Les opérateurs économiques algériens espèrent une débureaucratisation et une modernisation du système bancaire. Il est question pour eux de faire face à l’impulsion du mouvement populaire contre le régime, ainsi qu’au manque persistant de liquidité.
Selon Hassen Khelifati, PDG d’Alliance Assurances, « Nous sommes dans l’obligation d’ouvrir le marché bancaire à la concurrence nationale et internationale ». Lui, qui est le président fondateur de la première société privée à avoir été cotée à la Bourse d’Alger, se fait l’écho des attentes de nombreux chefs d’entreprises en Algérie. Il faut pourtant reconnaître que dans ce pays, le vent de la démocratie qui balaie le pays depuis le mois de février 2019. Ce qui a d’ailleurs amené le président Abdelaziz Bouteflika vers la porte de sortie. La modernisation du système bancaire est pour ce faire souhaitée par plusieurs opérateurs économiques algériens, car jugé trop verrouillé.
Ces opérateurs économiques ont pour seul cheval de bataille, la débureaucratisation de ce marché où les six établissements dont l’Etat en est le détenteur, se taillent résolument la taille du lion. « On ne peut pas prétendre développer un marché moderne et avoir 90% de celui-ci dominé par des banques publiques, qui obéissent au fonctionnement de l’administration publique », soutient Hassen Khelifati. Celui-ci pense également, qu’il faut libéraliser en procédant à l’instauration des mécanismes de contrôle dont la gestion est assurée par les institutions monétaires à l’instar de la Banque d’Algérie, et complètement éloignés des ministères.
Innocent D H
Son procès qu’on dit emblématique, s’est ouvert ce Lundi à Blida et à ses côtés, deux ex – chefs du renseignement ainsi qu’une personnalité politique.
Il s’agit de Mohamed Mediene, encore appelé « Toufik », qui a longtemps occupé le poste de directeur des puissants services secrets algériens, son successeur Athmane Tartag et la cheffe du Parti des travailleurs (PT) Louisa Hanoune. Ils sont tous tombés après la vague d’arrestations lancée après la chute du président déchu et, se sont présentés devant la Cour, selon des médias locaux.
Les chefs d’inculpation sont lourds: « Atteinte à l’autorité de l’armée et complot contre l’autorité de l’Etat ». Crimes pour lesquels ils encourent de très fortes peines, selon le code de justice militaire et le code pénal.
Seuls les avocats et les familles des accusés ont eu le droit d’assister à l’audience tandis qu’un important dispositif policier a été déployé autour du tribunal militaire de Blida (50 km au sud d’Alger).
Selon les informations données par la presse algérienne et relayée par l’AFP, l’avocat de Mohamed Mediene a demandé un ajournement. L’ancien chef du renseignement algérien est, selon sa famille et ses avocats, malade et son état de santé se serait dégradé.
Pour Noureddine Bekkis, enseignant en sociologie politique à l’Université d’Alger, « La gestion par le pouvoir des conflits internes ressemble traditionnellement à une boite noire, même si les mécanismes habituels de règlements de conflits internes sont tombés en panne… »
Le frère du président déchu et les deux ex-patrons du renseignement ont été incarcérés le 5 mai. Louisa Hanoune, cheffe du PT (trotskiste), a quant à elle été placée en détention provisoire quatre jours plus tard.
Des enquêtes judiciaires avaient été ouvertes sur des faits présumés de corruption, visant d’ex-hauts responsables politiques et des hommes d’affaires accusés d’avoir profité de leurs liens privilégiés avec l’entourage du président déchu.
La défense avait admis que Mme Hanoune avait participé à une réunion avec Saïd Bouteflika et le général “Toufik” le 27 mars, au lendemain d’une déclaration du chef d‘état-major de l’armée, le général Ahmed Gaïd Salah, demandant publiquement le départ d’Abdelaziz Bouteflika.
Quelques jours plus tard, le général Gaïd Salah avait accusé, sans les nommer, Saïd Bouteflika et les généraux Mediene et Tartag de comploter contre l’armée.
Entendu comme témoin le 14 mai dans le cadre de l’enquête visant le frère de l’ex-président, le général Khaled Nezzar —ancien homme fort dans les années 1990— avait affirmé que Saïd Bouteflika lui avait dit envisager d’instaurer l‘état de siège et de démettre le général Gaïd Salah.
