24 mars 2020 – 24 mars 2021, un an déjà que le monument de la World Music, Manu DIBANGO s’est éteint. Un an plus tard, le souvenir reste vivace, bien que les camerounais n’aient pas encore eu l’occasion de faire le deuil.
Dans les rues de Douala ce mercredi 24 mars, on entend par endroit, depuis certains bars et quelques magasins, de sonorités au saxophone qui rappellent bien le Père de « Soul Makossa ». Est-ce intentionnel ou pure coïncidence ? Difficile de savoir. Toujours est-il que certains camerounais auraient voulu marquer le souvenir de cette date du 24 mars, jour du décès de l’artiste camerounais, de suite de Covid-19, dans un hôpital en France.
Pour ceux que nous avons rencontré dans les artères d’Akwa, ils ont un regret, le peuple camerounais n’a pas encore fait le deuil du départ de ce génie. Calvin FOPA déplore « vous avez vu aux Etats Unis quand Micheal Jackson est mort, souvenez-vous de la mobilisation qu’il a eue derrière. De l’évènement et de tous ce qui s’est passé. On a organisé des évènements pour permettre au moins à ses fans de faire le deuil du départ de leur icône. Au Cameroun on enterre nos idoles comme a comme si de rien n’était. La seule fois où j’ai vu ici un vrai deuil d’une star de la musique c’éatit Kotto BASS et là encore, je crois que c’était même une initiative spontanée des populations qui ont fait un cortège jusqu’au cimetière à Bonabéri. Nous on n’a pas encore vraiment fait le deuil du grand Manu DIBANGO. » Et juste derrière lui, un de ses accompagnateurs qui écoute notre conversation se sent l’envie de réagir « il faut aussi citer Johny Halliday en France. Ses obsèques étaient du venez voir. Et pourtant, Manu Dibango était plus grand que Micheal Jackson qui avait même piraté une de ses chansons. Mais on ne fait rien ».
Nos chers compatriotes sont bien d’accord que jusqu’ici, la Covid continue de sévir au Cameroun et dans le monde et que dans l’état des choses il n’est pas très évident d’organiser des évènements en sa mémoire selon son rang et la considération qu’il avait auprès des camerounais, des africains et du monde entier. De plus, il ne faut pas négliger l’équation « avis de la famille » dans le processus. On se souvient qu’à l’époque de son décès, la famille s’était opposé aux initiatives de l’artiste Papillon qui devant la lenteur des autorités de la culture avait voulu organiser une série d’évènements en guise d’obsèques de Manu DIBANGO au Cameroun.
En attendant, continuons de savourer la riche discographie qu’il nous a laissé en héritage.
Stéphane NZESSEU
Le juge des référés du Tribunal de Première Instance de Douala a rendu un verdict qui donne gain de cause à la famille du défunt Manu Dibango.
L’artiste Papillon qui revendiquait une certaine familiarité avec Manu Dibango, a été débouté par le Tribunal de Première instance de Douala. La juridiction a été saisie par le fils du défunt saxophoniste, la semaine dernière. La raison de cette saisie, étant que Papillon frère de la défunte Nguea Laroute, voulait organiser ce lundi 21 juin 2020, un évènement en se servant de l’image et des chansons de Manu Dibango.
« Le juge des référés du Tribunal de Première Instance de Douala au Cameroun est saisi d’une action contre M. Papillon, Canal 2 international et autres, visant à faire cesser l’exploitation des images à des fins publicitaires et commerciales du regretté MANU DIBANGO dans un spot publicitaire relatif à la fête de la musique prévue le 21 juin 2020, sans l’accord de la famille du défunt », révélait le fils de Papy groove.
Le Tribunal de Première instance de Douala a donc rendu son verdict dans l’affaire qui opposait Papillon à la famille de Manu Dibango. Il n’a pas le droit de se servir ni de l’image ni des chansons du défunt saxophoniste.
« Le juge des référés du Tribunal de Première Instance de Douala a donné gain de cause à la famille de Manu DIBANGO, en donnant acte à NDIN NDIN Ferdinand dit Papillon, de sa renonciation à organiser le spectacle projeté le 21 juin 2020 à la salle des fêtes d'Akwa, en ordonnant pour des raisons liées au droit à l'image, la cessation de la diffusion par celui-ci de la personne de MANU DIBANGO, notamment sa voix, son image, sa musique du spot publicitaire relatif à la lutte contre le COVID-19 pour le compte de la fête de la musique, à l'esplanade de la salle des fêtes d'Akwa le 21 juin 2020, et enfin en le condamnant aux dépens », informe la famille du défunt.
