L'ancien président tchadien est décédé ce mardi 24 août à l'âge de 79 ans à Dakar au Sénégal, où il purgeait sa peine de prison à perpétuité, pour crimes contre l’humanité, crimes de guerre et actes de torture.
L'administration pénitentiaire sénégalaise a annoncé, ce mardi 24 août, la mort de Hissène Habré. Il aurait succombé à la COVID-19. L'ex-président du Tchad était détenu dans le pays, où il a été condamné à la prison à perpétuité pour des crimes commis alors qu'il était à la tête de l'État, entre 1982 et 1990.
"Habré a été remis entre les mains de son Seigneur", a déclaré le ministre sénégalais de la Justice, Malick Sall sur la chaîne TFM.
L’information a été confirmée par le ministre tchadien de la Communication, et porte-parole du gouvernement, Abderaman Koulamallah. « Monsieur Hissène Habré est décédé. C’est une bien triste nouvelle pour sa famille, pour beaucoup de Tchadiens, et nous compatissons à cette mort. Hissène Habré a dirigé le Tchad; même si on n’est pas partisan de la manière dont il a dirigé le Tchad, devant la mort, nous nous inclinons », A-t-il déclaré à RFI.
Alors que l’ancien chef d’Etat tchadien était en détention au niveau du Cap Manuel, sa femme a fait part de son état fiévreux et a demandé qu’il soit évacué dans une clinique de première catégorie à Dakar il a quelques jours de cela.
« L’administration n’était pas forcément pour, mais finalement, comme c’était pour des raisons de santé, on lui a accordé cette requête et c’est malheureusement au niveau de cette clinique-là qu’il a attrapé le Covid-19. Le chef de l’État a donné des instructions fermes immédiatement au directeur de l’hôpital, et à son médecin personnel pour qu’il soit évacué à l’hôpital principal. C’est là que nous avons notre meilleur plateau médical au Sénégal, et donc il a été pris en charge immédiatement à ce niveau-là. C’est à l’hôpital principal qu’il est décédé », a indiqué le ministre de la Justice sénégalais.
Condamné à perpétuité
Hissène Habré, qui a dirigé le Tchad de 1982 à 1990, a été condamné le 30 mai 2016 à la prison à vie à l'issue d'un procès inédit à Dakar, après avoir été déclaré coupable de crimes contre l'humanité, viols, exécutions, esclavage et enlèvement. Une commission d'enquête tchadienne a chiffré à 40.000 morts le nombre des victimes de la répression sous le régime Habré.
Hissène Habré, renversé en 1990, avait trouvé refuge au Sénégal, où, sous la pression internationale, les conditions de son procès avaient été créées et où il avait été arrêté en 2013 et inculpé par un tribunal spécial installé en coopération avec l'Union africaine.
Ariane Foguem
L’ouverture officielle de la frontière qui lie le Cameroun au Tchad a eu lieu le 17 juin 2021.
C’est depuis le mois de mars 2020, que la frontière Cameroun-Tchad est officiellement fermée. La décision a été prise par les autorités tchadiennes, à cause de la pandémie du Coronavirus. Elles voulaient limiter la propagation de la pandémie. Même s’il faut reconnaître qu’officieusement, la frontière est restée accessible aux usagers.
Le jeudi 17 juin 2021, les autorités tchadiennes ont officiellement annulé la décision de fermer la frontière. Il y a eu à cet effet, une cérémonie organisée et qui a été présidée par le ministre tchadien de la Sécurité publique et de l'immigration, le Général Souleyman Abakar Adam ainsi que le directeur général de la police nationale, Ousman Bassy Lougma.
A titre de rappel, c’est le 16 mars 2020 que le gouvernement tchadien a adopté un certain nombre de mesures parmi lesquelles, le renforcement de la lutte contre la propagation du coronavirus, et principalement la fermeture des frontières aériennes et terrestres, l’interdiction des regroupements de plus de cinquante personnes et l'instauration d'un couvre-feu, entres autres.
Avant de mourir, le président Idriss Deby Itno s’était réjoui de la gestion faite de la pandémie du Coronavirus au Tchad. Aussi, il était partiellement revenu sur sa décision en actant la réouverture des frontières aériennes. Cependant, apprend-on, il n'a pas oublié de préciser que cette réouverture des frontières aériennes n’était pas synonyme de la réouverture des frontières terrestres.
Liliane N.
Après un premier communiqué des forces de défense tchadienne, c’est au tour des autorités de Bangui de dire leur point de vue dans cette situation crisogène. Une version de fait teinté d’une volonté affirmée pour l’apaisement entre les deux Etats frères.