Saïd Bouteflika, 61 ans, également, conseiller spécial de son frère, avait renforcé ses pouvoirs au fur et à mesure que la santé de l’ex-président se dégradait.
Le général Toufik a pour sa part, dirigé durant 25 ans, les puissants services secrets algériens, statutairement rattachés à l’armée.
Le général Athmane Tartag, successeur de « Toufik », était devenu coordinateur des services de renseignement, passés sous tutelle de la présidence de 2015 à 2019.
Egalement accusés de complot, M. Nezzar et son fils Lotfi sont depuis le 6 août sous le coup d’un mandat d’arrêt international.
Pendant que s’ouvrait ce procès, les habitants d’Alger ont exprimé une forme de satisfaction : «Je ne pensais pas assister un jour à la chute de Saïd (Bouteflika) et de ces puissants généraux », a dit Aboubaker Dahmani, un commerçant de 60 ans.
« Ce n’est peut-être que du cinéma pour calmer la rue », a toutefois tempéré Hassan, un chauffeur de taxi de 50 ans.
N.R.M
Dès les premières heures du jour, les forces de sécurité ont entièrement quadrillé le centre d'Alger alors que plusieurs centaines de personnes étaient déjà rassemblées, en chantant « Y en a marre de ce pouvoir ».
Ils ont crié aussi « dégage » au président par intérim Abdelkader Bensalah et au chef d'état-major de l'armée, le général Ahmed Gaïd Salah, devenu de facto l'homme fort du pays depuis la démission du président Abdelaziz Bouteflika, le 2 avril, sous la pression de la rue.
Nouvelle victoire de la contestation?
Pour Dalia Ghanem Yazbeck, chercheuse au Carnegie Middle East Center basé à Beyrouth, « c’est Oui, dans le sens où l'élection n'aura pas lieu, c’est ce que la rue voulait. Mais c’est aussi un non, dans le sens où c’est un non-événement car elle était, (d'un point de vue) logistique, impossible à organiser », explique-t-elle.
Le pouvoir maintien l’organisation des élections
Abdelkader Bensalah a insisté pour que cette élection soit organisée dans les meilleurs délais, tout en prenant d’autres mesures.
Néanmoins, les interrogations subsistent, alors que la date du scrutin est maintenue pour le 4 Juillet prochain. Le dialogue auquel il convie la classe politique, qui ne présente « aucun candidat sérieux », et qui en plus, est largement discréditée aux yeux des manifestants, sans oublier cette grande vague des membres de la société civile suffira-t-il à éviter un nouvel échec?
Certains acteurs de la classe politique algérienne en doutent : « Personne ne veut se présenter et participer à cette mascarade. Le pouvoir semble manquer de figure consensuelle pour le représenter, cela est évident aujourd’hui », relève Dalia Ghanem Yazbeck.
M. Bensalah, à qui la Constitution a confié l'intérim pour 90 jours, n'aura personne à qui transmettre le pouvoir à l'issue de ce délai et sortira donc du cadre constitutionnel dont le haut commandement de l'armée refusait jusqu'ici de s'écarter.
Le président par intérim a invoqué la situation exceptionnelle pour justifier la prolongation de fait de son mandat jusqu'à l'élection d'un nouveau chef de l'Etat, hors de tout cadre légal.
C'est la 2ème fois qu'une présidentielle est annulée en moins de trois mois. Abdelaziz Bouteflika avait annulé celle du 18 avril, tentant lui aussi de prolonger ainsi sine die son mandat en cours. Une manœuvre qui avait démultiplié la colère.
« Les options qui s'offrent désormais au ne sont pas illimitées. Les ressources coercitives sont toujours une option pendant les temps de crises politiques et surtout lorsque les acteurs, notamment l’armée ne veut pas perdre son pouvoir, regardons ce qui s’est passé au Soudan », affirme une fois de plus la chercheuse.
En plus, le peuple algérien n’a pas encore tourné la page de la sanglante répression au Soudan, lors du mouvement de contestation qui a chassé le président Omar el Béchir pour se retrouver face à l'armée, comme le prouve le tweet d’un homme, répondant à l’appel au dialogue et à des concessions mutuelles du général Gaïd Salah: « A ceux qui appellent à négocier avec l'armée en Algérie, réveillez-vous (...) on ne négocie jamais avec un militaire ».