Liliane N.
Claire Diboa la manager du défunt Manu Dibango affirme qu’il faudra attendre que la pierre tombale portant le nom du défunt saxophoniste, soit posée.
Dans sa posture de manager de Manu Dibango, Claire Diboa s’est exprimé dans les colonnes du journal français Le Parisien. Elle a apporté des précisions sur le besoin des fans de Manu qui veulent se recueillir sur sa tombe. De ces précisions, il en ressort que pour l’instant, la famille de papi Groove préfère garder l’emplacement de sa tombe. La raison étant que la pierre tombale qui va porter son nom n’est pas encore mise.
« Beaucoup sont frustrés car ils aimeraient se recueillir sur sa tombe. Nous le comprenons, mais nous ne voulons pas qu’ils sachent où elle est, car la pierre tombale avec son nom n’est pas encore posée. Lorsqu’ils pourront venir dans de bonnes conditions, nous les préviendrons », a-t-elle déclaré.
Claire Diboa est revenue une fois de plus sur l’interdiction d’organisation des hommages à Manu Dibango. Comme elle avait déclaré lors de sa première sortie, ils seront faits au moment opportun. « Le moment venu, la famille s’exprimera et donnera et donnera la date des hommages. Donc on demande à tout le monde un peu de patience, ce sera fait ! Les frontières, certaines sont encore fermées, l’épidémie sévit encore ? Donc, un peu de patience et notre Papy Groove aura un hommage mérité, un homme de Camerounais pour lui, un homme des Africains pour lui et un hommage du monde entier pour lui. Un peu de patience, et surtout, ne cédez pas à ces marchands du temple », avait-elle déclaré.
Liliane N.
« Motaguigna » s’est senti insulté, dénigré et rabaissé par cette lettre rendue publique par la famille de feu Manu Dibango. Courroucé par les commentaires de la télévision Equinoxe, le chanteur de Makossa a demandé et il lui a été accordé un droit de réponse.
Le maréchal Papillon est clair, en aucun moment il n’a voulu voler la vedette à la famille ou à qui que ce soit. Tout ce que Papillon a voulu faire, c’était d’organiser une campagne de sensibilisation contre la Covid 19. Pour lui, il est important dans ce temps de crise de soutenir et d’accompagner le gouvernement dans les actions de sensibilisation pour barrer la route à cette maladie qui frappe le monde et le Cameroun.
De plus, à l’occasion de la journée internationale de la musique, chaque 21 juin, il organise un concert de musique. Il était donc question pour lui qu’en cette année, il rende hommage à Manu Dibango. D’abord comme Parrain de l’association de lutte contre la piraterie qu’il dirige, ensuite parce que c’est à cause de la Covid que le grand Manu nous a quitté.
Papillon affirme que ses intentions sont plus que nobles. D’ailleurs, « Motaguigna » estime que depuis sa mort, personne n’a pensé à rendre hommage à Francis Bebey. Et qu’il craint que ce ne soit un jour le cas pour le Grand Manu Dibango.
Sur la question de ses démarches auprès des opérateurs économiques et des administrations, Papillon reconnaît qu’il est allé voir des personnalités. « Mais ce n’est pas forcément pour de l’argent » assure-t-il. En effet, il a rencontré Maire de la Ville de Douala qui lui a donné certaines facilités, le préfet qui lui a promis « 50 policiers et 50 gendarmes » pour sécuriser le spectacle.
Le manager de Manu Dibango lance une alerte sur de faux projets d’hommage à Papi Groove
Les brasseries du Cameroun lui ont promis de confectionner des banderoles pour l’occasion. Au finish, il dit n’avoir reçu de l’argent de personne pour cette manifestation. D’un autre côté, Papillon rappelle que son initiative est gratuite. Les spectacles seront gratuits. Dons selon lui à aucun moment on ne peut dire qu’il veut profiter d’une quelconque situation.
Pour finir, le Marechal Papillon rappelle que Manu Dibango est comme un père pour lui et qu’il est pratiquement de sa famille. Aussi, il dit ne pas connaître cette personne qui se dit manager de Manu Dibango et qui parle en son nom aujourd’hui. « Elle aurait pu me contacter officiellement. » va-t-il demander.
