La France, par la voix de son ambassadeur à Yaoundé, a tenu à saluer la signature par le président Biya du décret permettant la création du Comité de désarmement et de réinsertion des miliciens camerounais au sein de la société.
Paul Biya confirme ainsi les propos qu’il a tenu lors de son discours d’investiture le 6 novembre dernier, dans lequel il invitait les jeunes engagées dans les milices séparatistes et dans tout autre activité terroriste à déposer les armes.
Il avait ainsi déclaré: “À ces entrepreneurs de guerre, qui mettent à mal notre unité nationale et prônent la sécession, il faut qu’ils sachent qu’ils se heurteront non seulement à la rigueur de la loi, mais aussi à la détermination de nos forces de défense et de sécurité. Je leur lance un appel à déposer les armes et à retrouver le droit chemin. J’en appelle tout particulièrement aux jeunes qui se sont laissés entraîner dans une aventure sans lendemain” et avait ajouté qu’il avait “ l’intime conviction que l’écrasante majorité de nos compatriotes des deux régions concernées aspirent à retrouver rapidement la paix au sein de la communauté nationale”.
Jeudi 6 décembre dernier, l’ambassadeur de France, Son Excellence Gilles Thibault a été reçu par le chef de l'État camerounais au Palais de l’Unité pour une audience durant laquelle, parmi les nombreux sujets abordés, celui de la création et de la mise en place du Comité de désarmement, de démobilisation et de réinsertion des combattants de Boko Haram et des régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest.
Gilles Thibault a tenu à apporter son soutien à ce projet gouvernemental en saluant cette initiative du Président Biya. Il a précisé qu’il espérait que cette action ouvrirait des perspectives inédites de paix et de retour au calme dans les régions souffrant du terrorisme, et plus particulièrement les zones anglophones du Cameroun.
L’attitude encourageante de la France et de son ambassadeur tranche particulièrement avec la froideur et la dureté des propos du secrétaire d'État adjoint américain pour l'Afrique, Tibor Nagy, qui estimait jeudi dernier, le même jour où Gilles Thibault et Paul Biya s’entretenait, que la situation dans les régions Nord-Ouest et Sud-Ouest allait s’aggraver et que "la dernière chose dont nous avons besoin" est une intensification de la radicalisation en réponse aux opérations menées par les forces armées camerounaises, en omettant de mentionner la création du comité de désarmement.
Paul T.
Quelques 431 638 dollars US seront nécessaires en 2019 pour lutter contre la prolifération des armes légères en Afrique centrale, selon un communiqué conjoint du Bureau des nations unies pour l’Afrique centrale (UNOCA) et la Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale (CEEAC).
Les deux institutions ont fait cet annonce vendredi dernier à N’Djamena, capitale du Tchad, à l’occasion du lancement d’un projet conjoint d’appui à la mise en œuvre de la Convention de l’Afrique centrale pour le contrôle des armes légères et de petit calibre [ALPC], de leurs munitions et de toutes pièces et composantes pouvant servir à leur fabrication, réparation et assemblage, dite Convention de Kinshasa.
La cérémonie a eu lieu en marge du segment ministériel de la 47e réunion du Comité consultatif permanent des Nations Unies chargé des questions de sécurité en Afrique centrale (UNSAC). Elle a été marquée par la signature d’un Mémorandum d’entente entre le Secrétariat général de la Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale (CEEAC), le Centre régional des Nations Unies pour la paix et le désarmement en Afrique (UNREC) et le Bureau régional des Nations Unies pour l’Afrique centrale (UNOCA).
Au nom de leurs institutions respectives, MM. Ahmad Allam-mi, Anselme N. Yabouri et François Louncény Fall se sont ainsi formellement engagés à entreprendre des actions conjointes et à soutenir des initiatives visant à « empêcher, combattre et éliminer la fabrication illicite, l’accumulation excessive et déstabilisatrice, le trafic, la possession et l’utilisation illicites des ALPC ».
Le Mémorandum d’entente rappelle d’ailleurs les « effets néfastes de ces activités sur la sécurité de chaque État et de la sous-région, la sécurité humaine, le droit international humanitaire, le développement durable et les droits de l’Homme ». La Convention de Kinshasa reste un cadre idéal pour y faire face ainsi qu’un instrument efficace pour faciliter l’atteinte des objectifs de l’Agenda 2063 de l’Union africaine (UA) qui plaide pour que « toutes les armes soient réduites au silence » d’ici 2020.
Dans le même esprit, elle constitue une base essentielle pour la mise en œuvre des Objectifs de développement durable (ODD), en particulier l’Objectif 16 dont l’un des points souligne la nécessité de « réduire nettement les flux financiers illicites et le trafic d’armes » d’ici 2030.
Dans ce contexte, le renforcement des capacités techniques et législatives des États membres de la CEEAC en vue de la promotion et de la mise en œuvre effective de la Convention de Kinshasa fait partie des priorités inscrites dans le Mémorandum d’entente. Par ailleurs, des ateliers nationaux de sensibilisation et de plaidoyer seront organisés dans les pays qui n’ont pas encore ratifié la Convention (Burundi, Guinée équatoriale, République démocratique du Congo/RDC et Rwanda).
Il est aussi envisagé un séminaire sous-régional pour l’harmonisation des cadres législatifs des sept Etats parties à ladite Convention (Angola, Cameroun, Congo, Gabon, République centrafricaine, Sao Tomé-et-Principe, et Tchad). L’ensemble des activités prévues dans le cadre de ce projet est financé à hauteur de 431 638 dollars US. Il sera exécuté tout au long de l’année 2019.
