Avec le décès ce mardi 20 avril 2021 du maréchal Idriss Deby ITNO, c’est plus de trois décennies d’histoire du TCHAD qui se tournent. Trois décennies durant lesquelles Idriss Deby aura représenté la rébellion, la prospérité de son pays, puis le militaire protecteur de ses frontières et de celles de la sous-région Afrique Centrale.
La carrière politique de cet homme hors norme commence pourrait-on dire avec son retour au pays en 1979. Durant quelques années, il va collaborer avec le principal opposant d’alors, Hissen Habré. Hissen Habré était Premier Ministre du Tchad depuis le 29 août 1978. Etant à ce poste, il orchestre un coup d’Etat contre son président, le Général Félix Malloum le 12 février 1979. Coup d’Etat qu’il va perdre. Il fuit dans le Nord et met sur pied une autre rébellion que va rejoindre le jeune Idriss Deby a alors à peine 27 ans.
Les deux hommes, accompagnés par d’autres militaires au sein de ce qui était appelé les Forces armées du Nord (FAN), ils renversent le 07 juin 1982 le président qui venait lui aussi d’accéder au pouvoir par la force, Goukouni Oueddei. Mais très vite Hissen Habré se met à éliminer ceux avec qui il a remporté la guerre de peur d’avoir un concurrent politique dans ses rangs. C’est pourquoi, Idriss Deby va fuir et organiser à son tour une autre rébellion pour renverser à son tour son ami d’hier.
En mars 1990, depuis le Soudan où il est en exil, il créé, avec l’aide du Guide Libyen Mouammar Kadhafi, le mouvement rebelle du Mouvement Patriotique du Salut (MPS). Il a le soutien de la Lybie parce que ce dernier souhaite qu’il libère les soldats libyens faits prisonniers par Hissen Habré. C’est le 1er décembre 1990 que la rébellion d’Idriss Deby mène l’assaut final sur N’djamena. Il prend le pouvoir et inaugure un règne militaire qui va durer 30 ans 04 mois et 16 jours.
Idriss Deby, c’est 30 ans de mutations politiques en république tchadienne. Les constitutions plusieurs fois modifiées, les élections dites pluralistes qu’il remportait toujours avec des scores impressionnants. Dans ses dernières années, il va initier « l’opération cobra », une opération de lutte contre la corruption et d’assainissement de l’administration publique. Idriss Deby va également se présenter aux yeux de certains comme un panafricaniste en s’opposant au Franc CFA et à une certaine France-Afrique. Même si on peut toujours questionner la sincérité de ces prises de position.
Idriss Deby au cours de ses cinq mandats à la tête de son pays, en plus des années de présidence par intérim, va être celui qui dans un premier temps va amorcer une véritable croissance économique pour son pays. En 1996, il organise les premières élections pluralistes au Tchad depuis l’indépendance du pays en 1960. En 2000, il ouvre le chantier de l’oléoduc (Pipeline) Tchad – Cameroun (entre Komé au Tchad et Kribi au Cameroun). Idriss Deby c’est l’homme qui facilite l’arrivée au pouvoir de « BOZIZE » en République Centrafricaine. Tout simplement parce que la Centrafrique représentait pour lui un important gisement de pétrole à exploiter. Idriss Deby va essuyer deux tentatives de coup d’Etat en 2005 et 2008. Et à chaque fois, c’est l’armée française qui devra prendre les armes pour le libérer et lui permettre de continuer l’exercice de son pouvoir.
Idriss Deby, c’est le Chef Militaire qui va prendre les devants pour éloigner de ses frontières et de celles du Cameroun, a secte Islamiste Boko Haram venu du Nigéria. Idriss Deby sera d’un grand soutien militaire pour plusieurs pays de la sous-région engagés dans des combats contre les terroristes. Le Chef de guerre est tombé au front. Aux côtés de son armée, alors qu’il combattait une autre rébellion venue du Nord du pays.
Stéphane NZESSEU