Poursuivi pour « outrage à la justice », l’ex-président de la République doit décider de la sanction qui lui sera administrée s’il est reconnu coupable des faits qui lui sont reprochés.
Sa décision doit être rendue publique ce mercredi, soutenue par une déclaration sous serment expliquant « la nature et l’ampleur de la peine qui devrait lui être imposée ».
Information donnée par nos confrères de « La Libre Afrique » qui estime que « Jacob Zuma, aujourd’hui âgé de 79ans, n’a eu de cesse de snober tous ceux qui, depuis 2018 travaillent au sein de la Commission d’enquête chargée de faire la lumière sur les actes de corruption généralisée qui ont eu cours pendant ses neuf ans à la tête du pays ».
Au mois de février 2021 par exemple, après un énième refus de témoigner, la commission présidée par le juge Raymond Zondo a réclamé à la Cour Constitutionnelle, la plus haute juridiction du pays, de prononcer une peine de deux ans de prison pour « outrage à la justice » contre l’ancien chef de l’Etat.
L’ex-président avait non seulement ignoré une convocation de la Commission mais également enfreint une décision rendue en janvier par la Cour constitutionnelle, l’obligeant à comparaître et le privant du droit à garder le silence.
Une position qui sort de l’ordinaire
C’est ce que soutiennent les juristes qui laissent entendre « qu’il n’est pas courant pour la Justice de faire une telle demande ».
Les juges « veulent montrer qu’ils ont exploré toutes les possibilités pour l’entendre », explique James Grant, un avocat spécialisé dans le droit constitutionnel, « et se préparent à lui infliger une peine sévère ».
Jacob Zuma a déjà déclaré être prêt à ce que « la loi suive son cours », affirmant n’avoir aucune crainte d’être arrêté, condamné, ni incarcéré.
L’ancien président n’a témoigné qu’une seule fois devant la commission anticorruption, en juillet 2019. Il avait rapidement claqué la porte, s’offusquant d’être traité comme un « accusé ».
Englué dans les scandales, il avait été poussé à la démission en 2018 et remplacé par l’actuel président, Cyril Ramaphosa, qui a fait de la lutte contre la corruption un cheval de bataille.
Ce dernier fut son vice-président entre 2014 et 2018. Il est lui-même convoqué pour témoigner devant la commission du 22 au 29 avril 2021.
Nicole Ricci Minyem
Les chefs d’accusation retenus contre lui, sont entre autres : corruption, blanchiment d’argent et racket, lié à un énorme contrat d’armement de 51 milliards de rands (soit environ 3 milliards d’euros au cours actuel) attribué en 1999.
Le procès se tient devant la Haute Cour de Pietermaritzburg. Une audience qui risque d’être brève car, selon une source judiciaire, « il est probable que Jacob Zuma fasse appel de la décision du tribunal de refuser l’abandon des poursuites… En plus du fait que l’ancien président, aujourd’hui âgé de 77ans, affirme être victime d’une “chasse aux sorcières ».
A l‘époque des faits, il était ministre, puis vice-président du pays. Les autorités de son pays le soupçonnent d’avoir touché 4 millions de rands, soit 249.000 euros au cours actuel de pots-de-vin de la part de Thales.
Des éléments qui sont mentionnés dans l’acte d’accusation qui l’incrimine : « le groupe Thales a versé à Jacob Zuma un total de 4.072.499,85 rands, par l’intermédiaire d’un homme d’affaires présenté comme son conseiller financier Schabir Shaik… ».
Dans un fax envoyé en 2000 à sa hiérarchie parisienne, un dirigeant local de Thales a écrit noir sur blanc que le groupe s’est engagé à verser 500.000 rands par an à M. Zuma pour garantir la protection du groupe et le soutien permanent de Jacob Zuma pour les futurs projets.
Jacob Zuma et l’entreprise d‘électronique et de défense, qui est également poursuivie, ont toujours nié les allégations.
Alors que cela fait deux ans maintenant qu’ils bloquent le début du procès, Tyrone Maseko, l’un des experts juridique de l’ex président affirme que : « Je ne vois pas comment le procès va commencer mardi. Il faut un an pour préparer un procès de cette ampleur… . Il a également précisé que « plusieurs chefs d’inculpation doivent encore être clarifiés… ».
Seulement, si Jacob Zuma est reconnu coupable, il encourt une longue peine de prison. Et, au-delà de ce procès, Il doit être prochainement entendu par une commission anticorruption, censée faire la lumière sur les multiples accusations de corruption au sommet de l’Etat pendant son règne.