Le lancement du projet conjoint d’appui à la mise en œuvre de la Convention de Kinshasa était l’un des temps forts de la 47e session ministérielle de l’UNSAC qui a pris fin vendredi 7 décembre à N’Djamena. Au cours de celle-ci, les Ministres des Affaires étrangères de l’Afrique centrale et les autres chefs de délégation ont procédé à une évaluation critique de la situation politique et sécuritaire de la sous-région.
Le rapport produit par les experts (à l’issue de leur réunion tenue du 3 au 6 décembre) a été examiné et adopté. Les recommandations qui y sont annexées seront mises en œuvre sous la diligence du Tchad, qui assurera la présidence tournante du Comité jusqu’à la 48e session qui aura lieu à Kinshasa (RDC) durant le premier semestre 2019. La RDC a été en effet élue à la première-vice-présidence tandis que l’Angola et la Guinée équatoriale occupent respectivement le poste de 2e vice-présidence et celui de Rapporteur.
Le Représentant spécial et Chef de l’UNOCA, M. François Louncény Fall, a promis à ce nouveau bureau l’appui habituel des Nations Unies dans la réalisation de ses missions et dans l’atteinte des objectifs du Comité. Son collègue Parfait Onanga-Anyanga, Chef de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine (MINUSCA), a également pris part aux travaux de N’Djamena ainsi que plusieurs autres représentants de bureaux spécialisés de l’ONU, des opérations de maintien de la paix, des organisations internationales, régionales et sous-régionales.
Dans ces deux derniers registres, outre la CEEAC, on a noté, entre autres, la présence de l’Union africaine, de la Communauté Economique et Monétaire des Etats de l’Afrique centrale (CEMAC), de la Commission du Bassin du Lac Tchad (CBLT), du Centre interrégional de coordination pour la sécurité maritime dans le Golfe de Guinée (CIC)…
Otric N.
Ce livre d'entretiens a été écrit avec le journaliste français François Mattei qui s'est rendu plus de vingt fois à la prison de la CPI depuis 2012. Laurent Gbagbo ne l'a ni vu, ni relu avant sa parution, prévue le 13 décembre. Les quelques extraits que nous publions ont été pris auprès de nos confrères de Jeune Afrique
Le secret avait été bien gardé. Libre. Pour la vérité et la justice (éd. Max Milo, 308 p.), un nouveau livre d’entretiens de Laurent Gbagbo avec le journaliste français François Mattei, sort le 13 décembre. Même les plus hauts cadres du FPI, le parti de l’ancien président, en ont été informés il y a seulement quelques jours.
Il n’est guère étonnant de voir Laurent Gbagbo, historien passionné d’ouvrages anciens, choisir le Verbe pour transmettre sa vérité, sa version de la crise ivoirienne, pré ou post-électorale, qui l’a vu chuter. Chantre de la rupture entre l’Afrique et les réseaux de la "Françafrique", l’ancien président est intarissable, bien aidé par la plume convaincue du journaliste François Mattei, qui l’a rencontré à de multiples repris
Sur ses relations avec l’Élysée, sur les causes profondes de la crise ivoirienne, qu’elles soient économiques ou démographiques, sur les tragiques événements de Bouaké et sur les accords de Marcoussis, Laurent Gbagbo livre la réflexion de l’accusé qu’il est, attendant son procès à la Cour pénale internationale (CPI). Surtout, il règle des comptes, de manière plus ou moins véhémente, avec les acteurs de la crise. D’Alassane Ouattara à Blaise Compaoré, de Guillaume Soro à Nicolas Sarkozy en passant par Dominique de Villepin – particulièrement visé. Voici quelques extraits à ne pas manquer de Pour la vérité et la justice, à paraître ce 26 juin.
"La bavure" de Bouaké et les accords de Marcoussis
"Ils [les rebelles] avaient perdu la partie et la France les a remis en selle sur le même plan que le pouvoir légitime… Villepin appelait ça la diplomatie de mouvement, moi j’y vois plutôt un coup d’État en gants blancs. (…) Je suis arrivé le jeudi 23 janvier 2003, par un vol régulier d’Air France : je craignais qu’on tire sur mon avion présidentiel. (…) À 11 heures [le vendredi], je suis parti pour l’Élysée, Le Monde était déjà paru. (…) j’ai découvert qu’ils y donnaient déjà le nom du futur Premier ministre, une proche de Ouattara, Henriette Diabré. (…) Villepin m’a dit que si je n’acceptais pas Diabré, il donnerait les ministères de l’Intérieur et de la Défense aux rebelles. J’ai tout refusé. (…) Ils voulaient juste, au mieux, me transformer en reine d’Angleterre, pour que je n’aie plus de véritable rôle politique."
« À peine informé des événements de Bouaké, j’apprenais qu’une colonne française (…) s’approchait d’Abidjan (…). Au milieu de la nuit, cette colonne encerclait la résidence présidentielle (…). Les Français ont dit après coup "qu’ils avaient fait une erreur de trajet". Quand on connaît Abidjan, c’est impossible à croire. Ils venaient donc pour me faire fuir ou me faire tuer par quelqu’un pour me remplacer : le plan était de mettre Doué [son chef d’état-major, réputé proche des Français] à ma place "en intérim", mais il s’est dégonflé. (…)
"L’Élysée a toujours eu deux fers au feu : "Bédié et Ouattara". Le problème en Côte d’Ivoire est venu de leur rivalité à la mort d’Houphouët, qui est allé jusqu’à l’exclusion de Ouattara par Bédié. (…) Il a même lancé contre lui un mandat d’arrêt international (…), mandat que j’ai levé quand j’ai eu le pouvoir. Ils sont aujourd’hui ensemble contre moi. Je n’aimerais pas être dans l’intimité de leur conscience."