En attendant, Papillon n’a rien répondu à la question de savoir s’il va poursuivre avec les préparatifs de son évènement.
Stéphane NZESSEU
Claire Diboa affirme qu’au moment opportun, la date arrêtée pour les hommages à Manu Dibango sera communiqué.
Claire Diboa en sa qualité de manager du défunt Manu Dibango s’est exprimée sur les projets d’hommage à Papi Groove qui naissent de part et d’autre. Jointe au téléphone par Valérie Essebe du Poste national, elle a indiqué que pour l’instant, aucun évènement d’hommage à Manu n’a été arrêté par sa famille. Celle-ci reste éplorée et fait encore son deuil. De plus même, la pandémie du Coronavirus qui a arraché notre célèbre et international saxophoniste à la vie sévit toujours. Claire Diboa a de ce fait, recommandé la vigilance sur de quelconque projet de collecte de fonds pour un hommage à Manu décédé le 20 mars dernier en France.
« Nous sommes encore dans notre douleur parce que le deuil est difficile. Nous n’avons pas pu faire le deuil dans les conditions que l’on sait. Et c’est une escroquerie monumentale que ces personnes commettent sur le dos du défunt et sur le dos de la famille. Il y a plusieurs escrocs qui opèrent. Et j’en appelle aux autorités du pays, les opérateurs économiques qu’ils n’accordent aucun crédit aux demandes qui leur sont faites pour des hommages quelconques à Monsieur Manu Dibango », a-t-elle déclaré.
Le manager de Manu Dibango a précisé que des hommages seront rendus à Manu Dibango. Cependant, il faut être patient. Il faut attendre que les frontières soient ouvertes. Il faut attendre que le dessus se prenne sur la pandémie du Coronavirus.
« Le moment venu, la famille s’exprimera et donnera et donnera la date des hommages. Donc on demande à tout le monde un peu de patience, ce sera fait ! Les frontières, certaines sont encore fermées, l’épidémie sévit encore ? Donc, un peu de patience et notre Papy Groove aura un hommage mérité, un homme de Camerounais pour lui, un homme des Africains pour lui et un hommage du monde entier pour lui. Un peu de patience, et surtout, ne cédez pas à ces marchands du temple » , a déclaré Claire Diboa.
A titre de rappel, la famille du défunt Manu Dibango a dénoncé un projet de collecte de fonds visant à organiser un évènement pour rendre hommage à Manu Dibango. Dans le communiqué qu’elle a publié, elle a clairement indexé l’artiste Papillon en lui demandant de mettre fin à son initiative. Jusqu’à présent, l’indexé n’a pas réagi.
Liliane N.
Dans un communiqué publié sur la page Facebook “Club Manu Dibango officiel” le 3 juin 2020, la famille du défunt Manu Dibango, fait savoir à la communauté nationale et internationale, qu’elle n’a initié aucun projet de collecte d’argent, visant à lui rendre hommage.
Les proches de Manu Dibango sont formels. Ils ne sont pas les auteurs d’un projet nécessitant une collecte de fonds, pour rendre hommage au défunt saxophoniste. « La famille de MANU DIBANGO porte à la connaissance du public qu'aucune manifestation, commémoration, ni hommage n'est organisé actuellement en son nom », ont-ils écrit dans le communiqué disponible sur la page Facebook “Club Manu Dibango officiel”.
Ce communiqué révèle que le projet dénoncé par les proches de Manu Dibango serait porté par l’artiste Papillon allias Mota Nguina. Aussi ils demandent à celui-de mettre fin audit projet, qui semble déjà avoir été présenté à des opérateurs économiques. La famille du défunt saxophoniste fait savoir à la communauté nationale et internationale, qu’elle sera informée le moment venu, de l’organisation des hommages à Manu Dibango.
« Nous demandons notamment à M. PAPILLON au Cameroun de bien vouloir retirer le projet qu'il présente actuellement aux autorités et aux opérateurs économiques en vue de récolter des subventions. La famille fera savoir au public, amis, fans de MANU DIBANGO la date des hommages qui lui seront dédiés en temps utiles. Nous appelons à la vigilance de tous », peut-on lire dans le communiqué. Jusqu’ici l’artiste Papillon indexé dans ce projet n’a pas encore réagi.