Nicole Ricci Minyem
Le média national qui a donné l'information selon laquelle, aucune candidature enregistrée pour le compte de la présidentielle algérienne prévue pour le 04 juillet, mentionne que le Conseil constitutionnel doit "statuer" sur cette situation inédite lors d'une réunion ce dimanche. Ce média n'a néanmoins pas fourni de détails supplémentaires.
La rue réclame pour sa part le départ de l'ensemble du système
La date limite de dépôt des candidatures ayant officiellement expiré dès minuit le samedi, plusieurs autres médias à l'instar de El Watan (francophone, indépendant) ou encore El Moudjahid(Gouvernemental), pour leur part, font état d'une candidature introduite, celle d'un militaire, Benzahia Lakhdar qui est présenté comme étant un ex militant du principal parti au pouvoir le Front de libération national (FLN).
Il faut dire que c'est depuis le 22 avril que l'Algérie est secouée par des vives manifestations dont le rubicon a été franchi suite par la volonté manifeste du Président Abdelaziz Bouteflika de briguer un cinquième mandat. La pression de la rue et de l'armée avait contraint Bouteflika, à démissionner le 02 avril. Aujourd'hui, les manifestants restent mobilisés appelant au départ de l'ensemble du "système" au pouvoir durant les dernières décennies de règne d'Abdelaziz Bouteflika. Ces manifestants s'inscrivent en faux contre la tenue d'une élection présidentielle tant que cette revendication n'est pas satisfaite.
Aucune personnalité correspondant aux attentes des manifestants n'est pressentie
L'on enregistre encore aucune personnalité d'envergure ayant annoncé l'intention de concourir. Même deux partis qui l'avaient fait, se sont retirés de la course. En ce moment donc, aucune personnalité importante n'a non plus publiquement fait acte de candidature pour la présidentielle algérienne et aucun grand parti au pouvoir ou d'opposition n'a présenté de candidat.
Pour ce qui est du pouvoir actuel et de son Président par intérim Abdelkader Bensalah, désigné à ce poste le 09 avril, ont indiqué vouloir s'en tenir aux délais constitutionnels: l'élection d'un nouveau Chef d'Etat dans les 90 jours qui suivent le début de l'intérim.
Innocent D H
Hier lundi 22 avril, plusieurs hommes d'affaires ont été arrêtés par la gendarmerie dans le cadre d'une enquête anticorruption. Ali Haddad, l'ancien leader du patronat, réputé proche de Saïd Bouteflika et PDG du groupe Cevital, actif dans l’électronique, la sidérurgie, l’électroménager ou le BTP a donc été incarcéré.
Issad Rebrab, PDG du premier groupe privé d'Algérie, Cevital, et considéré comme la première fortune du pays et la sixième d'Afrique, selon le magazine américain Forbes, qui évalue son patrimoine à 3,7 milliards de dollars. Il a été incarcéré dans la nuit de lundi à mardi, à l'issue de sa présentation au parquet dans le cadre d'une enquête anticorruption, a annoncé mardi l'agence officielle APS.
Selon l’agence officielle de presse, il est poursuivi pour fausses déclarations liées à des transferts de capitaux vers l’étranger, surfacturation d’équipements importés et importation de matériel d’occasion.
Notamment présent dans la Corne de l'Afrique, mais aussi au Brésil, en Italie, en Espagne ou en France, où Cevital a racheté le fabricant de fenêtres Oxxo et le groupe électroménager Brandt, Issad Rebrab est également présent dans les paradis fiscaux. Le journal Le Monde, qui a enquêté sur les Panama Papers, révèle ainsi que l'homme d'affaires algérien compte « parmi les plus anciens clients du cabinet d'avocats panaméen Mossack Fonseca ».
Depuis la démission le 02 avril du président Abdelaziz Bouteflika, sous la pression d'un important mouvement de contestation populaire, la justice a ouvert des enquêtes contre plusieurs hommes d'affaires liés à l'ancien clan présidentiel. Notons cependant que quatre frères de la puissante famille Kouninef, réputés proche de Saïd Bouteflika propriétaire de l’important groupe KouGC spécialisé notamment dans le génie civil, l’hydraulique et le BTP ; ont également été incarcérés dans la nuit de lundi.