« C’était en 2001 je pense. Villepin et Robert Bourgi m’ont demandé de cracher au bassinet pour l’élection [de Jacques Chirac] en 2002 en France. (…) C’était le prix pour avoir la paix. (…) Je ne suis pas fier de cet épisode mais je pensais y gagner la marge de manœuvre nécessaire pour avancer vers nos objectifs. On me l’a reproché. (…) Comme si on pouvait toujours répondre à des partenaires aussi puissants (…) ».
"J’ai été pendant toutes ces années comme un poisson qu’on voulait asphyxier en le jetant sans arrêt hors de l’eau. Mais je réussissais toujours à replonger dans mon élément (…). Alors Sarkozy a pris un gourdin. Ce que j’avais sous-estimé, c’était [sa] volonté de tout faire pour placer au pouvoir son ami intime Alassane Ouattara. (…) Je n’avais confiance ni en Soro, ni en Compaoré, ni en Ouattara. Je savais que leur but premier était de prendre le pouvoir (…). Il s’agissait pour eux de faire disparaître la Côte d’Ivoire dans un ensemble plus vaste comprenant notamment le Burkina Faso (…)."
CHEZ SARKOZY, À LA PLACE DES IDÉES, IL Y A L’ARROGANCE.
"Ouattara n’a pas compris que le tribalisme était dépassé. Qui a construit la République et qui l’a cassée ? Nous avions une armée et une police, il les a mises de côté et remplacées par des milices tribales. (…) C’est aux armes que Guillaume Soro doit sa place. Il devra s’inquiéter si un jour il ne les a plus avec lui."
"Sarkozy ramène tout à lui. (…) Il était l’ami de Ouattara et il ne m’aimait pas, je l’ai toujours su. (…) Chez lui, à la place des idées, il y a l’arrogance. Georges W. Bush était le symbole achevé de ce type d’homme. Ce sont des hommes sans pensée profonde. C’est dans cette catégorie que je classe Sarkozy. Ou Villepin. Des arrogants, qui utilisent leur arrogance en lieu et place de la pensée. C’est comme cela qu’ils croient montrer que la France est grande, alors qu’ils prouvent seulement qu’elle est devenue petite."
"Pour savoir si on était à la veille d’un coup d’État en Côte d’ivoire, ces dernières années, il suffisait de regarder le cours du cacao ! (…) En 2007, j’avais lancé une grande enquête sur la filière (…), il y a avait eu de nombreuses arrestations, le nettoyage était en train de se faire. (…) Tout menait à des abus et des fraudes caractérisés de la plupart des exportateurs au détriment de l’État et des planteurs, et à la complicité de certains ministres. J’en connais qui ont tourné casaque pendant les dernières élections pour passer dans le camp d’en face et se mettre au sec…"
UN PRÉSIDENT DU FMI (…), JE COMPRENDS QUE C’ÉTAIT PRÉFÉRABLE À LAURENT KOUDOU GBAGBO.
"La Côte d’ivoire est la pierre d’achoppement indispensable de la zone franc en Afrique de l’Ouest. C’est la raison pour laquelle il vaut toujours mieux avoir à sa tête quelqu’un qui ne remettra rien en cause. (…) La Côte d’ivoire avait les moyens de quitter cette dépendance de la zone franc, même seule, et je m’apprêtais à le faire, c’est pourquoi on a voulu m’empêcher de poursuivre ma route. Un président du FMI (…), je comprends que c’était préférable à Laurent Koudou Gbagbo."
"Ma stratégie a réussi, j’ai gagné les élections (…). Alassane Ouattara n’est jamais arrivé deuxième, et n’était donc pas qualifié pour le second tour. C’est Bédié qui était deuxième. Bédié, c’est Ésaü : il a vendu son droit d’aînesse contre un plat de lentilles."
BÉDIÉ, C’EST ÉSAÜ : IL A VENDU SON DROIT D’AÎNESSE CONTRE UN PLAT DE LENTILLES.
"J’ai toujours joué le jeu des élections (…). Et finalement, c’est ça que l’on me reproche : être le porte-parole du peuple. (..) Combien sont-ils les dirigeants africains qui représentent le peuple ? Ils se comptent sur les doigts d’une main. Pourquoi n’ai-je pas été élu avec 80% (…) ? C’est apparemment plus crédible en Afrique (…) ! Au moment où il avait obtenu un de ses scores soviétiques, en 2003, (…) Blaise me menaçait déjà de la CPI. (…) Il est vrai qu’il exprimait les vœux secrets de ses maîtres français."
À Korhogo, (…) on était, mon médecin et moi, dans une toute petite maison, une baraque de trois pièces(…). Je n’avais pas l’autorisation de mettre le nez dehors. (…) Une femme, que je ne connaissais pas, venait nous porter les repas, (…) calculés pour nous affaiblir. Si j’ai pensé être empoisonné, oui, ça m’est arrivé. (..) Je tournais en rond (…). Ils m’auraient tué à petit feu."
SI J’AI PENSÉ ÊTRE EMPOISONNÉ, OUI, ÇA M’EST ARRIVÉ.