A titre de rappel, Manu Dibango est décédé le 24 mars 2020 en France, des suites de Coronavirus. Le célèbre saxophoniste a rendu l’âme à l’âge de 86 ans. Il a été inhumé au Cimetière du Père-Lachaise à Paris.
Liliane N.
Dans un texte qui laisse transparaître la peine qu’il ressent suite au décès du grand Saxophoniste l’homme d’Etat a laissé de côté sa casquette de ministre pour magnifier les moments de complicité, de convivialité et unique qu’il a partagé avec le disparu.
« Les cabarets « Tamtam à Douala » ou « le Cannibale Contrarié » à Yaoundé où tu officiais avec ta bien-aimée et regrettée épouse Coco sont les vrais témoins de nos premières rencontres qui datent de ces années là : plus d'une quarantaine d'années d'une amitié sincère et désintéressée, fondée sur la joie de partager des moments ensemble, des tranches de vie, rigoler, manger, chanter... danser -qui n'était pas ton fort- mais faire danser les autres oui, bien sûr.
Vivre, oui, tu aimais la vie. Moi aussi. Au fait puis je faire un témoignage? Dois je en faire un? Que dire de toi? Manu l'artiste, l'homme, le père de famille, le papy, le chrétien, le grand frère, l'hyper- Patriote? Comment peut-on définir le Monument Mondial que tu es?
Je rends juste Gloire à Dieu d'avoir reçu le privilège de te connaître, de vivre cette joie et cette humilité, de découvrir cette endurance ; oui, un grand citoyen du monde, multidimensionnel, moulé à la foi chrétienne par des parents stricts et profondément croyants. Ce qui a fait de toi une belle âme d'où sortaient toutes les mélodies que nous réécouterons aujourd'hui et demain avec beaucoup plus d'attention, de plaisir et pour moi beaucoup de nostalgie et d'amitié... « Sango yesu christo »... « Munyengue ma ndutu »... « Soul makossa »...etc...Des titres qui traduisent beaucoup de joie de vivre et de philosophie mais certains évoquent aussi ta grande douleur de la perte de Coco.
Alors que l'écho de ton départ résonne encore comme le son de ton saxophone avec lequel tu avais fini par faire corps, me viennent à l'esprit tes dernières confidences, au creux de mon oreille ce 21 janvier 2020, date de notre dernière rencontre à Paris sur le parvis de l'Eglise Saint François Xavier alors qu'on raccompagnait notre fille Patricia Berthelot.
Ironie du sort, comme un testament, notre prochain rendez-vous pris pour mars 2020... On ne se reverra plus!!! Hé oui ! Rendez-vous manqué pour cause de coronavirus. Je ne pourrai même pas remplir à ton endroit les obligations du petit frère que tu avais adopté: Te rendre un hommage des plus mérités lors des obsèques à ta Dimension. Absence pour cause de coronavirus!
Camerounais tu es resté, hissant toujours très haut le drapeau vert-rouge-jaune. A Saint-Calais, un village perdu de France et cher à ton cœur, un musée rend hommage à ton talent et à ton pays. Puisse ton pays te rendre cet ultime Hommage pour le camerounais pur et dur, viscéralement attaché à son passeport vert quelque soient les circonstances, les provocations et les tentations.
Du Mont-Febe ou de Japoma où ta place reste tristement vide, d'ici d'où je te parle je peux deviner ton grand éclat de rires inimitable ! L'escargot est rentré dans sa coquille, sans histoire, simplement, humblement, essayant d'être, comme il disait, un bon papy au cas où il n'aurait pas été un bon papa qu'il a cependant été quand on voit Michel, Georgia, James ou Marva !
Comme tu le disais si souvent « je suis un escargot je traine ma maison avec moi ». Fabuleux destin. Adieu Grand Frère. Toutes mes amitiés à Jean-Gaston Noah et à son frère Zacharie. Nous te confions, Constance ta sœur et moi-même à Dieu. A toujours dans la prière !
Fraternelles condoléances à toute la famille.
Grégoire Owona, Ton Petit frère ».
Hommage : Richard Bona demande de rebaptiser l’aéroport de Douala au nom de Manu Dibango
N.R.M
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Le bassiste international pense que c’est une belle manière de rendre hommage au défunt Manu Dibango.