Le communiqué du gouvernement centrafricain :
« Dans la poursuite des éléments de la CPC à la frontière centrafricano – tchadienne, le dimanche 30 mai 2021, des échanges de tirs ont eu lieu de part et d’autre.
Ces échanges ont malheureusement provoqué des morts cotés centrafricain et tchadien semant ainsi la désolation, une fois encore du fait des actions de la CPC.
Le Gouvernement de la République centrafricaine condamne le mode opératoire de la CPC qui procède à des attaques sur les populations centrafricaines avant de traverser la frontière.
Le Gouvernement déplore les pertes en vies humaines et les blessés ainsi provoqués au sein des armées tchadienne et centrafricaine et transmet ses condoléances et compassions aux familles éprouvées.
Le Gouvernement de la République Centrafricaine, qui a montré à plusieurs reprises sa volonté de raffermir ses relations avec le Gouvernement du Tchad et entre les deux peuples frères, réaffirme sa détermination de continuer à œuvrer dans l’esprit et la lettre des dispositions de la Commission mixte centrafricano – tchadienne de décembre 2019.
Dans cet esprit, le Gouvernement centrafricain reste disposé à entamer dans un bref délai, toutes les actions de sécurisation des frontières communes dans l’intérêt des deux peuples et se rend disponible pour travailler avec la partie tchadienne pour préserver la paix et la sécurité chères à nos deux Gouvernements.
Pour ce faire, le Gouvernement tchadien a été informé de la proposition de la mise en place d’une mission d’enquête conjointe, pendant qu’une mission Gouvernementale se rendra à N’Djamena dans un bref délai. »
Cette communication du gouvernement centrafricain montre très bien qu'il s'agissait d'une volonté affirmée des miliciens du CPC de créer cette embrouille entre les deux Etats. En allant vers les positions tchadiennes, ils ont réussi à tronquer cette guerre à cet Etat voisin. A défaut de créer une base arrière dans les frontières du Tchad, il faut certainement faire entrer dans la guerre les soldats tchadiens. Une fois la manoeuvre effectuée, le reste c'est dans les couloirs diplomatiques.
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Stéphane NZESSEU
L’Afrique Centrale est au bord d’une nouvelle explosion. Le Tchad du fils Deby pointe un doigt accusateur sur son voisin centrafricain comme étant le responsable de la mort de plusieurs soldats Tchadiens. Une situation de très haute tension puisque le Tchad annonce une riposte militaire. Or, il apparaît clairement que le coq français joue des mains et des pieds pour chasser l’ogre Russe dans sa basse-cour d’Afrique Centrale. Pour l’expert en sécurité, Raoul Sumo Tayo, il faut voir derrière, une sorte de guerre civile en construction.
« La figure de l’ennemi est essentielle dans la fabrication du nationalisme et du patriotisme. Toute réflexion sur l’ennemi ramène aux fondamentaux : Eris le conflit retrouve sa place à côté d’Eros comme juge de la grandeur de l’État et de la valeur des hommes : « il est bien clair qu’un homme sans ennemi est un homme dans destin et qu’une nation sans ennemi est une nation sans histoire », dit Regis Debray.
Sauf que… les dictatures ont l’habitude de provoquer des conflits interétatiques pour détourner l’attention de leurs opinions publiques nationale des questions brûlantes de politique intérieure, l’objectif étant de perpétuer leur pouvoir en suscitant une union sacrée contre l’ennemi extérieur.
Pour la classe dirigeante, la guerre est une opportunité pour élargir son domaine personnel de puissance. Freud parle de pulsions du pouvoir, de souveraineté, de cruauté et destruction, d’antagonisme d’Eros qui, se déchainent vers l’extérieur sur ce qui prend la figure de l’ennemi.
Ce qui se passe pourrait également être une guerre de proxy que se livreraient la France et la Russie en République centrafricaine. Quoi qu’il en soit, le Tchad est une société guerrière qui a besoin du conflit pour exister. »
De toutes évidences, les prochaines heures s’annoncent très délicates.
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Stéphane NZESSEU
Mahamat Deby fils du défunt Idriss Deby aujourd’hui président du Conseil militaire de transition du Tchad, a signé le vendredi 21 mai 2021, un nouveau décret portant nomination de responsables à la présidence de la République de son pays.