"Mes avocats ont su retourner complétement la situation. (…) Désormais, tout le monde sait que les éléments présentés par le procureur (…) ne résistent pas à l’analyse. (..) Pourquoi ne s’intéresse-t-il pas aux élections ? Car après tout, c’est simple : si je les ai perdues, on peut discuter. Mais si je les ai gagnées, alors tout s’écroule. (..) Pourquoi Ouattara et ses soutiens français n’avaient-ils qu’une crainte pendant la crise, que l’on parvienne à un accord qui prévoie le recomptage des votes (…) ?"
Nicole Ricci Minyem
Le lion indomptable vainqueur de la Coupe d’Afrique des Nations il y a deux ans au Gabon et élu meilleur joueur de ce tournoi, a confié à Goal son immense déception.
« Je l’ai très mal vécu car c’était vraiment une joie et une fierté de vivre la CAN dans mon pays. Je ne veux pas aller contre l’avis des dirigeants car ils connaissent mieux le foot que nous. S’ils ont pris cette décision, c’est parce qu’ils veulent le bien du Cameroun et du football africain. Ils ont beaucoup réfléchi ».
Attaquant du Henan Jianye FC, en Chine, Bassogog a une pensée pour ses supporters tout en souhaitant voir son équipe relever la tête pour assurer sa présence lors de cette CAN 2019. « Je me sens mal comme les 24 millions de Camerounais qui auraient voulu que cette compétition se joue à la maison. On ne va pas s’arrêter de jouer à cause de ce retrait. On veut vraiment prouver aux yeux du monde entier que nous sommes une grande nation, en se qualifiant pour la prochaine Coupe d’Afrique des Nations. Je pense que ça serait une très bonne chose pour nous ».
Pour l’instant, la confédération africaine du football n’a pas pris de décision concernant le nouveau pays hôte, même si de nombreux échos annoncent que c’est le Maroc, entraîné par Hervé Renard, qui devrait hériter prochainement de son organisation. La Confédération africaine de football (CAF) a lancé le 6 décembre 2018 son appel à candidatures pour l’organisation de la CAN 2019, après le retrait de la compétition au Cameroun. Le verdict sera rendu au plus tard le 31 décembre 2018.
Le cabinet de conseil français Roland Berger, qui avait déjà été missionné par la CAF pour effectuer des missions d’audit au Cameroun, procédera à un examen des dossiers. « Il n’est d’ailleurs pas impossible que des membres de ce cabinet se rendent dans le ou les pays candidats, avec des membres de la CAF », explique un dirigeant africain. Puis le cabinet communiquera à Ahmad Ahmad, le président de la CAF, les résultats de ses évaluations. Et le dirigeant en adressera une copie aux autres membres du Comité exécutif, qui disposeront de quelques jours pour l’étudier.
Le retrait de l’organisation de la CAN 2019 au Cameroun n’est pas sans conséquences pour l'équipe des Lions indomptables. En perdant leur qualification d'office, ils joueront leur place le 22 mars prochain face aux Comores.
Dans le groupe B, les Lions de l’Atlas, qui occupent la première place du classement avec dix points, disputeront la phase finale, quel que soit leur résultat le 23 mars prochain au Malawi, et que le Maroc organise ou non la CAN 2019. Mais les Camerounais, qui sont deuxièmes avec huit points, ne sont évidemment plus qualifiés d’office, et ils devront au minimum faire match nul à Yaoundé face aux Comores le 22 mars prochain pour valider leur ticket. En cas de défaite, ils seraient éliminés.
Le Cameroun a disputé cinq matches dans ce groupe B. Il s’est imposé à domicile face au Maroc (1-0) et au Malawi (1-0), a fait un match nul aux Comores (1-1) et au Malawi (0-0) et s’est incliné à Casablanca (0-2). Il présente une différence de buts de zéro (trois buts marqués, trois encaissés), alors que les Comoriens, qui comptent cinq points, affichent une différence de buts négative (moins 1).
Otric N.
À J-14, on assiste presque à une campagne normale, malgré les crises redoutées.
Des meetings, des affiches, des promesses : en apparence, la campagne se déroule presque normalement dans l'immense République démocratique du Congo à deux semaines d'élections inédites et deux fois reportées.
La commission électorale met en garde « les responsables politiques qui attisent la violence ». Et même le prix Nobel de la paix congolais Denis Mukwege redoute déjà des troubles après le scrutin.
Pas de nouveau report, a prévenu le président de la commission électorale, Corneille Nangaa: les présidentielle, législatives et provinciales à un tour auront lieu le 23 décembre comme prévu. Les premières tendances pourraient tomber pour Noël, a-t-il ajouté. La proclamation des résultats provisoires est prévue le 30 décembre.
Au total 21 candidats sont en course pour la succession du président Joseph Kabila qui ne peut briguer un troisième mandat, interdit par la Constitution.
Cette guerre de succession est sans précédent dans un pays-continent instable qui n'a jamais connu de transition pacifique du pouvoir.
Sur ces 21 prétendants, seuls trois ont une assise politique : le dauphin de la majorité parrainé par le président Kabila, Ramazani Shadary, et les principaux candidats de l'opposition divisée, Félix Tshisekedi et Martin Fayulu.
Toute cette semaine, les trois hommes ont battu campagne loin de leur fief d'origine.
Originaire du Maniema (est), l'ex-ministre de l'Intérieur Ramazani Shadary a sillonné l'Equateur (nord-ouest), ex-fief de Jean-Pierre Bemba, un soutien de l'opposant Fayulu.