Le site internet du quotidien algérien « Liberté », propriété de Cevital, reste muet sur le placement en détention de Rebrab, mais a qualifié son déferrement de « scénario écrit d'avance dont l’objectif reste jusqu’ici ambigu et inexpliqué ».
Source : Le monde et RFI
Une mobilisation qui pourrait peut-être surprendre plus d'un. Selon les propos émis par les manifestants, il est question de faire entendre la voix du peuple algérien sur son refus catégorique de continuer sous les ordres de l'ancien système et réclament dans ce sillage, le départ des "3B" que sont: Abdelkader Bensalah, Tayeb Belaiz et Noureddine Bedoui. Pour la première fois pourtant depuis 20 ans l'Algérie ne connaît plus à sa tête Abdelaziz Bouteflika.
Il s'agirait là selon des sources bien informées, d'une nouvelle cible de la contestation du "système" et notamment des hommes. Ils seraient issus du "vieux monde" que les populations manifestantes veulent faire dégager. A propos d'Abdelkader Bensalah, Tayeb Belaiz et Noureddine Bedoui, les Algériens ont scandé dans des cortèges, le départ des "3B".
Les trois hommes d'Etat seraient ainsi, des proches du pouvoir en place depuis une vingtaine d'années pour certains manifestants. Ils tiennent selon ceux-ci, un socle important dans le processus de la transition politique et ont tous entre 59 et 70 ans. Une tranche qui ne fait d'ailleurs pas l'unanimité. Ce serait donc un clin d'oeil historique à la guerre d'indépendance comme le note aussi bien le site francophone Tout sur l'Algérie, bien que ces nouveaux "3B" soient des enfants de cœur par rapport à leur prédécesseur, ces anciens qui ont fidèlement servi Abdelaziz Bouteflika sont devenus la nouvelle cible de la colère du peuple algérien qui a soif du changement.
Qui est Abdelkader Bensalah?
Pendant longtemps, il est dans le système, logiquement très proche de Bouteflika. Ces dernières années, il était le représentant l'ex-président lors des visites officielles dans le pays. Il aurait aussi défendu la révision constitutionnelle de 2008 qui a permis la suppression de la limitation des mandats qui, a ouvert la possibilité au Président Bouteflika de se maintenir plus longtemps au pouvoir. Premier nom sur la liste et à 77 ans, c'est un pur produit qui a déjà connu la transition. Il était à la tête de la transition en janvier 1992. Il a également été placé à la tête du Conseil de la Nation qui équivaut au Sénat. Un poste qu'il a occupé depuis 17 ans déjà.
Innocent D.H
L'agence officielle de presse APS a publié mercredi soir une lettre d'Abdelaziz Bouteflika. Dans cette dernière, le président démissionnaire demande pardon aux algériens tout en assurant avoir gouverné avec « sincérité et loyauté », au lendemain de son départ du pouvoir sous la pression de la rue.
« Je quitte la scène politique sans tristesse ni peur pour l'avenir de notre pays et je vous exhorte à demeurer unis, à ne jamais vous diviser », a indiqué notamment Abdelaziz Bouteflika dans cette lettre adressée aux algériens.
« Je ne puis achever mon parcours présidentiel sans vous adresser un ultime message et demander pardon à ceux, parmi les enfants de ma patrie, envers lesquels j'aurais, sans le vouloir, manqué à mon devoir en dépit de mon profond attachement à être au service de tous les Algériens et Algériennes », a poursuivi l'ancien président, qui se présente désormais comme simple citoyen.
A la tête de l'Etat pendant 20 ans, plus qu'aucun de ses prédécesseurs, Abdelaziz Bouteflika se dit « fier » de sa contribution à ce que l'Algérie ait amorcé le 21e siècle en étant dans une situation meilleure et des progrès notables, réalisés dans tous les domaines, en faveur du peuple algérien. « J'ai consacré ces vingt dernières années à votre service, et Dieu est témoin de ma sincérité et de ma loyauté », poursuit Abdelaziz Bouteflika, évoquant ses actions certaines satisfaisantes et d'autres moins, le propre de l'action humaine étant qu'elle est toujours à parfaire.
