Le président algérien Abdelaziz Bouteflika démissionnera avant l'expiration de son mandat, le 28 avril. L’annonce a été faite par la présidence de la République dans un communiqué cité par l'agence de presse officielle APS.
En effet, c'est par un communiqué de la présidence algérienne que la nouvelle est arrivée lundi 1er mars en fin d'après-midi : le président Abdelaziz Bouteflika démissionnera « avant le 28 avril prochain », date d’expiration de son mandat.
Notons que, ni la date de cette démission ni les "décisions importantes" qui seront prises avant n'ont été précisées. Au pouvoir depuis 20 ans, le président Bouteflika est confronté depuis le 22 février à une contestation massive et inédite des manifestants qui réclament son départ et celui de son entourage et plus largement celui du "système" au pouvoir.
Cette démission, c’est aussi ce que demandaient un certain nombre des proches du président dont Ahmed Ouyahia, l’homme qui était à la tête du gouvernement jusqu’au 11 mars dernier. L’armée, elle, évoquait l’article 102 de la Constitution qui permet au Conseil constitutionnel de se réunir pour déclarer l’état d’empêchement du président en cas de maladie grave.
Par ailleurs, des organisations qui avaient toujours soutenu le chef de l’Etat, comme le patronat ou des organisations liées aux anciens combattants, avaient déclaré qu’elles soutenaient désormais le mouvement populaire.
Pour Brahim Mansour, chercheur à l'Institut des relations internationales et stratégiques, la démission programmée d'Abdelaziz Bouteflika est une sortie honorable au milieu de cette crise. « C'est une sortie honorable pour éviter d'empirer la crise, donc c'est une étape importante parce que cela va permettre une sortie de crise dans un cadre constitutionnel. » A-t-il déclaré.
Six ans après le début du débat sur l’incapacité du président à assurer ses fonctions, plus d’un mois après le début de la contestation populaire qui réclame le départ d’Abdelaziz Bouteflika, 82 ans, et au pouvoir depuis 1999, la présidence s’est limitée à une date butoir.
Mais, pourquoi garder ce flou sur la date exacte de sa démission, à moins d’un mois de la fin irrévocable de son mandat ? Ne pas donner de date serait-il une façon pour Bouteflika de gagner du temps, ne serait-ce que quelques semaines pour s’organiser ? Mais une nouvelle fois, cette annonce du pouvoir risque donc de rater sa cible, celle d’apaiser la rue.
On se rappelle qu’après avoir renoncé à briguer un 5e mandat, une perspective qui a fait descendre des millions d'Algériens dans la rue, Abdelaziz Bouteflika avait reporté la présidentielle prévue le 18 avril et proposé de remettre ses pouvoir à un successeur élu à l'issue d'une Conférence nationale censée réformer le pays et élaborer une nouvelle Constitution. Une option qui impliquait qu'il reste au pouvoir au-delà de l'expiration de son mandat et jusqu'à une date indéterminée. Une proposition qui avait été catégoriquement rejetée par les manifestants dont la mobilisation n'a pas faibli ces dernières semaines.
Danielle Ngono Efondo