A Gbadolite, M. Ramazani Shadary a fait observer une minute de silence à la mémoire de l'enfant du pays, l'ancien dirigeant Mobutu Sese Seko, au pouvoir de 1965 à 1997.
Dans la capitale provinciale Mbandaka, il a décliné sa promesse anti-corruption: « Tous ceux qui ont détourné l'argent de l'Etat seront arrêtés et jetés en prison ».
Celui qui promet de faire de la RDC un pays émergent a été interpellé par des habitants en colère face au délabrement des routes aggravé par la pluie.
Les deux opposants Tshisekedi et Fayulu ont, eux, lancé leur campagne dans l'Est, dans le Nord Kivu ravagé par l'insécurité et les groupes armés.
Après un accueil poli et réservé à Goma, Félix Tshisekedi a soulevé les foules jeudi à Bukavu, ville de son "ticket" Vital Kamerhe, qui l'accompagne dans tous ses déplacements.
Entre deux promesses sur l'amélioration du sort des policiers et la gratuité de l'enseignement, M. Tshisekedi a invité les électeurs à rester dans les bureaux le jour du vote jusqu'à l'obtention des procès-verbaux pour "éviter la tricherie".
Parti le dernier, Martin Fayulu a réuni des milliers de personnes mercredi à Beni, zone prise entre une épidémie d'Ebola et les tueries attribuées à un mystérieux groupe armé. Le lendemain, une quinzaine de civils ont été tués à l'arme blanche, un nouveau massacre attribué aux Forces démocratiques alliées (ADF) d'origine ougandaise.
A chaque étape, il encourage les électeurs à se rendre aux urnes le 23, tout en refusant la "machine à voter" retenue par la commission électorale. Cet écran tactile doit permettre de cliquer sur la photo des candidats et imprimer les bulletins de vote.
« S'il y a des gens qui viennent créer de la violence au niveau des bureaux de vote, la loi s'en occupera – Attiser la violence comme font certains responsables politiques aujourd’hui, c’est très dangereux pour le pays », a prévenu le président de la commission électorale - M. Nangaa.
Le contexte électoral inquiète le gynécologue congolais Denis Mukwege, prix Nobel de la paix 2018, et critique du pouvoir :
« Ces élections risquent tout simplement de créer des troubles supplémentaires puisque, dans leur organisation, il n'y a ni transparence, ni crédibilité, et les gens ne sont pas libres. Donc certainement que les résultats vont entraîner plutôt des contestations qui ne sont pas bonnes pour la démocratie ».
Nicole Ricci Minyem
La région de l’Adamaoua compte plus de recrues
C’est l’une des régions qui compte le plus grand nombre de preneurs d’otages et, elle compte sur la présence des forces de sécurité pour renverser la tendance.
L’espoir que suscite la présélection des cinq cent (500) présélectionnés au concours du recrutement des éléments du bataillon d’intervention rapide et de la garde présidentielle s’intègre à celui de cette région, en proie depuis des années aux prises d’otages avec demande de rançons.
Et, pour la satisfaction n’a pas tardé à se manifester : « Je suis déjà satisfait parce que le gouvernement de la République s’est souciée, une fois de plus du recrutement des jeunes au sein de l’armée. Nous constatons que l’engouement est toujours constant chez ces jeunes qui sont venus nombreux pour postuler et entrer au sein de cette armée que nous voulons aguerrie. Avec une charge de vingt kg.
Leur arrivée nous prouve qu’une fois enrôlé, ces jeunes seront à la hauteur de la tâche et nous aurons une armée solide qui va rassurer la nation tout entière… ». Les témoignages et la joie manifestée par ces jeunes, corroborent les propos du patron de cette unité administrative
Abdou Mazao Manawda – 22 ans- C’est un enfant de la Vina - Il a été le premier à franchir la ligne d’arrivée de la course de 20 km il y’a quelques jours : « Ce n’était pas facile pour moi, je me suis entraîné pendant trois à quatre mois. Par semaine, je m »entraînais pendant trois jours ; le matin de 5h à 6h, dans la soirée, de 17h à 18h. Je suis à mon deuxième essai au recrutement du BIR/GP et cette année, ça a marché. Je vais continuer à travailler ».
Autre témoignage – Ndoe Dogari Abraham, lui aussi 22 ans, il vient du Mbéré et, il a eu de justesse le dernier maillot – « Je me suis néanmoins entraîné, je parcourais de longues distances. Quand j’ai commencé la course, j’étais en dernière position, mais j’ai invoqué mon Dieu et il m’a exaucé. J’ai rencontré beaucoup de difficultés, par exemple mon pied m’a lâché au niveau de Bocom Béka mais, j’ai eu l’esprit de la persévérance. Je me suis rappelé que j’ai le cœur d’un lion et, c’est ce qui m’a permis de remporter le dernier maillot ».
En remettant les distinctions aux heureux promus, l’autorité administrative a défini les attentes qui sont celles des populations de ces régions :
« Nous sommes toujours confrontés au phénomène d’enlèvements de personnes contre demandes de rançons et, nous pensons que le recrutement qui se fait chaque année, va améliorer l’effectif de l’armée dans notre région. Par conséquent, nous allons profiter de ce
grand nombre d’éléments pour adresser la problématique de l’insécurité dans notre région … Nous avons tant décrié le sous – effectif et les malfrats en étant conscients, se permettent donc de continuer à nous enlever nos braves citoyens, à leur arracher leurs biens et richesses. Je crois qu’avec l’augmentation des éléments, le phénomène va être éradiqué… ».