Visiblement le monde a de la peine à croire à la disparition du grand saxophoniste Manu Dibango. Chacun y va de ses moyens pour lui rendre un vibrant hommage. Richard Bona l’international bassiste a pour sa part adressé une demande aux autorités. Pour l’artiste camerounais, il faut rebaptiser l’aéroport de Douala au nom de Manu Dibango. « Qu’en pensez-vous ? Allô Messieurs les gouvernants ??? En voilà un beau geste de mémoire... En plus ça sonne bien... MANU DIBANGO AIRPORT », peut-on lire dans la publication postée sur sa page Facebook officielle.
A titre de rappel, le grand saxophoniste Manu Dibango est mort au petit matin du mardi 24 mars 2020, dans un hôpital français. C’est sur l’une de ses pages Facebook, que l’annonce a été faite par ses proches. Papy groove est décédé des suites de Coronavirus, la pandémie qui sévit actuellement dans le monde entier.
« Chers parents, chers amis, chers fans, Une voix s’élève au lointain…C’est avec une profonde tristesse que nous vous annonçons la disparition de Manu Dibango, notre Papy Groove, survenue le 24 mars 2020 à l’âge de 86 ans, des suites du covid 19. Les obsèques auront lieu dans la stricte intimité familiale, et un hommage lui sera rendu ultérieurement dès que possible. Si vous le souhaitez, vous pouvez adresser vos condoléances à :Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser. A Manu, Ad Lib… », peut-on lire dans la publication faite sur ladite page.
Selon nos sources, les obsèques de Manu Dibango vont se dérouler ce vendredi 27 mars 2020. Il sera inhumé au caveau familial du cimetière Père Lachaise à Paris.
Liliane N.
Après le décès et l’incinération de cet artiste pluridimensionnel le Président français a tenu à se joindre à ce chorus qui salue la mémoire de l’icône africaine.
« La musique mondiale a perdu un géant. Manu Dibango, saxophoniste, compositeur, passeur de rythmes et lanceur de tubes, était l’un de ces musiciens virtuoses et généreux dont le talent ne connaissait pas de limites : ses créations ont fait danser plusieurs générations, plusieurs continents. Il est hélas l’une des premières personnalités mondiales à succomber à la pandémie du Covid-19.
C’est à Douala au Cameroun qu’Emmanuel Dibango a vu le jour en 1933. Au temple protestant où sa mère est chef de chœur, il apprend à vocaliser sur Bach et Haendel et à caresser les cordes sous la bienveillante férule d’un oncle guitariste.
En 1949, il a 15 ans lorsqu’il arrive en France pour faire ses études, avec 3 kilos de café dans ses bagages pour payer un premier mois d’accueil à ses hôtes. Mais, assez vite, la musique le tire loin des manuels scolaires. Un enseignant lui fait découvrir le piano, puis un ami, Francis Bebey, qui deviendra lui aussi une grande figure de la musique camerounaise, l’initie au jazz et au saxophone, son instrument-roi.
De Paris à Bruxelles, de caves en cabarets, il fréquente la diaspora afro-caraïbéenne et la bouillonnante scène jazz de l’après-guerre. Il rencontre bientôt Joseph Kabaselé, alias « Grand Kallé », le père de la rumba congolaise et le créateur de l’un des hymnes des indépendances africaines, Indépendance Tcha-tcha, qui l’embauche comme saxophoniste dans son orchestre African Jazz. Installé pour un temps à Léopoldville au Congo, Manu Dibango débute alors une carrière en solo, se fait connaître avec « Premier twist à Léo », et ouvre son propre club de musique, le Tam-Tam.
Revenu en France avec un répertoire qui s’est enrichi au fil de ses pérégrinations et de ses rencontres, qui s’est ouvert à la soul et au funk, il travaille avec quelques-unes des plus grandes vedettes de l’époque : Dick Rivers, Nino Ferrer, Mike Brant. A la fin des années 1960, il est le premier à faire jouer des artistes africains pour une émission de télévision française, Pulsations, dont il signe le générique en live avec son big band.
Manu Dibango se riait des frontières : il sautait d’un continent à l’autre, d’une culture à l’autre, d’un genre à l’autre, d’un instrument à l’autre – il les maîtrisait presque tous – pour créer une musique universelle, qui était à la fois africaine et caraïbéenne, américaine et européenne, mais qui était surtout chaloupée, entraînante et joyeuse. À chaque album, il inventait de nouveaux rythmes de joie, des mélodies du bonheur.