Longtemps réputé inatteignable, il a été poussé à la démission en février 2018 après un long bras de fer avec son propre parti, le Congrès national africain (ANC, au pouvoir), et son successeur, Cyril Ramaphosa, qui a promis d’en finir avec la corruption.
Jeudi, les Etats-Unis ont annoncé avoir placé sur la liste noire des personnes visées par des sanctions trois amis de l’ancien président, les frères Gupta, membres d’une puissante et sulfureuse fratrie d’hommes d’affaires au cœur de plusieurs scandales.
Nicole Ricci Minyem
Pour justifier leur position, les avocats de l’Etat ont parlé du très lourd dossier retenu contre lui et au nom de l'égalité devant la loi. En rappel, Jacob Zuma qui a gouverné en Afrique du Sud entre 2009 et 2018, est soupçonné d'avoir touché 4 millions de rands (260.000 euros au cours actuel) de pots-de-vin du groupe français de défense Thales à la faveur d'un contrat d'armement de près de 4 milliards d'euros conclu en 1999.
Des affirmations réfutées par les deux parties
Au gré de multiples rebondissements, les accusations visant Jacob Zuma ont été plusieurs fois suspendues puis rétablies au fil des années, jusqu'à la décision en 2018 du procureur général du pays d'ouvrir, enfin, son procès.
L'ex président dément ces dénonciations et plaide depuis le début de la semaine, devant la Haute Cour de Pietermaritzburg (nord-est). Il veut obtenir l'abandon définitif des charges qui pèsent sur lui. Ses avocats ont parlé de lynchage. Dans la même logique, Jacob Zuma affirme qu’i s’agit d’une véritable chasse aux sorcières et d’un procès politique.
Des arguments qui ont été démontés ce jeudi durant le procès : « Les théories du complot avancées par la défense sont infondées et contestées et doivent donc être rejetées. Il n'y a pas la moindre preuve que la décision de poursuivre M. Zuma était motivée par la politique, le dossier retenu contre lui est très lourd », a affirmé Wim Trengrove, l’un des procureurs.
Au principal accusé qui avait affirmé qu'un procès près de vingt ans après les faits viole ses droits, M. Trengrove a rétorqué qu'il était important que l’ancien président soit traité comme un autre : Si M. Zuma échappe aux poursuites, il y a fort à parier qu'il soit considéré comme ayant reçu un traitement de faveur parce qu'il est un homme important et puissant », a-t-il jugé.
Englué dans de nombreux scandales, le président Zuma a été poussé à la démission en 2018 et remplacé par son vice-président Cyril Ramaphosa, qui a promis de nettoyer son parti et le pays de la corruption. La Haute Cour de Pietermaritzburg doit se prononcer ultérieurement sur l'abandon ou non des charges visant M. Zuma.
Nicole Ricci Minyem
« Nous avons tiré les leçons (du scrutin), nous avons entendu le peuple d’Afrique du Sud, nous avons bien compris ce qu’ils attendent de nous ». Une déclaration faite devant des centaines de personnes réunies devant le quartier général de l’ANC, dans le centre de Johannesburg.
C’est vendredi dernier que le verdict des urnes est tombé. L'ANC l'a emporté avec 57,5% des suffrages, loin devant l'Alliance démocratique (DA, centre) avec 20,7% et les Combattants pour la liberté économique (EFF, gauche radicale) avec 10,7%. Ce qui lui assure une majorité absolue de 230 des 400 sièges de l’Assemblée nationale.
Cette victoire assure au mouvement historique de Nelson Mandela, le renouvellement de sa majorité absolue à l'Assemblée nationale, ainsi qu'un nouveau mandat de chef de l'Etat à son chef Cyril Ramaphosa.
Mais elle confirme aussi son déclin continu depuis qu'il a pris le pouvoir à la chute de l'apartheid en 1994. Le parti avait recueilli 70% des voix aux législatives de 2004, 66% en 2009, 62% en 2014.
Lors des élections locales il y a deux ans, il avait touché le fond en totalisant 54% des suffrages au niveau national : « Ce n'est pas vraiment une baisse car en 2016 nous avions moins (que 57,5%). C'est plutôt un progrès », a fait remarquer à l'AFP la secrétaire générale adjointe de l'ANC Jessie Duarte.
« Nous sommes satisfaits d'avoir reçu un nouveau mandat pour gouverner et nous l'exercerons en gardant à l'esprit ce que le peuple nous a dit avant le scrutin plus merci de ce que vous avez fait pendant vingt-cinq ans mais vous devez faire mieux et corriger ce qui ne va pas », a-t-elle ajouté.