Le nom de Samuel Eto’o Fils ancien Lion indomptable et gloire du football camerounais figure bel et bien dans le décret portant nomination de responsables à la présidence de la République du Tchad. Ce décret a été signé le vendredi 21 mai 2021. On peut dire que sur ce point, Mahamat Deby président du Conseil militaire de transition de ce pays voisin a choisi de rester sur les lignes de son père. Car il convient de rappeler qu’en date du 22 octobre 2020, le défunt Idriss Deby Itno avait signé le décret n° 2155, qui faisait de Samuel Eto’o Fils, ambassadeur itinérant au Tchad.
Le journal Tchad info en se basant sur une définition du dictionnaire Petit Larousse indique qu’un ambassadeur itinérant a un rôle représentatif.
«Il est en soit un messager, quelqu’un qui de par son profil peut aider à faire avancer une cause ou défendre un sujet dont il a la maitrise», ajoute Tchad info.
En guise d’information, il faut noter qu’à la présidence tchadienne, les ambassadeurs itinérants, qui sont au nombre de quatre, se retrouvent dans un service placé sous la conduite du Directeur du Cabinet civil du Président de la République. Lorsque le défunt Idriss Deby Itno portait Samuel Eto’o Fils à cette fonction, il souhaitait ainsi magnifier et encourager les initiatives panafricaines de l’ancien capitaine des Lions indomptables.
A titre de rappel, le 16 octobre 2020, il avait reçu Samuel Eto’o Fils, ainsi que Naïr Abakar (entrepreneur social et conseiller à la jeunesse de l’Union Africaine), dans le cadre d’un projet qu’ils avaient initié. Le projet était intitulé « l’école des champions ». C’était un concours qui offrait 15 bourses à des joueurs de 10 à 15 ans qui devraient intégrer la Kadji Sport Academy du Cameroun.
Liliane N.
Pour Célestin Djamen le président du nouveau parti politique APAR, la constitution peut être mise de côté, lorsqu’il s’agit de l’intégrité du territoire.
Contrairement à Maurice Kamto du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC) qui demande à ce que la constitution soit respectée au Tchad, Célestin Djamen de l’Alliance Patriotique et Républicaine du Cameroun approuve la situation politique actuelle du pays du feu Idriss Deby Itno. Pour lui, au nom de l’intégrité du territoire on peut bien mettre de côté la constitution d’un pays.
«A situation exceptionnelle des mesures exceptionnelles. On doit suspendre la constitution dans le contexte d’invasion, d’attaque du pays. Il faut préserver d’abord l’intégrité. La constitution ne sert à rien si le pays est attaqué. La mesure la plus urgente est que les militaires prennent le contrôle pour sauver la nation», a-t-il déclaré lors du débat dominical du 25 avril 2021 de la chaîne Vision 4.
Il faut noter que les camerounais se montrent très intéressés par la situation politique au Tchad. Comme Célestin Djamen il y en a qui approuvent le fait que le pouvoir ait été donné à Mahamat Deby qui avec le Conseil militaire a indiqué avoir 18 mois pour organiser la transition. Jean Yves Le Drian le ministre français des Affaires étrangères, a précisé la raison pour laquelle la France cautionne le fait que la constitution tchadienne n’ait pas été respectée.
«Il y a des situations exceptionnelles. Logiquement, ce devrait être le président de l’Assemblée nationale tchadienne, mais il a refusé en raison des situations exceptionnelles de sécurité, nécessité d’assurer la stabilité de ce pays. Il importe maintenant que le conseil de transition qui s’est mis en place indique la manière dont il veut travailler, qu’il soit l’acteur de la sécurisation. Il y a dans cette transition, beaucoup de chefs militaires», a-t-il déclaré.
Liliane N.
Les transporteurs sont bloqués au niveau de la frontière.
La fermeture des frontières tchadiennes décidée par le conseil militaire de transition n’arrange pas les plans des transporteurs, des camionneurs qui empruntent régulièrement le corridor Douala-N'djamena afin d’acheminer vivres et autres produits. Ils se retrouvent coincés avec leurs marchandises. Pas moyen d‘entrer au Tchad ou d’en sortir. La situation devient alarmante pour eux, parce qu’ils affirment enregistrer de lourdes pertes.
«Les camions sont bloqués. Vraiment c’est une grande perte pour nous», a déclaré un transporteur au micro de la CRTV.
Dans la ville camerounaise de Kousseri, c’est avec beaucoup d’attention que les transporteurs suivent la situation au Tchad. Selon les autorités administratives, toute disposition a été prise en ce qui concerne les mesures sécuritaires urgentes, pour palier toute escalade de violence dans la région mais également encadrer les populations qui afflueraient vers le Cameroun dans l’éventualité d’une détérioration du climat sécuritaire chez nos voisins.