Ils sont des dizaines de jeunes qui ont ainsi frappé aux portes de ces deux corps d’élite, afin de défendre l’intégrité du territoire national mais, malheureusement, tous n’ont pas eu la chance d’être retenus.
Nicole Ricci Minyem
Les membres de l’opposition, réunis dans une coalition ont décidé de passer outre la décision du gouvernement qui a interdit toute marche dans les rues du Togo, alors que les élections sont prévues pour le 20 décembre prochain.
En revenant sur le film des évènements de ce 8 décembre, notre confrère de RFI déclare que plusieurs patrouilles de militaires et autres corps de l’armée se sont déployées à travers les villes. Ils se sont beaucoup plus mobilisés devant le siège de la Convention Démocratique des Peuples Africains, retenu comme lieu de rassemblement pour la contre campagne.
Un rassemblement interdit et très vite encerclé par des hommes en tenue ayant des matraques et plus. Ailleurs, ce sont des camions et des lances à eau qui avaient pris position. En face d’eux des jeunes qui avaient érigé des barricades et brûlé des pneus. Malheureusement, la situation a dégénéré à un moment de la journée.
Voulant Garder leur position et défendre ce qu’ils pensent être leur droit, d’autant plus que selon eux, le scrutin prévu à la fin du mois de décembre est émaillé d’irrégularités, les échauffourées sont nées entre les forces de l’ordre et de sécurité et les centaines de jeunes qui ont adhéré à l’opposition coalisée pour la circonstance.
A l’issue des affrontements de ce samedi, notamment dans la banlieue de Togblekopé, au Nord du Togo, deux personnes sont tombées sous les balles : un jeune homme âgé de 17ans, Idrissou Moufidou, apprenti mécanicien, qui aurait été tué par une balle tirée par un militaire.
Pour le gouvernement togolais, c’est une bavure qui ne saurait être attribuée à l’armée, qui s’est contenté d’encadrer les manifestations. Dans un communiqué, il est dit que ce sont des individus à bord d’un véhicule non immatriculé qui ont abattu ce jeune togolais, avant de prendre la fuite. La police est à la recherche des occupants.
Une version réfutée par les leaders de l’opposition. Selon Jean Pierre Fabre, président d’une coalition de parti d’oppositions, le gouvernement est embarrassé et tente à travers ce communiqué de minimiser l’incident. Il lance comme un défi à l’Etat : « Nous allons continuer à manifester, c’est le seul recours auquel nous ayons accès
pour dénoncer ces élections… ».
Ailleurs dans le pays, d’autres jeunes ont tenté de se rassembler à Sokodé et à Bafilo toujours dans le Nord du Togo mais sans succès. La présence des forces de sécurité aux premières heures de la journée a refoulé toutes les veilletés de l’opposition.
Selon Amnystie Internationale, une enquête doit être ouverte afin d’établir les responsabilités des uns et des autres.
A travers le pays, les membres de la société civile qui épousent les idées de cette opposition pense que c’est une élection dont on connait d’ores et déjà l’issue. Il est donc important de tout remettre à plat et d’établir de nouvelles bases pour que le processus électoral soit fiable et accorde les chances égales à tous les protagonistes.
Un avis que ne partage par le gouvernement togolais qui entend poursuivre « sereinement » sa campagne pour que tout citoyen ait la possibilité de choisir celui qu’il pense être à même de le représenter.
Nicole Ricci Minyem
Les autorités nigériennes ont ordonné la fermeture des locaux à Niamey du plus important opérateur de télécoms du pays, Airtel Niger, pour «non-paiement d'impôts», a annoncé samedi la compagnie, qui conteste cette mesure.
«La Direction Générale des Impôts a ordonné (vendredi) la fermeture des locaux professionnels de Celtel Niger S.A. (opérant sous la marque « Airtel ») sur la base de réclamations d’impôts qu’Airtel Niger conteste», annonce la compagnie dans un communiqué.
«Les impôts sont venus poser des scellés à notre siège et nous étions obligés de quitter les lieux», a témoigné auprès de l'AFP une employée d'Airtel. «En octobre 2018, un redressement fiscal avait été notifié à Airtel Niger. Cette dernière, s’appuyant sur des avis indépendants, reste convaincue de l’absence de justifications en fait et en droit, et regrette la rapidité avec laquelle les explications étayées soumises par Airtel Niger ont été rejetées», selon le communiqué.
«Il résulte de ce redressement, une demande disproportionnée représentant environ 70% des revenus annuels de la société», précise Airtel, filiale du groupe indien Bharti. Selon le journal nigérien en ligne Tamtam info News cité par l’AFP, le fisc nigérien a sanctionné (la compagnie) par un redressement fiscal de 62 milliards FCFA (94 millions d'euros).
Présente au Niger depuis 2001, Airtel (racheté en 2010 par Bharti) détient plus de 51% du marché, revendiquant 4,4 millions d’abonnés. «Airtel Niger est résolue à maintenir un dialogue constructif (...) et a demandé aux autorités une revue approfondie des éléments du dossier, afin de trouver une issue mutuellement acceptable», afin de préserver «plus de 500 emplois directs et indirects que son activité commerciale génère dans le pays», ainsi que l'activité de «plus de 50.000 revendeurs», précise son communiqué.
D'après des médias nigériens, les quatre opérateurs de téléphonie exerçant au Niger sont affectés par ces redressements fiscaux : Orange Niger, Airtel Niger, Niger Télécoms (public) et Moov Niger, une filiale de Maroc Télécoms. Les quatre compagnies se partagent les 7,7 millions d'abonnés aux services de téléphonie mobile, pour une population de 19 millions d'habitants.