« L'erreur étant humaine, je vous demande pardon pour tout manquement, par une parole ou un geste, à votre égard et comme toute chose a une fin, je vous fais mes adieux même s'il n'est pas facile pour moi de vous exprimer toute la sincérité de mes sentiments », a ajouté le chef de l’État déchu. Confronté à près d'un mois d'une contestation inédite, et défié ces derniers jours par l'armée, Abdelaziz Bouteflika a finalement remis mardi soir sa démission. Dans sa lettre, il a indiqué se retirer désormais chez (lui), sans autre précision.
Dans le même temps, le nouveau gouvernement a fait des gestes d'ouverture envers la presse, l'opposition, les associations et les syndicats. Lors d'une réunion présidée par le Premier ministre Noureddine Bedoui, il a promis « plus de transparence et d’objectivité ».
Danielle Ngono Efondo
Au pouvoir depuis vingt ans, Abdelaziz Bouteflika, 82 ans, cible d'une contestation populaire inédite depuis plus d'un mois et défié par l'armée, a démissionné mardi soir. « Le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, a notifié officiellement au président du Conseil constitutionnel sa décision de mettre fin à son mandat en qualité de président de la République », a rapporté l'agence de presse officielle APS.
Cette annonce intervient après un communiqué de l'armée algérienne qui disait ne pas reconnaître celui de la présidence annonçant, la veille, la démission d'Abdelaziz Bouteflika avant le 28 avril. L'armée demandait l'application immédiate de l'article 102 de la Constitution sur la mise en place du processus d'empêchement du président.
Dans sa lettre de démission, le président algérien explique que sa décision « est destinée à contribuer à l'apaisement des cœurs et des esprits de ses compatriotes, pour leur permettre de projeter ensemble l'Algérie vers l'avenir meilleur auquel ils aspirent légitimement ».
La France a réagi peu après l'annonce de la démission d'Abdelaziz Bouteflika par la voix de son ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian. « Nous sommes confiants dans la capacité de tous les Algériens à poursuivre cette transition démocratique dans ce même esprit de calme et de responsabilité qui a prévalu ces dernières semaines », a-t-il déclaré.
Selon la Constitution, c'est le président du Conseil de la Nation (chambre haute), Abdelkader Bensalah, 77 ans, pur produit du régime, qui assurera l'intérim durant une période maximale de 90 jours au cours de laquelle une présidentielle doit être organisée.
À Alger, un concert de klaxons a accueilli la nouvelle de la démission de Bouteflika, et des Algérois ont rapidement commencé à se rassembler sur le parvis de la Grande poste, bâtiment emblématique du centre de la capitale et épicentre des manifestations. Des feux d'artifice ont été tirés, alors qu'environ un millier de personnes, hommes et femmes, parfois venus avec leurs enfants, convergeaient vers la Grande Poste, certains brandissant le drapeau national.
La démission de Bouteflika est une première étape pour les Algériens, qui entendent désormais obtenir le départ de tout le « système » en place.
Danielle Ngono Efondo
Dans cet article, il est rappelé ce que prévoit l'article 102 de la constitution algérienne, une fois sa démission acquise :
Vacance du pouvoir
A la démission du chef de l'Etat, le Conseil constitutionnel se réunit de plein droit, c'est-à-dire de sa propre initiative. Il constate alors, à la majorité de ses membres, la vacance définitive de la présidence.
Il communique immédiatement l'acte de vacance définitive au Parlement, dont les deux Chambres, l'Assemblée populaire nationale (APN, chambre basse) et le Conseil de la Nation, se réunissent de plein droit. La Constitution ne précise pas qu'un vote doit avoir lieu.
Intérim
C'est le président du Conseil de la Nation - poste actuellement occupé par Abdelkader Bensalah, 77 ans, qui assure alors l'intérim durant une période de 90 jours maximum. Si, pour quelque cause que soit, la présidence du Conseil de la Nation est vacante, c'est le président du Conseil constitutionnel - actuellement Tayeb Belaiz, 70 ans - qui assume la charge du chef de l'Etat, pour la même période de 90 jours. Une élection présidentielle doit être organisée au cours de cette période. Le chef de l'Etat par intérim ne peut être candidat à cette élection.
