite cellule mesurant seulement 4,5 mètres sur 5 mètres, soit 0,7 m2 d'espace par personne.
Et, la souffrance, la terreur étaient perceptibles dans ce groupe de personnes parmi lesquelles l’on retrouve les hommes, les femmes et les enfants : « Il n'y avait pas suffisamment de place pour s'allonger, ni de latrines dans la pièce. Cela nous forçait à faire nos besoins dans des seaux ou encore dans des bouteilles en plastique. Nous sommes de plusieurs nationalités mais, cela n’était pas notre préoccupation première. Les gardes nous ont laissé dans ces conditions pendant plus d'une semaine ».
Dans ce communiqué qui tient lieu de plaidoyer, l’équipe de Médecins Sans Frontière s'inquiète n’a pas manqué de mentionné la présence d’un tiers d'enfants et d'adolescents parmi les détenus, qui ont 50% plus de risques de souffrir de malnutrition grave. Ils appellent les autorités libyennes et la communauté internationale à agir en urgence pour mettre fin aux conditions inhumaines et dangereuses dans les centres de détention libyens ».
Nicole Ricci Minyem
Dans les années 80 déjà, la Libye du feu Guide libyen Mouammar Kadhafi était dans le viseur des occidentaux dont en particulier la Grande Bretagne.
Selon le site d’information sputniknews qui cite The Times qui se serait procuré ledit rapport déclassifié, en 1986, les autorités britanniques avaient un projet de riposte à une possible attaque libyenne contre Gibraltar. Le risque d’une frappe libyenne s’expliquait par le soutien de Londres aux bombardements de Tripoli et Benghazi menés par les États-Unis.
Le ministère de la Défense britannique se préparait à une possible attaque de la Libye contre Gibraltar en riposte au soutien de Margaret Thatcher aux bombardements de Tripoli et Benghazi en 1986, révèle The Times se référant à un document déclassifié.
« À la suite des actions militaires américaines contre la Libye, il y a un risque accru d'attaque libyenne contre des cibles britanniques», peut-on lire dans ce document auparavant classé comme «top secret ».
Selon le rapport, les autorités britanniques estimaient que la Libye pouvait utiliser ses bombardiers Tu-22 livrés par l'URSS afin de frapper Gibraltar avec cinq bombes de 1.000 kilogrammes. Elles ont autorisé l'interception de tout avion «suspect» s'approchant de Gibraltar.
À cette fin, la Royal Air Force y a déployé un avion d'interception Phantom ainsi que des systèmes de missiles sol-air Rapier.
Londres avait également peur que Gibraltar ne soit visé par un attentat. D'après le rapport cité par The Times, « différentes organisations terroristes en Espagne » étaient « liées à la Libye ». C'est pourquoi, un contrôle plus strict a été introduit à l'égard des populations nord-africaines en provenance du Maroc.
Le 15 avril 1986, Washington a effectué une série de frappes aériennes en Libye, ciblant notamment la résidence de Mouammar Kadhafi à Tripoli. Environ 60 militaires et civils libyens ont été tués dans ces attaques.
Il s'agissait d'une riposte des États-Unis à l'attentat dans le club La Belle, à Berlin-Ouest, le 5 avril 1986. Le Président Ronald Reagan avait alors accusé la Libye de cet attentat qui a fait trois morts dont deux militaires américains. À l'époque, Tripoli a démenti son implication dans cette attaque mais a payé en 2008 une indemnisation aux familles des victimes américaines afin de normaliser ses relations avec Washington.
Source : Sputniknews