Depuis 2013, la secte Boko Haram a emporté au Cameroun l’équivalent de 3 milliards de FCFA de bétail
Ce chiffre est contenu dans le rapport de la Banque Mondiale intitulé «Briser les obstacles au commerce agricole régional en Afrique Centrale», officiellement présenté à Yaoundé le 30 août dernier.
Selon ce rapport en cinq ans, les éleveurs ont perdu presque tout leur investissement. Au cours des attaques, les éléments de Boko Haram ont emporté environ 17.000 têtes de bovins et des milliers d’ovins et de carpins. Selon la Banque Mondiale, depuis 2013, l’organisation Djihadiste a volé aux éleveurs de la région de l’Extrê-Nord un volume de bétail d’une valeur globale de 3 milliards de FCFA.
Il faut noter qu’en juillet 2018, la presse camerounaise indiquait déjà qu’une dizaine de membres de la secte Boko Haram s’était attaquée aux éleveurs dans la localité de Mozogo, dans la région de l’Extrême-Nord, enlevant des bergers et emportant 230 bœufs. Les autorités camerounaises estiment que le bilan depuis cinq ans est plus lourd.
Le gouvernement estime que «les exactions commises par Boko Haram sur le secteur de l’élevage ne s’arrêtent pas au vol de bétail, mais touchent également le fonctionnement des marchés de bétail, la prise en charge sanitaire des bêtes, ou encore le fonctionnement de l’activité d’élevage dans son ensemble, avec de lourdes conséquences financières».
Selon le ministre de l’Elevage, des Pêches et des Industries animales, «pour la période de 2012 à 2016, le secteur de l’élevage et de la pêche a perdu environ 90 milliards de FCFA». 54,8 milliards de FCFA de pertes sont attribuées au seul secteur de l’élevage et plus de 35 milliards de FCFA pour la pêche. Des pertes réparties dans «les vols, rapts, tueries d’animaux, etc.). Et aussi «les maladies et la baisse de la valeur commerciale des animaux», souligne le rapport du gouvernement camerounais.
Mais au-delà de ce constat, l’institution de Bretton Woods révèle que le potentiel de la région de l’Extrême-Nord, et partant de l’Afrique centrale, «n’est pas encore réalisé», pour diverses raisons. Il s’agit principalement, indique le rapport, «de la faiblesse des liens entre les agriculteurs et les marchés, de la mauvaise qualité des infrastructures de marché et des coûts élevés du commerce résultant de la corruption le long des corridors de commerce régionaux».
Aussi, la Banque mondiale suggère-t-elle aux Etats de s’attaquer à ces contraintes, ce qui suppose, selon cette institution financière internationale, «une collaboration intersectorielle et un leadership politique fort, afin de surmonter la résistance inévitable en termes d’économie politique de ceux qui tirent actuellement des rentes du système au détriment des pauvres».
Otric Ngon