Pouvoirs du président par intérim
Le gouvernement ne peut être ni démis ni remanié avant l'élection d'un nouveau président de la République. Si le Premier ministre est candidat à la présidentielle, il est automatiquement démissionnaire et remplacé par un membre du gouvernement désigné par le chef de l'Etat par intérim.
Le président par intérim ne peut pas consulter la population par référendum, ne peut pas lancer une révision de la Constitution, ni légiférer par ordonnances, ni dissoudre l'APN. Il ne dispose pas du droit de grâce, de remise ou de commutation une peine.
Il doit obtenir l'approbation des deux chambres du Parlement pour déclarer l'état de siège, l'état d'exception, la mobilisation générale ou la guerre et pour signer les traités de paix.
Abdelaziz Bouteflika est né le 02 mars 1937 à Oujda. Réélu en 2014, il est au pouvoir depuis 1999. À 19 ans, il rejoint l’Armée de libération nationale, avant d’être élu, en 1964, membre du Comité central et du bureau politique du Front de libération nationale (FLN). À partir de 1963, il dirige le ministère des Affaires étrangères et restera à sa tête pendant seize ans.
Nicole Ricci Minyem
En effet, c'est par un communiqué de la présidence algérienne que la nouvelle est arrivée lundi 1er mars en fin d'après-midi : le président Abdelaziz Bouteflika démissionnera « avant le 28 avril prochain », date d’expiration de son mandat.
Notons que, ni la date de cette démission ni les "décisions importantes" qui seront prises avant n'ont été précisées. Au pouvoir depuis 20 ans, le président Bouteflika est confronté depuis le 22 février à une contestation massive et inédite des manifestants qui réclament son départ et celui de son entourage et plus largement celui du "système" au pouvoir.
Cette démission, c’est aussi ce que demandaient un certain nombre des proches du président dont Ahmed Ouyahia, l’homme qui était à la tête du gouvernement jusqu’au 11 mars dernier. L’armée, elle, évoquait l’article 102 de la Constitution qui permet au Conseil constitutionnel de se réunir pour déclarer l’état d’empêchement du président en cas de maladie grave.
Par ailleurs, des organisations qui avaient toujours soutenu le chef de l’Etat, comme le patronat ou des organisations liées aux anciens combattants, avaient déclaré qu’elles soutenaient désormais le mouvement populaire.
Pour Brahim Mansour, chercheur à l'Institut des relations internationales et stratégiques, la démission programmée d'Abdelaziz Bouteflika est une sortie honorable au milieu de cette crise. « C'est une sortie honorable pour éviter d'empirer la crise, donc c'est une étape importante parce que cela va permettre une sortie de crise dans un cadre constitutionnel. » A-t-il déclaré.
Six ans après le début du débat sur l’incapacité du président à assurer ses fonctions, plus d’un mois après le début de la contestation populaire qui réclame le départ d’Abdelaziz Bouteflika, 82 ans, et au pouvoir depuis 1999, la présidence s’est limitée à une date butoir.
Mais, pourquoi garder ce flou sur la date exacte de sa démission, à moins d’un mois de la fin irrévocable de son mandat ? Ne pas donner de date serait-il une façon pour Bouteflika de gagner du temps, ne serait-ce que quelques semaines pour s’organiser ? Mais une nouvelle fois, cette annonce du pouvoir risque donc de rater sa cible, celle d’apaiser la rue.
On se rappelle qu’après avoir renoncé à briguer un 5e mandat, une perspective qui a fait descendre des millions d'Algériens dans la rue, Abdelaziz Bouteflika avait reporté la présidentielle prévue le 18 avril et proposé de remettre ses pouvoir à un successeur élu à l'issue d'une Conférence nationale censée réformer le pays et élaborer une nouvelle Constitution. Une option qui impliquait qu'il reste au pouvoir au-delà de l'expiration de son mandat et jusqu'à une date indéterminée. Une proposition qui avait été catégoriquement rejetée par les manifestants dont la mobilisation n'a pas faibli ces dernières semaines.
Danielle Ngono Efondo