Pendant des mois, la campagne électorale a résonné de l'impatience et de la colère d'une part croissance de la population, excédée par la corruption, le chômage de masse (27%) et à les inégalités sociales criantes qui persistent.
Cyril Ramaphosa
Modéré et pragmatique, il est âgé de 66 ans. Il a promis de réparer les erreurs du parti sous l'ère de son prédécesseur Jacob Zuma, englué dans une litanie de scandales politico-financiers. Elu chef de l'ANC fin 2017, C. Ramaphosa l'avait contraint à la démission deux mois après et pris les rênes du pays.
Syndicaliste sous l'apartheid avant de devenir l'un des hommes d'affaires les plus riches du pays, il répète depuis qu'il va éradiquer la corruption et relancer l'économie. Son discours a permis de retenir de nombreux électeurs déçus dans le giron de l'ANC, estiment les analystes : « L'ANC a reculé, c'est vrai (...) mais il finit à un niveau nettement supérieur à celui qu'il aurait eu si Zuma avait été encore été au pouvoir », a noté l'analyste Susan Booysen, de l'université du Witwatersrand à Johannesburg.
« Mais le score de 57,5% obtenu par l'ANC, sa plus faible performance législative, offre toutefois au chef de l'Etat un "mandat fragile », selon Susan Booysen.
Les analystes anticipent de fortes résistances à ses velléités de réforme au sein de la direction de l'ANC, le véritable siège du pouvoir, où les partisans de l'ex-président Zuma, bien décidés à se défendre, gardent une forte influence.
Le chef de la DA Mmusi Maimane a déjà pronostiqué son échec : « Le parti au pouvoir a réussi à installer un nouveau chauffeur dans un autobus qui est cassé », a-t-il résumé vendredi.
« Ramaphosa doit utiliser sa victoire pour transformer la base de réforme qu'il promeut depuis un an en tremplin pour la croissance économique et la création d'emplois Sinon (...) les électeurs lui diront (aux législatives de 2024) que c'en est assez et ils tourneront le dos à l'ANC », a estimé pour sa part l'analyste Richard Calland, de l'université du Cap.
Nicole Ricci Minyem
L’ancien président sud-africain, Jacob Zuma, est de nouveau cité dans un scandale financier. Cette fois, hors des frontières de son pays. Il est accusé par un journal local sud-africain Sunday Times de détenir la colossale comme de 30 millions de dollars que lui aurait confié Mouammar Kadhafi.
L’affaire barrait la Une du journal dimanche 07 avril. L’ancien président sud-africain Jacob Zuma aurait reçu 30 millions de dollars de l’ex-guide libyen Mouammar Kadhafi. L’argent, précise le journal, aurait dû servir à garantir l’exil de l’ex-dirigeant libyen au cas où il eut été arrêté et traduit devant un tribunal ; où dans l’autre cas, être remis à sa famille s’il était tué. Le dirigeant a effectivement été tué le 20 octobre 2011 dans une offensive de forces rebelles soutenue par les puissances occidentales.
Seulement, le président Jacob Zuma n’a jamais fait mention de cet argent, à plus forte raison le remettre aux autorités libyennes, souligne le Sunday Times. A en croire le Sunday Times, l’argent aurait été stocké en 2011 dans une chambre forte dans la résidence privée de M. Zuma, avant d‘être transféré en Swaziland, l’ancien Swaziland, où le roi Mswati III était informé.
Pour Jacob Zuma, il ne s’agit que de pures affabulations. Jamais il n’a entendu parler de cette affaire, et il ne posséderait aucun fonds appartenant à son ancien homologue. « Je dois des millions de dollars en frais de justice (…) J’entends maintenant que j’ai gardé de l’argent appartenant à mon défunt frère Kadhafi. Où est cet argent parce que Sa Majesté (Mswati, Ndlr) n’en sait rien ? », A-t-il écrit dans un tweet hier mardi.
Même réaction du côté de l’actuelle diplomatie sud-africaine. La ministre des Affaires étrangères Lindiwe Sisulu a du reste démenti l’information. Elle a toutefois affirmé que l’Afrique du Sud n’hésiterait pas à ouvrir une enquête si la partie libyenne l’exigeait.
La fortune de Mouammar Kadhafi a constitué et continue d’alimenter polémiques et fantasmes sur le continent et au-delà. En 2017, un rapport du Conseil de sécurité des Nations unies faisait était de plusieurs milliards de dollars appartenant à Libye qui seraient repartis dans plusieurs pays africains, dont une grande partie en Afrique du Sud. Mais pour l’heure, des informations exactes et vérifiables sur le montant de ce présumé argent sont inexistantes.
Danielle Ngono Efondo