C’est ce jeudi 04 avril 2019 dans un message sonore publié en ligne, que le commandant de l'Armée nationale libyenne (ANL) Khalifa Haftar a ordonné à ses troupes d'entamer la marche vers la capitale Tripoli, siège du gouvernement d'union national ; celui-là même soutenu par la communauté dite internationale.
« L'heure a sonné », a-t-il lancé dans ladite déclaration diffusée sur la page Facebook du « bureau des médias » de l'ANL. Moins de 24 heures après, diverses sources font état de la prise par les hommes du maréchal, de plusieurs quartiers sud-ouest de Tripoli.
Selon la source du média russe, jusqu’ici il n y’aurait pas eu d’affrontements, « seulement quelques attaques mineures de gangs ». Cependant, ces derniers sont à prévoir. A Tripoli ce jeudi, Fathi Bashagha, le ministre de l’Intérieur a déclaré « l’état d’alerte maximale » et ordonné à toutes ses unités de « faire face avec force et fermeté à toute tentative susceptible de menacer la sécurité de la capitale ».
Que vise le Maréchal Khalifa Haftar
Selon certains observateurs, l'actuelle percée de l'ANL est censée faire pression sur Fayez el-Sarraj le chef du gouvernement d'union nationale (GNA) basé à Tripoli afin qu'il accepte un accord de partage du pouvoir permettant à Haftar de prendre la tête de l'armée nationale.
Le député libyen à la Chambre de représentants de Tobrouk, Said Imghib Interviewé par le quotidien Asharq Al-Awsat, soutient pour sa part que « l’avancée des troupes du maréchal vise l’objectif de mettre fin au contrôle de la ville de Tripoli par des milices ».
La situation en Libye
La Libye est plongée dans le chaos depuis le renversement du gouvernement et le meurtre de Mouammar Kadhafi en 2011. Le pays est divisé entre plusieurs entités rivales, avec notamment la présence à Tripoli d'un gouvernement d'union nationale (GNA) de Fayez el-Sarraj, soutenu par l'Onu et l'UE, et dans l'est, d'un parlement élu par le peuple et appuyé par l'Armée nationale libyenne (ANL) du maréchal Haftar.
Mise en garde internationale
Face à la situation qui prévaut en Libye, António Guterres, le secrétaire général des Nations unies avait mis en garde contre un « risque de confrontation militaire ». Il avait également appelé à « l’accalmie de la situation, les conditions actuelles ne permettant pas la tenue de la conférence nationale » qui devait être organisée mi-avril et établir une « feuille de route » à même de sortir le pays de la crise.
« Je suis vivement préoccupé par le mouvement de troupes en Libye et le risque de confrontation. J'appelle au calme et à la retenue alors que je me prépare à rencontrer les dirigeants libyens », a écrit M. Guterres sur son compte Twitter, au deuxième jour de sa visite dans ce pays dirigé par deux autorités rivales.
Le patron de l'Organisation des Nations Unies a réaffirmé dans son post, qu'à cette date, il serait risqué de penser à une solution militaire en Libye, en proie au chaos depuis des années. C’est une proposition à ranger au fond des tiroirs. Il pense que seul, le dialogue inter libyen peut résoudre les problèmes libyens.
L'Armée nationale libyenne (ANL) du maréchal Khalifa Haftar a annoncé mercredi soir, qu'elle préparait une offensive pour purger l'ouest de la Libye, dont la capitale Tripoli, des terroristes et des mercenaires. Une annonce accompagnée par des mouvements de troupes, tel le confirment certaines sources militaires.
Une colonne de véhicules armés est arrivée ce jeudi à l'aube, au sud de la ville de Gharyan, à 120 km au sud-ouest de Tripoli, où L'Armée nationale libyenne avait toutefois déjà obtenu le ralliement d'un important groupe armé.
Cette avancée risque d'embraser l'ouest libyen où les villes et les groupes armés sont divisés entre ceux qui appuient l'ANL et d'autres qui lui sont hostiles. A Tripoli, le chef du Gouvernement d'union nationale (GNA), Fayez al-Sarraj, a dénoncé dans un communiqué une escalade et des déclarations provocatrices.
Sarraj a par ailleurs indiqué qu’il a ordonné aux forces pro-GNA de se tenir prêtes pour faire face à toute menace. Il a d’ailleurs rappelé que l'escalade annoncée par l'ANL intervient à quelques jours de la tenue d'une Conférence nationale sous l'égide de l'ONU (14-16 avril), appelée à dresser une feuille de route visant à sortir le pays du chaos.
Deux autorités se disputent le pouvoir en Libye: le gouvernement d'union nationale de Fayez al-Sarraj, établi fin 2015 en vertu d'un accord parrainé par l'ONU et basé à Tripoli et, une autorité rivale installée dans l'Est et contrôlée par l'ANL du maréchal Khalifa Haftar.
Nicole Ricci Minyem