Le Nord Est du Nigeria est depuis 2010 le théâtre des exactions de la secte islamiste Boko Haram.
Un mouvement jihadjiste qui a décidé de créer un Khalifa dans la sous région. Après près de 10 ans de combat, le mouvement est dans les dernières heures de son déclin. Pourchassés par les armées du Nigeria, du Cameroun et du Tchad, les terroristes ont replié et plusieurs d'entre eux ont abdiqué. Seulement, parmi les nombreuses victimes de cette guerre, on retrouve en bonne place la gente féminine. Elles sont celles qui ont subi avec le plus d'acuité les exactions de la secte. Puisque la Charia (loi islamique) appliquée est foncièrement défavorable à la femme. Elles ont enduré durant des années les brutalités de Boko Haram.
Après une opération militaire destinée à reprendre des zones contrôlées par le groupe armé, beaucoup de victimes de Boko Haram ont fui ou ont été envoyées dans des camps de personnes déplacées. Dans ces camps une fois de plus, les femmes subissent des viols et d’autres formes de violences sexuelles – souvent des relations sexuelles en échange de nourriture. C'est ainsi que des milliers de personnes sont mortes par manque de nourriture, d’eau ou encore de soins médicaux.
Face à ces exactions de divers ordre, les femmes se sont organisées. Elles ont créé le mouvement Knifar. Il s'agit d'un groupe de victimes des actions terroristes de Boko Haram, dont l'objectif principal est de demander justice et de pouvoir retrouver leurs familles. À ce jour, plus de 2.000 femmes ont établi des listes contenant le nom de personnes de leur village contre lesquelles l’armée a commis des atrocités.
Elles espèrent réussir à attirer l'attention de la communauté internationale sur leur situation. Afin de bénéficier de l'appui des organisations internationales pour qu'il leur soit fait justice. Jusqu'ici, Amnesty International a pris en charge quelques volets de leur revendications. En effet, l'ONG a inscrit cette association dans le cadre de l'un de leur programme. Le programme Écrire Pour les Droits. Une campagne mondiale de rédaction de lettres en faveur des personnes dont les droits sont les plus bafoués quelque soit la partie du monde. Chaque année, plus précisément au mois de décembre, des sympathisants du monde entier écrivent des millions de lettres, signent des pétitions et publient des messages sur les réseaux sociaux pour des personnes dont les droits les plus fondamentaux ne sont pas respectés. Une campagne de dénonciation et d'interpellation.
À terme, ces lettres et cette mobilisation entraîne une compassion généralisée qui tantôt orientera vers la zone d'autres ONG de défense des droits humains, tantôt attirer l'attention des gouvernements et des gouvernants sur des situations graves dans leur pays.
D'une manière ou d'une autre, l'heure est à la mobilisation en faveur de ces femmes nigérianes qui visiblement veulent simplement retrouver leur vie normale. Les femmes du mouvement Knifar comme c'est le cas pour toutes les autres femmes pris entre deux femmes du fait des conflits, ces femmes ne demandent que très peu de choses. Qu'on les écoute, qu'on leur rende justice et qu'elles puissent retrouver leurs familles.
Stéphane Nzesseu