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mardi, 24 août 2021 14:13

Nécrologie: Hissène Habré rend l’âme

L’ex président tchadien est décédé ce jour à l'âge de 79 ans , alors qu’il était toujours détenu dans une maison d’arrêt au Sénégal depuis sa condamnation à perpétuité pour crimes de guerres, crimes contre l’humanité et actes de tortures.  

 

La triste nouvelle, communiquée par l’administration pénitentiaire du Sénégal a fait le tour des médias, tant nationaux qu’internationaux,  revenant pour certains sur la vie de l’homme d’Etat qui a dirigé le Tchad entre 1982 et 1990.

L'information a été confirmée par le ministre sénégalais de la Justice, Malick Sall:  " Hissène Habré a été remis entre les mains de son Seigneur" et bien qu’aucune publication ne vient corroborer certaines déclarations, les journalistes  déclarent que l’ancien Président de la République du Tchad “a succombé au Covid-19”.

Qui était Hissène Habré ?

"Combattant du désert'', "homme des maquis", "chef de guerre" : les qualificatifs abondent pour exalter les qualités militaires de Hissène Habré du temps de sa superbe.

Son parcours dans les années 1970 et 1980 s'inscrit dans l'histoire agitée du Tchad indépendant dont il a été le troisième président.

Né en 1942 à Faya-Largeau, dans le nord du pays, il grandit dans le désert du Djourab, au milieu de bergers nomades. Intelligent, il est remarqué par ses maîtres.

Devenu sous-préfet, il part étudier en France en 1963, à l'Institut des hautes études d'Outre-mer. Il étudie ensuite le droit à Paris, y fréquente l'Institut d'études politiques et fait son éducation politique en dévorant Frantz Fanon, Ernesto "Che" Guevara, Raymond Aron.

De retour au Tchad en 1971, il rejoint le Front de libération nationale du Tchad (Frolinat), dont il prend la tête, avant de fonder, avec un autre nordiste, Goukouni Weddeye, le conseil des Forces armées du Nord (Fan).

À partir de 1974, il se fait connaître à l'étranger en retenant en otage – durant trois ans – l'ethnologue française Françoise Claustre, obligeant la France à négocier avec la rébellion.

Il sera ensuite Premier ministre du président Félix Malloum, avec qui il rompra, puis ministre de la Défense de Goukouni Weddeye, président du gouvernement d'union nationale créé en 1979.

Soutenu par Paris et Washington face à Kadhafi

Nationaliste convaincu et farouchement opposé au dirigeant libyen de l'époque Mouammar Kadhafi, qui a les sympathies de Weddeye, il rompt peu après avec son ancien allié, déclenchant une guerre civile à N'Djamena, qu'il doit évacuer fin 1980.

À partir de l'est du Tchad, où il a repris le maquis, il combat Goukouni Weddeye soutenu par Tripoli, pour rentrer victorieusement à N'Djamena en 1982.

Son régime, soutenu face à Kadhafi par la France et les États-Unis, va durer huit ans.

Cette période est marquée par une terrible répression : les opposants – réels ou supposés – sont arrêtés par la Direction de la documentation et de la sécurité (DDS, police politique), torturés, souvent exécutés.

Une commission d'enquête va estimer à plus de 40 000, le nombre de personnes mortes en détention ou exécutées sous son règne, dont 4 000 identifiées nommément.

En décembre 1990, Hissène Habré quitte précipitamment N'Djamena, fuyant l'attaque éclair des rebelles d'Idriss Déby Itno, un de ses généraux qui a fait défection 18 mois plus tôt et a envahi le pays depuis le Soudan. Chassé du pouvoir, il trouve refuge à Dakar pour un exil qui sera paisible pendant plus de vingt ans.

Au Sénégal, il troque treillis et casquette kaki pour un grand boubou et un calot blanc. Musulman pratiquant, il se fait apprécier de ses voisins, avec lesquels il prie lors des fêtes religieuses, se montre aussi discret que généreux, participant à la construction de mosquées ou au financement du club de foot…

Jugé par un tribunal spécial 

En 2011, quand le président sénégalais Abdoulaye Wade, sous pression, crée la surprise en voulant l'expulser, des habitants du quartier de Ouakam manifestent leur soutien à Hissène Habré, soulignant qu'il a une femme et des enfants sénégalais.

Il est finalement arrêté le 30 juin 2013 à Dakar puis inculpé par un tribunal spécial créé en vertu d'un accord entre l'Union africaine et le Sénégal.

Son procès, le premier au monde dans lequel un ancien chef d'État est traduit devant une juridiction d'un autre pays pour violations présumées des droits de l'Homme, s'ouvre le 20 juillet 2015.

Le 30 mai 2016, il est condamné à la prison à perpétuité pour crimes de guerre, crimes contre l'humanité, tortures et viols.

N.R.M

Published in International

L'ancien président tchadien est décédé ce mardi 24 août à l'âge de 79 ans à Dakar au Sénégal, où il purgeait sa peine de prison à perpétuité, pour crimes contre l’humanité, crimes de guerre et actes de torture.

L'administration pénitentiaire sénégalaise a annoncé, ce mardi 24 août, la mort de Hissène Habré. Il aurait succombé à la COVID-19. L'ex-président du Tchad était détenu dans le pays, où il a été condamné à la prison à perpétuité pour des crimes commis alors qu'il était à la tête de l'État, entre 1982 et 1990.

"Habré a été remis entre les mains de son Seigneur", a déclaré le ministre sénégalais de la Justice, Malick Sall sur la chaîne TFM.

L’information a été confirmée par le ministre tchadien de la Communication, et porte-parole du gouvernement, Abderaman Koulamallah. « Monsieur Hissène Habré est décédé. C’est une bien triste nouvelle pour sa famille, pour beaucoup de Tchadiens, et nous compatissons à cette mort. Hissène Habré a dirigé le Tchad; même si on n’est pas partisan de la manière dont il a dirigé le Tchad, devant la mort, nous nous inclinons », A-t-il déclaré à RFI.

Alors que l’ancien chef d’Etat tchadien était en détention au niveau du Cap Manuel, sa femme a fait part de son état fiévreux et a demandé qu’il soit évacué dans une clinique de première catégorie à Dakar il a quelques jours de cela.

« L’administration n’était pas forcément pour, mais finalement, comme c’était pour des raisons de santé, on lui a accordé cette requête et c’est malheureusement au niveau de cette clinique-là qu’il a attrapé le Covid-19. Le chef de l’État a donné des instructions fermes immédiatement au directeur de l’hôpital, et à son médecin personnel pour qu’il soit évacué à l’hôpital principal. C’est là que nous avons notre meilleur plateau médical au Sénégal, et donc il a été pris en charge immédiatement à ce niveau-là. C’est à l’hôpital principal qu’il est décédé », a indiqué le ministre de la Justice sénégalais.

 

Condamné à perpétuité

Hissène Habré, qui a dirigé le Tchad de 1982 à 1990, a été condamné le 30 mai 2016 à la prison à vie à l'issue d'un procès inédit à Dakar, après avoir été déclaré coupable de crimes contre l'humanité, viols, exécutions, esclavage et enlèvement. Une commission d'enquête tchadienne a chiffré à 40.000 morts le nombre des victimes de la répression sous le régime Habré.

Hissène Habré, renversé en 1990, avait trouvé refuge au Sénégal, où, sous la pression internationale, les conditions de son procès avaient été créées et où il avait été arrêté en 2013 et inculpé par un tribunal spécial installé en coopération avec l'Union africaine.

 

Ariane Foguem

Published in International






Sunday, 05 June 2022 11:01