C’est avec un tube funk en diable, « Soul Makossa », qu’il avait accédé à une renommée internationale. Un hymne à la danse et au mélange qui n’était à l’origine que la face B d’un 45-tours sorti à l’occasion de la Coupe d’Afrique des Nations de 1972, et qui est devenu, par un improbable cheminement d’admirations et de reprises, un hymne mondial dont le succès ne se dément pas : découvert par les pionniers new-yorkais du Disco, pillé par les plus grandes stars, cité, repris, il est joué et rejoué depuis près de cinquante ans.
Infatigable musicien voyageur, il a fait résonner son art virtuose sur les scènes de France et de Belgique, aux États-Unis, en Amérique Latine, en Côte d’Ivoire où il a un temps dirigé l’Orchestre de la Radio-télévision ivoirienne.
Apôtre d’une musique où les artistes du monde entier dialoguent ensemble sur un pied d’égalité, Manu Dibango n’a jamais cessé de jeter des ponts, d’inventer des hybridations nouvelles, de susciter des rencontres, collaborant tour à tour et parfois en même temps avec Youssou N’Dour, Angélique Kidjo, Peter Gabriel, Sting, Serge Gainsbourg, Herbie Hancock ou Fela Kuti.
Avec le temps, celui qu’on surnommait « Papa Groove » était devenu « Papy groove », mais il n’avait jamais perdu son énergie et son enthousiasme : il était encore en tournée en France et à travers le monde l’an dernier, à l’occasion de ses 60 ans de carrière avec son « Safari symphonique », où s’entrelaçait harmonieusement le jazz et la musique classique.
Manu Dibango était aussi une voix, grave, engagée, qui savait se faire entendre pour célébrer les indépendances, pour dénoncer le racisme et l’apartheid, pour combattre partout les injustices, et pour célébrer cette Afrique dont il était l’un des fils les plus connus. En 1994, il en avait même pris le visage, sur la pochette de son album Wakafrica, auquel il avait fait participer les plus grandes stars du continent.
Immense musicien, il était aussi une figure d’humaniste universelle qui, par-delà les frontières géographiques et les styles musicaux, semait à foison la générosité et la joie. Le Président de la République adresse à ses proches et à tous ses admirateurs ses plus sincères condoléances ».
Hommage : Paul Biya écrit à la famille de Manu Dibango
N.R.M
Comme les autres Chefs d’Etat africains, Paul Biya le Président de la République a adressé ses plus sincères condoléances à la famille de Manu Dibango.
Comme on pouvait s’y attendre, Paul Biya le Président de la République à son nom et à celui de sa femme a rendu hommage à Manu Dibango, décédé hier 24 mars des suites de Coronavirus. Dans la correspondance adressée à la famille du grand saxophoniste, Paul Biya affirme avoir personnellement connu le défunt musicien que le monde entier pleure.
« J’ai personnellement connu le très talentueux auteur-compositeur et chef d’orchestre, que fut Manu Dibango saxophoniste de renom, il aura réalisé une exceptionnelle carrière d’artistes par sa longévité, sa densité et sa diversité. Sans aucun doute Manu comme il aimait se faire appeler était le doyen estimé et respecté des musiciens africains. C’est en effet grâce au succès retentissant de son tube “Soul Makossa”, qu’il conquit le monde et entra dans la légende», peut-on lire dans la correspondance du Président de la République.
Paul Biya reconnaît l’amour que Manu Dibango éprouvait pour le Cameroun et l’Afrique en général, et pour le peuple Sawa en particulier. «Toujours attaché à sa terre natale, il fut un excellent ambassadeur artistique du Cameroun, tout en demeurant une passerelle culturelle entre l’Afrique et le monde. Avec sa disparition le Cameroun et l’Afrique perdent un musicien très apprécié et reconnu, et la Francophonie, l’un de ses meilleurs défenseurs. Mon épouse et moi-même tenons à vous adresser en cette douloureuse circonstance, ainsi qu'à la communauté Sawa qu’il aimait particulièrement, nos sincères condoléances», peut-on lire dans la correspondance du Président.
A titre de rappel, Manu Dibango est décédé hier 24 mars 2020 à l’âge de 86 ans en France. Il avait été testé positif au virus du Covid-19. Papi groove a été terrassé par cette pandémie et a laissé le monde entier en pleurs.
Liliane N.