Le 30 novembre, des locaux d'Orange Niger à Niamey ont été fermés par le fisc, qui lui réclame 22 milliards de francs CFA (33 millions d'euros) de redressement fiscal. Orange Niger a contesté cette décision. Selon un rapport du Parlement nigérien les «redressements fiscaux importants» sont consécutifs à «des contrôles qui ont permis de détecter des manquements» dans les activités de ces sociétés.
Niamey est engagée dans une vaste campagne de recouvrement d'impôts pour améliorer ses recettes, dont une bonne partie sert à financer la lutte contre le terrorisme. La loi de finances 2019 votée vendredi soir par le Parlement a «rétabli partiellement» la taxe sur les appels internationaux supprimée en 2018 et qui avait rapporté en 2017 au fisc nigérien une vingtaine de milliards de FCFA (30 millions d'euros). Niamey accuse les compagnies de télécoms de n'avoir pas tenu leurs engagements d'améliorer leurs prestations.
En 2017, l'Autorité de régulation des Télécommunications et de la poste (ARTP) avait infligé plus de 3,5 milliards de francs CFA (5,3 millions d'euros) d'amendes aux compagnies présentes au Niger pour ne pas avoir "amélioré" la couverture et la qualité de leurs services.
Otric N.
Le gouvernement a décidé de changer les modalités de déclaration et de paiement de la taxe sur la propriété foncière (TPF). Désormais, la taxe sur la propriété foncière est incluse dans les factures d’électricité.
Concrètement, précise le Code général des impôts, «la taxe sur la propriété foncière telle que déterminée sur la déclaration pré-remplie du contribuable, est collectée par douzième par les entreprises de distribution de l’électricité à l’occasion de la facturation des consommations aux abonnés propriétaires ». En aucun cas, « le paiement de la facture d’électricité ne peut être dissocié de celui de la taxe sur la propriété foncière ».
Anticipant sur les risques de querelles pour le cas où un locataire se trouverait à avoir obtenu un compteur à son nom, il est prévu que « sur présentation de son contrat de bail dûment enregistré, le locataire bénéficie d’un dégrèvement d’office de la taxe foncière indûment établie en son nom et incluse dans sa facture de consommation d’électricité».
Au cas où le montant correspondant à la taxe foncière indûment inclue dans la facture d’électricité du locataire a déjà été acquitté par celui-ci, ledit montant sera déduit de ses factures à venir. Pour s’assurer qu’aucun propriétaire (bailleur) n’échappe à son devoir fiscal, le Code enjoint l’entreprise de distribution de l’électricité de « mettre à la disposition de l’administration fiscale l’ensemble du fichier de ses abonnés et toutes les informations nécessaires à l’établissement de leur taxe foncière. »
Mieux, apprend-on, toute personne physique ou morale sollicitant un abonnement ou un branchement au réseau de distribution d’électricité est tenue de fournir à l’entreprise de distribution d’électricité, « sous peine d’irrecevabilité de sa demande », les informations nécessaires à l’établissement de sa taxe foncière. C’est dire que dès janvier 2019, les agents des impôts peuvent royalement se croiser les bras : Eneo (l’entreprise de distribution d’électricité) fera le reste…
Désormais, il ne s’agit plus seulement d’avoir une propriété dans un chef-lieu d’unités administratives ou dans les agglomérations bénéficiant d’infrastructures et autres services urbains tels que les réseaux de voies carrossables ou bitumées, d’adduction d’eau, d’électricité et/ou de téléphone. Même au village, si vous êtes abonné Eneo, vous êtes pris dans la nasse du fisc.
Dans sa quête d’amélioration de la part des ressources internes au budget de l’Etat pour faire face à la chute des recettes d’exportation, le gouvernement entend ratisser large. La réforme des modalités de déclaration et de paiement de la taxe sur la propriété foncière s’avère être une opération très rentable pour le trésor public. Autrefois entièrement reversée aux collectivités territoriales décentralisées, dans le cadre du financement de la décentralisation, le produit de la TPF sera désormais partagé à parts égales entre le Trésor public et les communes.
Selon l’article 583 ter(1) [nouveau, NDLR], «le produit de la taxe sur la propriété foncière est réparti comme suit : Etat : 50% ; Commune du lieu de situation de l’immeuble : 50%.» La part de l’Etat est ainsi revalorisée puisqu’en 2016, la répartition était de 40% pour l’Etat et 60% pour la commune du lieu de situation de l’immeuble. Par le passé, le produit de la TPF était reparti dans les communautés urbaines, à raison de 60% pour la Communauté urbaine; 20% pour les communes d’arrondissement et 20% pour le Feicom. Dans les autres villes, 80% de la TPF revenaient aux communes et 20% au Feicom.
Si l’Etat s’intéresse maintenant à cette taxe, c’est parce qu’elle va de plus en plus générer des recettes. En effet, dans le Mémorandum de politiques économiques et financières signé fin juin 2017 entre le Cameroun et le FMI pour la période 2017-2019, le gouvernement indique que « pour 2018 et 2019, le redressement budgétaire sera essentiellement porté par les mesures visant à accroître les recettes tout en contenant les dépenses et en améliorant leur qualité. »
C’est donc dans ce cadre qu’il s’est engagé pour compter de la loi de finances 2018, à « développer le potentiel de l’impôt sur le revenu des personnes physiques (IRPP) en s’appuyant sur la taxe sur la propriété foncière (TPF) dont le système de recouvrement pourrait être réformé grâce à un partenariat plus approfondi avec la société de distribution d’électricité ».