«Nous avons noté la fermeture des frontières. Mais nous constatons qu’au niveau de Kousseri la situation est calme. Il n’y a pas d’afflux de populations tel que véhiculé dans les réseaux sociaux. Nous demandons à nos populations de rester calmes. Les mesures sécuritaires ont été prises pour assurer leur sécurité», a déclaré Jean Lazare Ndongo Ndongo, le préfet du département du Logone et Chari au micro de la CRTV.
Il faut rappeler que c’est depuis le mardi 20 avril 2021 que les frontières tchadiennes ont été fermées et un couvre-feu a été instauré. Ces mesures ont été prises juste après l’annonce du décès du président Idriss Deby Itno.
Liliane N.
Le journaliste Jean Bruno Tagne dénonce le fait que la France cautionne que le pouvoir ait été repris au Tchad, par un Conseil militaire au détriment de ce que prévoit la constitution de ce pays.
C’est par rapport à ce qui se passe actuellement au Tchad, que le journaliste Jean Bruno Tagne affirme que la France accepte que se passe en Afrique, ce qui est condamné ailleurs.
«Lorsqu’il s’agit de l’Afrique la France s’autorise toutes les outrances. On cautionne ce qu’on condamne ailleurs. La françafrique vit», a écrit Jean Bruno Tagne sur son compte Twitter.
En fait, il faut noter que les camerounais suivent de près ce qui se passe au Tchad. Il y en a comme le journaliste Jean Bruno Tagne, Maurice Kamto le président du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC) pour ne citer qu’eux, qui appellent au respect de la constitution de ce pays voisin du nôtre. Sauf que mardi dernier, jour d’annonce du décès du président Idriss Deby Itno, l’Assemblée nationale et le gouvernement ont été dissous.
Dans une interview accordée à la chaîne France 2, Jean Yves LeDrian le ministre français des Affaires étrangères interrogée sur ce point, a révélé que le président de l’Assemblée nationale n’a pas voulu reprendre le pouvoir comme le prévoit la constitution tchadienne.
«Il y a des situations exceptionnelles. Logiquement, ce devrait être le président de l’Assemblée nationale tchadienne, mais il a refusé en raison des situations exceptionnelles de sécurité, nécessité d’assurer la stabilité de ce pays. Il importe maintenant que le conseil de transition qui s’est mis en place indique la manière dont il veut travailler, qu’il soit l’acteur de la sécurisation. Il y a dans cette transition, beaucoup de chefs militaires», a déclaré Jean Yves LeDrian.
Liliane N.
Pour le Chef d’Etat camerounais, le départ brusque de son homologue est une perte considérable pour le Tchad, pour l’Afrique Centrale et le Continent africain.
Le Président de la République du Cameroun vient de perdre un ami, presqu’un frère. Idriss Deby était une épaule solide sur laquelle le Président camerounais savait pouvoir toujours compter. Le maître des bords du Lac Tchad en aucune manière ne pouvait se constituer comme une base arrière des rebellions ou de forces qui en voulaient à l’intégrité du territoire camerounais. Un véritable allié stratégique pour Paul BIYA.
On peut sentir dans le message de condoléances du président camerounais l’émotion et la douleur de cette perte. « J’apprends avec une grande tristesse, le décès du Maréchal Idriss Deby ITNO, Président de la République du Tchad, survenu à N’djamena.
Je salue la mémoire de cet éminent Chef d’Etat et frère.
La disparition du Maréchal du Tchad, son Excellence Idriss Deby ITNO, est une immense perte pour votre pays, l’Afrique Centrale et notre continent, qu’il aura servi sans relâche, et durant de longues années.
Je tiens en cette tragique circonstance à vous adresser, ainsi qu’à Madame Hinda Deby ITNO, au Gouvernement et à la Nation Tchadienne endeuillés, Mes condoléances les plus sincères. J’y associe le sentiment de solidarité fraternelle du Peuple Camerounais et la compassion émue de mon Epouse.
Veuillez agréer, Monsieur, les assurances de ma haute considération. »
Les deux hommes communiquaient régulièrement. Ils se sont téléphonés en mars 2020 pour discuter des mesures barrières autour de la lutte contre la Covid 19. Ils ont travaillé main dans la main sur plusieurs fronts. Le dernier était celui de la lutte contre la secte islamiste Boko Haram. Idriss Deby a mobilisé toute son armée pour sécuriser les frontières tchadiennes et camerounaises.
