Mardi 02 avril sonne le glas du règne d’Abdelaziz Bouteflika en Algérie. Contesté par la rue et lâché par l'armée, le chef de l'État a remis sa démission au Conseil constitutionnel, a annoncé L'agence officielle algérienne APS.
Au pouvoir depuis vingt ans, Abdelaziz Bouteflika, 82 ans, cible d'une contestation populaire inédite depuis plus d'un mois et défié par l'armée, a démissionné mardi soir. « Le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, a notifié officiellement au président du Conseil constitutionnel sa décision de mettre fin à son mandat en qualité de président de la République », a rapporté l'agence de presse officielle APS.
Cette annonce intervient après un communiqué de l'armée algérienne qui disait ne pas reconnaître celui de la présidence annonçant, la veille, la démission d'Abdelaziz Bouteflika avant le 28 avril. L'armée demandait l'application immédiate de l'article 102 de la Constitution sur la mise en place du processus d'empêchement du président.
Dans sa lettre de démission, le président algérien explique que sa décision « est destinée à contribuer à l'apaisement des cœurs et des esprits de ses compatriotes, pour leur permettre de projeter ensemble l'Algérie vers l'avenir meilleur auquel ils aspirent légitimement ».
La France a réagi peu après l'annonce de la démission d'Abdelaziz Bouteflika par la voix de son ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian. « Nous sommes confiants dans la capacité de tous les Algériens à poursuivre cette transition démocratique dans ce même esprit de calme et de responsabilité qui a prévalu ces dernières semaines », a-t-il déclaré.
Selon la Constitution, c'est le président du Conseil de la Nation (chambre haute), Abdelkader Bensalah, 77 ans, pur produit du régime, qui assurera l'intérim durant une période maximale de 90 jours au cours de laquelle une présidentielle doit être organisée.
À Alger, un concert de klaxons a accueilli la nouvelle de la démission de Bouteflika, et des Algérois ont rapidement commencé à se rassembler sur le parvis de la Grande poste, bâtiment emblématique du centre de la capitale et épicentre des manifestations. Des feux d'artifice ont été tirés, alors qu'environ un millier de personnes, hommes et femmes, parfois venus avec leurs enfants, convergeaient vers la Grande Poste, certains brandissant le drapeau national.
La démission de Bouteflika est une première étape pour les Algériens, qui entendent désormais obtenir le départ de tout le « système » en place.
Danielle Ngono Efondo