Selon les simulations de la direction générale des impôts, «cette mesure pourrait rapporter environ 10 milliards de FCFA au budget de l’Etat en début de mise en œuvre (2019) et jusqu’à 50 milliards une fois pleinement déployée, ce dans l’hypothèse d’un partage de ressources avec les Collectivités Territoriales Décentralisées (CTD).»
En d’autres termes, le produit de la TPF est projeté à 100 milliards de FCFA d’ici 2021… de quoi aiguiser l’appétit du gouvernement qui ne veut pas laisser un tel pactole aux communes, même dans la perspective du financement de la décentralisation.
Otric N.
L'Eglise catholique a béatifié ce samedi en Algérie 19 religieux et religieuses catholiques, assassinés pendant la guerre civile, dont les sept « moines de Tibéhirine », première béatification organisée dans un pays musulman.
Ce sont 15 Français, deux Espagnoles, un Belge et une Maltaise, issus de huit congrégations catholiques différentes, assassinés entre 1994 et 1996, pendant la guerre civile en Algérie.
Quelque 1.200 personnes, dont quelques centaines venues de l'étranger, notamment les familles, amis, pèlerins, étaient rassemblées, sur l'esplanade de la chapelle Notre-Dame de la Cruz, qui domine la ville d'Oran.
Que « Mgr Pierre Claverie et ses 18 compagnons, fidèles messagers de l'Evangile, humbles artisans de paix, soient dès maintenant appelés bienheureux », a déclaré le cardinal Angelo Becciu, envoyé spécial du Pape, en donnant lecture du décret de béatification en latin.
Outre les proches des bienheureux, étaient également présents le clergé d'Algérie, des religieux catholiques et des imams, ainsi que le ministre algérien des Affaires religieuses Mohamed Aïssa et le secrétaire français aux Affaires étrangères Jean-Baptiste Lemoyne.
En ouvrant la cérémonie, Mgr Paul Desfarges, archevêque d'Alger, a rendu hommage aux milliers et milliers de victimes de la guerre civile algérienne, héros anonymes du quotidien. Une minute de silence a ensuite été observée.
Dans un message lu à la cérémonie par Mgr Becciu, le Pape François a souhaité que cette célébration aide à panser les blessures du passé et crée une dynamique nouvelle de la rencontre et du vivre ensemble à la suite de nos bienheureux.
« En faisant mémoire de la mort de ces 19 victimes chrétiennes, les catholiques d’Algérie et du monde veulent célébrer la fidélité de ces martyrs au projet de Paix que Dieu inspire à tous les hommes », a indiqué François. « Ils veulent en même temps, prendre dans leur prière tous les fils et filles de l‘Algérie qui ont été, comme eux, victimes de la même violence ».
Lors de la Prière de l'Angelus Place Saint-Pierre, le Pape a également évoqué la béatification de « Mgr Pierre Claverie et ses 18 compagnons, religieux et religieuses tués dans la haine de la foi ».
Mgr Pierre Claverie, dominicain et archevêque d'Oran, fervent partisan du dialogue avec l'islam, a été tué en 1996 par une bombe avec son jeune chauffeur algérien.
Sont également béatifiés les sept moines trappistes de Tibéhirine, enlevés en 1996 et dont seules les têtes furent retrouvées, un assassinat dont les circonstances exactes restent mystérieuses. Leur destin tragique a inspiré le film du réalisateur français Xavier Beauvois, « Des Hommes et des Dieux », récompensé au Festival de Cannes, qui les a fait connaître.
A leurs côtés, quatre Pères blancs mitraillés dans la cour de leur mission de Tizi-Ouzou (100 km à l'est d'Alger) fin 1994, ainsi qu'un frère mariste, une sœur de l'Assomption, deux sœurs espagnoles augustines missionnaires, deux sœurs de Notre-Dame des Apôtres et une sœur du Sacré-Cœur, tous tués par balles à Alger en 1994 et 1995.
Tous refusèrent, malgré les risques, de quitter l'Algérie et sa population, avec qui ils se disaient profondément liés. D'où la volonté de l’Eglise catholique que leur béatification ait lieu en Algérie, selon Mgr Paul Desfarges.
Béatification en pays musulman
« Nous ne voulions pas d'une béatification entre chrétiens, car ces frères et sœurs sont morts au milieu de dizaines et dizaines de milliers d'Algériens » musulmans qui ont péri durant la décennie (1992-2002), a expliqué Mgr Desfarges.
Pendant la cérémonie, le père Thierry Becker, curé d'Oran, a chanté en arabe une prière à la Vierge Marie. Les dignitaires musulmans de la ville se sont associés à la célébration en recevant les familles des bienheureux à la Grande Mosquée Ibn Badis, en présence du cardinal Becciu et du ministre algérien des Affaires religieuses.
« Cet événement, nous musulmans, nous y associons avec beaucoup de joie", a dit un imam, Mostapha Jaber, à la Grande Mosquée. "Ces martyrs chrétiens tués pendant cette tragédie nationale étaient (...) des hommes qui avaient une mission bien déterminée celle de répandre la paix ».
Pour Sœur Bénédicte de la Croix, cistercienne, confrérie des moines de Tibéhirine venue de France pour la cérémonie, à travers les religieux béatifiés, « on pense à tous ceux qui ont perdu la vie » durant la guerre civile qui fit quelque 200.000 morts.
Nicole Ricci Minyem