Les audiences au Palais de l’Unité de Yaoundé, les rencontres en aparté lors des sommets sur le continent africain et même à l’international. Le Président Idriss Deby était un partenaire privilégié pour le Cameroun. N’ayant pas de sortie sur le Mer, c’est par le Cameroun que le Tchad achemine ses produits commerciaux. L’une des grandes réussites de cette collaboration entre Paul BIYA et Idriss Deby, restera le pipeline Tchad – Cameroun. Un corridor pétrolier qui a permis l’exploitation de la ressource pétrolière du Tchad. L’allié sécuritaire et stratégique de Paul BIYA s’en est allé. Vivement que les successeurs d’Idriss Deby réussissent à construire la même relation avec les dirigeants camerounais.
Stéphane NZESSEU
Avec le décès ce mardi 20 avril 2021 du maréchal Idriss Deby ITNO, c’est plus de trois décennies d’histoire du TCHAD qui se tournent. Trois décennies durant lesquelles Idriss Deby aura représenté la rébellion, la prospérité de son pays, puis le militaire protecteur de ses frontières et de celles de la sous-région Afrique Centrale.
La carrière politique de cet homme hors norme commence pourrait-on dire avec son retour au pays en 1979. Durant quelques années, il va collaborer avec le principal opposant d’alors, Hissen Habré. Hissen Habré était Premier Ministre du Tchad depuis le 29 août 1978. Etant à ce poste, il orchestre un coup d’Etat contre son président, le Général Félix Malloum le 12 février 1979. Coup d’Etat qu’il va perdre. Il fuit dans le Nord et met sur pied une autre rébellion que va rejoindre le jeune Idriss Deby a alors à peine 27 ans.
Les deux hommes, accompagnés par d’autres militaires au sein de ce qui était appelé les Forces armées du Nord (FAN), ils renversent le 07 juin 1982 le président qui venait lui aussi d’accéder au pouvoir par la force, Goukouni Oueddei. Mais très vite Hissen Habré se met à éliminer ceux avec qui il a remporté la guerre de peur d’avoir un concurrent politique dans ses rangs. C’est pourquoi, Idriss Deby va fuir et organiser à son tour une autre rébellion pour renverser à son tour son ami d’hier.
En mars 1990, depuis le Soudan où il est en exil, il créé, avec l’aide du Guide Libyen Mouammar Kadhafi, le mouvement rebelle du Mouvement Patriotique du Salut (MPS). Il a le soutien de la Lybie parce que ce dernier souhaite qu’il libère les soldats libyens faits prisonniers par Hissen Habré. C’est le 1er décembre 1990 que la rébellion d’Idriss Deby mène l’assaut final sur N’djamena. Il prend le pouvoir et inaugure un règne militaire qui va durer 30 ans 04 mois et 16 jours.
Idriss Deby, c’est 30 ans de mutations politiques en république tchadienne. Les constitutions plusieurs fois modifiées, les élections dites pluralistes qu’il remportait toujours avec des scores impressionnants. Dans ses dernières années, il va initier « l’opération cobra », une opération de lutte contre la corruption et d’assainissement de l’administration publique. Idriss Deby va également se présenter aux yeux de certains comme un panafricaniste en s’opposant au Franc CFA et à une certaine France-Afrique. Même si on peut toujours questionner la sincérité de ces prises de position.
Idriss Deby au cours de ses cinq mandats à la tête de son pays, en plus des années de présidence par intérim, va être celui qui dans un premier temps va amorcer une véritable croissance économique pour son pays. En 1996, il organise les premières élections pluralistes au Tchad depuis l’indépendance du pays en 1960. En 2000, il ouvre le chantier de l’oléoduc (Pipeline) Tchad – Cameroun (entre Komé au Tchad et Kribi au Cameroun). Idriss Deby c’est l’homme qui facilite l’arrivée au pouvoir de « BOZIZE » en République Centrafricaine. Tout simplement parce que la Centrafrique représentait pour lui un important gisement de pétrole à exploiter. Idriss Deby va essuyer deux tentatives de coup d’Etat en 2005 et 2008. Et à chaque fois, c’est l’armée française qui devra prendre les armes pour le libérer et lui permettre de continuer l’exercice de son pouvoir.
Idriss Deby, c’est le Chef Militaire qui va prendre les devants pour éloigner de ses frontières et de celles du Cameroun, a secte Islamiste Boko Haram venu du Nigéria. Idriss Deby sera d’un grand soutien militaire pour plusieurs pays de la sous-région engagés dans des combats contre les terroristes. Le Chef de guerre est tombé au front. Aux côtés de son armée, alors qu’il combattait une autre rébellion venue du Nord du pays.
Stéphane NZESSEU